[Sabiorgasme.] Aussi blanche qu'une brebis qui se roule dans la boue.

Aussi blanche qu'une brebis qui se roule dans la boue

Encore une fois, Daphné avait prit grand soin de sécher le dîner. Elle avait pourtant essayé quelques jours plus tôt, mais les esprits c'étaient échauffés et elle c'était précipitée à l'extérieur, loin de la colère ambiante qui ne voulait que la posséder entièrement.

Ce soir là, elle avait investi l'un de ses endroits préférés. Un petit endroit caché par quelques arbres du début de la fôret interdite, donnant sur les berges du lac. C'était caillouteux et inconfortable, mais la tranquillité et la beauté du paysage le valait largement. Daphné aimait particulièrement y venir à la tombée de la nuit, quand les élèves venus faire des ricochets en journée mangeaient le royal repas de la Grande Salle. A cette heure-ci, elle y était seule, et c'était paisible. La Serpentard s'adossa contre un rochet qui n'était pas beaucoup plus petit qu'elle et se perdit dans la contemplation du reflet de la lune sur le miroir du lac assombrit.

Elle prit une profonde inspiration, les yeux dans le vague, et libéra son esprit. D'abord timidement, goûtant l'air pour être certaine d'être seule, puis plus franchement quand la seule émotion qu'elle ressenti fut son propre soulagement. Ses muscles se détendirent, c'était comme la meilleure des séances de méditation.

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Aussi blanche qu'une brebis qui se roule dans la boue

Le regard lointain, perdu sur une ligne d'horizon noircit et sereine, Daphné s'octroya un moment de bien-être. Il était si rare qu'elle lâche prise, qu'elle accepte d'être une adolescente de 16 ans, avec ses qualités et ses défauts. Surtout ses défauts, même si elle le nierait, par principes.

Une légère brise la fit frissonner et elle resserra sa cape, attachant le fermoir d'argent en forme de Serpent, celui-là même qui permettait aux élèves de Serpentard appartenant aux "28 sacrés" de se distinguer. C'était une tradition à la fois noble et stupide. Elle aimait le bijou, mais ils avaient tous grandit ensemble, ils n'avaient pas besoin de signe de reconnaissance, et ceux qui n'en étaient pas faisaient quand même parti de leur cercle. Elle pensa à Blaise et Tracy qui méritaient peut-être bien plus d'en être que Millicent...

Elle revint à elle brutalement en entendant l'eau faire un bruit peu naturel et se redressa, baguette dressée, quand un homme lui adressa la parole avant qu'elle ne l’aperçoive. Elle murmura un Lumos qui illumina les lieux d'une lumière bleuté et mystique, et en dirigea le faisceau vers la voix masculine et inconnue. Mais elle fut étouffée par autre chose, son soulagement de reconnaître le rafleur qui n'avait aucune raison de lui faire de mal fut rapidement transformé en une déception étrange. C'était comme si elle avait voulu voir une autre personne débarquer dans son "sanctuaire". Ca n'avait aucun sens, elle ne voulait voir personne, alors encore moins quelqu'un de précis.

Quand elle comprit, elle recula d'un pas. Ce n'était pas elle, c'était lui. Daphné serra si fort la lèvre qu'elle fut surprise qu'elle ne saigne pas. Baissant légèrement sa baguette, elle se concentra sur la fermeture de son esprit, jusqu'à être seule dans sa tête. La paix était terminée. Elle regarda l'homme devant elle avec moins de pression et haussa un sourcil.

- Je ne vous réciterais pas de poésie. Et je ne vous donnerai pas une noise.

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Elle l'écouta, ennuyée. Elle avait eu l'occasion de rencontrer des sorciers s'étend attribués eux-mêmes la fonction de "rafleur", mais aucun ne semblait enclin à réciter de la poésie. Le monde sorcier n'était pas connu pour son goût pour les arts oraux, et la jeune fille grimaça quand la pensée que ce fut moldu l'effleura. Daphné roula des yeux et fouilla ses poches. Quand elle trouva ce qu'elle cherchait, elle tendit sa main, paume ouverte sur une petite pièce de bronze.

- Tenez.

Elle détailla l'individu devant elle. Elle le connaissait, de nom et de visu, elle en avait entendu parler, mais elle ne c'était jamais trouvé aussi près de lui, et ne lui avait certainement jamais parlé elle-même. Les rafleurs étaient des mercenaires, et donc des alliés de l'or. Elle savait qu'on ne pouvait pas faire confiance à ce genre de sorciers, mais pour l'instant elle faisait confiance à ses gallions qui la sortirait de bien des problèmes avec cet homme aux cheveux sales.

- Vous sentez mauvais.

Elle plissa le nez, les effluves piquantes de l'alcool bas de gamme lui agressant les narines.

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Elle se figea face au changement de comportement soudain du sorcier. Elle était seule, jeune et isolée, elle comprit qu'elle était en danger. Elle ferma les yeux, cachant sa peur. Daphné n'était pas à Serpentard par hérédité, elle n'était pas courageuse, n'avait pas d'amis loyaux pouvant l'aider, et n'était pas érudit au point de réussir à trouver une solution intelligente. Mais Serpentard avait ses propres qualités, et ça oui, Daphné était rusée et déterminée.

Et elle était empathe. La jeune fille laissa sa peur prendre le dessus, jusqu'à utiliser ce qu'elle détestait le plus. Elle ouvrit son esprit et hoqueta quand la force de la colère de son interlocuteur l'envahit. Elle eut un sourire mauvais, et ouvrit des yeux brillants de fureur. Cette aptitude n'avait rien d'offensive, loin de là, et si elle devait la décrire elle en parlerait comme d'un pouvoir inutile et encombrant, mais en cet instant, cette colère chassa la peur et lui offrit de faire face au danger de façon inconsciente.

- Vous ne savez rien de moi. Vous pensez pouvoir me juger parce que l'emballage ressemble aux autres ? J'appartiens à l'élite, c'est un fait, et personne ne peut le nier. Mais je n'attends rien, de personne et je prouverais aux gens comme vous, qui me jugent de par mon nom, que si je ne suis personne, je le deviendrais.

Daphné fulminait, et ça ne venait que très peu d'elle. Son sourire se fit encore plus froid, ses yeux verts devenant de glace. Une voix lointaine et imaginaire l'avertit de faire attention, que les professeurs mettraient plusieurs heures, voir jours avant de retrouver son cadavre, mais elle la chassa rapidement. Elle grimaça de dégoût en sentant le métal froid de la pièce frôler sa peau et serra un peu plus sa baguette toujours pendante le long de son bras.

De son autre main, Daphné chercha une autre pièce, plus grosse. Elle sorti un gallion et le glissa dans la poche du veston du rafleur, sans le lâcher des yeux, sur le qui vive.

- Tenez, voici de quoi commencer votre cagnotte pour "m'acheter", quand vous en aurez quelques milliers de ses petites soeurs, demandez une entre-vue avec mes parents, peut-être qu'ils vous prendront en pitié.

Elle arrêta de sourire et leva sa baguette vers l'un des bras du sorcier, elle lança un maléfice cuisant, pour s'échapper de l'espace restreint dans lequel elle était prisonnière.

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Daphné sentit sa baguette lui échapper des mains quand le rafleur la lui arracha, et elle ne put rien faire pour la retenir. Libérée du cercle de ses bras, elle quitta le rocher et recula de plusieurs pas, roulant et trébuchant sur les galets sans tomber. Elle n'était pas stupide, il était inutile de courir, devant elle se tenait un traqueur, son mode de vie entier consistait à courir après ses victimes, preuves en était de l'état de ses vêt... l'état général de sa personne.

La pensée fugace que sa soirée de calme dans son endroit préféré était loin lui traversa l'esprit. Son esprit qui menaçait d'exploser, elle ne s'ouvrait jamais comme elle était en train de le faire, pour une bonne raison. Elle perdait pied. La colère retomba soudainement, la vidant physiquement, et fut remplacée par de la curiosité, de l’intérêt. Daphné sut immédiatement que ça ne venait toujours pas d'elle, la jeune fille n'avait jamais d’intérêt pour rien, ni personne. La peur refit surface, profitant de l'amoindrissement de la puissance des autres émotions. Et la simple idée que cette peur était sienne, la fit s'y accrocher.

- Vous attaquer à une fille de 16 ans, ne vous auréole d'aucune gloire.

Sa curiosité pour cet horrible sorcier était ridicule, il fallait qu'elle ferme son esprit, une fois pour toute. Pour faire quelque chose de censé, comme quoi ? Courir ? Elle avait dit non. Hurler ? Ils étaient bien trop loin. Elle n'avait plus de baguette magique, pas d’échappatoire, et la seule chose à pouvoir la sortir de ce pétrin, était de rentrer au château pour trouver Rogue ou Maugrey. Elle était fichue.

Elle pensa à Astoria, sa douce petite soeur. Sa seule étincelle dans ses ténèbres personnelles. Elle s'immobilisa et ferma les yeux, comme ce n'était pas suffisant, elle plaqua ses paumes sur ses paupières. Elle se força à oublier la présence du rafleur, et le danger d'être désarmée face à un sorcier dangereux et remonté. Elle pensa au lac, au reflet de la lune qu'elle regardait quelques minutes plus tôt. A toute les choses qui avait un pouvoir d'apaisement sur elle. Elle sentit les résidus de colère s'évanouir, sa peur s'étioler et se concentra un peu plus pour fermer son esprit aux émotions actuelles de son vis à vis. La curiosité disparu, et elle ne ressenti plus rien. L'effort lui donna mal au crâne, comme s'il se brisait en deux, et quand elle rouvrit les yeux, elle essuya les larmes prisonnières de ses cils.

Tout était redevenu normal et le maelström d'émotions était passé. Elle planta ses yeux rougit sur le sorcier en face d'elle et demanda d'une voix neutre.

- Puis-je récupérer ma baguette ?  

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Elle l'avait fait, elle avait tordu le cou à toutes ces émotions. Elle ne s'autorisa même pas la satisfaction, rien. Juste ses yeux mortellement vides fixant le rafleur. Elle les baissa soudainement au premier pas, suivant le pied épousant le sol jonché de cailloux et de galets en tout genre.

Daphné n'avait plus peur, mais elle ne se laisserait plus approcher, pas après ce qui venait de se passer. Elle recula au même rythme que l'avancée du sorcier. Elle ne devait surtout pas le laisser la toucher.

- Je vous ai donné de mon temps, n'est-ce pas suffisant ? Vous écouter parler de mon entre-jambe m'en a assez fait perdre.

L'idée de l'abandonner là et d'aller faire récupérer sa baguette par son parrain ou son directeur de maison l'effleura, mais elle n'aima pas l'idée d'en être séparer.

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Daphné suivi sa baguette des yeux. La jeune fille aimait peu de choses, mais elle avait un profond attachement pour sa baguette magique. Elle pourrait si facilement s'en défaire et en acheter une autre, des centaines d'autres même, dès demain, mais la sienne était parfaite pour elle, elle n'était pas certaine de retrouver une symbiose pareille.

Elle écouta distraitement l'homme, ne quittant pas le morceau de bois des yeux. Elle ne tiqua pas, même quand il fit mine de la briser. Ce qu'il lui disait ne l'atteignait pas, sa parole, celle d'une adolescente de bonne famille, sans histoire, contre celle d'un rafleur alcoolique et sorti d'Azkaban. En allant voir les bonnes personnes, Daphné n'aurait aucun mal à attirer bien plus d'ennuie à ce type que lui ne pouvait lui en attirer.

- Que voulez-vous ? Que je vous la rachète au double de chez Ollivander ?

Elle amorça un mouvement pour fouiller ses poches, pour chercher sa bourse qu'elle se souvint avoir laissé sur sa table de chevet, dans le dortoir des Serpentard. Elle n'avait à peine que 5 gallion et 6 mornilles dans les poches, sa seule noise étant abandonnée sur le sol, non loin de là.

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Grosse erreur. A peine la main se posa sur le poignet fin et pâle de Daphné qu'elle sentit son esprit exploser, comme si un sortilège de découpe avait été lancé entre ses deux yeux. Elle ne hurla pas, mais se plia en deux, les mains sur les oreilles, comme pour endiguer un son. Mais il n'y en avait aucun, tout ce passait dans sa tête. La douleur s'atténua lentement, et laissa place à ce qu'elle avait réussi à canaliser quelques instants plus tôt. Elle ne su pas comprendre les diverses émotions, trop nombreuses, venant d'elle et de lui. Elle chercha un point d'encrage, mais ses yeux brûlant de larmes ne lui en offrirent pas.

Elle se dégagea prestement de la poigne du sorcier. Le tout n'ayant duré que quelques secondes, elle reprit son souffle. Elle se haïssait d'être si faible, mais la lassitude l'emporta. Elle s'essuya les joues avec raideur.

- Que dois-je faire pour récupérer ma baguette ?

Le dîner devait être terminé depuis longtemps, et le couvre-feu ne devait pas tarder, si ce n'était pas déjà passé. La nuit était plus profonde, et tout était devenu trop intense pour elle ce soir. Elle n'avait aucun contrôle et elle détestait ça.

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Daphné était vidée. Lasse, fatiguée et légèrement groggy, elle écouta le rafleur, les yeux légèrement vitreux. Rien ne lui ferait plus plaisir en cet instant que d'être lovée au fond de son lit, réchauffée par ses draps de satin vert et bercée par les clapotis du lac enveloppant les dortoirs. Ou même dans le bureau de McGonagall, l'écoutant la sermonner sur l'importance d'écouter en cours, "surtout la sixième année, c'est une année décisive Miss Greengrass."

Tout était mieux que d'être toujours dehors, la nuit, un mois de Novembre, avec un dangereux sorcier assez malin pour s'être fait embauché dans un école. Encore heureux que sa nature de cheveux ne craignait pas l'humidité de l'air, il ne manquerait plus qu'elle frise pour compléter ce cauchemar.

- Pourquoi ne pas aller voir Madame Pomfresh ? Ou le faire vous-même ? Je ne connais pas de sorts de soins.

Elle le regarda lui passer devant et haussa un sourcil. C'était une blague ? Elle allait devoir le suivre au milieu deresta plantée là. D'une, elle n'avait aucune envie de mourir, et de deux, elle était tombée sur le seul sorcier la forêt, la nuit ? Quel genre de tueur en série était-il ? Elle le regarda s'éloigner, s'enfoncer dans les bois et marchant dans la foret sans lumière. Mais elle n'était ni suicidaire, ni stupide et sans baguette elle refusait de le suivre. Daphné resta campée sur ses pieds, au même endroit et croisa les bras.

Puis il était hors de question qu'elle lui révèle son secret. Il lui avait fait vraiment peur, toujours d'ailleurs, elle ne l'aimait pas. Elle n'en parlait pas à ceux qu'elle appréc... qu'elle supportait, alors à un homme comme lui...

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Elle soupira bruyamment et se dépêcha de le rattraper, trouvant la situation ridicule. Elle suivait un vagabond dans une forêt, en pleine nuit. Et sans baguette ! Une forêt qui lui flanquait la trouille. Elle avait longtemps rit aux nez des élèves qui affirmaient que la Forêt Interdite était habitée par des loups-garous, mais lors de sa troisième année, un soir de juin, elle avait entendu une longue plainte animale qui lui avait hérissé les poils de la nuque...

Si le rafleur avançait comme en plein jour, pour Daphné, il n'en était rien. Elle se prenait les pieds dans les racines, et trébuchait sur des cailloux. Elle faillit même crier quand une branche se prit dans ses cheveux.

- Je ne me suis jamais vantée d'être courageuse. Et j'ai apprit à me servir de tout et de tous le monde à mon avantage. J'ai 16 ans, ce serait stupide de ne pas profiter des autres.

Elle avait retrouvé sa verve et son aplomb. Et pourtant elle était toujours désarmée, et... Elle pila en voyant le sorcier s'arrêter devant une cabane et en ouvrir la porte.

- C'est là dedans que vous vivez ? La cabane de Hagrid prend des allures de palace...

Elle se tut. N'avait-elle pas lu des mémoires d'Aurors, qui prodiguaient de ne pas énerver un psycopathe, et de s'humaniser pour le faire hésiter à vous tuer ? Elle y repensa, et conclut qu'au vu du début de soirée : elle allait mourir. Mais elle tenta :

- Je m'appelle Daphné. J'ai 16 ans, et j'ai un hibou, c'est une femelle, je l'ai appelé Sucrette. J'était petite, c'était un cadeau pour mon 8ème anniversaire, et j'aimais beaucoup les plumes en sucre, et Sucrette était pleine de plume... S'il vous plait, ne me tuez pas, je n'ai fait que me défendre, c'est vous qui m'avez sauté dessus !

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