[Evan] J'ai un serpent dans ma botte

*Arpentant la nuit, ses petites ailes de chauve-souris dépliées, Sanguini battait l'air fuyant loin l'infirmerie du château humant bon l'hémoglobine après une bagarre générale opposant les serpentards contre... tous les autres. L'addition de la bastonnade comprenait 7 nez en sang, 4 écorchures, un arcade sourcilière ouverte et une jeune fille ayant ses toutes premières règles se trouvant là par hasard. Il avait beau être un professionnel depuis un bon 25 ans, cette surenchère de sang avait mis ses nerfs à rude épreuve. Après avoir administré secrètement une goutte de mort vivante à chaque marmouset pour être certain d'avoir la paix, il avait courageusement pris la poudre d'escampette.

Son sonar l'avait mené jusqu'à un coin reculé de la campagne anglaise, dans le Devon, non loin de la charmante bourgade à demi sorcière de Loutry Ste Chaspoule. Là, il avait aperçu un troquet grouillant malgré l'heure tardive. En tendant l'oreille, il avait perçu un air guilleret joué au kazoo, ce qui l'avait tout de suite convaincu que l'endroit devait être vraiment charmant. Il s'agissait en réalité d'une reprise des bizarr'sister disant, substantiellement, d'emmener ta maman se faire voir par un troupeau de sphinx metalleux en ruts.

Le vampire atterrit devant le bar en retrouvant sa forme de semi-mort (ou d'à demi-vivant, la préférence d'appellation étant laissée libre selon le niveau d'optimisme de chacun), annonçant directement à l'assemblée que son absence de couleur n'était pas imputable à l'éclairage foireux. Malgré les regards braqués sur lui, il entra dans la salle et alla directement au bar.*

Bien le bonsoir tavernier, je prendrai un verre de jus de citrouille avec une paille.

*Commanda-t-il alors que l'absence de sang dans son organisme défunt rendait son corps impropre à l’absorption d'alcool... à moins de vouloir le voir dans un état plus mort qu'il ne l'était déjà, mais personne dans ce lieu champêtre n'émettrait un souhait aussi méprisable, n'est ce pas ? Le barman avait l'air peu enclin à servir une bête de sa race, mais les bourses du vampire plus pleines qu'un curé ayant récupéré sa dîme le persuada de faire une entorse à ses principes. Alors que le verre (sans paille) était tout juste posé sur le comptoir, un vide de 5 mètres s'établissait déjà entre lui et les autres malgré la surpopulation du lieu.*

⇜ code by bat'phanie ⇝

*La chansonnette ainsi beuglée n'était pas sans lui rappeler le récent tube de Lorcan d'Eath, "Cou de vous", aussi le vampire à l'esprit très premier degré ne vit aucune insulte dans ces paroles, même si elles éveillaient en lui de vilaines envies. Néanmoins, le diable lui venait au secours, aucune pucelle ni bambin n'étaient à déplorer dans l'assemblée, or le sang vicié des poivrots lui ouvraient rarement l'appétit. Il dandinait très légèrement de la tête, d'avant en arrière, plus souvent en dissonance qu'en rythme ce qui couplé à sa raideur naturelle, lui donnait un faux air de poule ataxique. Lorsque la mélodie s'acheva, il leva son verre pour saluer le mélomane.*

Bravo ! Une autre !

*Flatté, le troubadour d'un soir entama le fameux tube que tout un chacun était capable de reprendre en cœur.



Sanguini tourna son visage émacié vers celui qui venait de le rejoindre, baissant son regard, un sourcil arqué, sur le cocktail écarlate qui était déposé devant lui.*

Bien le bonsoir mortel. Un bloody mary ? Il ne contient que du sang animal au moins ? Je ne suis point à la diète, mais je suis un régime sans humains.

*Demanda le vampire bien peu au fait des cocktails.*

Et sans alcool ? Je n'en ai point bu depuis 1932 et ça ne m'avait guère réussi. Une ribaude en avait profité pour me faire les bourses.

*Il secoua la tête à ce regrettable souvenir puis ferma les yeux en écoutant la fin de la chanson.



Rares était les objets capables d'émouvoir la bête, mais cette complainte atteignait tant le creux de sa poitrine morte, qu'il dut se détourner de l'inconnue compagnie pour écraser une minuscule perle au coin de son œil. Il n'avait pas encore touché au verre qui lui avait été offert.*

Excusez-moi j'ai... une... une particule pollinisatrice venue m'agresser la rétine.