[H.Jones] A toi aussi, j'suis sûre qu'on t'en a dit, de belles histoires, tu parles que des conneries...

Elève

A toi aussi, j'suis sûre qu'on t'en a dit, de belles histoires, tu parles que des conneries.

Les attaques londoniennes se multipliaient, tout comme leurs victimes, moldus comme sorciers. Chaque jour, un mangemort faisait parler de lui, seul ou en groupe. Elle avait regroupé leurs portraits dans un carnet afin d’identifier leur visage. On les soupçonnait, mais sans preuve tangible, aucun jugement, aucune justice. Seules leurs signatures donnaient une idée de qui se cachait derrière le masque. De là, Eléanor savait son carnet inexact, mais par ses recherches, le recoupement de ses sources, elle était persuadée de ne pas être très loin de la vérité.

Fuyant les bruits de couloir et les beuglements du Professeur Maugrey sur la constante vigilance, elle avait profité de cette journée réservée à Pré-au-Lard pour s’exiler aux Trois Balais. Ordinairement, elle aurait été chercher le calme chez Mme Pieddodu, mais cette fois, Eléanor désirait enquêter un peu. Un visage pouvait nous en apprendre tellement, elle était bien placée pour le savoir. Alors elle griffonnait les traits des uns et des autres, jusqu’à tomber sur des traits plus doux. Son geste se suspendit quelques instants devant l’harmonie des traits qu’elle avait sous les yeux. Elle fronça les sourcils et reprit ses coups de crayon, soudainement concentrée. Elle devait capturer l’instant, la profondeur du regard qui se portait désormais sur elle.

- Oups, murmura-t-elle pour elle-même.

Aussitôt, elle referma son carnet, fusain en main dissimulant ainsi ses œuvres. Elle rapprocha celui contenant les portraits des mangemorts (Dolohov, Rosier, B.Lestrange, notamment) sans te quitter du regard. Elle était sur ses gardes, prête à fuir à tout moment, après tout elle avait déjà réglé sa bièraubeurre.

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Jeunesse, âge de folie et de rêves, de poésie et de bêtise.

Eleanor & Hestia

Il était de bon ton d'enquêter dans chaque recoin du monde sorcier comme moldu, ces temps-ci. Mais la priorité restait les nouvelles générations. Les élèves de Poudlard avaient déjà connu plusieurs perturbations, et il serait dramatique qu'ils subissent davantage d'attaques. Qu'elles soient l'oeuvre de mangemorts, ou de créatures néfastes. C'est pourquoi les aurors se relayaient dans les rues de Pré-Au-Lard, en particulier lors des jours de sortie des élèves, afin de veiller au bien-être de tous.

Penchée sur ses propres notes, Hestia sirotait une bièraubeurre -le taux d'alcool était si léger qu'il s'agissait de la seule boisson pour laquelle elle ne se sentirait pas coupable de boire au travail- non sans jeter quelques coups d'oeil autour d'elle, de temps en temps. Cela, en plus de ses sens en éveil, lui permirent de ressentir la brûlure familière d'un regard posé un peu trop longtemps sur sa personne. Une sensation qui fut confirmée lorsqu'elle focalisa son attention sur les individus présents, et que son regard clair se posa sur une jeune femme un peu trop hâtive dans ses gestes pour être innocente. Toutefois, elle ne correspondait pas au profil type des mages noirs, loin s'en fallait, ce pourquoi Hestia se permit une approche détendue de la situation. A son tour, elle fixa quelques instants la tête blonde. Une élève de Poudlard, donc. Sa curiosité à présent attisée, elle esquissa un sourire amusé et la salua d'un geste discret de la main. Son regard se posa sur les carnets présents devant la jeune femme, et elle pencha la tête dans un geste inquisiteur, cherchant à obtenir plus d'indices quant à ces mystérieux coups de fusain.

Sa curiosité prenant le pas sur sa discrétion, Hestia se leva afin de payer une nouvelle bièraubeurre, dépassant alors la table sur laquelle se trouvait l'élève de Poufsouffle. Et prétendant abandonner toute approche à ce sujet. Elle revint cependant rapidement, dans le dos de cette dernière, afin de pouvoir jeter un oeil sur ces fameux carnets. Un sourire taquin aux lèvres, l'auror fit rapidement le cheminement et murmura à l'oreille de la blonde :

- J'ose espérer que j'étais un bon modèle.

Elève

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Méfiante de nature, la jeune Poufsouffle ne répondit ni au sourire, ni au signe de main. Elle venait d'être prise sur le fait et n'avait guère envie de s'y étendre davantage. Pourtant, elle savait son croquis non terminé, ce qu'en bonne artiste, elle n'appréciait guère. Aussi vit-elle l'opportunité d'ajouter quelques dernières touches quand son modèle choisit de commander une nouvelle bièraubeurre. Seulement, sa concentration étant, elle se retrouva prise à son propre piège à l'entente du murmure à son oreille. Derechef, elle referma son carnet, encore une fois. Difficile désormais de les dissimuler. Si bien que la jeune dessinatrice décida de jouer la carte de la nonchalance.

- Ce ne sont là que les extravagances d'une adolescente qui préfère perdre son temps à dessiner plutôt qu'à travailler sagement ses sortilèges dans sa salle commune. Mais puisque vous le demandez, Madame, un bon modèle aurait attendu que je termine mon croquis avant d'en voir le résultat.

En réalité, ce n'était pas l'inachèvement qui contrariait la jeune Poufsouffle. Ni même le fait d'avoir été surprise en plein crime. Non. Ce qui la dérangeait, c'était de ne pas avoir terminé son analyse. Chaque coup de fusain, chaque trait reproduit, lui donnaient une information supplémentaire sur son modèle. Or ses gestes s'étaient vus suspendus, malencontreusement.
Eléanor se tourna finalement vers la jeune femme dans son dos pour la contempler de plus près. Elle portait sur elle des traits bienveillants de ce qu'elle pouvait en voir. Quelque chose en cette inconnue inspirait de la confiance à l'élève. Aussi finit-elle par lui sourire avec sincérité.

- Vous accepteriez de vous faire pardonner en me laissant terminer ? S'il vous plaît ? Vous pourrez ensuite me réprimander pour vous avoir ainsi épiée.

Elle hésita un bref instant avant de reprendre.

- Voire même me demander quelques explications, s'il faut en passer par-là. Mais je vous promets être une Poufsouffle inoffensive !

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Hestia laissa échapper un léger rire face aux réponses de la jeune Poufsouffle. Il ne s'agissait pas de moqueries, mais bel et bien d'un rire sincère face à un tempérament qu'elle devinait fougueux. Il y avait là quelque chose de rassurant quant à l'avenir des jeunes générations, si de telles personnalités en ressortaient alors qu'elles n'avaient pas encore atteint la majorité.

- Je crains d'être un piètre modèle, alors, répondit-elle en contournant la table pour s'installer en face de la jeune élève. Mais j'accepte de me faire pardonner.

Tout en prenant une gorgée de Biéraubeurre, elle posa son regard sur le deuxième carnet de la jeune femme et arqua un sourcil intrigué, mais s'abstint de toute remarque à ce sujet. Elle posa son verre sur la table et répondit au sourire de la blonde par l'un des siens, étonnamment chaleureux pour le métier qu'elle faisait. Avec curiosité, elle pencha la tête sur le côté et inspecta la jeune dessinatrice de ses yeux clairs.

- Cela fait longtemps que vous dessinez des portraits d'inconnus, Mademoiselle... ?

Elle attendit que la concernée lui réponde, et prit ce temps supplémentaire pour tenter de déceler quelques informations que le langage corporel de la jeune femme pourrait lui indiquer.

-J'imagine que cela va au-delà du simple intérêt artistique, ajouta-t-elle finalement sur le ton de la conversation. Même venant d'une "Poufsouffle inoffensive", j'ai appris que la plupart des personnes s'adonnent rarement à ce qu'elles font pour l'intérêt pur de la chose.

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Ravie, la Poufsouffle attendit que son modèle prenne une position semblable à l’initiale et reprit son ouvrage. Maintenant qu’elle l’avait de plus près, les perspectives avaient changé, ce dont elle s’accommoda en bonne dessinatrice qu’elle était. Concentrée, elle nota pourtant le regard jeté à son carnet « spécial mangemort ou potentiel mangemort » et répliqua distraitement.

- On a tous notre jardin secret. […] Oui, de longues années déjà. Hum..

Elle posa son fusain, le temps de se présenter.

- Eléanor Branstone, en dernière année. Puis-je vous demander le vôtre ?

Sans attendre, elle baissa de nouveau la tête pour poursuivre. Elle avait presque fini. Encore quelques ombres ici, là et un dernier trait au niveau du regard et … son œuvre était enfin terminée. La Poufsouffle hésita alors à montrer le résultat, ne partageant que très peu ses croquis, encore mois à des inconnus, si chaleureux ceux-ci pouvaient-ils être. La question posée fut pour elle une aubaine dont elle s’empara sans réellement réfléchir. Un sourire malicieux gagna ses lèvres et elle releva la tête pour confronter son modèle.

- Vous n’avez pas tort. Hum, chaque trait que j’appose me donne une information sur mon modèle, sur l’inconnu que je cible. A moi d’analyser ce que je vois, ce que je perçois, pour en apprendre le plus possible. Ce n’est pas une science exacte, mais la gestuelle, la portée du regard, la raideur d’un sourire, en apprennent davantage que les simples paroles. On peut mentir à tout va via les mots, le corps lui, ne ment pas. Il en est incapable surtout quand l’instant est capturé à l’insu du modèle.

Elle eut un bref sourire, anticipant ce qu’elle supposait être la prochaine question.

- Chaque information que je tire, je la garde pour moi. Ce qui est égoïste puisque je vole un instant précieux, mais …

La Poufsouffle haussa les épaules non sans humour.

- Certains appelleraient ça « le secret professionnel ». M'en voulez-vous ?

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Amusée, Hestia conserva la même posture le temps que la jeune élève avance dans l'élaboration de son portrait. Elle en profita pour détailler de plus près les traits juvéniles qui se présentaient à elle, plissant parfois son regard azur pour mieux enregistrer certains détails. L'enthousiasme et l'application de la jeune Poufsouffle pour une activité aussi paisible étaient étrangement réconfortants, pour elle qui passait ses journées sous tension ou sous les multitudes de rapports à rendre. Elle cessa son analyse silencieuse lorsque son interlocutrice se présenta, et elle répondit avec un sourire avenant :

- Hestia Jones. Enchantée, Mlle Branstone.

Elle nota que le dessin semblait être achevé, mais elle ne s'aventura pas à interrompre les paroles qui suivirent. La jeune femme semblait suffisamment secrète comme cela, elle se doutait que la couper dans son élan pourrait anéantir toutes ses chances d'en connaître davantage sur les mystérieux carnets que la sorcière entretenait. Son sourire s'élargit à la dernière question posée, et elle secoua légèrement la tête en signe de négation amusée.

- Non, je ne peux vous en vouloir. Vous avez parfaitement justifié vos raisons. Ce qui ne n'empêche, que je serais ravie de voir le résultat.

D'excellente humeur, Hestia laissa cet instant se suspendre, ce qui lui permit de penser plus en détails à ce que tout cela impliquait. Après une pause, elle prit une posture qui la rapprocha de la jeune femme, sans que cela ne devienne intrusif.

- Si je comprends bien, c'est là votre façon d'appréhender l'environnement, et les personnes qui s'y trouvent. Mais vous piquez ma curiosité : procédez-vous ainsi pour... Toute sorte d'individus ? interrogea-t-elle en haussant le sourcil droit et en dirigeant son regard vers le carnet que l'élève semblait réticente à partager.

Elève

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Cette fois, la jeune adolescente se raidit. Elle n'avait aucun doute sur les intentions de la femme en face d'elle, elle percevait sa curiosité quant à ce qu'elle dissimulait. Eléanor n'était pas certaine de la marche à suivre. Les raisons de ses réticences étaient nombreuses. Sans compter qu'il ne s'agissait là que d'un recueil d'adolescent, nourri d'idées adolescentes et peut-être même d'autant d'erreurs que de faussetés. A cet âge, l'imagination allait bon train et n'en cessait plus de croître. Débordante, elle était un bouclier rassurant face aux heures sombres s'installant. Aussi la Poufsouffle craignait-elle la réaction de cette femme dont elle savait peu de choses. Seule l'aura qu'elle dégageait lui inspirait confiance. Eléanor détourna son regard de son interlocutrice pour balayer du regard les Trois Balais. Personne ne semblait les écouter de ce qu'elle percevait. Mais étaient-ils jamais trop prudents ? Le Professeur Maugrey leur dirait que la vigilance se devait être constante.

- Toutes, dit-elle d'une voix entendue. On ne peut se fier aux ramassis de nouvelles quotidiennes, alors tant bien que mal, j'essaie d'en analyser les portraits et les notes les accompagnant.

Sa main se posa avec possessivité sur le cuir de son carnet. Elle n'était pas encore prête. Pas avec une inconnue. C'était une porte qu'elle refusait d'ouvrir pour le moment du moins. Il lui faudrait être davantage convaincue.

- Je ne prétends pas détenir sur eux des vérités inconnues, poursuivit-elle comme pour justifier son refus silencieux, mais l'on refuse de nous donner des informations utiles. On n'est jamais assez bien préparé que par soi-même et en connaissance de cause. Or d'eux, on n'en dit jamais rien, comme s'Ils avaient peur qu'on cherche à les comprendre ou à les prendre en pitié. Pour quelles raisons, ont-ils peur de nous en parler, Miss Jones ? Ne devenons-nous pas connaître notre ennemi avant d'y faire face ? L'information est-elle avantage ou inconvénient ?

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Pour elle qui était habituée à déceler le moindre détail lors de ses missions, le langage corporel de la jeune femme détenait toutes les réponses à ses questions. Sa méfiance la fit sourire de sympathie. De toute évidence, Alastor conseillait à ses élèves de se montrer vigilants, et à raison. A son tour, elle parcoura la salle du regard, ne repérant que des visages familiers ou bien des élèves. Momentanément rassurée quant à leur entourage, elle retourna à son observation silencieuse de la jeune Poufsouffle. L'Auror hocha la tête face aux propos teintés de sagesse de son interlocutrice.

- Vous avez raison, Miss Branstone. Gardez en mémoire que les nouvelles qui vous parviennent quotidiennement ne sont, hélas, que rarement fondées sur les informations officielles fournies par le Département de la Justice Magique.

Elle prit quelques gorgées de sa boisson, détachant son regard du visage de la jeune femme, consciente que cela pouvait devenir déconcertant à la longue. Elle n'était pas face à un suspect, après tout.

- Je crains que s'annoncent des jours sombres où vous devrez mesurer vous-mêmes toute l'ampleur des menaces qui pèsent sur vous. Mais pour cela, je gage que votre professeur de DCFM saura vous épauler et vous guider, ajouta-t-elle avec un sourire bienveillant.

A nouveau, elle marqua une pause le temps de s'humecter les lèvres. Elle prit le temps de la réflexion et continua en baissant la voix, prudente malgré tout :

- En tant qu'Auror, je ne saurais que vous conseiller de conserver une observation à distance de ces... Individus. Mais bien entendu, si votre soif de connaissance doit être satisfaite, dit-elle en reprenant son ton habituel, je serais ravie de répondre à vos questions. Dans les limites de ce que mon travail m'autorise, bien entendu.

Elève

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Une auror, voilà qui changeait la donne ! Eléanor en tira un certain soulagement. Tout compte fait, elle n'était peut-être pas obligée de parler avec autant de retenue. Sa main tressaillit sur son carnet. La Poufsouffle hésita une fois de plus. Mais qu'apporterait son carnet à celle qui devait avoir sur son bureau des dossiers pleins à craquer ? Probablement rien. En revanche, l'attention de l'élève était totale. La possibilité d'obtenir des réponses, enfin ! Car ce n'était pas le Professeur Maugrey qui allait les leur donner, non. Vrai qu'il les mènerait loin, après tout sa réputation n'était plus à faire. Pour autant, l'ex-auror était avare en réponses, bien trop avare à son goût. Et malheureusement pour elle, elle n'avait pas encore eu l'occasion d'interroger le Professeur Fenwick sur le sujet - à cette période-là du moins -. Or il fallait qu'elle comprenne, qu'elle comble les vides laissés par son incompréhension et par ses doutes.

- Je veux avoir votre avis, Miss Jones. Votre hiérarchisation des mangemorts, ceux qui vous semblent les plus dangereux, ceux qui mériteraient peut-être une rédemption comme il a pu en être le cas dans le passé. J'ai besoin d'avoir un avis autre que le mien, loin des généralités courantes et mensongères. Y a-t-il quelque chose derrière le masque, Miss Jones, ou n'y a-t-il selon vous que la cruauté et l'appétit du pouvoir ?

Elle eut un léger sourire, comme pour cacher son regard avide, brûlant de curiosité.

- Rassurez-vous, il nous est difficile de les approcher. Et je n'y tiens pas spécialement tant que je ne saurai rien d'eux. Je sais que ça peut paraître fou ou juste une lubie adolescente, mais j'ai besoin de comprendre comment l'humain peut, à ce point, se laisser pervertir, corrompre par les vices. Comment a-t-on pu en arriver-là ? Que s'est-il passé, Miss Jones ?

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Hestia était circonspecte. L'adolescente posait de nombreuses questions muettes autant qu'intelligibles, parmi lesquelles elle se devait de faire un tri. D'abord pour déterminer les réponses essentielles à la jeune femme, ensuite pour estimer quelles réponses elle pouvait réellement lui apporter. D'un point de vue éthique, comme professionnel. Elle posa un regard indulgent sur la tête blonde. A son âge, Hestia était tout aussi fougueuse, tout aussi avide de réponses. Le rapprochement entre leurs deux caractères la fit sourire.

- En voilà une jeune femme bien curieuse... On pourrait croire que vous vous destinez à une carrière d'auror, lui fit-elle remarquer avec amusement.

Elle joignit ses deux mains sur la table et se pencha légèrement, pour reprendre avec un sérieux légèrement tendu dans la voix :

- J'accepte d'apaiser vos interrogations, mais je vous incite à la plus grande prudence vis-à-vis des individus dont nous parlons. Le danger n'est pas visible sur leurs détestables figures, pourtant il est bien présent, et nullement exagéré dans les gros titres. Tous, elle prit soin de planter son regard clair dans celui de la Poufsouffle en insistant sur ce mot, sont une menace.

Elle s'humecta les lèvres, puis se redressa en adoptant un ton de voix plus professionnel.

- Quant à leurs motivations, elles sont nombreuses. La cupidité, la soif de sang, le pouvoir, le sentiment d'appartenir à un groupe...

Un sourire cynique vint étirer le coin droit de ses lèvres.

- Peut-être bien le masochisme, également. En ce qui concerne une possible rédemption... Oui, c'est arrivé, admit-elle en pensant particulièrement à Severus.

Elle resta intentionellement vague pour ne pas exposer à l'élève le passé de son professeur de Potions. La brune inspira, et porta un regard attentif sur la plus jeune.

- Votre intérêt pour ce genre d'individus est... Compréhensible. Je ne peux toutefois vous en dévoiler plus, j'espère que vous le comprenez. D'abord car mon travail me l'interdit, ensuite et surtout car votre professeur de DCFM me scalperait, s'il l'apprenait. Même si je sais, qu'il est plus à même de vous renseigner sur ces personnes que n'importe qui d'autre.

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Elève

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Eléanor eut un bref sourire.

- Je vise une place au sein du Magenmagot, Miss Jones. D’où la nécessité d’avoir des réponses. Ce … ce n’est pas une curiosité mal placée vous comprenez ?

La prudence. Un mot qui revenait sans cesse et qui décevait quelque peu la jeune élève. Elle ne voulait pas la prudence, elle voulait des réponses, la vérité enfin. Comme si elle allait se précipiter dans les bras de Rosier … Elle était jeune, pas idiote. Enfin, pas trop. Pour autant, elle buvait les paroles de l’auror, cherchant le moindre indice, la moindre trace de subjectivité. Celle-ci se présenta à elle sous le masque de l’avertissement. Miss Jones pesait ses mots, à tel point qu’Eléanor sentit que quelque chose de silencieux y était caché.
Enfin les mêmes mots revinrent : pouvoir, cruauté… Eléanor connaissait la chanson et elle la savait parfaitement juste, mais dans toute chanson il y avait des fausses notes non ? Pourtant tous semblaient les condamner en faisant fi du reste. A tort ou à raison d’ailleurs. Et c’était bien cette incertitude qui la dérangeait, elle. Comment concevoir de telles abominations ? La Poufsouffle avait grand besoin de réfléchir. Elle acquiesça rapidement et rangea ses affaires tout aussi vite de crainte que l’auror ne l’arrête dans son geste. Si vite que son carnet de mangemort tomba au sol, ouvert en deux, sur le portrait d’Evan Rosier. D’un côté, une reproduction exacte au fusain, de l’autre, une foule de notes.
Aussitôt, la Poufsouffle se précipita dessus et le referma d’un coup sec, dans une posture défensive. Cuite, elle était cuite ! L’élève se redressa et déclara d’une voix un peu sèche, tant elle était gênée.

- L’humain me semble un peu trop complexe, Miss Jones. Je vous remercie de votre réponse. Navrée, l’on m’attend pour l’Etude du soir.

Elle s’inclina et fila derechef, d’un pas rapide vers la porte du pub, sans demander son reste. Ce ne fut qu’une fois dehors qu’elle se traita de maladroite et de stupide. Son secret n’en était plus un. Elle n’avait plus qu’à se faire discrète et prier Merlin que le Professeur Maugrey n’apprenne jamais ce qu’elle trafiquait.

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Eleanor & Hestia

L'empressement de la jeune Poufsouffle confirmait toutes les suspicions de l'Auror. Habituée à de tels changements d'humeur à force de croiser de multiples fortes têtes lors des interrogatoires, elle n'esquissa aucun geste pour stopper la jeune femme. D'une part parce qu'elle doutait que cela n'apaise le trouble de la plus jeune, d'autre part car le temps de repos qu'elle avait dépassé le temps de repos qu'elle s'était accordée. En revanche, lorsque le carnet tomba au sol pour révéler le visage d'Evan Rosier, Hestia devint blême. Le voilà, qui s'acharnait à la poursuivre même dans ses moments les plus innocents. Cette vision fugace la conforta dans l'idée qu'elle ne trouverait jamais le repos tant qu'il ne serait pas emprisonné, voire éliminé de la surface de la Terre.

Le regard désormais grave, elle se contenta de dévisager la jeune femme sans répondre à ses dernières paroles. Elle esquissa un geste pour la stopper dans sa fuite, mais s'avisa au dernier moment. Elle avait son nom, et sa localisation. Il serait bien assez simple de la contacter afin d'aborder le sujet plus sérieusement, et plus en détails. Eleanor était bien plus impliquée dans cet intérêt pour les Mages Noirs qu'elle ne le laissait entendre. Le corps tendu, elle reprit sa place et termina sa Bièraubeurre tout en visualisant l'échange qu'elles avaient eu.

A contrecoeur, elle décida préférable -pour le moment- de ne pas en toucher un mot à Alastor. Pas tant qu'elle en savait davantage. Cette résolution en tête, elle quitta Pré-Au-Lard et transplana jusque chez elle, retrouver ses migraines et la pile de parchemins qu'elle avait consacré au cas Rosier.