[Benjy] Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

Elève

Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

Cela faisait maintenant plus d'un quart d'heure qu'elle faisait les cents pas devant son bureau, tiraillée. Ce n'était absolument pas le genre à aller déballer ses soucis d'adolescente, encore moins les méandres de sa vie privée. Seulement, elle devait des excuses à son professeur, pour son insolence tout d'abord, ensuite pour ne pas l'avoir cru lors de leur dernier échange. Mais ce n'était pas si simple. Eléanor trouvait qu'elle lui en avait déjà trop dit. Pourtant, si ce soir elle franchissait le seuil de ce bureau, elle serait bien obligée de s'expliquer et de dévoiler ce qui la tracassait au plus profond d'elle-même. Elle soupira et chercha à remettre ses idées en place.
Cela faisait maintenant quatre jours qu'elle n'avait pas revu Kevin, ou plutôt quatre jours qu'ils ne s'étaient pas adressés la parole. Quatre jours qu'elle cherchait son professeur de métamorphose, quatre jours qu'elle ruminait ce qu'elle ne parvenait pas à comprendre d'elle-même. Et surtout, quatre jours qu'elle n'avait pas dessiné. Autrement dit, une torture qu'elle ne supportait plus.

Ah les tourments adolescents, on faisait une montagne de tout et n'importe quoi ! Et ce soir, Eléanor ne ferait pas exception. C'était peut-être là tout le problème : Kevin éveillait en elle quelque chose qu'elle ne connaissait pas, une chose qu'elle s'était refusée de connaître. Kevin semblait éveiller en elle -pour ce qu'elle y comprenait - des rêveries adolescentes, l'envie de partager enfin une nouvelle amitié. Exactement ce qu'elle avait dit craindre lors son après-midi avec leur médicomage. Aussi soupira-t-elle une fois encore, s'intima à prendre son courage à deux mains et frappa trois coups d'instinct à la porte.

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*Benjy redressa difficilement sa tête en entendant les coups portés. Elle lui paraissait tellement lourde ... Il regarda autour de lui, il avait du tomber de fatigue sur son bureau, d'où le mal de tête. L'instant d'après, son regard se posait sur sa fleur. Un nouveau pincement lui étreignit le coeur, comme à chaque fois qu'il la voyait. Il allait replonger dans la tristesse qui le rongeait depuis plusieurs jours maintenant lorsqu'il se souvint que quelqu'un attendait derrière la porte. Il poussa un soupir et rangea soigneusement la fleur dans sa poche après l'avoir réduite. En se dirigeant vers la porte il croisa son reflet dans le miroir. Les lourdes valises noircissaient son regard déjà sombre. Il poussa un nouveau soupir, remit en place son masque d'auror et se décida enfin à ouvrir. Qu'elle ne fut pas sa surprise de voir Eléanor qui dardait sur lui un regard pour le moins perturbé. Nulle doute que cette jeune femme était tourmentée par ses pensées.*

- Bonjour Miss Brandstone, entrez je vous prie.

*Il attendit que tu ais franchit le seuil pour refermer la porte et lancer machinalement un assurdiato. C'était devenu une habitude depuis que le rouquin avait laissé échappé que l'ancêtre le surveillait. Il alla prendre place sur un fauteuil et d'un geste vague te désigna celui qui lui faisait face.*

Elève

Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

Lorsqu'il lui ouvrit, le coeur d'Eléanor rata un battement. Maintenant elle ne pouvait plus reculer ni s'enfuir. Ses yeux bleus se posèrent sur lui et observèrent les lourdes de poche, signe que son professeur n'était pas au meilleur de sa forme non plus. Peut-être aurait-elle dû s'abstenir finalement et le laisser tranquille. Cependant, son instinct lui disait tout le contraire. Elle devait rester. Une discussion s'imposait.

- Je suis désolée de vous déranger, Professeur. Je ...

Elle passa le seuil du bureau et acquiesça à l'invitation de s'asseoir. Mal à l'aise et nerveuse, ses mains agrippèrent le tissu de sa robe comme pour les empêcher de la trahir davantage. Parler ne devait pas être sorcier pourtant, non ?

- Je crois que nous n'avons pas terminé notre dernière conversation. Sur les sen...

Le mot resta coincé dans sa gorge. Ses joues se colorèrent quelque peu et un sourire timide vint prendre place sur ses lèvres, tandis qu'elle conservait sa tête baissée.

- C'est idiot, mais je crois que ma maladresse et ma peur viennent de gâcher une amitié possible. Et je voulais vous en parler. J'ai conscience que ce ne sont que des caprices ou des bouderies d'adolescent, seulement, je suis parfaitement ignorante sur le sujet, comme vous le savez et donc ...

Elle releva timidement son regard vers son professeur, gênée.

- Je suis venue vous demander des conseils. Êtes-vous certain que tout va bien professeur ?

Comment faire abstraction de ce visage sombre ? De ce faciès d'enterrement ? N'était-ce donc qu'une question de fatigue ou y avait-il autre chose ? Que s'était-il passé pour que l'optimisme de son professeur disparaisse intégralement de son visage ?

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*Benjy esquissa un petit sourire en entendant tes propos.*

- Vous avez bien fait de venir Miss Brandstone. Et ne croyez pas que cela est seulement des caprices ou des petits problèmes d'adolescents, les adultes y sont aussi sujets.

*Il en savait quelque chose ... Il passa ses doigts sur ses yeux fermés puis sa main poursuivit son mouvement pour frotter son front et revenir sur sa joue. Il laissa sa tête ainsi, reposant dans la paume de sa main. A ta question, il eut un petit sursaut, comme s'il se réveillait et se redressa dans son fauteuil.*

- Oui, merci. Juste ... quelques missions difficiles.

*Aucun doute sur le fait que le mensonge ne la duperait pas. Mais là n'était le but, il ne pouvait mentir à cette jeune femme à qui il avait promis la confiance. C'était surtout une demande silencieuse pour qu'elle ne pose pas plus de questions auxquelles il n'avait pas le droit de répondre.*

- Commencez par me raconter ce qu'il s'est passé. Vous voulez boire quelque chose peut-être ?

*Il n'avait pas fini sa phrase qu'il était déjà debout et se dirigeait vers son armoire.*

- Que dites-vous d'une boisson chaude pour nous réchauffer un peu ? J'ai du café, du th...

*... du thé. Sa voix se brisa, refusant de dire le mot. Elle était partout. Dans ses pensées, dans sa vie, dans ses souvenirs. Chaque chose même la plus éloignée la lui rappelait. Il prit appuie sur l'armoire et respira un grand coup. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Il fallait qu'il se ressaisisse. Il toussa un peu, faisant mine que c'était la raison pour laquelle sa voix s'était brisée quelques secondes plus tôt.*

- Du thé ça vous irait ?

*Heureusement qu'il te tournait le dos, ça lui laissait quelques instants pour se remettre. Sans vraiment attendre ta réponse, il sortit deux tasses et une théière et mit de l'eau à chauffer dans une petite marmite qu'il suspendit au dessus du feu de la cheminée. Puis il revint s'asseoir face à toi, un petit sourire triste sur les lèvres pour t'encourager à commencer ton récit.*

Elève

Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

La lassitude de son professeur ne faisait aucun doute. Malgré ses propres tourments, Eléanor y était sensible. Il avait voulu lui venir en aide une fois et elle aurait aimé lui rendre la pareille. La jeune élève le soupçonnait de mentir bien sûr, mais surtout d’éprouver des sentiments douloureux car le comportement du Professeur était plus que douteux pour ne pas dire triste à contempler.

- Le thé m’ira parfaitement, Professeur, dit-elle d’une voix aussi douce que possible.

La situation était quelque peu comique avec le recul. Tous deux souhaitaient s’exprimer, apaiser leurs tourments, mais ils ne pouvaient, parfaitement incapable de s’ouvrir. Déjà parce qu’ils n’étaient pas hiérarchiquement sur un même pied d’égalité, d’autre part parce que c’était si enfoui qu’ils avaient peur de laisser s’ouvrir la boîte de Pandore.
Eléanor inspira profondément pour braver son renfermement naturel et se lança.

- Vous souvenez-vous de notre première discussion, professeur ? Je vous ai parlé d’un élève de Serdaigle en sixième année venu me secourir tandis que les Serpentards cherchaient encore et toujours des problèmes. Nous avons sympathisé le jour-même, du moins c’est ce que je croyais. Il y a eu des confidences, un partage, vous voyez ? Je lui ai … montré l’un de mes carnets à dessins, lui expliquant que j’analysais les gens en les dessinant, que je pouvais soupçonner quelques vérités, les leur voler moyennant une certaine interprétation. Même si celle-ci n’est pas exact, mais là n’est pas le sujet.

Elle se tut soudainement, perdue dans ses pinceaux. Eléanor parlait assez vite, ce qui une fois de plus soulignait son malaise voire son propre mal être. Parler de Kevin à un professeur aussi intimement la dérangeait en ce qu’elle trouvait la situation ridicule. Ce n’était après tout qu’un garçon, qu’une personne comme une autre. A une exception près : il lui ressemblait.

- Lorsque nous nous sommes quittés après lui avoir fait comprendre que je ne montrais pas mes dessins en règle générale parce qu’ils sont la clef même de mes pensées, il m’a simplement dit que cette journée était exclusive, donc qu’elle était un peu à mettre de côté vous voyez ? Et … et il y a quatre jours, je l’ai rassuré sur son travail en dehors de l’école puis il m’a demandé de le dessiner. Je … Je… J’ai essayé mais je n’ai pas pu. J’avais son regard sur moi, je savais qu’il m’attendait au tournant et je ne voulais pas non plus procéder comme je le fais avec tout le monde. S’il veut me confier des choses, je préfère qu’il me les dise de lui-même, pas que je les lui vole. Mais lui voulait savoir comment moi je le percevais. Alors nous nous sommes disputés, il a cru que je n’avais pas confiance en lui et c’est parti en psychodrame juste parce que j’ai refusé de le dessiner maintenant. Je n’étais pas d’humeur, le professeur Wilkes occupait mes pensées et j’étais incapable de dessiner. Est-ce que j’aurais dû ?

Sa poitrine se soulevait à un rythme effréné. Tout ce qu’elle avait refoulé était sur le point de jaillir. Eléanor en avait beaucoup trop dit et quelque chose lui disait qu’elle allait devoir fournir quelques explications…

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*Benjy revint avec les deux tasses fumantes et t'en tendit une. Puis il se rassit sur son fauteuil et écouta ton récit en hochant régulièrement la tête.
Si elle lui avait montré ses dessins cela signifiait qu'elle estimait cette personne et qu'elle lui faisait au moins partiellement confiance. Il tiqua en entendant le nom du professeur Wilkes. Nul doute que tu n'étais pas une de ses groupies alors pourquoi occupait-il tes pensées ? Serais-tu toi aussi une "espionne" de Maugrey ? Il blêmit un peu plus à cette pensée. Il avait suivi son intuition première en t'accordant sa confiance. Tu avais besoin d'aide et évidemment il s'était jeté tête la première. Le scénario tenait la route après tout. Ron qui vient l'interroger plus ou moins subtilement en lui demandant son aide. Et maintenant toi, deuxième essai sur son point "faible". Il faisait mine de réfléchir à ce que tu disais mais en réalité il te scrutait, captant tes moindres gestes, creusant dans ses souvenirs les paroles échangées lors de votre dernière conversation. Tes yeux te trahissait, tu semblais en avoir trop dit. Il baissa le sien pour cacher sa déception. Un éclat de lumière attira alors son attention sur la petite perle qui ornait toujours ton poignet. NON. Le flot de pensées perverties se stoppa soudainement. Il avait toujours fait confiance à son instinct et à son ressentit. La sincérité dont tu avais fait preuve la dernière fois et ton honnêteté l'avaient marqués. Et toutes deux étaient vrais, il en mettait la main à couper. Par Morgane, il commençait à devenir aussi parano que le borgne. Il fallait vraiment qu'ils aient une petite conversation tous deux. Il secoua la tête et revint à la conversation. Cette jeune femme semblait désappointée. De toute évidence elle avait besoin de cette relation.*

- Non. Vous l'avez dit vous-même, vous étiez incapable de dessiner. Si vous vous y étiez forcé, le résultat aurait été tronqué et il n'aurait plu à aucun de vous deux. C'était vous mettre dans une situation délicate que d'exiger de vous que vous le dessiniez.

*Sa voix se faisait douce, et son regard rassurant. Tous ses doutes s'étaient envolés lorsqu'il s'était souvenue de votre dernière conversation, de tes convictions. Il prit soin de capter ton regard azur avant de poursuivre.*

- Je comprends ce que vous avez pu ressentir à ce moment là... et je suppose que vous ne dessinez plus depuis ?
Vous savez ... d'une certaine manière je crois qu'il avait besoin de votre soutien. Ce n'est qu'une hypothèse, à vous de me dire si elle concorde avec votre ressenti mais... il est possible qu'il cherche encore sa place. Je pense qu'il se sent seul et qu'il voulait savoir ... qu'il voulait être rassuré sur la façon dont vous le perceviez vous. Votre regard avait de l'importance pour lui tout comme le sien avait de l'importance pour vous lorsque vous lui avait montré vos dessins.

*Il posa sa tasse sur la table à côté puis se pencha un peu en avant.*

- Vous devriez vous délester de ce poids qui pèse sur vos épaules. Croyez moi, lorsqu'on a le choix, il vaut mieux s'en défaire. Et puis... en parler à quelqu'un d'autre ce n'est pas lui refiler son propre fardeau. Au contraire. C'est s'en délester, comme si vous le posiez au sol puis qu'ensemble vous déballiez le tout pour voir où était le morceau de plomb parmi les plumes. Il n'y a pas de honte à avoir vous savez, nous ne sommes pas tous égaux face aux épreuves de la vie. Pour certains, ce ne sera qu'un coup de vent, pour d'autres, une véritable tempête...

Elève

Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

Heureusement pour tous les deux, les soupçons ne furent pas dits à haute et intelligible voix. Eléanor s’en serait vexée, pire, elle s’en serait refermée aussitôt. Elle ? Une espionne de Maugrey ? Mais pour quelle saugrenue raison travaillerait-elle pour son professeur ? Ils n’avaient aucun « lien » en dehors de celui qui associait l’élève à son maître. Si Eléanor pensait encore à ce cher Monsieur Wilkes, c’était non seulement à cause de l’autorisation de Dumbledore qu’elle ne lui avait pas encore remise, mais aussi à cause des mots qui ne cessaient de la tourmenter.

La jeune adolescente fut soulagée par la réponse de son professeur. Elle n’avait donc pas fait le mauvais choix. Ses mains sur ses genoux se détendirent légèrement. A la question sur son activité préférée, Eléanor secoua la tête négativement sans un mot, pour le laisser poursuivre. En revanche, le reste la fit réagir, tant et si bien qu’elle regardait son interlocuteur avec ahurissement.

- Mais je le sais bien ! Et j’ai tenté de lui expliquer ! Pas deux minutes avant je le rassurais sur sa musique, son talent. J’ai juste refusé de dessiner, de lui voler des choses qui n’appartiennent qu’à lui ! Nous n’avons passé que quelques heures ensemble et il faudrait que je m’ouvre comme une huître ou que je puisse lui dire ses quatre vérités ? Mais je ne le connais pas moi ! J’ai fait de mon mieux alors que généralement je n’approche personne. Et il ne veut pas le comprendre. Sourire, lui parler, le rassurer, je ne fais jamais cela. Mes amis se comptent sur la moitié d’une main, Professeur. Il s’est montré parfaitement injuste et …

Adieu la belle soupape de sécurité. Eléanor se leva, pour faire les cents pas, les bras autour de son corps comme si elle avait froid. Si c’était ça l’adolescence, alors elle s’en serait très bien passée. Une part d’elle, sa raison, avait conscience de tout dramatiser, d’enrober chaque détail de couche de drama. Mais c’était plus fort qu’elle, elle sentait une véritable révolte en son for intérieur. L’élève ouvrit la bouche, plusieurs fois, la referma, à chaque fois, et finit par se tourner vers son professeur.

- J’ai connu des épreuves, Monsieur, et j’y ai fait face sans broncher. Là c’est comme si tout me percutait et me persécutait, comme si ma sensibilité était exacerbée. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. J’ai manqué de respect au Professeur Wilkes parce qu’il m’a appelée une « vous-savez-quoi » ce sont ses termes, parce qu’il pense que nous nous conduisons comme des victimes dès lors qu’on souligne notre différence, mais nous ne sommes pas différents, n’est-ce pas ? Monsieur Sanguini m’a assuré que mon sang n’était pas corrompu encore moins abjecte. Et … il ne m’a pas défendue. Quand Malefoy m’a traitée de Sang-de-bourbe, il ne m’a pas défendue. Il a préféré nous faire comprendre que nous étions de trop. Mais il ne sait pas ! Il ne sait pas ce que c’est que de côtoyer certaines Serpentards dont Malefoy au quotidien ! Tous ne sont pas comme ça, heureusement, mais ... Il ne sait pas !

Comme on pouvait s’y attendre, ses yeux s’embuèrent. Eléanor planta alors ses ongles dans ses propres mains, vivement. Elle mordilla ensuite sa lèvre pour l’empêcher de trembler et leva enfin les yeux au plafond pour ne pas céder. Car non, elle ne comptait absolument pas céder à l’amas d’émotions qui se bousculait sournoisement en elle, du moins pas sous forme de larmes. Mais elle avait besoin d'évacuer, sur ce point, le Professeur Fenwick avait parfaitement raison.

- Dites-moi ce qui m’arrive, Professeur, chuchota-t-elle soudainement. Pourquoi suis-je soudainement aussi sensible et touchée par ce qu’on peut me dire ? Est-ce que c’est dû à la guerre, à la peur ? Je ne me reconnais plus et je me sens … pathétique.

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*Il t'écouta avec attention, veillant à ne pas t'interrompre.*

- Mais lui avez-vous dit tout cela ? êtes-vous parvenu à lui expliquer exactement ce pourquoi vous ne parveniez pas à le dessiner ce jour-là ?

*Il te regarda te lever pour faire les cents pas avec colère. Il te laissa faire d'abord sans bouger, puis lorsqu'il vit ton regard perdu il comprit que tes réflexions se perdaient dans la mauvaise direction. Alors il se leva à son tour et s'avança doucement vers toi pour te prendre dans ses bras, de façon paternelle. Il posa un main sur ta tête et caressa doucement ton dos.*

- Chuuut, tout va bien. Calmez-vous. Si votre sensibilité s'accrut c'est parce que vous grandissez, vous devenez une adulte. Il n'y a pas de raison d'en avoir peur car ça fait de vous une personne à la fois plus forte et plus vulnérable. Vous percevez beaucoup plus de choses et pouvez donc vous en nourrir. En contrepartie, tout ce que vous ressentez est exacerbé et il faut apprendre à se détacher de ses émotions parfois, à se protéger, des autres notamment.

*Il resta ainsi le temps que tu te calmes puis il laissa ses mains glisser le long de tes bras pour s'éloigner de toi.*

- votre sang est ce qu'il y a de plus beau parce qu'il est unique. Ne laissez personne vous faire croire le contraire. M. Sanguini a tout à fait raison et il est plutôt bien placé pour le savoir *dit-il avec un petit sourire*
Quant au professeur Wilkes ...

*Il doit avouer que il ne savait pas trop à quoi s'attendre avec lui, ce qui faisait qu'il n'était pas surpris par conséquent. Il nota tout de même l'information et se fit la remarque qu'il avait manqué ici de subtilité.*

- Il vous a lui aussi manqué de respect en agissant ainsi. C'est d'autant moins pardonnable que cela vient d'un professeur. Vous pouvez donc considéré que vous ne lui avait en aucun cas manqué de respect !

*Sur cette parole il t'adressa un sourire rassurant. Une lueur dansait à nouveau dans son regard. Tu étais arrivée dans son bureau avec tes problèmes alors que lui était déjà submergé par les siens. Ce que tu ne savais pas c'est que grâce à toi, il apportait des réponses à ses propres problèmes. Tu lui avais lancé une bouée alors qu'il se noyait et tout doucement, tu extrayais l'eau de ses poumons. Il respirait à nouveau, se sentait un peu mieux de pouvoir t'aider. D'aucun penserait que s'était s'enchainer aux autres que procéder ainsi, pour lui c'était plutôt l'inverse, un sentiment de libération le prenait chaque fois qu'il pouvait aider quelqu'un.*

- Peut-être devrais-je apprendre les bonnes manières à ce petit Entwishle !

*Il arborait un petit air rieur avant de reprendre son sérieux.*

- C'est nouveau pour lui. Les tensions entre les maisons, l'environnement, le fonctionnement de notre école. Il désire passer inaperçu et voilà que l'autre jour il se retrouve au centre de l'attention. Qui plus est avec tout un petit groupe soudé qui arrive en renfort avant même qu'il ne se passe quoi que ce soit. Je l'ai observé également, et tout comme vous il ne semble pas avoir beaucoup d'amis. S'il vous a congédié c'est qu'il préférait se défendre seul. On peut donc supposer qu'il ne vous a pas défendu justement parce qu'il pensait que vous n'aviez pas besoin d'aide. Vous avez du caractère Miss, et ce n'est certainement pas un reproche, au contraire. Vous n'avez pas peur d'affirmer votre opinion et vos pensées. Et d'après ce que j'entends vous êtes encore en train de vous découvrir l'un l'autre. Certaines personnes se sentiraient insultées si d'autres prenaient leur défense à leur place. Il a sans doute cru que vous étiez de celles-là.

Elève

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Al'image de leur première discussion, elle demeura d’abord immobile face au contact. Mais ses barrières étaient telles, qu’elle les abandonna bien vite au profit d’une étreinte aussi sincère que désespérée. Personne ne l’avait plus enlacée de la sorte depuis qu’elle avait révélé ses pouvoirs, et c’était une sensation des plus douloureuses. Son chagrin intérieur était intense, dépassant de loin la seule personne de Kevin. Elle retint ses larmes autant qu’elle put, préférant fermer les yeux pour que rien ne la trahisse. La Poufsouffle refusait de se lamenter, tout ce qu’elle souhaitait, c’était lâcher prise, rien qu’une fois, une fois seulement. Un court instant, elle en oublia leur hiérarchie pour s’abandonner pleinement dans les bras de l’homme. Elle étreignit comme jamais elle n’avait étreint personne, communiquant tout ce qu’elle ne parvenait pas à formuler. « Grandir », elle maudissait ce terme. Les aléas vécus durant sa propre enfance et jeunesse l’avaient poussée à grandir, selon elle, trop vite. Elle avait ce sentiment inexplicable d’avoir brûlé les étapes pour s’en sortir plus facilement. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, elle paraissait en payer le prix. Seulement n’était-elle pas en pleine exagération ? Ne gonflait-elle pas son chagrin justement parce qu’elle n’arrivait ni à le contrôler, ni à le comprendre ? Eléanor n’aimait pas se sentir faible, elle aimait encore moins admettre ses faiblesses ou plutôt ses carences. Au contraire, elle aimait se montrer forte, têtue et imperméable. Or, force était d’admettre que dans ce bureau, ce n’était plus le cas. Force était d’admettre qu’avec Kevin, elle ne contrôlait rien et qu’elle ne souhaitait qu’une chose : fuir. Parce que la fuite était parfois préférable autant qu’elle était facile. Il suffisait de prétexter la peur. Tout était excusable par la peur. En l’occurrence, dans son cas, elle avait cette peur inconsciente d’être rejetée, une fois de plus. Et toujours dans cette inconscience, elle s’évertuait à l’être : Eléanor provoquait son propre rejet. N’était-ce pas là ce qu’avait tenté de lui dire le Professeur Wilkes ? Sauf qu’il se trompait d’un détail. Peu lui importait d’être une née-moldue, ce qui la touchait davantage, c’était d’être une sorcière. Un aveu qu’elle ne pourrait jamais réellement faire…
Une fois l’étreinte rompue, Eléanor rouvrit ses yeux brillants d’émotions. Ses joues, elles, étaient parfaitement sèches. Un léger sourire amusé fendit ses lèvres tandis qu’elle repensait à l’insolence dont elle avait fait preuve face à son professeur de botanique.

- Je crois qu’il y a quelque chose d’autre en réalité. Nous étions tous deux sur la défensive et je ne sais pas … J’ai eu le sentiment qu’il m’attaquait sans réellement le vouloir ou le comprendre. Mais, le Professeur Dumbledore a accepté que je fasse un stage au ministère en sa compagnie, histoire de lui montrer que l’étiquette qu’on me porte n’est pas celle que j’endosse.

Elle n’avait surtout pas avoué au professeur Dumbledore ses réelles motivations. Seul le Pr Wilkes les connaissait. Et elle n’était pas tout à fait prête à les dire tout haut, de peur de se faire réprimander. Ce n’était pas trop le moment. Le nom d’Entwhistle la fit tressaillir légèrement. Elle en avait peut-être trop dit sur l’identité du Serdaigle. Celui-ci lui en voudrait probablement, maintenant qu’elle y pensait.
Aux paroles de son Professeur, elle pesa le pour et le contre, tantôt ouvrant la bouche, une ou deux fois. Elle n’était pas certaine que Kevin ait saisi toute l’insulte proférée par Drago. Elle n’était pas non plus certaine qu’il sache réellement à qui il avait à faire. Eléanor fronça légèrement les sourcils et répliqua :

- Un Malefoy attaque sans prévenir. La définition du lâche lui colle parfaitement. Sept ans que je suis dans ce château, j’ai eu le temps d’observer les Serpentards, en particulier leur petit Prince. Quand Drago Malefoy ouvre la bouche, ce n’est sûrement pas par gentillesse, c’est qu’en général, l’orage n’est pas loin. Demandez-donc aux Weasley ou à Londubat. Demandez-vous donc pourquoi je les connais si bien alors qu’ils ne sont pas de ma promotion. Kevin ignore tout ça et grand bien lui fasse, cependant, nous tourner ainsi le dos, comme si nous ne valions pas mieux que Malefoy.

Elle soupira et passa une main nerveuse dans ses cheveux.

- Je comprends et, oui, nous avons peut-être eu tort. Nous voulions prouver à Malefoy que Kevin n’était pas seul non plus. Qu’il était peut-être un nouveau, mais qu’il était couvert en cas de problème. Oh je ne sais pas professeur ! Faut-il vraiment qu’il y ait une explication à tout ça ? Il n’a pas eu de scrupules quand il est venu me défendre face aux Serpentards, il y a quelques semaines. Même si je vous l’accorde, les hostilités étaient déjà lancées. Avons-nous eu si tort que ça d’intervenir ?

Cette fois, ses épaules s’abaissèrent, comme si elle rendait les armes, vaincue et penaude d’avoir fait une bêtise…

- Etaient-ils déjà comme ça à votre époque ?

Codage par Libella sur Graphiorum

- Un stage au ministère ? Pourtant M. Wilkes ne travaille pas à la justice magique.

*Benjy fronça légèrement les sourcils mais songea que ce n'était pas le moment d'approfondir, il se devrait néanmoins de surveiller ça de plus près afin de s'assurer que tout se passe bien. Après tout, Maugrey n'avait aucun confiance en Orcus Wilkes et Eléanore venait de lui avouer ses doutes quant aux convictions de son professeur.*

- Vous êtes courageuse Miss. Vouloir montrer aux autres qu'ils se trompent sur notre compte n'est pas chose aisée surtout que pour cela vous vous obligez à vous placer sous son regard JUGER SYNONYME.

*Il eut un petit rictus en entendant ta description de Malfoy, le moins qu'on puisse dire c'est que tu étais plutôt honnête et directe dans ton genre.*

- Oui, je sais, je connais bien la famille Malfoy. Vous montrez vous toujours aussi directe ou est-ce seulement lorsque vos émotions supplantent votre raison ?

*A peine avait-il prononcé cette phrase qu'il se rendit compte de sa maladresse. Avant que tu n'aies le temps d'articuler une parole, il leva vivement les mains en signe d'innocence et d'apaisement.*

- Pardonnez ma maladresse, je n'aurais pas du tourner ma phrase ainsi. Simplement ... vous semblez parler avec le coeur, depuis tout à l'heure vos mots viennent de votre être car ils reflètent vos convictions. A mon sens c'est une très bonne chose car elle est la preuve de votre sincérité mais ... là où vous voulez aller cela risque de se retourner contre vous. Lorsque vous parlez avec votre coeur vous dévoilez à tous qui vous êtes et par conséquent vous leur présentez directement vos faiblesses. Il faut apprendre à se protéger ...

*Il se détourna quelques instants de toi, repartant vers la fenêtre pour regarder au dehors alors que d'entre ses lèvres un murmure s'échappait.*

- "l'enfer c'est les autres"

*En voyant entendant la suite de tes propos et tes doutes il se retourna vers toi et vit ta mine déconfite. En quelques enjambées il était à ton niveau. Il posa ses mains sur tes épaules et te regarda droit dans les yeux pour te répondre.*

- Et c'est la raison pour laquelle personne n'est intervenu. Parce qu'avant d'être une confrontation c'était surtout une preuve de soutien et d'union. Ce souvenir va rester dans les mémoires car en plus il a permis de mettre en échec quelqu'un qui fait les mauvais choix. En somme vous avez passé un message fort à tous vos camarades et pour cela nous vous remercions.

*Il se redressa et se recula d'un pas avant de poursuivre.*

- Non, il n'est pas nécessaire d'y donner une explication. Sauf si vous avez le sentiment que cela pourrait vous aider auquel cas le mieux est encore d'aller poser directement la question à Kevin qui de toute évidence a vécu les choses d'une façon qui vous est encore inconnue.

*Il poussa un soupir cette fois en entendant ta dernière question et son regard se voila un temps.*

- A mon époque... oui, cela existait déjà. Mais les serpentards n'étaient pas les seuls à avoir besoin d'un bouc émissaire. Et leur démonstration de force ne s'arrêtaient pas à des échanges de mots... de nombreuses altercations avaient lieux dans les couloirs ou dans le parc, à l'abri des regards des professeurs.

Elève

Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?

Elle soutint son regard. Oui, elle avait un stage avec le Professeur Wilkes, et ? Eléanor ne comptait absolument pas renoncer à ses ambitions et ses objectifs. Vrai que Monsieur ne travaillait pas, officiellement, à la justice magique. Il n’en demeurait pas moins qu’elle aurait un accès potentiellement libre dans les murs de l’entité.

- Je n’ai pas peur du regard du Professeur Wilkes. Toute notre vie, nous allons être confrontés à des regards, qu’ils soient antipathiques, agréables, romantiques, sensuels et haineux. Apprendre à évoluer sous le regard des autres, c’est le problème de tout à chacun. Ce n’est pas du courage, c’est survivre face au jugement et l’appréhender pour en faire une force plus qu’une faiblesse.

La remarque suivante, sur son côté direct, la brusqua au plus haut point. Eléanor fronça les sourcils, subitement. Du haut de ses dix-sept ans passés, elle venait de se sentir insultée. Elle qui prônait la raison au détriment des sentiments, son professeur venait de la moucher sévèrement. Aussi n’accorda-t-elle aucune oreille à ses excuses.

- Je n’ai absolument rien à cacher, Professeur. J’ai mes faiblesses, mes défauts et mes cicatrices, comme tout individu. Celui qui se cache derrière le mensonge ou le silence pour se faire bien voir, est un hypocrite. De plus, Professeur, je ne comprends pas bien là où vous souhaitez en venir. Après tout, je suis venue vous voir précisément parce que je ne sais pas parler avec mon cœur, je fais fi de mes émotions et vous, à l’inverse, vous me reprochez d’être directe et franche quand je m’y essaie. Mais qu’est-ce que ce que parler avec le cœur, Mr Fenwick, si ce n’est pas faire preuve d’honnêteté ?

Pour le coup, le second contact la fit reculer d’un pas. C’était trop d’affection, de compassion, et de paroles tranchantes pour elle. Il y avait des étapes à ne pas brûler, or le quota venait d’être atteint pour ce soir. Elle en avait trop dit, et à juste titre, comme tu le lui avais souligné, cela se retournait contre elle. Eléanor ne voulait nulle compassion, nulle pitié. Juste être entendue et qu’on lui donnât enfin des réponses.

- Vous vous trompez si vous pensez que cela a changé, professeur. Peu importe la maison, l’humain reste un humain, avec tout ce que cela implique.

Elle laissa un silence entre eux. Son regard était désormais plus dur. Il n’y avait plus trace de son émoi. La porte sur ses sentiments, sur son cœur, s’était refermé. Se sentait-elle fixée, désormais ? D’une certaine manière. Elle savait comment aborder Kevin. Et c’était précisément avec le cœur qu’elle y arriverait, contrairement à ce que lui préconisait son enseignant. Kevin devait appréhender ses faiblesses pour se sentir en confiance.

- Il se fait tard. Je vous remercie de m’avoir accordé du temps, professeur. Je vous souhaite une bonne soirée.

Elle lui adressa un signe de tête respectueux et prit congé sans demander son reste, pour regagner sa salle commune et mettre son plan en action.

Codage par Libella sur Graphiorum

*Benjy poussa un soupir en détournant le regard.*

- Mais parfois, même se regarder dans un miroir et croiser son propre regard est insoutenable...

*Il faisait les cents pas à présent. Non non non, ce n'était pas cela qu'il voulait dire. Mais trop tard, le quiproquo c'était installé et Eléanor s'était immédiatement refermée. Non, il n'était définitivement pas en état pour se montrer de bon conseil ce soir. Il ouvrit la bouche mais la suite de tes propos le moucha aussitôt.*

- Je ne parle pas de se cacher, je parle de se protéger. ça n'a rien à voir avec le fait de s'oublier ou de montrer ce que l'on est pas dans le seul but de tromper car en ce cas, oui, c'est de l'hypocrisie.

*Coeur. Honnêteté. Chacun de ces mots trouvaient leur écho dans sa douleur. En te voyant reculer il retira ses mains comme s'il avait été brûlé et s'éloigna un peu plus. Il hocha la tête alors que tu t'apprêtais à partir.*

- Pour Kevin, suivez votre instinct, parlez avec votre coeur. Mais je vous en conjure ne le faites pas face à M. Wilkes.

*La porte se referma dans ton dos alors qu'il ajoutait tel un murmure.*

- Soyez prudente surtout.

*Et il retomba dans la noirceur qu'il était parvenu à chasser juste le temps de ta visite.*

» [Benjy] Tir Na Nog ♫
» [Benjy] On ne peut pervertir que les pecheurs, jamais les saints.
» [Benjy Fenwick] Everybody lies.
» I'll be your guide // Benjy & Heather //
» [Benjy] Je compte jusqu'à trois ! 1...2...