[Noctis] Dégagez le passage ! C'est l'heure du 2ème Round !

La fin de journée tombait sur le village de Pré-au-Lard. Les rues étaient paisibles. Deux enfants jouaient à la marelle dans une ruelle adjacente. Dans la délicieuse boutique d'Honeydukes, les étalages se faisaient dévaliser par des groupes de Poudlariens. Trois Serdaigles marchaient gaiement en direction du charmant salon de thé de Madame Pieddodu. Un corbeau légèrement bouffi croassait, perché sur le toit d'un Zonko voué à l'abandon. Rien ne pouvait présager ce qui allait arriver. Personne ne les avait vus venir tant la journée s'était déroulée sans encombre. Bientôt tout le monde rentrerait chez soi et le ciel demeurait encore dégagé, alors pour quelle raison se seraient-ils inquiétés ? Seulement ils arrivaient. Dans quelques minutes, ils se feraient face et le duel se mettrait en place. Lequel des deux survivrait ?

Millicent, Pansy et Daphné sortaient de chez Gaichiffon, en pleine discussion. A l'exception de celles de Milli, leurs mains étaient pleines d'achats : nouveaux chapeaux à la mode, nouvelles capes en vue de l'été, et d'autres emplettes dernier cri. Notre Serpentard adorée n'aimait pas Madame Gaichiffon. Elle parvenait à vous planter ses aiguilles partout sauf sur le vêtement en question. Sans compter qu'elle avait un mauvais goût insoutenable. A chaque fois qu'elle y mettait les pieds, on pouvait être sûre que les deux femmes se crêperaient les chignons d'une minute à l'autre. Pour le coup, elle n'avait encore une fois pas trouvé son bonheur. Aucune chance que le Professeur Wilkes la regarde avec des accoutrements pareils. Les Bulstrode méritaient de la qualité. Elle veillerait donc à en toucher deux mots à sa chère mère.
Désormais, les trois adolescentes discutaient donc des derniers ragots. Malheureusement, elles n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent. Pas de flirts scandaleux, pas de mensonges honteux à révéler ni même de scoops qui en valaient suffisamment la chandelle. L'arrivée des exams compliquait tout, elle-même ne pouvait pas les louper. Aussi s'ennuyait-elle sans personne à boxer, tout juste quelques bouffondors à racketter. Ses problèmes n'étaient toujours pas réglés qui plus est et sa mission "Entwhistle" était, comme on pouvait s'en douter venant d'un Serdaigle, d'un ennui mortel. Un long bâillement étira alors sa mâchoire quand soudain elle fit signe aux filles de s'arrêter net.


Le temps se figea alors. Le vent se leva, fit voleter leurs longs cheveux. Les yeux de Millicent ne cillaient pas. Il était là, remontant la rue principale jusqu'à elle. Elle l'aurait reconnu entre mille. Grand dadais, aussi bête que pouvait l'être un auror. De son bras, elle poussa ses copines pour les placer derrière elle et monter sur le devant de la scène. Dos quelque peu arcbouté comme si elle allait charger, l'adolescente attendait qu'il croise enfin son regard. Ses lèvres dessinaient un rictus mauvais. Cette fois, elle allait se défouler et donner une bonne leçon à l'auror. Leurs regards se croisèrent enfin et la rue retint son souffle. Elle s'apprêtait à dégainer à tout moment.

- Tiens tiens, mais regardez ce que le vent nous amène. Dégage Auror, tu n'es pas la bienvenue ici, déclara le Shérif Bulstrode de sa grosse voix menaçante. Tu ne racketteras aucun enfant aujourd'hui ! Passe ton chemin tant que tu le peux encore ! Ou alors subis notre vengeance !

- C’est une menace ?! beugla-t-elle en ouvrant en grand ses deux yeux, carrément hallucinée par le côté suicidaire de l’auror, sa vie aussi devait salement craindre, quoi que pas étonnant pour un auror. Rassure-toi auror de malheur, tu vas trépasser et vite fait ! Les faiblards qui laissent les gamins se faire kidnapper on n’en veut pas ici !

Et toc dans les dents ! Un détail qui la fit ricaner intérieurement tandis qu’elle conservait un visage aussi outré que déterminé. Les héros avaient toujours ce visage-là quand ils devaient défendre l’injustice, du moins c’était celui de Granger. Raison pour laquelle on l’excusera pour ce potentiel manque de crédibilité.

- Nous savons que tout ce qui compte pour Monsieur l’auror ce n’est pas notre sécurité, non, mais les nougats de Mme Flumes et les quantités de bièraubeurre qu’il peut ingurgiter en compagnie de son rat ! D’ailleurs, il a eu peur l’asticot ou vous l’avez torturé jusqu’à ce qu’il vous donne sa part ? railla-t-elle en voyant l’auror arriver de plus en plus vers elles sans son chien enragé heureusement.

- Milli, il arrive !
- J’ai remarqué, merci.
- Qu’est-ce qu’on fait ?
- On bloque.
- On bloque ?
- La première qui décampe sera relayée au rang de bouffondor compris ?

Elle ne pouvait pas attaquer l’auror, pas sous les yeux des villageois qui témoigneraient assurément contre elle, lâches qu’ils étaient. Et évidemment son parrain préféré n’était pas dans les parages à garder un œil sur elle. Pourtant si parrain Augustus avait été là, il aurait fichu une râclée au grand dadais d’auror à l’orgueil ultra méga démesuré ! Seulement, il apparaissait qu’elle devait encore faire le sale boulot toute seule et montrer au monde entier que les aurors n’étaient rien que des imposteurs trop gras et imbus d’eux-mêmes (mouahaha ! ).
Millicent campa un peu plus ses pieds dans le sol prête à affronter l’auror et à le pousser à l’attaquer en premier. Dans ce genre de cas, valait mieux se faire passer pour la victime à plaindre. C'était le B.A.ba de la ruse. Dans son dos, elle sentit la poussée de Pansy et Daphné qui, avec leurs sacs bien sûr, allaient veiller - espérons - à ce qu’elle ne flanche en aucun cas. Le corps légèrement penché en avant, Millicent et ses sbires ressemblaient à une mêlée de rugbymen, considérablement réduite certes, mais pas moins déterminée.

- VOUS NE PASSEREZ PAS ! lança-t-elle alors en tendant héroïquement son bras en avant, faute de pouvoir pointer sa baguette et pas rassurée pour un sou en son for intérieur.

Si elle connaissait la personne qui avait osé interdire aux élèves une quelconque attaque contre les aurors … Injustice supplémentaire bien sûr.
Dans sa périphérie, elle aperçut soudainement le sac en bandoulière de Pansy. Pressée par le temps, stressée à l’idée de laisser l’auror l’humilier devant la foule, elle plongea sa main potelée dans le sac de sa « meilleure amie » et en sortit le maquillage de Mademoiselle. Après avoir jeté au sol les crayons, rouge à lèvres, crème et autres sottises envoyées par Sorcière Hebdo, choses que Millicent trouvait ridicule au possible, elle trouva enfin l’objet de sa convoitise. Elle se dépêcha d’ouvrir la petite boîte contenant la poudre destinée aux boutons de Pansy et souffla dessus dans l’espoir qu’elle affecterait l’auror d’une quelconque manière.

- ARRIERE DEMON !

- Faut bien que quelqu’un veille à leur sécurité (beurk…) quand on voit à quelle vitesse disparaît le peu d’argent qu’ils ont. Cela s’appelle « Aider son prochain » (double beurk), c’est pas ce qu’on vous apprend chez les Aurors ? Quoi, vous avez manqué le mémo ? On se demande bien pour quelle raison ! railla-t-elle en tapotant son propre estomac dans un sourire mesquin.

Contrairement aux apparences, Miss Bulstrode n’en menait absolument pas large. Elle se faisait violence pour répliquer le moins possible aux attaques verbales de l’auror. Au moment où il l’avait traité de vieille, elle avait serré les poings. A l’évocation des Weasley et de sa soi-disante compassion, elle avait serré les dents. Parce que défendre les Weasley, c’était comme tomber d’un escalier devant tout le monde : c’était la honte assurée ! Aussi en appelait-elle présentement à tout son self-contrôle. Malheureusement, celui-ci se réduisait en peau de chagrin au fur et à mesure des abjections de l’auror (Oui Monsieur !).
A la nouvelle menace de l’auror, la Serpentard regarda à droite et à gauche afin d’évaluer ses possibilités. Sa marche de manœuvre était mince quoique suffisante pour une élève aussi douée qu’elle. Aussi joua-t-elle sur les mots, encore une fois :

- Encore une nouvelle menace ? répliqua-t-elle en élevant suffisamment la voix pour être entendue. On vous a pas non plus appris la politesse chez les Aurors ? A croire que ceux de votre espèce, ceux qui se croient supérieurs à tout le monde ici, ne connaissent que la violence et l’irrespect ! Nous ne céderons pas devant un tel chantage, Monsieur ! Personne ici ne se soumettrait à vos ordres !

Certains diraient de Millicent qu’elle était ridiculement bonne dans le mélo. Pour ne pas dire experte en la matière. Qu’on se le dise, la Serpentard était en réalité en pleine improvisation pour éviter de perdre. Adulte ou non, elle ne comptait absolument pas donner satisfaction à l’auror, bien qu’elle regrettait désormais de s’être aventurée un peu trop près des flammes. Seulement, en bonne Bulstrode qu’elle était, il n’était pas question d’avouer sa défaite ni même de céder un mètre de plus sans se battre vaillamment.
Soudain son trait de génie eut l’effet escompté. Enfin presque … Ce maudit auror continuait de se contenir même s’il beuglait comme un veau en détresse. Elle s’apprêtait même à dire aux filles de fuir. Millicent-même tournait déjà les talons quand le doux son de la victoire résonna à ses oreilles « Aidez-moi » avait-il délicieusement hurlé. Le sourire goguenard, la Serpentard put enfin tirer sa baguette. Elle fit signe aux filles d’en faire de même et contourna l’auror pour lui « venir en aide ».

- Tu vois Pansy, ta poudre est bonne pour la racaille. Pas étonnant que tes boutons continuent de pulluler comme les aurors sur notre territoire. A vos baguettes, les filles, aidons ce pauvre auror avant qu’il n’appelle sa maman ! Aguamenti !

1-2 : Faible jet dans les yeux.
3-4 : Made in Serpentard – le jet est puissant.
5-6 : Les filles usent de leurs baguettes en même temps et … SPLASH le Noctis.  

Pourquoi aider l’auror me direz-vous ? Pour reprendre le rôle de gentille et innocente victime, pardi ! Obéir pour mieux régner, une astuce bien souvent mésestimée. Avec un « Aidez-moi », sûr que Millicent ne cesserait jamais de hanter l’auror avec. C’était comme un cadeau d’anniversaire six mois en avance : le Saint Graal, si inespéré, tant sa posture avait manqué de céder de peu.

- Faut pas jouer avec les affaires des autres, mon vieux ! murmura-t-elle enfin à l’auror sur le ton de l’insolence avec ses petits yeux porcins luisant des bienfaits de la victoire, enfin de ce qu'elle pense être une victoire.