[Mon petit Muffin] All I want for Christmas is YOU !

Elle devait frapper fort et abattre tous ses ennemis en un seul coup ! Pas le droit à l'erreur ! Depuis deux semaines maintenant, elle préparait sa vengeance, pire encore, elle préparait le coup fatal. Car personne, nous disons bien personne, ne lui prendrait l'amour de sa vie, l'homme qui lui correspondait le plus et qui avait le plus besoin d'elle. Orcus Wilkes lui appartenait, et il le saurait très vite ! Dans le cas contraire, elle se mourrait, en haut de la Tour d'Astronomie, de honte et de douleur. Fort heureusement, cela n'arriverait jamais. Une Bulstrode obtenait toujours ce qu'elle voulait ! TOUJOURS !

Autant dire que la Serpentard était encore plus sur les nerfs. On ne comptait plus les nez qu'elle cassait, ni même les gosses qu'elle envoyait à l'infirmerie. Elle était une vraie bête en cage, fulminant dès qu'on l'approchait ou qu'on respirait de trop près. Malheur à ceux qui osaient prendre la défense de Fenwick ! La mutinerie était en route, bientôt l'auror saurait quelle grave erreur il avait commise. Car ELLE L'AVAIT VU ! Il enlaçait l'homme qu'elle aimait tandis qu'elle les espionnait, à la fenêtre des serres. Son coeur lui avait alors fait un mal de chien. Les multiples poussières fourmillant dans l'air s'étaient agglutinées autour de ses yeux, jusqu'à les lui picoter. Ses mains étaient devenues moites et sa respiration amoindrie. La rage avait alors envahi l'intégralité de son corps et l'envie de meurtre n'avait plus quitté sa tête depuis ce jour. Millicent détestait l'amour et tout ce qui s'en approchait, pourtant elle ne se voyait plus vivre sans. C'était comme une évidence, et il n'y avait que les aveugles pour ne pas s'en rendre compte.

En tant que famille de sang pur, la famille Bulstrode avait le bras long, et surtout de l'argent. Si cela facilitait considérablement sa recherche de présents pour son professeur, Rusard contrariait à l'inverse tout ce qu'elle pouvait trouver. Cette fouille incessante de tout ce qui provenait de l'extérieur mettait à mal son premier plan. Le second en revanche serait un tantinet plus discret. Qui aurait pu croire que la famille des traîtres rouquins lui serait un jour utile... A ses parents, Millicent écrivit une longue lettre pleine de recommandations : elle souhaitait le meilleur des hydromels et mieux encore, une bouteille à l'effigie des Serpentards. Il fallait convaincre son professeur que seule une Serpentard digne de ce nom pouvait lui convenir, car elle seule pouvait le comprendre !
Ensuite, elle s'arrangea pour faire venir de l'amortentia jusqu'à Pré-au-Lard. Les jumeaux Wistiti, sachant pertinemment leurs produits interdits au château, avaient dû trouver un autre moyen pour leur commerce. Ce qui, pour le coup, l'arrangeait grandement. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'amoureuse n'était pas dupe : son professeur ne l'aimerait pas grâce à une simple potion. Non non, elle ne souhaitait que lui donner un petit coup de pouce devant l'évidence ET briser le coeur de rat de Fenwick.
Enfin, elle fit venir une élégante plume couleur émeraude, à la structure d'argent, bien plus élégante que celle de Skeeter. Ainsi, il penserait à elle à chaque fois qu'il écrirait, et peut-être même à lui écrire des mots doux ou des invitations nocturnes pour ses appartements.

Veille des vacances. Millicent avait le coeur lourd. La séparation serait pour bientôt. Deux semaines sans lui... Tristesse. C'était le moment de marquer son esprit, de marquer son coeur. Son dernier cours serait avec les quatrièmes années. Durant une heure entière, elle avait fouillé les trousses de maquillage de sa besta pour se faire la plus belle qui soit.
Aux portes des serres, elle attendit que tous dégagent de son passage avant de se montrer. Sur le seuil, ses cadeaux dans son sac, elle se tint, le coeur battant, mal à l'aise comme à chaque fois qu'elle se trouvait dans la même pièce que lui. A partir de ce moment, son regard ne quitterait plus ce visage si beau, si harmonieux et si vicieux.

- Hum, Professeur Wilkes ? Puis-je vous parler un moment ... en privé ?

"En privé"... Deux termes qui excitèrent les papillons dans son ventre.

All I want for Christmas is peace !

Dernier cours avant les vacances. La serre parfaitement en ordre serait laissée aux mains d'Hermione Granger et, plus surement, d'un elfe qui s'était révélé avoir la main verte. Durant les deux dernières semaines, Orcus avait été particulièrement irritable, mais il avait fait des efforts ces derniers jours pour retrouver son flegme habituel et même mieux, se montrer clairement sympathique avec les élèves. Ce n'était pas chose aisée, mais il devait se forcer à reprendre le cours de sa vie ou au moins en donner l'illusion, or qui disait vacances, disait enfants racontant à leurs parents leurs derniers déboires. Le botaniste ne voulait surtout pas faire partie de ces sujets de conversation ou seulement en positif, histoire de ne pas alimenter les suspicions l'entourant ou de se retrouver avec des parents à dos.*

- Même si je ne vous donne pas de devoirs, pensez à réviser vos cours. Il y aura un TP durant la première quinzaine de janvier et non je ne serai pas plus précis Miss Vane. Passez de bonnes vacances !

*Son sourire s'affadit dès que les pas du dernier quatrième année quitta les serres, la comédie était terminée à son plus grand soulagement. Il soupira d'agacement en constatant que les enfants et lui n'avaient définitivement pas la même définition du verbe "ranger". Tournant le dos à l'entrée, il jeta de ses mains un sortilège de lévitation sur le bordel laissé par les élèves, puis d'un recurvite. Il n'aurait plus qu'à ramasser ses affaires, passer en salle des profs pour faire preuve de courtoisie envers ses collègues et déguerpir... mais ça, c'était avant qu'un raclement de gorge se fasse entendre suivit d'une voix qu'il connaissait tellement bien qu'il n'avait pas besoin de jeter un coup d'oeil en arrière pour savoir de qui il s'agissait.

Millicent Bulstrode, serpentarde de 6ème année au caractère aussi fort que ses rondeurs étaient douces. Ce n'est que quelques semaines après son arrivée au château que le botaniste avait dû se rendre à l'évidence : l'adolescente était prise d'un béguin aussi tenace qu'attendrissant pour ses beaux yeux. Il devait beaucoup à la jeune fille, plus que ce dont il avait conscience, à commencer par l'incroyable et inexplicable attention dont faisaient preuve les plus jeunes années dans ses cours. En effet, contrairement à ce que Wilkes Junior croyait, ses capacités de pédagogue n'en étaient pas la raison, il devait ce calme aux seuls poings de Millicent Bulstrode. Il fallait avouer qu'il n'avait jamais rien fait pour recadrer l'élève, car s'il l'évitait la plupart du temps, il ne manquait jamais de lui sourire lorsqu'il croisait son regard ou de lui répondre avec chaleur lorsqu'elle lui disait bonjour au détour d'un couloir. Orcus Wilkes aimait qu'on l'aime, même si ça ne devait jamais être réciproque. Mais comme un juste retour de bâton, il aurait bien aimé se passer à cet instant des regards énamouré de l'adolescente servant habituellement à gonfler son égo vacillant.*

- Miss Bulstrode. Bien sûr... s'il s'agit de vos cours, mais je vous préviens que je suis attendu, je n'ai pas beaucoup de temps à vous consacrer.

*Sa famille de boursouflets devait être nourrie promptement, ceci faisait bien une urgence, non ?*

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Le coup de massue. Elle qui s’efforçait d’être aussi aimable que présentable, elle qui osait venir vers lui et lui montrer tout son soutien en ces temps difficiles, il osait la répudier. « Je suis attendu, je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder » avait-il dit. Tel un refrain morbide, les mots repassaient en boucle dans sa tête, alors qu’elle imaginait les baisers langoureux qu’il partagerait sous peu avec Fenwick. Comment pouvait-il lui faire ça, à elle ? Sous le choc, les mots ne purent franchir ses lèvres. Ses yeux, toujours étincelants en sa présence, s’étaient soudainement assombris. Son poing gauche se resserrait subrepticement. Que n’aurait-elle alors pas donner pour envoyer son professeur de métamorphose droit en enfer. Mais pire encore, elle était déçue, déçue qu’il ait aussi peu de considération pour elle et ses efforts. A croire que son armada ne suffisait donc pas. Mais ne s’appelait pas Bulstrode qui voulait ! Non. Si se battre il lui fallait, alors elle se battrait. Sur le ring, personne ne la vaincrait jamais. Ravalant son ignoble douleur et bombant le torse fièrement, elle avança un peu plus vers son professeur. Il aurait déjà deux semaines sans elle, il pouvait bien lui accorder quelques heures !

- Je … J’espère que ce n’est pas cette vieille harpie de Skeeter qui cherche encore à vous nuire. Il serait très simple de s’en débarrasser vous savez.

Elle le débarrasserait du monde entier si elle le pouvait en réalité.
Deux semaines… Deux semaines sans prendre soin de lui, sans veiller sur ses boucles ou sur ce corps de rêve. Elle aurait tellement pu en prendre soin. Avec la permission de son directeur de maison, ils auraient pu partager la Salle-de-bain des préfets pour qu’elle le remette en forme. Qu’est-ce que Fenwick avait-il de plus à offrir ? Il était pauvre.

- Pourquoi avez-vous choisi Granger pour veiller sur vos serres ? Vous savez que j'en aurais pris grand soin. Vous n’avez donc pas confiance en moi, professeur ? Elle ne vous soutient pas dans cette affaire, moi si. minauda-t-elle d’un regard plus doux mais non moins vexée.

Ce serait le pompon ! Lui préférer une Sang-de-bourbe ?! Non, il ne pouvait pas lui faire ça ! Pas avec ce qu’elle s’apprêtait à lui offrir !

- Vous avez des projets, pour Noël ?

Elle pourrait éventuellement en être un, non ? Pitié pitié pitié … Elle en aurait bien croisé tous les doigts. La bouteille ne serait apparemment pas de trop. Il lui fallait vraiment un coup de pouce magique pour ouvrir les yeux sur elle, sur eux, leur comptabilité à toute épreuve.

All I want for Christmas is peace !

Il se retourna alors que le silence se faisait, un silence anormal pour Millicent qui, d'habitude, parlait sans arrêt d'une voix précipitée par la timidité. Il n'y avait pas besoin d'être fin psychologue pour voir que la jeune fille était blessée, mais comme d'habitude, elle ne se laissa pas démonter et redressa bien vite sa généreuse poitrine. Mal dans sa vie, Orcus ressentait le besoin d'être mesquin avec tout le monde, à une exception près, histoire de se sentir moins misérable en rabaissant les autres. À ce jeu, tu semblais être une victime facile, mais c'était sans compter sur la pointe de culpabilité qui vint titiller sa conscience. Il repoussa toute envie (pourtant pressante) d'assainir le coup de grâce, se pinça l'arrête du nez en poussant un soupir et reprit son masque d'amabilité, au risque de continuer à te laisser croire en une évolution possible de cette chimérique amourette. Il s'assit sur le rebord de la table maintenant vraiment propre et rangée.*

- Non, ne vous en faites pas, Skeeter à d'autres chats à fouetter et elle ne faisait que son travail de toute façon.

*Il ne se demanda pas comment la jeune fille s'imaginait se débarrasser d'un personnage public tel que Rita Skeeter, ne doutant pas que ce n'était que des paroles en l'air prononcées pas une enfant. Il fronça les sourcils à la question sur Hermione qui résonnait comme un reproche. Il croisa les bras et arqua un sourcil.*

- Miss Granger a proposé de devenir mon assistante en début d'année. Vous savez que je n'ai qu'un minimum de temps à consacrer à Poudlard, j'avais besoin d'aide pour les tâches annexe à l'enseignement.

*Et pourvoir le poste à la première venue avant que tu n'ai l'idée de le lui demander. Il eut une pensée furtive pour Eleanor, mieux valait pour elle comme pour lui que tu n'apprennes jamais qu'il avait également accepté de la prendre en stage. Étais-tu en train de devenir pire qu'une petite amie jalouse dans sa vie ?*

- Et je n'ai pas besoin de soutien. J'ai besoin que vous travailliez vos cours et réussissiez vos Aspics, c'est la seule chose à laquelle vous devez penser me concernant. Mais je vous remercie pour votre inquiétude, bien qu'infondée. Nous sommes d'accord ?

*"Vous avez des projets pour Noël ?". Il déglutit, devinant là où tu voulais en venir. Avait-il été à ce point familier que tu en venais à lui proposer... quoi au juste ? De passer le réveillon chez tes parents, par Merlin ? Orcus n'avait aucun projet, il passerait sans doute le 24 dans un bar quelconque à boire avec la première âme esseulée dont la conversation tiendrait à peu près la route, comme chaque année, mais ce n'est sans doute pas un aveu qu'il ferait à une gamine, une de ses élèves de surcroit.*

- Oui, j'ai des projets. Et vous, vous rentrez chez vous pour les vacances ? Vos parents doivent vous manquer.

*Noyant le poisson sans avoir l'air d'y toucher, il pria Merlin pour que ce soit suffisant pour clore là l'idée farfelue qui t'avait traversé l'esprit.*

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Enfin il réalisait à quel point elle avait raison ! Son attitude le laissait clairement transparaître, ce qui la soulagea grandement et la conforta dans ses idées. Son professeur l’appréciait, mieux encore, la voyait telle qu’elle était : une femme digne de lui. La douceur de sa voix, la tendresse de son ton, l’exaltèrent. Elle en aurait presque roucoulé de plaisir, même si disons-le, elle était déçue de ne pas pouvoir frapper Skeeter. Ainsi donc elle n’était pas le rendez-vous d’après… Pourquoi s’aveuglait-il à ce point ? Ou alors peut-être qu’il voulait tout simplement rompre, pour la choisir elle ! En voilà une décision saine d’esprit ! Graou que c’était bon d’être la préférée ! Heureuse, un large sourire apparut sur son visage joufflu et maquillé. Et puis soudain, Granger vint tout gâcher. Depuis le temps qu’elle la menaçait de lui casser les dents à celle-là ! Aussitôt, la Serpentard se renfrogna, sa mine boudeuse parfaitement transparente.

- Cette Sang-de-bourbe ne sait rien de l’amour que vous portez à vos serres ! s’exclama-t-elle mi-blessée, mi-énervée. Comment pouvez-vous remettre l’un de vos biens les plus précieux, dans les mains de cette Bouffondor qui copulerait avec ses livres si elle savait comment faire !

Ce n’était peut-être pas le meilleur moyen de procéder… Millicent baissa la tête, autant pour s’excuser que pour reprendre contenance. Elle s’occuperait de la sang-de-bourbe après. La suite des propos de son beau professeur ne la rassura pas plus. Ainsi donc il n’avait pas besoin de soutien. Pourtant tout portait à croire qu’il était en mauvaise position non ? Ou alors, quelqu’un d’autre l’avait déjà défendu. Son cœur se serra et attrista son regard qui se voulait pourtant fier et implacable.

- Je m’y atèle déjà Monsieur.

Parce que maintenant elle devait également se la jouer Miss-Je-Sais-Tout comme l’autre bécasse ?! Sa propre intelligence lui suffisait. Quant à sa révision, elle avait bien assez d’heures d’Histoire de la magie pour bosser ses autres matières. Rogue leur faisait déjà la morale tous les lundis matins : être les meilleurs, obtenir les meilleurs résultats et SURTOUT voler la coupe à Gryffondor.

- Vous pou … vez quand même compter sur moi, non ?

Une supplique. Un besoin. Il fallait que tu comptes sur elle. […] Des projets ? Avec qui ? Où ? Quand ? Comment ? Est-ce qu’il sortait protégé au moins ? Avec elle, il n’aurait pas besoin de l’être… Bien sûr, à cet instant précis, elle ignorait encore que Fenwick restait, lui, à Poudlard. Non, ce qu’elle voyait, c’était qu’une nouvelle fois, ses espoirs se brisaient, que son professeur chéri, adoré, adulé et beau comme un Apollon, lui échappait. Alors même qu’elle avait annulé son Noël avec ses parents pour TES beaux yeux. En outre, ses parents, elle n’en avait strictement rien à faire. Ils lui rendaient des services, et cela s’arrêtait là.

- Non, je préfère rester ici. Ma copine Daphné ne se sent pas très bien en ce moment, elle a besoin de moi.

Elle remercierait sa meilleure amie plus tard. Au pire, elle lui offrirait du maquillage et le tour serait joué. En attendant, elle était un parfait alibi pour cacher ses plans. La main quelque peu tremblante, elle ouvrit son sac pour lui offrir ses présents emballés dans un papier classique rouge : la nouvelle plume donc et la bouteille d’hydromel empoisonnée à l’amortentia. A noter qu’autour de cette dite-bouteille, un serpent d’argent se repose, enlaçant le verre comme elle l’enlacerait lui.

- Mes parents tiennent à vous montrer leur soutien, minauda-t-elle timidement en tendant d’abord la bouteille. Et celui-ci ….

Devait-elle s’en attribuer le mérite aussi ouvertement ? Soudainement, elle n’était plus très sûre, tentée par l’idée de lui faire plaisir, effrayée par l’idée de se mettre autant à nue. Mais il devait savoir à quel point il était important pour elle ! Rouge écarlate, elle se lança alors soudainement moins assurée.

- Il est de moi pour … pour … pour … Enfin bref il est de moi. Joyeux Noël, Professeur.

All I want for Christmas is peace !

Pour commencer, un petit rire spontané franchit ses lèvres à l'évocation de Granger s'adonnant à l'onanisme avec un exemplaire de l'histoire de Poudlard comme accessoire, mais se reprenant bien vite, il se racla la gorge et fronça les sourcils. Il jeta un coup d'oeil autour d'eux avec inquiétude, s'attardant un peu plus longuement sur la porte laissée entre-ouverte. Il fut soulagé de voir qu'il n'y avait personne, personne de visible en tout cas. Baissant le regard sur toi, il entreprit de te remonter immédiatement les bretelles.*

- Je ne veux plus vous entendre prononcer ces mots en ma présence, est-ce clair ? Et ne vous renfrognez pas, n'importe qui d'autres que moi vous punirait pour avoir osé formuler cette affreuse insulte. Mais je ne vais pas le faire...

*Parce qu'il ne voulait pas prendre le risque que quelqu'un soit au courant qu'il avait dû y répondre sachant que la moitié des employés colporteraient quand même qu'il ne t'avait puni que pour masquer son racisme. Dans son cas, il était convaincu qu'il valait encore mieux faire comme si de rien était, quitte à ce que tu prennes ça pour une faveur ou pire, une protection.*

- ... c'est Noël et je préfère que vous réfléchissiez à la portée de vos paroles plutôt que de vous punir bêtement. Et soit dit en passant, ce ne sont pas mes serres, mais celles de l'école, je ne leur porte aucun amour, j'en prends soin parce que c'est mon devoir jusqu'à mon remplacement par un nouveau professeur.

*Ses serres à lui étaient bien différentes de celles de Poudlard et pas seulement pour les 36m² de plantes récréatives en tout genre qu'elle contenait. Elle était sa fierté depuis sa conception magique jusqu'aux plantes rares, voir même inconnues du grand public, dont elle regorgeait. Elle était surtout son havre de paix londonien, l'endroit où il aimait se vautrer lorsqu'il était à deux doigts de clams... lorsqu'il avait besoin de faire le point. Il ignora ta supplique et préféra embrayer, l'air de rien, sur Daphnee. Pour l'avoir aperçu quelquefois dans les couloirs et une fois dans ses rêves (ce passage étrange à Pré-au-lard ne pouvait être qu'un rêve, produit de la perfidie de la demi baie de belladone immature qu'il avait avalé ce soir-là), et le moins qu'on pouvait dire, c'est que la jeune fille avait l'air perturbé.*

- Miss Greengrass à des problèmes ? Si c'est le cas, vous savez que vous pouvez me les confier, je saurai me montrer discret.

*Un dernier coup d'oeil avant qu'il ne te tourne le dos quelques instants pour faire léviter son manteau de son bureau jusqu'à sa main et de fermer magiquement la pièce. Il passait un bras dans sa veste quand le premier paquet lui fut tendu. Un peu mal à l'aise, il l'accepta facilement. Après tout, Chourave recevait des présents des Londubat, étant la seule à mettre la moyenne au quasi cracmol de la famille. Il savait également que Rogue recevait des cadeaux de la part des Malefoy et McGonagall des Weasley, alors pourquoi pas lui ? Il était un bon enseignant, après tout.*

- Merci, mais je n'ai rien fait de particulier pour le mériter. Je leur enverrai une carte de remerciement en leur disant qu'ils peuvent être fiers de vous. Vous avez considérablement amélioré vos notes dans ma matière depuis l'année dernière.

*Il n'osa pas l'ouvrir, peu habitué à recevoir des présents et se doutant, vu la forme, qu'il devait s'agir d'une bouteille. Bonne bouteille ou piquette, le suspens demeurait encore. Il humidifia ses lèvres lorsque tu lui tendis le second paquet, soufflant entre ses dents avant de te répondre d'un air désolé, une expression aussi rare que les années bissextiles chez lui.*

- Miss Bulstrode, c'est très aimable à vous, mais je ne peux pas l'accepter. Vous n'auriez pas dû. En tant qu'enseignant, je ne suis pas censé accepter quoi que ce soit de mes élèves.

Codage par Libella sur Graphiorum

Cette remontrance avait la douceur de la caresse. Elle avait réussi à le faire rire, n’était-ce pas merveilleux ? Mieux encore, le début d’une victoire bien méritée ? Millicent n’écouta pas la remontrance, elle se repassait en boucle, le doux rire qu’elle venait d’entendre : aussi charmant que spontané. Le temps d’un instant, elle avait troqué son rôle d’élève pour celui de la femme qui te faisait rire. Et elle s’en glorifiait. Car oui, n’importe qui d’autre l’aurait collée pendant un mois entier si ce n’était plus, sauf son directeur de maison bien sûr. Rien de plus normal puisqu’il chouchoutait sa maison. Mais son professeur à elle, lui, ne chouchoutait personne. Or en cet instant, il venait de lui offrir une fleur, même si … un de mois de retenues en sa présence aurait été plus que fabuleux.

- Vous pouvez me mettre en retenue un mois durant … murmura-t-elle dans sa moustache -qui n’en était pas une ! -

L’idée d’un possible remplacement la fit alors perdre toutes ses couleurs. Elle était au bord de l’évanouissement.

- V… Vo…Votre remplacement ? C’est … impossible ! Vous…vous ne … vous ne pouvez pas m…nous quitter !

Là encore, il y avait deux fautifs : Fenwick et Skeeter. Sa colère la fit souffler des narines, tel un taureau prêt à charger de tout son poids. PERSONNE ne lui prendrait son Monsieur Wilkes, jamais ! Elle ferait signer une pétition au château entier s’il le fallait ! Elle ferait jouer les relations de ses parents, balancerait Potter au premier venu du moment qu’on lui laissait son bel amour. Soudain, le prénom de Daphné la fit tiquer. Rêvait-elle ou le ton de sa voix était celui d’un homme inquiet. A son tour, elle fronça les sourcils, soudainement soupçonneuse. Sa besta ne pouvait pas la trahir à ce point ! On ne touchait pas aux mecs des copines, c’était LA règle d’or. A moins que ce n’était qu’une banalité pour l’amener à partager ses secrets. Cette pensée la soulagea aussitôt. Partager des confidences, des secrets avec son amoureux, ô oui l’idée lui plaisait beaucoup. Vite, inventer une excuse !

- Eh bien, c’est-à-dire que sans moi, elle se sent un peu perdue. Elle n’approche personne d’autre, fuit comme la peste tous les repas de la Grande-Salle ou presque pour aller je ne sais où. J’crois qu’elle voit quelqu’un ou alors elle se fait kidnapper tous les soirs. J’ai bien vu qu’ce garde-chasse lui tournait autour comme une mouche-à-merde autour d’un rôti. Mais j’veille, elle risque rien.

Ce qui en soi, n’était pas totalement faux. Ce garde-chasse la faisait bien rire, certes, mais son petit air vicieux, elle l’avait déjà croisé plus d’une fois. Peut-être que si elle lui arrangeait un rencard avec la Sang-de-Bourbe, elle récupérerait sa Besta entièrement.
Aîe, le coup du manteau lui fit l’effet d’un tic-tac désagréable à l’oreille. Elle devait gagner plus de temps ! Il ne pouvait pas partir maintenant, pas si vite, pas si tôt… Quinze jours c’était si long, si loin…

- Oh … je … Vous êtes un bon Pr… Prof.

Un compliment ! ELLE AVAIT RECU UN COMPLIMENT !! Merci Salazar pour ce cadeau si chaud à son cœur ! Elle en rougit de complaisance. Pouvait-elle en avoir un autre ? Mais voyant que tu n’ouvrais pas la bouteille, elle eut soudainement une crainte. Et si tu la partageais avec ton rendez-vous d’après, c’est-à-dire Fenwick ? Non, tu ne pouvais faire ça. Cela ruinerait ses plans ! D’un autre côté cependant, c’était mettre un terme à cette stupide et l’occasion parfaite de briser le cœur de l’auror en mille morceaux ! Pourtant t'avoir rien que pour elle...
Toutefois, là maintenant tout de suite, elle avait un autre problème à régler. S’empourprant davantage, elle chercha rapidement une excuse, une fois encore.

- Malefoy offre des cadeaux au Professeur Rogue à chaque Noël, vous savez ? Et ils sont tous acceptés, car chaque Serpentard sait le mériter et prendre ce qui lui revient de droit.

Comme toi tu lui revenais de droit…

- Vous ne pouvez refuser un cadeau de Noël, Professeur, cela porte malheur et vous … vous… vous me feriez de la peine. Ce n’est pas ce que vous voulez n’est-ce pas ? s’inquiéta-t-elle maligne d’une lèvre tremblante.

All I want for Christmas is peace !

Un mois de retenue en sa présence aurait été un cauchemar, même s'il l'aimait bien. Œil pour œil, dent pour dent, il aurait plutôt refilé la tâche à Maugrey tant qu'à faire, ainsi le retraité aurait un peu moins de temps pour surveiller les (presque) honnêtes gens faisant d'une pierre deux coups. Il ferma les yeux, mais ses paupières remuaient dans tous les sens sous le coup de la craint... l'émotion.*

- Non, pas de retenue, je vous fais confiance pour faire seule votre propre introspection. Ne paniquez pas, je vais au moins terminer l'année.  

*Il entreprit la fastidieuse fermeture de sa veste en laine de Porlock. Une fois fait, il croisa les bras et apparu entre ses sourcils la fameuse ride du lion, aussi appelé "ride de l'inquiétude".*

- C'est vrai que je la vois souvent seule, mais je suis rassuré de savoir qu'elle a des amis sur qui compter.

*Il décroisa l'un de ses bras, sa main ayant un soubresaut qu'il refréna. L'idée de te tapoter l'épaule se mua, plus prudemment, en un glissement de ses doigts dans ses cheveux, replaquant au passage une mèche folle.*

- Le garde-chiass... chasse hein ? Vous n'avez pas tort même si vous devriez surveiller votre langage jeune fille. Ce type est vraiment louche et sans aucune gêne. Vous qui traînez souvent autour des serres, vous ne l'auriez pas vu s'y glisser par hasard ? Je suis presque sûr que c'est lui "Le pilleur de mandragore".

*Perdu dans sa réflexion, il s'en mordilla l'ongle du pouce tout en prenant ton second cadeau distraitement. Il était tellement distrait qu'il n'entendit pas le début de ton plaidoyer, ce n'est que quand les mots "porte-malheur" furent prononcés qu'il revint sur terre et baissa les yeux sur ce qu'il tenait entre les mains.*

- Je vous demande pardon ? Oh ça ? Dit-il en brandissant le paquet. D'accord, mais je ne veux plus que vous m'offriez quoi que ce soit, d'accord ? Ça ferait jaser. Bon et bien, je vais l'ouvrir.

*Il te fit un petit sourire crispé et déballa le papier rouge. Ce serait sans doute le seul cadeau qu'il recevrait cette année, ce qui en faisait déjà un de plus que l'année précédente. Il froissa le papier pour le poser derrière lui et ouvrir l'élégante boite, découvrant une encore plus élégante plume. Elle lui rappelait l'un des cadeaux les plus précieux qu'on lui avait fait, à savoir la plume noire qui ne le quittait jamais, offert par son professeur de botanique, Herbert Beery, l'un des seuls à lui avoir tendu la main et cru en lui. Il la lui avait offert lorsqu'il avait obtenu sa place pour Uagadou. Il releva les yeux sur toi.*

- Merci Miss Bulstrode, elle est très... serpentarde. Je la mettrai dans mon bureau, chez moi.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il la rassurait au fur et à mesure de sa panique. Si bienveillant et attentionné il était. Pourtant, cela ne suffisait toujours pas à le faire rester. Peut-être devait-elle simuler un malaise ou une importante détresse et lorsqu’elle se réveillerait, il serait là, à ses côtés, rien que pour elle. Seulement pour elle. Malheureusement elle ignorait comment jouer la comédie face à lui. Parmi ses nombreux talents, il manquait à Millicent celui de comédienne invétérée. Elle ne supportait pas l’idée de devoir mentir à l’homme qu’elle aimait encore moins de se rendre ridicule à ses yeux. Un soupir franchit discrètement ses lèvres : elle devait se résoudre à le laisser partir, loin d’elle, loin de ses yeux, loin de son cœur.

Elle aussi aurait aimé caresser ces boucles brunes, entortiller ses doigts autour d’elles et en capturer une pour la mettre sous son oreiller. Mais une fois de plus, tu dirais non. Encore et toujours, et ce n’était clairement pas juste ! Quant à son propre langage, elle laissa la remarque  de côté. Peut-être ferait-elle un effort, même si honnêtement, une vérité était une vérité, qu’importait la forme ou la manière avec laquelle elle était dite.

- Moi ? Traîner souvent  …

Bouse.

- Non … C’est pas c’que …

La pauvre Serpentard fut toute déstabilisée. Ainsi donc il savait … Pourtant, elle faisait tout pour se faire discrète. Ses larbins en revanche … Elle s’occuperait de leur cas après. Ce ne serait que la troisième fois ce mois-ci qu’elle leur casse le nez ou l’auriculaire. Il n’y avait que la force pour impressionner et soumettre les esprits.

- Je peux m’en occuper si vous le souhaitez.

Opportunité à saisir ! C’était le meilleur moyen de gagner un peu plus tes faveurs.

- Je le ferai parler, vous pouvez compter sur moi !

Vendu ! Elle irait foutre une râclée au rafleur. Il goûterait à ses poings et à la force de son amour. Déterminée et prête à aller en découdre présentement, son attention fut cependant captée par ta remarque. Evidemment que cela ferait jaser ! Tout Poudlard devait savoir que TU LUI APPARTENAIS. Si cela pouvait arriver aux oreilles de Fenwick au passage..

- B…Bien, Professeur. Je ne chercherai plus à vous faire plaisir.

A d’autre.
Et là, ce fut la consécration, sa divine victoire ! Elle venait de remporter la partie haut la main par ce présent. Ton émoi ne trompait personne, et surtout elle finirait sur ton bureau, chez toi ! Rouge de joie, elle se tourna largement pour lever discrètement le poing de la victoire. Puis reprit sa position initiale pour observer un peu plus ta joie.

- Pour ne pas oublier d’où vous venez. La … La maison Serpentard est … fière de vous avoir, Monsieur. Puis-je vous accompagner jusqu’aux grilles ?

Histoire de voir que ce n’était pas vers un certain bureau que tu comptais te diriger… Et puis les aurevoirs seraient déchirants et peut-être qu’alors elle aurait droit à un baiser, ou même deux ? Elle l’avait bien mérité après tout, non ?

All I want for Christmas is peace !

Tout en faisant claquer sa langue contre son palais, son index s'agita de gauche à droite pile sous ton nez.*

- Pas question que vous interveniez, je vous demande juste de me prévenir si jamais vous le voyez se faufiler dans les serres de temps en temps. Vous vous attireriez des ennuis en vous frottant à un employé de l'école, en plus j'ai besoin de discrétion tant que je n'en sais pas plus... Vous me ferez votre compte rendu à la rentrée, à la fin du premier cours de botanique, d'accord ?

*Dit-il pour couper toute suggestion de ta part consistant à te confier son adresse personnelle. En outre, chose qu'il ne pouvait dire tout haut à une élève, il était presque sûr que le garde-chasse était beaucoup plus dangereux qu'il en avait l'air et que c'est un peu plus qu'une retenue que tu y risquerais. Bien entendu, il ignorait tout de ton impressionnante force de frappe, tu étais un peu rustre, mais certainement pas violente ! Hum, hum.

Il rangea la plume dans son écrin. Elle était jolie, très - trop - serpentard, mais jolie. Il l'utiliserait assurément. Le nez baissé pour refermer la boite, il ne te vit pas effectuer un demi-tour et encore moins de geste victorieux. Lorsqu'il releva les yeux, c'était une Millicent bien droite et toute sourire qu'il avait toujours en face de lui. Pour cette joie, ça valait bien le coup qu'il t'accorde le droit de "lui faire plaisir" rien qu'une fois... avec un cadeau hein, soyons clairs ! Il fit léviter son sac noir en nubuck jusqu'à lui, y rangea la boite et le suspendit à son épaule. Si le compliment le fit intérieurement ronronner de plaisir, il n'en pensait pas moins qu'il se sentait d'avantage appartenir à Uagadou qu'à Serpentard où il avait été traité 4 ans durant en véritable paria.
C'est avec un sourire qu'il tenta de se débarrasser de toi au plus tôt.*

- Ce n'est pas nécessaire, il fait froid et la nuit est en train de tomber, je ne tiens pas à ce que vous tombiez malade à quelques jours de la réception de Noël, Miss Bulstrode.

*Il posa sa main l'espace de 5 secondes sur ton épaule, papillonna des yeux et élargit encore son sourire pour te convaincre. C'était bas, petit, mais avec un peu de chance, efficace.*

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle s’apprêtait à faire une moue de déception devant l’interdit. Comment pouvait-elle rester sans rien faire alors qu’on osait voler son professeur préféré impunément ?! Elle se moquait éperdument d’avoir des ennuis. Une Bulstrode en réchappait toujours, et mieux encore, ne se laissait jamais faire. Son uppercut était le meilleur de Poudlard ! Par conséquent, elle s’apprêtait à formuler un énième argument quand soudain elle se tut, cligna des yeux à plusieurs reprises et lança de but en blanc :

- Un rendez-vous ? Très bien, je mènerai discrètement l’enquête durant les vacances scolaires, Monsieur Wilkes.

Son être entier dansait une salsa intérieure. Elle venait d’obtenir son premier rendez-vous amoureux ! Les nanas de Serpentard pouvaient aller se rhabiller, et Fenwick visiter les maisons closes. Tout partait d’un rendez-vous, et dans deux ans, à la fin de sa scolarité, ils officialiseraient. Car elle comprenait les règles entourant son professeur, et pour rien au monde, elle lui ferait du tort. Elle provoquait simplement le destin, voilà tout, veillait dans l’ombre à ce que personne ne vienne rivaliser mais rien de compromettant pour eux deux.
Elle écopa alors d’un nouveau refus, mais maintenant qu’elle avait ce sublime rendez-vous, elle ne s’en formalisa pas. Ce sourire envers elle ne pouvait-être que sincère, n’est-ce pas ? Un si beau sourire, celui qu’elle espérait voir chaque matin en se levant.

- Si c’est là vos désirs, Professeur.

Le contact de ta main sur son épaule associé à ton petit manège des plus vicieux (vilain garçon !) eut raison d’elle, de ses hésitations et de ses résolutions à ne pas lâcher le morceau. C’était la première fois qu’il la touchait ainsi, preuve de son affection grandissante ! Daphné ne pourrait plus douter de leur compatibilité désormais ! Elle avait hâte de tout raconter à sa Besta avant d’aller taper du Bouffondor. Elle avait une réputation à tenir tout de même ! Millicent s’inclina alors, sa forte poitrine entraînant son dos dans son sillage, puis prit le pas vers la sortie. Sur le seuil, elle se tourna une nouvelle fois vers toi :

- Je… Je vous souhaite de passer… d’excellentes fêtes, Monsieur.

Et comme le vent, elle fila en direction de la Tour d’Astronomie. Certes, elle ne pouvait pas t’accompagner jusqu’aux grilles mais personne ne l’empêchait de te surveiller de loin !