[Libre] All you need is... ?

... a pair of tweezers, sir ?

20h00, heure de pointe dans la salle commune des poufsouffles. La bonne humeur y était toujours au rendez-vous, et pour cause, tous venaient de terminer leur copieux repas. C’était à cette heure-là aussi que les élèves chahutaient le plus après leur longue et épuisante journée de cours, particulièrement lorsqu’ils avaient eu cours de potions. C’était donc plein d’entrain, d’enthousiasme et d’excitation, qu’ils chahutaient d’entre eux. Au programme, des bagarres faussées, des taquineries enfantines et surtout des bousculades. Tout ce qui pouvait pousser Eléanor à fuir. Généralement, elle les devançait, partant se réfugier à la bibliothèque. Mais ce jour-là, une première année l’avait retenue, paniquée de ne pouvoir rendre à temps son devoir au Professeur Fenwick. Elle ne voulait pas le décevoir, bien entendu, comme toutes les demoiselles tombées sous le charme de l’auror. Au moins en avait-il plus dans la cervelle que leur ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal.

Ce soir-là, donc, elle était en retard dans son emploi du temps. Se glissant entre les différents chahuts tant bien que mal, ses quelques affaires à la main, elle se dirigeait vers la sortie lorsqu’une bande de blaireaux la heurta de plein fouet, la déséquilibrant. Comme tout être humain ayant pour réflexe de vouloir se rattraper, Eléanor, elle, se rattrapa au cactus déposé là (et dans toute la salle commune) par le Professeur Chourave avant qu’elle ne cède sa place pour « Raisons personnelles ». Si bien que la pauvre Poufsouffle poussa un cri à en épouvanter plus d’un première année : sa main était couverte d’aiguillons. Silence glacial dans la salle, seuls les crépitements de la cheminée se faisaient entendre. Elle les fusilla d’un regard si noir que les troisièmes années devant elle n’osèrent dire un mot. Eléanor n’était peut-être pas préfète en chef, on ne l’approchait pas. A dire vrai, on appréciait que très peu son humeur taciturne. Tous attendirent ainsi qu’elle passe le seuil de la sortie d’un pas furibond pour reprendre leurs enfantillages divers et variés.

Quant à elle, elle prit non pas le chemin de la Bibliothèque mais celui de l’infirmerie, à son grand déplaisir. La Poufsouffle n’aimait pas ce qui touchait de près ou de loin aux hôpitaux et toute leur clique. De fait, elle aurait pu rejoindre les appartements ou plutôt le bureau du Professeur Wilkes, si elle ne craignait pas subir davantage de moqueries. Dix minutes plus tard, non sans jurer de douleur entre ses dents, elle poussa la porte de l’infirmerie, le regard brillant de douleur.

- Monsieur Sanguini, s’il vous plaît ? chuchota-t-elle pour éviter de réveiller les morts-vivants malades. Vous auriez une pince à épiler ?

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... a pair of tweezers, sir ?

Aux paroles du vampire, la Poufsouffle blessée arqua un sourcil d’étonnement. Mais de quoi lui parlait-il donc ? Etait-ce seulement le moment ? Ce n’était pas comme si elle avait mal, après tout ! Elle s’apprêtait ainsi à ouvrir la bouche pour protester quand enfin il se retourna vers elle. Comme à chacune de ses visites – et celles-ci étaient forts rares-, elle observa le vampire une poignée de secondes. Elle avait entendu nombres de commérages à son sujet. Pas des plus appréciables d’ailleurs. Les filles de sixième année lui trouvaient un teint affreux, un regard repoussant et des manières moyenâgeuses. Monsieur Sanguini n’avait pas la côte, c’était le moins que l’on puisse dire. Pour sa part, cela lui passait bien au-dessus.

Elle suivit le regard du vampire et observa les gouttelettes rougeoyantes. Ses épaules s’affaissèrent dans un soupir de désespoir. C’était bien sa veine… Sans jeu de mot. Finalement la solution Wilkes aurait peut-être été préférable pour tous deux. Toutefois, personne n’était mort pour l’instant, le médicomage avait le droit au bénéfice du doute. Même si ... Non elle préféra ne pas s’attarder sur les iris noirâtres. Tout le monde avait ses faiblesses, non ?

- La salle commune en est remplie Monsieur. Une bousculade malencontreuse mais pas moins violente m’a forcée à m’y retenir pour ne pas tomber. Je ne sais pas si cela vous rassurerait, mais je ne suis pas encore masochiste si c’est ce que vous entendez par « fantaisie ».

Elle grimaça de douleur et s’impatienta quelque peu. Comme si la situation était plaisante. Elle était ridicule pour ne pas dire humiliante. Aïe Aïe Aïe Ouille !

- Je puis les retirer moi-même si cela vous indispose Monsieur, je n’ai besoin que d’une pince à épiler.

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... a pair of tweezers, sir ?

Elle jeta un regard circulaire à la décoration les environnant. Une moue dubitative était ancrée sur son visage. Décidément, elle ne devait pas avoir beaucoup de goût en matière de déco pour n’apprécier ni l’une ni l’autre à sa juste valeur. Mais son esprit fut vite détourné par la remarque vampirique, laquelle lui arracha un sourire presque amusé.

- Je suis donc démasquée.

Elle obtempéra puisqu’après tout le médicomage n’avait pas tort. Vrai qu’elle n’aimait pas demandé de l’aide, elle ne voulait dépendre de personne, encore moins se sentir redevable. Mais pour le coup, peut-être manquait-elle de courage. Elle aurait probablement tourné de l’œil une à deux fois avant de prendre sur elle. Une fois de plus, elle ne put s’empêcher de se maudire : tout ceci aurait pu être évité !
Puis vint la blague. A nouveau, Eléanor afficha une moue dubitative avant de tenir le regard du vampire. Curieuse sensation à dire vrai. Elle ne l’avait jamais vu d’aussi près. Nul doute que ces traits-là seraient plus difficiles à reproduire déjà, mais à décrypter surtout. Prenant soudainement conscience que le vampire attendait de sa part une quelconque réaction, elle entrouvrit les lèvres pour répondre quand à nouveau, il reprit plus vite qu’elle. Etrangement, l’explication était plus comique que la blague elle-même. Le prenant quelque peu en pitié, la Poufsouffle finit par sourire en hochant la tête.

- C’est un bon début, je crois. Mais si cela peut vous rassurer, je ne suis pas douée pour l’humour non plus. Néanmoins, peut-être faudrait-il éviter d’évoquer votre appétit devant des mains ensanglantées. Vous effraieriez des premières années.

Elle contempla ses mains, prête à serrer les dents afin ne pas s’humilier davantage. Pour se mettre dans de meilleures conditions, elle chercha une pensée amusante à méditer.

- Je me demande d’ailleurs qui les effraie le plus entre vous et le Professeur Maugrey. Une idée ?

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... a pair of tweezers, sir ?

Une fois de plus, elle obtempéra, non sans frissonner au contact glacé de sa main contre la sienne. Tout compte fait, elle ne regrettait pas son choix d’avoir franchi le seuil de la porte. Ce vampire-là semblait lutter contre sa nature pour le plus grand bien de tous. Toutefois, Eléanor ne put s’empêcher de penser aux mangemorts. Le médicomage ferait-il une exception si leur vie à tous en dépendait ? Avait-il seulement un camp ? Elle l’imaginait. Un vampire opérant avec tant d’efforts ne pouvait pas être du mauvais côté, si ? Eléanor l’observait avec grande attention : et s’il y avait dans Poudlard un protecteur insoupçonné ?

- Vous avez raison. J’y suis tellement habituée que je l’en aurais presque oublié. J’ignore pourquoi il nous hait tous, à l’exception des Serpentards bien sûr. Savez-vous comment les élèves l’appellent ? La chauve-souris.

Intérieurement, elle s’en amusa, veillant avec très très grande attention, à la réaction du vampire.

- De nos jours, il n’y a plus de honte à enfiler l’accoutrement d’un autre. Oh … Je ne suis pas certaine de vous êtes une grande utilité Monsieur Sanguini, mais je vous en prie, testez-moi donc.

La Poufsouffle, au caractère assez tenace, ne préféra pas relever le « vous êtes difficile ». Elle l’assumait parfaitement, pour ne pas dire qu’elle regrettait elle-même ses premières années d’insouciance et de rigolade. Devant la volonté de bien faire du vampire, elle prit son rôle très au sérieux et attendit patiemment sa première blagounette. A la première écoute, elle prit conscience de l’importance des dégâts, et bizarrement, elle s’en sentit pleine de compassion. Tous deux étaient dans un beau pétrin quand il s’agissait de l’humour. Aussi préféra-t-elle dire d’une voix douce, non sans avoir grimacé au premier aiguillon.

- Vous devriez voir le Moine Gras devant un baril de cuvée des elfes. Je vous promets qu’il sait bel et bien applaudir. Même si bien sûr on ne l’entend pas. Mmh voyons, laissez-moi réfléchir. Vous auriez dû connaître Fred et Georges Weasley, ce sont des maîtres en la matière. Alors … Qu’est-ce qui a 120 jambes et seulement 4 dents ?

Après l’avoir laissé mijoter…

- Une réunion de vieilles sorcières !

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... a pair of tweezers, sir ?

La douleur était présente mais minime, grâce aux bons soins du Vampire. Elle ne grimaçait pratiquement plus mais refusait opiniâtrement de regarder l’état de ses mains. Aussi continua-t-elle à occuper son esprit en réfléchissant aux paroles du vampire.

- Vous trouvez ? Je crois qu’au contraire c’est très compréhensible. Les métaphores nous permettent d’imaginer les choses, de les concevoir. Elle nous donne un repère, un outil de comparaison qui nous est familier. Les enfants ont besoin de cela pour appréhender ce qui leur fait peur, ce qu’ils ne comprennent pas ou ce qu’ils ne parviennent tout simplement pas à exprimer. Pour quelles raisons les métaphores d’un enfant seraient-elles moins pertinentes que celles d’un auteur, Monsieur Sanguini ?

Elle avait arqué un sourcil, curieuse de connaître l’avis du vampire à ce sujet. Avait-il eu des enfants dans une autre vie ? C’était là une question qu’elle n’oserait posée. Les avait-il au moins côtoyés de son vivant ? Elle n’eut le temps d’y réfléchir que son esprit visualisait déjà le Maître des Potions.

- Je n’ai rien contre le professeur Rogue à dire vrai. Il est certain qu’il peut se montrer odieux et qu’il adore favoriser les Serpentards, ce qui le rend détestable pour nombre d’élèves mais j’ai dépassé ce stade-là quand j’ai compris être aussi taciturne que lui à mes heures. Et puis, avouons qu’il ne serait pas juste de le juger pour ses apparences ou ce qu’il veut bien nous montrer.

Un autre aiguillon fut arraché, lui arrachant de même un soupir. Un cactus … Non mais franchement. Au moins passait-elle un moment appréciable, d’une certaine manière. Le vampire semblait soucieux de se trouver drôle, mais à part le prévenir des gaffes à éviter, Eléanor craignait de ne pouvoir lui être d’une grande aide.

- Je ne vous le conseille pas. Sir Nicholas, le fantôme de Gryffondor, pourrait s’en vexer très sérieusement.

Un sourire amusé naquit sur ses lèvres.

- Les couvertures maladie comme vous dites ne protègent pas de la vieillesse. Et puis cette blague parle des sorcières tout droit venues des contes pour enfants, celles qui possèdent une énorme verrue sur leur nez et des dents noires dans lesquelles se terrent les vers.

Cette fois, son regard pétilla d’amusement. Elle était bien trouvée. Tout en hochant la tête, elle examina sa main nettoyée et tendit la seconde avant de poursuivre.

- Celle-ci est trop intelligente, sans jeu de mots. Mais je l’aime bien ! Voyons … A quoi reconnait-on un balai de sorcière ? Mmh ? Il ne mord jamais la poussière.

Silence dans la salle.

- Vous voyez, je ne suis vraiment pas douée pour ce genre de choses.

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... a pair of tweezers, sir ?

La réprimande lui fit l’effet d’une douche glaciale. Elle était allée trop loin, oscillant entre la discussion libre et sa tentative de comprendre le vampire. Si elle comprit qu’il était inutile de répliquer ou même de chercher à se justifier, la Poufsouffle nuança tout de même les paroles du vampire, piquée.

- Je ne nie absolument pas être encore une adolescente, Monsieur Sanguini. Contrairement à ce que vous pensez, je n’ai nulle prétention, je ne faisais que discuter avec vous. Mais je suppose qu’une adolescente doit apprendre à rester à sa place. Veuillez m'excuser.

La douleur qui s’ensuivit confirma ses paroles. Eléanor laissa échapper un jappement et se fit violence pour ne pas terminer elle-même le travail. Elle avait compris la leçon.

- Vous avez probablement raison.

Elle n’était pas certaine de voir dans le Professeur Rogue un Narcisse. Toutefois, elle préféra ne pas contredire le vampire et hocha la tête simplement. Son avis, elle se le garderait pour elle-même. Quel ne fut pas alors son soulagement lorsqu’elle prit conscience que le calvaire était terminé. Eléanor les contempla toutes deux avec un sourire de ravissement.

- Ste Morgane ? Où est-ce que cela se situe ?

Elle avait posé sa question avec politesse. Une façon de remercier le vampire pour ses soins. Son sourire se crispa alors en voyant celui du médicomage. Eléanor se fit violence pour ne pas reculer. Mais là encore, elle ne se permit aucune réflexion afin qu’aucune de ses paroles ne blesse l’ego de la créature face à elle. Par Morgane, que ce sourire était effrayant !

- Ravie qu’elle vous plaise.

A la blague suivante, elle ne savait plus comment agir. L’humeur changeante du vampire la mettait sur ses gardes. Peut-être ferait-elle mieux de partir. Mais elle aurait trouvé ce geste rustre face au sauvetage qu’il venait d’opérer.

- Vous devriez envoyer vos notes aux jumeaux Weasley, ils sauront vous aider. Puis-je vous poser une question indiscrète mais innocente ?

Elle attendit un signe d’assentiment et finalement préféra cracher le morceau tout aussi rapidement. Vilaine indiscrétion !

- Que faites-vous une fois votre travail effectué à l’infirmerie ? Je veux dire, vous ne restez pas enfermé seul ici, si ?

Elle était bonne à réprimander une fois de plus.

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... a pair of tweezers, sir ?

Interloquée, Eléanor se mit à rire, croyant à une mauvaise blague. Mais très vite, elle perdit tout sourire en se rappelant que le vampire ne connaissait rien à l’humour.
…
Mme Chourave aurait-elle été capable d’une telle vilénie ? Non … Morgane que non. Toutefois, le doute demeurait. Ils étaient à Poudlard après tout ! Crispée, Eléanor se força à sourire.

- J’ose espérer que non, je serai bien malheureuse sans mes outils de travail ! Merci pour vos soins, Monsieur Sanguini. Mes mains vous en sont reconnaissantes.

Son épaule en revanche … Eléanor était dubitative.

- New-York dites-vous ? Je n’ai jamais visité l’Amérique. Comment est-ce ? Est-ce que cela vous manque ?

La Poufsouffle écouta avec politesse et curiosité la réponse à son indiscrétion. De ce qu’elle semblait comprendre, le vampire était un être solitaire aux activités nobles. Devait-elle éprouver une quelconque pitié pour cette créature de la nuit ? Elle l’ignorait. Mais sa naïveté s’interrogeait sur l’ennui du vampire après des siècles de renaissance (elle l’imaginait cinq fois plus vieux que le professeur de Dumbledore si ce n’était plus). Se sentit-il seul ? Elle-même, solitaire, ne s’imaginait pas vivre ainsi recluse. L’annonce de l’amie en question la rassura, mais sans plus. Aussi têtue pouvait-elle être, Eléanor restait une belle âme.

- La compagnie d’une Poufsouffle entêtée et au caractère pas toujours appréciable vous plairait-il, de temps à autre ? Je ne me souviens pas d’avoir un jour écouté quelqu’un jouer du piano. Mes parents ne jouaient d’aucun instrument et dans le village, il était davantage question de cornemuse ou d’ocarina.

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... a pair of tweezers, sir ?

Au fur et à mesure des paroles du vampire, elle devenait livide, presque frissonnante. Elle savait le vampire parfaitement sérieux, et lui, encore une fois, n’avait nulle conscience de ses émotions. Eléanor déglutit et hocha la tête sans trop en connaître la raison. Elle acquiesçait juste avec la volonté de changer de sujet au plus vite.
L’anecdote eut pour don de la détendre instantanément. La Poufsouffle arqua même un sourcil d’étonnement. Peut-être parce qu’elle était avant tout née-moldue, Eléanor n’avait même pas pensé à l’utilisation de la magie lorsqu’elle avait parlé d’ « outils de travail », mais bel et bien au dessin. Qu’on se le dise, elle adorait la magie, elle la trouvait fabuleuse. Toutefois, elle avait également une conscience aigüe de ses travers, de ses conséquences. Toute magie avait un prix. Le dessin, lui, n’en avait aucun et était parfaitement inoffensif. Par conséquent, oui, elle préférait de loin le dessin à la magie : il était plus honnête.

- Oh…

Elle retint la suite : « vous pouvez donc aimer ? » Mieux valait ne pas vexer le vampire. Mais elle trouva la nouvelle soudainement éclairante. Ainsi donc, même mort, les vampires étaient capables de ressentir des émotions délicates, charmantes. Clairement elle n’y connaissait absolument rien, qu’on l’en excuse. Elle écouta alors avec grande attention.

- Vous m’en voyez navrée pour vous, Monsieur Sanguini. Les sorciers ont une si mauvaise vision des moldus, et réciproquement, malheureusement. Chaque décennie amène son flot de clichés et personne ne prend la peine de les déconstruire, j’en sais quelque chose. Je …

Ce fut alors que l’idée lui vint. Soudainement gênée, craintive et fragile, Eléanor baissa la tête. Elle ne revenait pas de ce qu’elle s’apprêtait à demander. Mais les insultes avaient que trop fusé depuis des années maintenant.

- Je sais que biologiquement parlant, notre sang à tous est différent. Mais … vous devez savoir comment on appelle des nés-moldus comme moi… Notre sang est-il si nauséabond qu’on le prétend ?

Rouge de honte, Eléanor s’empressa de répondre à l’invitation du vampire.

- Je suis plus à l’aise avec l’Ecosse, mais je pense pouvoir me débrouiller un minimum avec le territoire anglais. J’accepte cet accord, Monsieur Sanguini. Par contre, vous pensez bien qu’il me faudra une permission spéciale pour échapper aux murs de Poudlard. Je ne peux me résoudre à enfreindre le règlement, je suis certaine que vous comprenez.

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... a pair of tweezers, sir ?

Et son âme se fendit. Eléanor fut prise d’une telle empathie qu’elle posa sa main sur la manche de ta cape comme pour te rassurer. Rassurer un vampire… Une première ! Mais son regard était sincère, bon et bienveillant. La Poufsouffle ne connaissait rien à l’amour, elle ne l’avait jamais éprouvé et ne l’avait jamais cherché non plus. Elle n’avait rien contre, pourtant. Lui aurait-on posé la question de ses amours qu’elle aurait simplement haussé les épaules avec nonchalance, sans s’inquiéter le moins du monde de son avenir sentimental, si elle devait en avoir un, un jour.

-  Je suis désolée pour vous, Monsieur Sanguini …

Elle se répétait. Mais que devait-elle dire d’autre ? Y avait-il seulement un mode d’emploi pour ces formalités-là ? Alors elle lui offrit un sourire plein de douceur, un sourire qui s’évapora très vite quand il fut question de la qualité de son sang.

- On nous appelle les … Sang-de-Bourbes.

Son regard loucha alors sur l’index effrayant qui approchait d’elle et se détendit au contact. Elle se laissa guider, plus encore, elle se laissa réconforter, alors même qu’elle n’avait jamais évoqué tout haut cette peur profonde qu’était la sienne. A la seconde approche vampirique, cette fois-ci, elle ne bougea pas ni ne se tendit. Elle avait étonnamment confiance. Si bien qu’en réponse aux paroles sincères du médicomage, un sourire aussi timide que rayonnant prit place sur ses lèvres. Même s’…ils étaient en train de parler du potentiel repas du vampire.

- Vos paroles me touchent profondément. Je … Merci beaucoup. Je n’avais encore jamais eu le courage d’en parler. Je dois dire que c’est pesant pour nous autres. On a beau se réconforter, se dire qu’on vaut mieux que ces piètres insultes, il y a toujours quelque chose qui s’infiltre en nous pour nous faire douter, vous comprenez ? Mais maintenant, j’ai la certitude, grâce à vous, que tout ceci n’est qu’une humiliation gratuite, une insulte à laquelle on ne doit jamais porter d’attention.

Elle acquiesça ensuite à la proposition suivante, non sans jeter un regard amusé à la fameuse cape qui ne satisfaisait toujours pas son propriétaire.

- Absolument. J’aimerais pour ma part y acquérir une cape de voyage.

Mais elle ne s’étala pas en détails.

- Nous irons donc ! A en croire les dires du Professeur Firenze, les nuages pourraient durer jusqu’à la fin de la semaine. Vous n’aurez donc pas à craindre le soleil.

Elle s’arrêta une seconde, hésitante.

- Vous craignez le soleil, n’est-ce pas ? Pardonnez mon ignorance, je ne connais que très peu de choses sur les vampires. Je passe le plus clair de mon temps à étudier des ouvrages de justice au détriment d’autres.

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... a pair of tweezers, sir ?

Les conseils du vampire étaient sages, pertinents. Eléanor en avait conscience. Connaissait-elle sa propre valeur ? D’une certaine façon. En revanche, elle se savait que trop solitaire pour bien s’entourer. Qui avait-elle comme entourage ? Son père ? Sûrement pas. Oliver, son meilleur ami ? Loin de Poudlard. Gawain Robards, le chef des aurors ? Ou encore Ginny Weasley ? On ne se créait pas des amis en une simple discussion. Pour Eléanor l’amitié était un lien bien plus profond, bien plus noble que ce qu’on voulait bien en dire. En d’autres termes, Eléanor l’estimait comme étant une chose rare.

Elle contemplait le vampire avec respect. Cette sagesse avait dû être difficile à acquérir, surtout avec autant de bains de sang. Car il ne fallait pas s’y tromper, Eléanor avait parfaitement conscience de se trouver face à un prédateur désormais rangé. Ce qui n’ôtait aucun mérite au vampire. D’ailleurs une nouvelle question lui trottait, une question qui sonnerait peut-être stupide aux oreilles du vampire, mais qu’elle se devait d’oser.

- Samedi dans l’après-midi serait parfait, Monsieur. Je veillerai à interroger davantage le Professeur Firenze sur l’avancée des possibles perturbations. Le soir venu, nous pourrons déambuler dans les rues de Pré-Au-Lard avec nos nouvelles capes.

Son regard se posa alors sur une horloge qui annonçait vingt-deux heures passées. C’était le moment où jamais pour Eléanor de poser sa question.

- Si vous le permettez, j’aimerais vous poser une dernière question avant de prendre congé. Voyez-vous, lorsque nous visitons une région, je crois qu’il est coutume d’en goûter les saveurs, les différents mets. Aussi, je m’interrogeais sur votre capacité à ressentir le goût des aliments, des boissons. Si Samedi, je vous offrais une bièraubeurre, à titre d’exemple, pourriez-vous en ressentir le goût dans toute sa totalité ?

Elle se sentait atrocement idiote. Sa propre gêne la fit rire de bon cœur, tandis qu’elle venait se masser la nuque, signe de son malaise apparent.

- Je dois vous paraître parfaitement ingénue, veuillez m’en excuser. Je ne souhaite pas faire d’erreurs ou vous indisposez, ce serait mal venu et piètrement vous remercier de vos soins.

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