[Sabiorgasme.] Aussi blanche qu'une brebis qui se roule dans la boue.

*Sauf qu'il créchait précisément dans la cabane d'Hagrid et non dans une cahute dans les bois. Aussi, c'est finalement après un long détour que tu le rejoignis, des feuilles mortes pleins les cheveux. ( )

Lorsque tu te décidas enfin à pousser la porte grinçante de la cabane pour entrer dans l'antre du rafleur, ce dernier avait eu le temps de faire tomber sa veste qu'il avait jetée sur un coffre en bois situé à l'entrée. Il était assis sur une chaise, son bras étendu sur la table à ses côtés, l'état de sa chemise ne laissait pas le moindre doute sur l'emplacement de la plaie. En outre, il s'était déjà servi un whisky qu'il sirotait dans un verre ébréché. C'était son second en réalité, mais tu n'avais pas besoin de connaitre ce détail. Il avait sorti un second verre qui trônait au milieu de la table, des fois que t'ai soif. Il écouta ta présentation et se demanda furtivement si tu avais bien compris que tu n'étais pas là pour faire ta rentrée des classes.*

Ok, alors laisse-moi te dire ce que j'en pense. Je m'en fous. Je m'en fous. Je m'en fous et je m'en fous.

*Il sourit avec amusement à tes derniers mots, prit le temps de faire tourner le whisky dans son verre sans te quitter des yeux avant de répondre ironiquement.*

On verra ce qu'on peut faire pour toi. Il y a une fiole de dictame posée sur le tabouret à côté de mon lit et tu trouveras une bassine sous l'évier. Remplis-la d'eau froide pour décoller ma chemise. D'ailleurs, tu m'en devras une.

*Il troqua momentanément son verre contre un coutelas qu'il sortit de sa botte et fendit délicatement le tissu de sa manche pour éviter de trop tirer dessus. Concentré sur son ouvrage, il alimenta la discussion sans te prêter la moindre attention.*

Te servir des autres ? Mhh... ce n'est pas idiot, un peu facile mais je le conçois. Seulement, un jour tu comprendras que rien n'est jamais donné gratuitement et qu'il te faudra payer la note pour les services qu'on t'a rendus.

*Tu étais tellement morose qu'il n'avait même pas besoin de te suivre du regard pour avoir le cafard, il en venait même à regretter la compagnie de Ginny Weasley et de ses mensonges aussi gros que le nez de son frère au milieu de son horrible figure de rouquemoute. Le temps que tu exécutes ses ordres, c'était toujours ça de prit au jeu des maigres plaisirs que ta présence lui avait apporté jusqu'ici, il alterna entre siroter son verre et se pincer les sinus comme si ce geste pouvait lui apporter le moindre secours dans les deux douleurs qui étaient à présent les siennes : celle de la brûlure et celle de l'ennui. Il fut tiré de cette inconfortable léthargie lorsque la bassine fut posée sans douceur à côté de lui. Il releva les yeux sur toi, arqua les sourcils pour t'inciter à bouger, faire quelque chose, n'importe quoi, en vain.*

Tu t’entraînes à jouer les statuts de cire ? Bon sang, ce que les gosses peuvent être empotés.

*Et sur ce, il fit tomber son avant bras dans la bassine, foutant de l'eau un peu partout au passage. Il désigna d'un coup de menton la fiole.*

Tu sauras te servir de ça où je dois te laisser faire un aller-retour jusqu'à la bibliothèque ?

*Sans jeter un regard à ce qu'il faisait, il souleva le lambeau de tissu qui ne collait plus tant que ça à la plaie et sortit son bras dégoulinant de la bassine pour te le tendre. Il n'y a pas que tes chaussures qui repartiraient humides, je fais référence à ta cape bien entendu.*

Pas assez mon cœur, faut bien en étaler partout, tu voudrais pas que mon bras garde une vilaine cicatrice par ta faute ?

*Si tu pensais qu'il allait faire des simagrées pour si peu, c'est que vraiment tu le confondais avec les bouffons en robes noirs et amateurs de bals masqués qui entouraient le Seigneur des Ténèbres... le Whisky aidait bien aussi. Il termina celui-ci d'une traite d'ailleurs puis posa son coude sur le dossier de sa chaise pour venir soutenir sa tête avec son poing. Il te dévisageait tellement ce soir que ça devait commencer à être lassant pour toi, mais il s'en fichait.*

Pourquoi tu as réagi comme ça tout à l'heure ? J'ai connu une fille qui faisait ce genres de choses aussi, il y a bien longtemps. Je ne parle pas du sort que tu m'as lancé sans raison, mais de ton pétage de plomb.

*Il sourit de plus belle lorsque tu relevas soudainement le visage en l'avadatant du regard, il ne se souciait même plus de sa peau cicatrisant de manière aussi peu ragoutante que douloureusement... mais efficace, il retrouvait déjà une peau de bébé par endroit. Il bascula encore plus son visage contre son poing, son regard gris se faisait à présent clairement inquisiteur, il te sondait. Mais si ce sont ses yeux qui parlaient, c'est d'un tout autre sens qu'il fallait pourtant se méfier.*

Bien sûr que si tu as pété un plomb, je ne suis pas aveugle. J'ai jamais eu l'intention de te tuer, pourquoi je ferais ça ? Je suis pas aussi stupide, personne n'a mis ta tête à prix et j'y prendrais absolument aucun plaisir... Je plaisante, je suis un membre du personnel de Poudlard, je me suis dévoué à te protéger des menaces extérieures mon ange, comme tous les autres employés.

*Il tira à nouveau la bouteille jusqu'à lui et la leva d'un air interrogatif pour t'en proposer un verre.*

J'ai seulement voulu te montrer que ton argent ne signifiait rien pour certains, qu'il ne te donnait aucune impunité. Je fais pas la pute, je vends mes compétences, pas qui je suis. Alors, t'arrête d'élucider ou je vais devoir continuer à te provoquer jusqu'à trouver moi-même la réponse ?

Tant pis pour toi. Tout ce que j'ai d'autre à te proposer, c'est de l'eau ou du vin d'ortie.

*Il resservit son verre mais n'y toucha pas, la nuit serait encore longue pour Scabior qui était du genre couche tard et lève très tard, surtout depuis qu'il pouvait compter sur Winky pour lui apporter son petit-déjeuner de 13h au lit.*

Et moi, qu'est-ce que je devrais dire ? Tu as essayé de me tuer.

*Exagérer, lui ? Non !*

Mais la peur n'explique pas ce que j'ai vu chez toi.

*Il ébroua son bras suffisamment remit en état et tira sur le lambeau de chemise avec dépit. Il se leva mollement et ramassa le verre puis se dirigea vers son lit où il allait se laisser tomber comme une bouse de dragon sur un champ de Mandragore. Dans sa chute, son instinct d'incorrigible alcoolique lui permit de ne pas faire tomber ne serait-ce qu'une goutte de son whisky.*

On a tous besoin d'amis Greengrass. Ta baguette et dans ma veste. Si tu touches à la mienne, je te promets que demain midi c'est ton hibou que tu auras en guise de repas dans ton assiette.

*L'amitié version Scabior...*

fffou ddeeddéé dué !

*Dit-il, la tronche enfouit dans son oreiller qui sentait bon... la terre, la sueur et la mandragore froide. Il releva la tête et posa consciencieusement son verre sur le tabouret lui servant de table de nuit. Il se retourna en se redressant un peu plus, mains croisées sur sa nuque et bottes appuyées contre le fer forgé du lit. Il avait, en effet, dégagé les gros meubles d'Hagrid au profit d'un mobilier à l'échelle de la nouvelle bestiole habitant la tanière. Le lit du semi géant avait, par exemple, alimenté le feu d'un excellent méchoui qu'il avait partagé meute une meute de loup-garous de passage.*

Pourquoi pas. T'es bizarre, je suis bizarre, ça nous fait déjà un point commun. Et puis qui sait, peut-être qu'en te connaissant j'aurais plus envie de mettre de mon pécule de côté pour m'offrir ta main... bébé.

*Le rafleur aussi sourit, mais d'un sourire de victoire. D'accord, il n'avait pas encore de réponse, mais au moins avait-il obtenu ton accord pour qu'il puisse se frotter un peu plus au mystère. Pourquoi s'y intéressait-il d'ailleurs ? Scabior ne se souciait que de lui et de lui seul (et un peu de Touffu), c'était connu. Mais son instinct lui disait qu'à toute bizarrerie, toute terre inexplorée, se cachait un filon à exploiter sinon un trésor. Comme lui, il avait senti que tu possédais une gestion des émotions toutes personnelles, qui sait à quoi tu pourrais lui servir si tu lui faisais assez confiance pour te dévoiler et qu'il t'apprenne à exploiter ton don comme il l'avait fait avec Cerys. Tout ça était bien hypothétique, mais fallait bien s'occuper en attendant de rester coincé dans ce bourbier qu'était Poudlard et puis il avait cruellement besoin d'affection.

Une fois la porte refermée, il se laissa couler sur son lit et récupéra son verre. Il se fit alors la remarque qu'il aurait du simplement prendre la bouteille plutôt que de s'encombrer d'un verre en voulant jouer les civilisés, c'est que boire sans trop gâcher dans cette position demandait un certain talent qu'il n'avait jamais aiguisé. Il s'endormit une heure plus tard aussi ivre que la veille et fut transporté aux pays des songes. Dans son sommeil, il souriait comme un bienheureux en se racontant l'histoire d'une blonde, d'une rousse et d'une touffe de cheveux perdues en forêt...*