[Echtra] Une soirée au cabaret

*Face à l'avalanche de reproches, il sourcilla, où étaient donc passées les bonnes manières de cette femme ? Étrangement, ça ne le mis pas en colère et il n'eut même pas envie de répliquer devant tant de bassesse. Il se contenta d'hausser les épaules en soupirant, en mode "pense ce que tu veux de moi, là n'est pas l'important."
En revanche, face à ta dernière question il ne put s'empêcher de sourire.*

- Je m'intéresse aux relations qu'entretiennent les humains entre eux. J'étudie leurs comportements, j'analyse les gestes et les réactions. ça m'amène souvent à me dépasser, à m'oublier aussi parfois. Je vais dans des lieux dans lesquels je ne me suis jamais rendu, comme celui-ci, et j'attends qu'il se passe quelque chose. Quand vous avez pénétré la salle, j'ai su à votre démarche, et à vos gestes que vous étiez reine ici. ça a attisé ma curiosité. Mais la règle est toujours la même : il faut attendre que l'autre fasse le premier pas dans la relation, ce que vous avez fait en levant votre verre.

*Ce n'était qu'un demi-mensonge à vrai dire, il s'intéressait réellement aux relations humaines même si ce n'était pas l'objet premier de sa venue ici. En revanche, comme chacun sait, il faut toujours une majorité de vérité pour faire un beau mensonge.
La musique touchait à sa fin, et Benjy recula d'un pas pour te saluer.*

- Mais puisque ma présence vous est si désagréable, je vais me retirer. Après tout, j'ai tout ce qu'il me fallait, même si d'ordinaire, l'autre à toujours plus à offrir que ce que l'on espère, les relations ne sont pas toujours dépourvu de conflits.

Elle eut un sourire, un sourire foncièrement amusé. La flatterie était un art des plus délicats et surtout un art dont il fallait se méfier. Car à trop en user, on ne noyait pas le poisson, non, on éveillait ses soupçons. Ou tout au plus le rendait-on insensible. Echtra était lasse, fatiguée par cette conversation. Le garçon était gentillet, c’était vrai et peut-être aurait-il pu se révéler davantage intéressant. Les relations humaines étaient dignes d’intérêt et fortement utiles, mais pas dans un tel lieu où seul le plaisir primait. La réflexion n’y avait pas sa place, pas telle que tu la lui présentais. Alors elle ne dit mot et attendit que la danse se termine progressivement. Maman Wilkes s’inclina et s’approcha d’un pas lent.

- Tu as de drôles de convictions, mon chou, et j’espère que ton regard évoluera. Un si beau visage ne mérite pas une vie aussi triste. Tu fus une rencontre étrange et peut-être nous retrouverons-nous, mais pas ici. Tu ne comprends pas nos plaisirs, c’est un fait, cela ne te donne pas le droit de nous en priver.

Elle posa un baiser sur sa joue.

- Bonsoir, bel agneau.

Et elle se détourna pour rejoindre les coulisses, sans plus aucun regard derrière elle. Mais ce soir n’était qu’une première entrevue, une première bataille. D’autres viendraient. Echtra ne croyait pas aux coïncidences…

*Il termina la danse et songea qu'il était temps de se retirer. Mais la créature qui lui faisait face semblait avoir pensé la même chose alors pour ne pas la contrarier plus qu'il ne l'avait fait, il lui laissa le mot de fin.*

- Là n'était pas mon intention, glissa-t-il doucement.

*Il fut surpris par le bisou, mais elle avait été plus rapide et il n'avait pas eu le temps de se retirer. Pour dissimuler son trouble car il n'appréciait guère les contacts physiques venant de personnes étrangères. La seule qu'il avait autorisé à le toucher ainsi était Quinn mais c'était une exception et elle n'était pas vraiment une étrangère. Il s'inclina légèrement et ajouta en réponse.

- Au revoir Madame, passez une agréable soirée.

*Il se retourna lui aussi et partit dans la direction opposée. Il récupéra sa cape aux vestiaires et partit. Il ne dormit pas ce soir là. Après une longue marche, il avait transplané une première fois pour se retrouver en pleine forêt où il avait continué à marcher, réfléchissant. Puis, lorsque l'aurore était apparue, il était retourné au ministère pour rédiger son rapport sur cette femme.
Il écrivit les dernières lignes alors qu'autour de lui, les bureaux se remplissaient de l'agitation matinale. Trois coups portés contre le bois de sa porte lui firent relever la tête. Une jeune femme entra alors. Elle n'avait pas encore complétement fini sa formation d'auror mais elle était très prometteuse de sorte qu'elle servait déjà le ministère en tant qu'indic. Après l'avoir salué, Benjy l'invita à s'asseoir et la briffa sur la femme avec qui il avait passé la moitié de la nuit.*

- Vous prendrez une place en tant que serveuse dans ce cabaret. *il sortit une photo du dossier et la lui montra* voilà votre cible. Je veux que vous l'approchiez. Chaque fois qu'elle visitera ce lieu, vous me ferez un rapport détaillé sur les personnes qu'elle aura vu, avec qui elle aura dansé, si quelque chose a retenu son attention et combien de temps elle y est restée. Notez aussi ses affinités avec chacune des personnes travaillant en ce lieu. Toutefois, n'interrogez personne sur cette femme. Tout ce que vous me rapporterez sera uniquement le fruit de votre observation. N'essayez pas d'aller vers elle, attendez que ce soit elle qui vienne vers vous.

*La jeune femme hocha doucement la tête face à moi, le regard sérieux et déterminé, elle était de toute évidence, désireuse de bien faire. Benjy poussa un soupir et releva son regard inquiet vers la jeune femme qu'il avait formé ses dernières semaines.*

- Surtout faites très attention à vous. Cette femme est plus intelligente et dangereuse qu'il n'y parait. Ne la laissez jamais voir qui vous êtes vraiment.

*Elle parut un peu déstabilisée par son soudain changement de ton, devenu plus personnel. Il baissa à nouveau le regard sur le dossier, appliqua sa signature en bas de son rapport puis ferma le dossier et lui tendit.*

- Tout ce dont vous avez besoin se trouve à l'intérieur. Nouveaux papiers d'identité, votre couverture comprenant votre histoire, famille, ami, etc. Vous y trouverez également tout ce que l'on sait sur cette femme. Lisez tout attentivement puis apprenez-le par coeur avant de venir le redéposer sur mon bureau. Rien ne doit être laissé au hasard, c'est compris ?

- Oui Monsieur.

- Des questions ?

- Non.

- Bien, dans ce cas, je vous laisse retourner à votre bureau pour l'apprentissage. Une fois que vous aurez fini, vous irez voir Mme Rossini qui se chargera de votre apparence. Vous quitterez le ministère sous votre nouvelle identité et n'y mettrez plus les pieds tant que votre mission ne sera pas terminée.

*La jeune femme se raidit un peu, comprenant l'importance de la mission qui lui était confié ainsi que la dangerosité. Pour la rassurér, et parce qu'il avait tendance à se sentir responsable des personnes qu'il formait, Benjy lui saisit la main.*

- Je sais que c'est votre première mission de la sorte mais je suis sûr que vous allez très bien vous en sortir. Je ne vous l'aurez pas confié si je ne vous avez pas jugé prête. Toutes ces précautions sont prises parce que cette femme est soupçonnée d'être une mangemorte et je ne veux pas que cette première mission ait des répercutions sur votre vie privée à long terme. Alors même si cela vous demande de mettre tout le reste entre parenthèse pendant quelques mois et vivre dans la peau d'une étrangère, une fois que tout sera fini vous aurez la chance de pouvoir retourner à une vie normale sans avoir à vous retourner dans la rue pour vous assurer que les fantômes de votre ancienne mission ne vous ont pas suivis.

*La jeune femme hocha la tête et me remercia d'un sourire.

- Bien sûr, vous pouvez refuser cette mission.

*Son regard changea brusquement et la peur mêlée à l'appréhension firent place à la détermination. Il sourit et lui lâcha la main pour la laisser partir.*

- J'accepte cette mission Monsieur et je ferai tout mon possible pour la mener à bien.

*Elle m'adressa un dernier sourire puis partit en fermant doucement la porte. Il poussa un profond soupir alors que la sensation de toute la fatigue accumulée envahissait mon corps. Il passa ses mains froides sur son visage avant de se lever. Il attrapa sa cape et quitta le ministère par le réseau de cheminette pour regagner son petit chez-soi et se coucher enfin !*