[Pr Fenwick] Premier devoir de métamorphose et plus si affinités.

Elève

Premier devoir de métamorphose.

La note du Professeur Fenwick était placardée sur leur panneau d'affichage. Eléanor avait justement deux heures de libre devant elle pour gagner la salle de métamorphose. Quelques cernes marquaient son visage. La nuit dernière avait été difficile, tantôt victime, tantôt bourreau. Les mots "Sang-de-bourbe", "Sorcière" et "Monstre" n'avaient de cesse de la tourmenter depuis que le Serdaigle l'avait sauvée des griffes des Serpentards. Il fallait également y ajouter les nouvelles du dehors qui étaient tout sauf bonnes et qui la travaillaient.

Pour l'exercice, elle avait choisi une théière empruntée aux cuisines. Intérieurement, la Poufsouffle espérait que sa magie suivrait. Celle-ci était capricieuse dès lors qu'elle était fatiguée ou préoccupée. C'était d'un pas déterminé qu'elle s'avançait pourtant dans les couloirs. Si déterminé qu'elle passa devant la salle de classe sans s'y arrêter. Plongée dans ses pensées, la Poufsouffle réfléchissait aux paroles de Ginny Weasley. Elle n'avait pas encore appliqué ses conseils, peut-être qu'aujourd'hui en serait l'occasion. Seulement, elle ne connaissait absolument rien de son professeur de métamorphose. Comment donc lui faire confiance ?

Dix minutes plus tard, elle revenait sur ses pas, le regard vif et frappa trois coups distincts à la porte. Elle était prête, plus encore, elle était déterminée. [...] La porte s'ouvrit finalement et Eléanor entra dans la salle. Derechef elle s'inclina en signe de respect.

- Je viens réaliser mon devoir, professeur. Puis-je ? dit-elle en sortant de sa sacoche une théière jaune moutarde.

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*Benjy était en train de ranger sa classe après le dernier cours de métamorphose. Transformer des hérissons en bottes d'épingles n'était pas ce qu'il y a de plus … paisible. Il avait passé les deux heures à lancer des sortilèges de protégo contre les aiguilles qui volaient dans tous les sens. Sans compter sur les hérissons qui n'avaient pas très envie de se voir transformer … Une bonne dizaine d'entre eux s'étaient carapatés pour se réfugier sous les meubles. Et le clou du spectacle, chaque fois qu'ils avaient peur, ils déféquaient. Le sol de la classe était donc recouvert de petites billes malodorantes. Leçon du jour : ne plus faire ce genre d'exercice dans une classe comprenant des Serpentards et des Griffondors.
Il s'asseyait donc enfin à son bureau pour prendre une pause bien mérité lorsqu'il entendit trois coups secs portés à sa porte. Il ne put se retenir de sourire. Le métier de professeur était identique à celui d'auror sur ce point : pas de repos ! Il ouvrit donc la porte à l'aide d'un sort et se leva pour accueillir son mystérieux visiteur.
Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit entrer une élève de septième année. Il ne s'attendait pas à voir un élève aussi vite, l'annonce n'avait été postée que ce matin ! Déformation professionnelle oblige, en un regard il analysa la jeune fille. Ses cernes sous les yeux ne lui échappèrent pas et il nota l'information dans un coin de son esprit. Son regard déterminé le fit sourire, il avait entendu parler d'elle dans la salle des professeurs et était heureux de la compter parmi ses élèves.*

- Bonjour Miss Brandstone. Oui, bien sûr ! Venez vous installer.

*Il te désigna une chaise et une table devant son bureau et hésita un instant avant de s'asseoir à son tour derrière le bureau. Il jeta un regard à ta théière puis sourit amusé.*

- C'est un choix amusant, que de transformer une théière en lapin ! Commencez lorsque vous vous sentirez prête mademoiselle.

*Il t'adressa un petit sourire pour te mettre en confiance.*

Elève

Premier devoir de métamorphose.

L’odeur n’était, en effet, pas des plus agréables. Elle lui fit même retrousser son nez un court instant. Rien de suffisant néanmoins pour attenter à sa détermination. Elle voulait en finir rapidement, parce que pour une fois, tout cet amas d’angoisse lui pesait réellement. Pour son professeur, Eléanor eut un bref sourire tandis qu’elle obéissait sans broncher. L’élève posa la théière et sortit sa baguette, peu certaine du résultat. Devait-elle en faire part à son professeur ? Devait-elle lui exprimer sa crainte d’échouer à un examen si simple ? Ginny le lui avait conseillé, mais elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Le commentaire quant à son choix l’a fit arquer un très léger sourcil tandis qu’une part d’elle se renfrognait. Son choix de la théière se révélait, en réalité, être le plus grand des hasards. En revanche, en tant que née-moldue, elle connaissait parfaitement la référence. Etait-ce là le moyen de lui rappeler ses origines ? Bien sûr que non, et elle le savait. Seulement sa crainte de l’échec la déstabilisait. Ses yeux se posèrent sur l’objet et durant une poignée de secondes, elle l’observa sans mot. Elle connaissait ce sort. Elle l’avait déjà pratiqué en troisième année. Tout irait bien. Oui, tout irait bien. Cette métamorphose était à la portée de n’importe qui. La Poufsouffle s’éclaircit la gorge et pointa sa baguette sur la théière.

- Lapifors !

[Dé de Morgane :
1/2 = échec total
3/4 = succès mitigé : la théière possède des oreilles, une queue et des moustaches couleur moutarde.
5/6 = parfait succès. ]

Comme elle s'y attendait, le sortilège était à moitié réussi. Peu fière d'elle, la Poufsouffle baissa la tête et serra ses poings pour calmer ses nerfs menaçants. Un simple sort ... Echec cuisant. Elle n'était peut-être pas spécialement douée et encore moins surdouée, mais généralement, elle se débrouillait. Ce fut donc un regard frustré qu'elle leva vers son professeur.

- Je suis navrée, Professeur Fenwick, ce n'était absolument pas le résultat escompté. Vous ... Vous aviez des questions de cours à me poser, non ? Je suis prête à les entendre.

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'Dé' :

[Pr Fenwick] Premier devoir de métamorphose et plus si affinités. Dy_310

*Le trouble de son élève ne lui avait pas échappé. Malheureusement, pour l'instant il ne savait pas trop quoi faire pour la mettre plus à l'aise. Les coudes posés sur son bureau, il croisa ses mains, entrelaçant ses doigts devant sa bouche. Le résultat ne le surprit guère, au vu de ton stress et du reste, il était au contraire des plus logique. Il se redressa un peu et reposa doucement ses mains toujours liées sur son bureau.*

- Ne soyez pas désolée. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce sortilège est loin d'être facile. Il est certes enseigné lors de la troisième année mais il comprend des dérivés les années suivantes. Il demande, comme vous le savez, de la rigueur et des connaissances, ce dont vous n'avez pas manqué, de la concentration et de la confiance en soi. *Il t'adressa un sourire rassurant*. Ici il n'y a pas d'échec, pas d'incapacité ou de remise en question. Il y a juste un sort à moitié réussi. La raison en est très simple et je vous l'expliquerai dès que nous nous serons débarrassés du reste si vous le voulez bien.

*Il observa un temps de silence sans te lâcher du regard puis se leva pour prendre un verre d'eau. Il le déposa devant toi avec un petit sourire.*

- Tenez, buvez un peu, et prenez quelques inspirations.

*Il alla se poster devant la fenêtre, te tournant le dos pour te laisser un peu de temps puis revint s'asseoir à son bureau.*

- Il n'y aura qu'une question. Que savez-vous sur les sortilèges de transfert ?

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Bien que bienveillantes, les paroles de son Professeur ne l’apaisèrent pas. Elle en ressentait même de l’agacement. Tout ceci n’aurait jamais dû se produire si elle avait davantage dormi les nuits précédentes. A ses yeux, ce n’était pas une question de manque de confiance. Au contraire, elle s’estimait très lucide sur la question. Non, la Poufsouffle se savait préoccupée et tendue, c’était amplement suffisant pour la faire déraper. Aussi tenta-t-elle de sourire en réponse aux paroles qui se voulaient réconfortantes. Le résultat escompté fut une nouvelle fois décevant. Son sourire était crispé, faux.
Le verre d’eau en revanche fut plus que bienvenu.

- Merci Professeur.

Eléanor le but d’une traite avant d’expirer sans se cacher. Elle attendait les questions afin de se rattraper et d’en finir au plus vite. Lorsque celle-ci tomba, Eléanor ne répondit pas de suite. Au contraire, elle prit tout son temps, notamment pour se calmer pleinement. Elle connaissait la réponse. La question était une fleur qui venait de lui être offerte, elle s’en doutait.

- Les sortilèges de transfert sont spécifiques à la métamorphose. Ils permettent d’inverser deux objets ou de transférer certaines capacités ou qualités d’un objet à un autre. Ils peuvent s’adapter aux objets comme aux plantes ou aux animaux, comme ici, transformer une théière en un lapin. Le sortilège du Lapifors est un sortilège de transfert.

Elle fit une brève pause et reprit le fil de ses connaissances, non sans une pensée pour le Professeur McGonagall. Eléanor lui devait la plupart de ses connaissances après six ans d’assiduité. Où se trouvait le Professeur aujourd’hui ? Lui était-il arrivé quelque chose ?

- On parlera de sortilèges de transferts inter-espèces pour des métamorphoses complètes qui impliquent un changement total d’espèce. Fonctionnent aussi bien sur les humains que sur les animaux. Par exemple, en quatrième année, nous avons dû transformer une dinde en cochon d’Inde. Voilà tout ce que je peux vous dire sur ces sortilèges, Professeur.

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*Ton sourire crispé ne lui échappa pas. ça ajouté aux cernes il n'eut aucun mal à comprendre la nature de la gêne occasionnée. Il sourit en voyant que tu avais bu le verre d'eau et pris le temps de faire quelques respiration avant de lui répondre. Personne mature, à l'écoute de son corps.*

- C'est tout ce que vous pouvez me dire parce que c'est tout ce qu'il y a à dire ! Félicitations Mademoiselle, je n'en demandais pas tant !

*Il t'adressa un sourire bienveillant puis saisit la théière et la plaça un peu plus loin sur le bureau.*

- Et si à présent vous m'expliquiez ce qui vous tracasse au point que ça en trouble votre sommeil ?

*Il haussa un sourcil puis se rendit compte de la maladresse de sa question. Il parut mal à l'aise et bafouya un *

- Enfin … sans vouloir donner l'impression de m'incruster dans votre vie privée … je voulais dire que si vous avez besoin d'en parler, je suis là.

*Il passa sa main derrière sa nuque pour faire disparaître son trouble passager.*

- C'est juste que vous semblez tracassée par quelque chose et que de ce que je sais de vous ça ne doit pas être une futilité.

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Le soulagement. Ce fut ce qu’elle ressentit en premier. Vint ensuite l’étonnement devant cette question un peu trop directe à son goût, et de toute évidence, cette idée paraissait partagée. Eléanor ouvrit une première fois la bouche, mais la referma aussitôt. « Ce que je sais de vous » avait-il dit. Elle se mordit vivement la langue pour ne pas répliquer insolemment.

- Il n’y a rien, Professeur.

A nouveau, elle eut ce sourire crispé. Eléanor se leva et se détourna du bureau prête à partir. Ce fut à ce moment précis qu’elle se remémora sa conversation avec Gawain Robards, le chef du département de la justice magique. Elle prenait le mauvais chemin. Mais pouvait-elle seulement avoir confiance en celui qui était assis derrière son bureau ? Ses poings se serrèrent et elle fit un autre pas vers la porte avant de faire volte-face. Son regard en était presque embué. Seulement Eléanor avait appris à ne plus pleurer et malheureusement, à ne pas faire confiance aux adultes. Son rapport avec eux était … mitigé pour ne pas dire rompu depuis un moment. Tel un animal craintif, elle s’approcha sans pour autant rejoindre le bureau.

- Que savez-vous de moi, Professeur ? Car si ce que vous dites est vrai, vous devriez savoir que je n’ai qu’une confiance limitée vis-à-vis des adultes.

Vis-à-vis des élèves aussi, d’ailleurs. Mais ce n’était pas le problème du jour. Elle ferma les yeux un bref instant comme pour calmer les paroles cinglantes qui défilaient dans sa tête. Elle savait que cet adulte en face d’elle ne lui voulait aucun mal, mais c’était plus fort qu’elle. L’intense envie de se refermer était plus forte. Eléanor eut alors un sourire navrée.

- Pardonnez-moi Professeur, mais les figures adultes censées me guider, me protéger, me consoler m’ont toujours déçue. Elles aussi disaient me connaître. Pire encore, elles disaient m’aimer. Pourquoi aujourd’hui serait-il différent ?

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*Il se leva à son tour pour contourner son bureau mais n'osa pas s'approcher davantage.*

- Vous avez raison, je ne sais rien de vous, et à la fois j'en sais beaucoup. Votre combat est on ne peut plus honorable et courageux. Mais pour l'instant vous êtes seule. Si vous voulez réussir ce que vous entreprenez il vous faudra apprendre à vous entourer. Je ne parle pas ici de faire confiance à vos cercles, juste d'avoir un carnet d'adresse.

*Il s'arrêta quelques instants*

- Il est vrai que je ne sais rien de votre passé. En revanche je sais que vous êtes à la fois forte et fragile. Et c'est la raison pour laquelle je vous propose mon aide. Mais cela ne vous oblige pas à me faire confiance. Je ne suis pas un adulte Miss Brandstone, ou du moins je ne suis pas que ça. Vous vous engagez dans une lutte au nom de la justice mais vous vous refusez à pardonner ? Je sais ce que ça fait que de se sentir trahit et j'ai conscience que c'est pire encore lorsqu'il s'agit des siens. Mais au sein du Maggenmagot vous vous rendrez vite compte que vous ne pouvez vous permettre de porter de telles généralités. Tous les individus ayant tué une personne ne peuvent être traités pareillement. La justice doit certes être impartiale mais elle doit aussi conserver une notion d'équilibre et … de justice. Condamneriez-vous à la même peine capitale un mangemort ayant commis un meurtre par soif de sang et une femme ayant tué son mari après vingt ans de vie commune, vingt années où chaque jours elle subissait coups et viols incessant ?

*Il fit à nouveau une pause, laissant ses paroles faire leur chemin jusqu'à ton esprit, te laissant par là même le temps de la réflexion.*

- Je ne prendrai pas la défense des adultes. Le monde est hypocrite et à présent les promesses ont tellement perdues en valeur qu'elles ne valent plus rien sans serment inviolable. Mais pour le peu qu'on lui donne une chance, on peut faire en sorte qu'il devienne meilleur. Il existe encore des gens honnêtes Miss Brandstone. Des gens qui croient en leurs idéaux et qui se battent pour eux. Des gens comme vous, ou comme les aurors qui combattent les Ténèbres ou comme d'autres qui préfèrent œuvrer dans l'ombre. C'est vers cette troisième catégorie que je vous conseille de vous tourner. Ils vous apporteront ce que vous rechercher et plus encore, et vous leur serez à votre tour d'une grande aide. A eux vous pourrez leur faire confiance.

*Il poussa un profond soupir, "elles disaient m'aimer", cette dernière phrase faisant écho en lui.*

- Il est impossible de vivre seul et sans amour… croyez-moi, j'ai essayé.

*Il avait presque murmuré la fin de sa phrase. A présent, il regardait le bout de ses chaussures, se donnant quelques instants pour se remettre de cette longue tirade qui avait remué en lui plusieurs souvenirs qui n'étaient pas des plus agréables.*

Elève

Premier devoir de métamorphose.

D’un regard méfiant, elle suivit ses pas, et en recula même d’un par la même occasion. Ses épaules étaient tendues et sa main tenait fermement la sangle de son sac. A l’évocation de son combat, elle fronça ses sourcils, de colère tout d’abord. La cause ? Ils n’étaient que très peu à connaître son projet, à vrai dire ils se comptaient même sur les doigts d’une main. Parmi eux, deux adultes : Mr Gawain Robards et le Professeur Chourave. L’idée que le premier eut demandé à son employé de veiller au grain lui paraissait absurde. Elle n’était qu’une simple élève. En revanche, le professeur Chourave, directrice de sa maison, c’était une autre paire de manches. Après tout, elle avait dû évoquer son avenir pour choisir ses matières, ses options. Il n’était finalement pas étonnant que tous les professeurs connaissent son projet professionnel. Aussi elle dérida quelque peu son visage pour se concentrer davantage sur les propos de son professeur. Concernant le carnet d’adresses, il n’avait pas tort. La suite cependant eut don non seulement de la vexer, mais également de la faire monter sur ses grands chevaux.

- Etes-vous en train de m’enseigner les valeurs de la Justice, Professeur ? Avec tout le respect que je vous dois, vous ignorez tout de ce que je pense, de mes certitudes et de mes fragilités. J’ai lu bien plus d’ouvrages que vous ne le pensez, étudié bien plus de systèmes juridiques et pourtant vous croyez bon de me rappeler que parce que je suis encore à la fleur de l’âge, tous les humains ne se valent pas. Croyez-vous donc que des catégories valent mieux que des généralités ? Est-ce parce que vous êtes à la fois adulte et auror que vous vous montrez aussi suffisant ?

Elle venait de franchir les bornes, mais il était trop tard pour reculer. Même ses yeux trahirent sa gêne soudaine. Les mots lui avaient échappé sans qu’elle ne put les réfléchir ou les taire. Seulement tout lui revenait en tête : les insultes des Serpentards, les insultes des moldus à son égard, les promesses de Gawain Robards, la dépendance de son père, la déception mortelle de sa mère, les coupures de la Gazette mettant en scène Evan Rosier... C'était la goutte de trop. Tant de prétentions autour de sa vie et d’elle-même la mettaient hors d’elle-même. Ses yeux s’embuèrent davantage tandis qu’elle se mordait les lèvres à sang, désormais. Cette haine qu’elle avait au fond d’elle-même, et qu’elle portait depuis la mort de sa mère, était prête à refaire surface.

- Qui vous dit que c’est là ce que je souhaite ? Qui vous dit que je suis entièrement seule ? D’où vous viennent donc toutes ces prétentions à mon encontre, Professeur ? D’où ?! Je sais parfaitement qu’il existen encore des gens honnêtes, ma question était : pourquoi vous, pour quelle raison en feriez-vous partie ? Les raisons de me confier ne manquent pas, je souhaitais juste que vous me disiez pourquoi je pouvais me confier à vous. Je suis une enfant qui a encore beaucoup à apprendre, Professeur, mais tout ce que vous venez de me dire, je l’ai appris à mes dépens depuis longtemps. C’est le b.a.-ba de la justice que de savoir que chaque humain est différent, que chaque cas a sa particularité, et que dans un monde d’égalité et de justice, nous ne pouvons faire de généralités.

A son tour, elle baissa le ton pour terminer. A la différence que son regard était grand ouvert sur l’homme qui venait de prendre pour les autres.

- Quant à la notion de pardon, je crois Monsieur, qu’elle est mienne.

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*Benjy se pinça l'arrête du nez et soupira en fermant les yeux quelques instants. Il venait littéralement de faire sauter la soupape de sécurité pour libérer la pression à l'intérieur. Il t'écouta, sans t'interrompre. Il haussa simplement un sourcil face à ta critique cinglante. Il n'était pas surpris par ta colère, il l'avait senti arriver. Il te regarda droit dans les yeux, tout du long. Il eut un pincement au cœur en voyant tes yeux s'embuer ainsi sans qu'une seule larme ne franchissent le seuil de tes paupières. Il s'approcha alors, doucement pour ne pas effrayé l'animal blessé qu'il voyait en toi. Il ne parvenait pas à t'en vouloir. Il ne pouvait te mettre une retenue pour insolence comme certains de ses collègues auraient pu le faire. Il voyait en cet excès de colère un appel de détresse. Et c'est ce qui lui avait valu de s'attirer les foudres de Maugrey. Lorsque tous deux regardaient un être humain, ils n'y voyaient pas la même chose, sans que pour autant une vision soit plus juste que l'autre. Il avançait toujours vers toi, d'une démarche mêlant douceur et détermination. L'instant d'après, sans qu'il est vraiment réfléchi à ce qu'il faisait, tu étais dans ses bras. Une main enserrait ton dos, l'autre passait derrière ton épaule pour venir envelopper ta tête. Parfois, les gestes plus que les mots permettent d'exprimer ce que l'on ressent vraiment. Il n'y avait rien d'étrange dans ce câlin, rien d'ambigu. Juste du réconfort. Il te montrait qu'il était là, comme il te l'avait dit plus tôt mais sans vraiment y réussir.
Il resta ainsi, sans bouger, sentant ta respiration s'apaiser contre son torse. Lorsqu'il sentit tes bras glisser dans son dos, il te relâcha et fit un pas en arrière.*

- Mon intention n'était pas de vous sermonner. Et si je m'en réfère à votre discours, ce n'est certes pas celui d'une personne à la fleur de l'âge. Ce n'est pas à moi de vous dire que je suis honnête. Mais bien à vous de vous faire votre opinion sur mon compte. Chaque fois qu'une personne m'a dit que je pouvais lui faire confiance, ça n'a fait qu'éveiller ma méfiance envers elle. Et … j'avais peur qu'il en soit de même pour vous... Vous avez raison, je ne peux deviner vos pensées. Et je n'ai pas su comprendre ce dont vous aviez besoin. J'en suis désolé.

*Il poussa un soupir et passa sa main derrière sa nuque.*

- Vous pouvez vous confier à moi parce que j'ai les moyens de vous aider, parce que je me suis engagé dans une lutte semblable à la votre. Mais vous avez aussi raison de vous méfier parce que vous ne savez rien de moi. Je suis professeur à Poudlard et auror, certes. Mais cela ne vous garantie en rien que je sois emplein de bonnes intentions… ça n'a pas de sens, je ne sais pas me vendre. En revanche …

*Il partit à la fenêtre, regarda dehors quelques temps avant de se lancer.*

- J'avais une amie très chère qui m'avait beaucoup aidé alors que j'étais encore étudiant ici. Nous sommes restés très proche, elle était la sœur que je n'avais jamais eu. Elle s'est mariée, elle était heureuse. Avec les amis de son mari, nous formions une sorte de grande famille. Mais l'un d'eux, celui que son mari considérait comme son frère l'a trahit. Cette trahison a signé leur arrêt de mort, à ma presque sœur et à son mari.

*Il se retourna vers toi, un éclair de tristesse traversa son regard*

- La raison pour laquelle je me bat chaque jour depuis sa mort c'est celle là. Je ne cherche pas à la venger, je veux juste que ce type de trahison ne puisse plus se produire. Elle se battait pour un monde meilleur, un monde sans peur. Alors pour honorer sa mémoire, et parce que c'est ce qui me maintient en vie, chaque jour j'allume une bougie afin de chasser l'obscurité.

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Elle était immobile, paralysée par la colère qu’elle venait de déverser. Elle attendait la sentence, la sanction qu’elle savait parfaitement mériter. Eléanor n’avait que trop tendance à oublier sa place d’élèves dès qu’elle se sentait atteinte. Un défaut dont elle avait conscience, mais qu’elle peinait à rectifier. Voir son professeur approcher ainsi, si près, fit naître un mouvement de panique en elle. Seulement ses pieds, eux, étaient bien ancrés dans le sol. Ni dérobade ni échappatoire possible. Rien que des bras rassurants venus l’entourer. Elle chercha à mobiliser toute sa volonté pour se reculer, fuir cette étreinte « forcée ». Il n’y eut cependant aucun mouvement. Tout son être était figé. Depuis combien d’années quelqu’un ne l’avait-il pas prise dans ses bras ? L’avait-on jamais étreinte depuis qu’elle se savait sorcière ? Son sac heurta le sol et y resta tandis qu’elle venait enserrer cette étreinte réconforte. Le cœur d’Eléanor battait fort, à un rythme effréné. Les souvenirs de son enfance défilaient devant ses yeux. La magie l’avait privée de l’enlacement parental et pour la première fois, elle en ressentait toutes les conséquences. Elle dût faire un effort surhumain pour ne pas laisser ses jambes céder au chagrin et à la fatalité. Si bien que pour la première fois depuis de longues années, elle laissa aller ses larmes, silencieusement. Quelle honte pour celle qui s’était forgée une carapace massive, qui s’échappait dans les bras de la justice rien que pour conjurer son propre malheur. Mais elle ne pouvait soutenir ses émotions plus longtemps. La soupape de sécurité avait explosé et c’était pour le mieux. Eléanor resta agrippée à son professeur de très longues minutes tant elle cherchait à y déverser ton son soûl. Sa respiration finit par reprendre à un rythme normal et elle commença à rompre l’étreinte, le visage rougi, le masque tombé. Ses yeux n’exprimaient plus la colère mais l’innocence qui lui avait tant manqué ces dernières années.

- C’est à moi de m’excuser Professeur. J’ai outrepassé ma place d’élève et je crains que vous n’ayez pris pour les autres. Il est difficile de savoir à qui se fier aujourd’hui. La personne la plus honnête n’est pas toujours celle qu’on pense ni celle qui semble l’être.

Elle essuya le restant des larmes avec la manche de sa robe de sorcière et tenta un sourire qui se voulait rassurant. Elle était sincèrement navrée de ce qui venait de se produire. Les paroles de son Professeur lui apparaissaient sincères. Il n’avait pas mérité ce qu’elle venait de lui infliger. Eléanor allait s’en expliquer mais préféra se taire par respect et écouter.
L’histoire la toucha et lui donna l’impression d’être une confidence, un partage qui lui était par-dessus tout destiné. Eléanor ne fit pas le rapprochement avec l’histoire des Potter, l’Elu était à des années lumières de ses pensées. En revanche, elle voulait se montrer digne de ce qu’elle venait d’apprendre. Elle s’avança comme pour amorcer une véritable réconciliation et prit finalement la parole, sa voix chevrotant encore un peu sous l’émotion passée.

- Vous savez parfaitement vous vendre, Professeur, vos paroles respirent l’honnêteté. Une personne sincère est plus digne de confiance que n’importe qui se prétendant bon ou mauvais. Je suis désolée pour votre perte. Je …

Elle prit une grande inspiration en préparation de ses aveux. Donnant-donnant.

- Comme tout le monde le sait dans ce château, je suis une née-moldue. La découverte de la magie m’a pris tout ce que j’avais. J’ignorais ce que j’étais quand un après-midi, tandis que j’avais huit ans, j’ai voulu secourir mon camarade de classe. Je voyais mon ami, celui auquel j’étais tant attaché, se faire frapper de tous les côtés pour la seule raison qu’il savait dessiner. Alors quelque chose en moi s’est produit et je les ai transformés en rats. J’ai alors vu les regards se tourner vers moi, horrifiés. Le sien était perdu, sous le choc. Les gens du Ministère sont arrivés et les concernés ont subi des oubliettes, seulement le mal était fait et la poudre dans notre village s’est répandue. Mes parents si aimant cherchèrent à me protéger mais eux-mêmes pensaient avoir à faire avec un monstre. Comme s’ils ne m’avaient jamais vus auparavant. Je ne suis jamais retournée à l’Ecole, je n’ai jamais revu mon ami d’enfance, mon père a commencé à fuir la maison, ma mère à noyer son chagrin dans l’alcool jusqu’à ce que le cancer l’emporte. Poudlard n’a été qu’un demi-refuge. Mes vacances se résumaient à passer le temps dans les Highlands. Tout ça à cause de la peur de l’autre, la peur de l’inconnu et personne n’a rien fait pour changer ça. Personne. Je veux me battre pour unir les deux mondes, Professeur, c’est là mon seul et unique souhait.

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*Il quitta la fenêtre pour revenir vers toi et s'appuya sur son bureau en croisant les bras. Il amorça un geste de la main pour te stopper dans tes excuses puis t'écouta attentivement. Comme il le pensait, sa confidence avait été la clé pour gagner ta confiance. Mais il ne s'attendait pas à ce que tu lui racontes un moment de ta vie. A la fin de ton récit, il avait le souffle coupé. A toi, comme à Harry, la vie ne vous avez pas fait de cadeau. Vous étiez devenus des adultes avant même d'avoir vécu pleinement l'innocence de l'enfance. Il prit garde à ce qu'il n'y ait aucune trace de pitié dans son regard car il se doutait bien que c'était la dernière chose que tu avais besoin d'y voir.
Il hocha la tête, il n'y avait rien à dire. La politesse aurait voulu qu'il dise "toutes mes condoléances" ou encore "je suis sincèrement désolé". mais ces phrases avaient tellement été répétées qu'elles en étaient usée jusqu'à la moëlle. Elles paraissaient de simples coquilles vides dénuées de sens là où la personne avait justement besoin de matière. Alors, pour te soulager de cette peine qui ne te quitterait jamais, il préféra dévier la conversation.*

- Et que s'est-il passé hier qui vous tracasse suffisamment pour vous priver de sommeil ?

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Ce récit-là, elle ne l’avait partagé qu’une ou deux fois, pas plus. Elle n’aimait pas s’étendre dessus. Le passé était révolu et personne ne pouvait plus rien y faire. Volontairement, elle avait fait abstraction de certains détails comme le combat perpétuel entre son père et elle, notamment pour éviter tout sentiment de pitié ou de compassion. Certaines choses se devaient de rester personnelles.
Une fatigue soudaine la prit alors. Les larmes, la colère et la vérité lui avaient volé une bonne quantité d’énergie. Ses jambes menaçaient de céder à tout moment, aussi décida-t-elle de regagner la chaise en face du bureau. Ses mains tremblaient, même une fois aplaties sur ses genoux. Eléanor sentait bien que son récit avait éclairé son professeur sur sa condition, pire encore qu’il avait suscité un changement d’attitude. Enfin il pourrait se vanter de la connaître un minimum. Tous deux savaient désormais la raison pour laquelle ils se battaient dans un même camp. La Poufsouffle soupira et leva son regard vers son Professeur. C’était comme si tous deux avaient quitté la salle de classe pour une conversation plus sérieuse et intime. Si un élève frappait contre cette porte ou tout simplement la franchissait, le charme serait rompu, tout comme le lien naissant. Eléanor eut un faible sourire au renouvellement de la question : elle n’y échapperait pas. Mais pour cette fois, elle était prête à y répondre en toute honnêteté.

- Ce n’est pas qu’hier pour tout vous dire. Mais il est vrai qu’hier a été un jour un peu plus différent que les autres. Nous avions notre sortie à Pré-au-Lard, hier. J’ai été suivie par quatre serpentards. Bien sûr, cela ne pouvait que tourner au duel. Ils m’ont insultée de Sang-de-bourbe, insulte courante de nos jours. J’ai bien vu qu’ils n’en démordraient pas. Heureusement pour moi, un Serdaigle est venu à mon secours et l’épisode s’est soldé sur leur échec. Il n’empêche que ce genre d’attaque est devenu monnaie courante ces dernières semaines. Comme si les articles de la Gazette les exaltaient. Je n’ai pas peur d’eux, Professeur, mais j’ai peur que cette haine se répande.

Elle eut un long soupir et termina sa réponse sur ce qui lui tenait vraiment à cœur.

- Evan Rosier apparaît régulièrement dans mes rêves. J’ai l’impression d’entendre ses discours comme si je les vivais. Son verbe est parfait mais tellement odieux, il alimente les craintes, nourri les idéologies raciales… Je rêve que d’une chose : avoir l’âge suffisant pour lui répondre et rétablir la vérité. Le monde des moldus, autrement dit mon monde et tous ceux que j’ai connus sont en danger, Professeur, et cela m’obsède au point de ne pas pouvoir trouver le sommeil. Chaque jour je prie pour ne pas lire le nom de mon père ou de mes anciens camarades, mais chaque nom nouveau cité par la Gazette me fait du mal...

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*Il remarqua ta baise d'énergie et jeta un regard circulaire à la salle dans l'espoir d'y trouver quelque chose à grignoter. Il regretta de ne pas être dans son bureau, tu avais bien besoin de t'asseoir dans un fauteuil plus confortable que cette chaise et un petit chocolat t'aiderait à retrouver des couleurs. Il aurait pu utiliser la magie pour faire apparaître des fauteuils ou appeler un elfe afin qu'il leur ramène un plateau mais dans les deux cas ça aurait brisé l'instant. Et puis lorsqu'il utilisait ainsi la magie il avait toujours l'impression de se donner en spectacle, chose qu'il détestait par-dessus tout. Quand à l'elfe, il n'appréciait pas non plus de se faire servir. Il se contenta donc de tirer une chaise pour venir s'asseoir à côté de toi. Il voulut te prendre la main, mais se résorba au dernier moment, se souvenant juste à temps que les siennes étaient glacées, comme toujours. Il les frotta l'une contre l'autre pour les réchauffer avant de réitérer son geste. Doucement, il enveloppa ta main des deux siennes, pour que tu en oublies leurs tremblements.

C'est étrange de constater comment les choses peuvent basculer aussi rapidement. En te voyant entrer dans la salle tout à l'heure, jamais il n'aurait pensé que vous échangeriez des confidences, créant un lien si particulier aussi "facilement". Les relations entre humains était quelque chose qui l'avait toujours fasciné, mais tout avait pris encore plus d'ampleur une fois qu'il était redevenu humain. Sous la forme d'arbre, cet interaction lui avait manqué. Enfin, en quelque sorte. Il avait pu ressentir la vie autour de lui, les animaux sur ses branches, ou se nichant entre ses racines. Mais il n'était que spectateur. Quand aux autres arbres, il n'avait eu que trop peu de temps. La simple compréhension des mécanismes internes de l'arbre lui en avait demandé beaucoup, et il n'était même pas sûr d'être allé jusqu'au bout des choses.

Il te regarda, c'est vrai que tu étais jeune. Les autres de l'Ordre, en particulier Mme Weasley, refusaient systématiquement de mettre au courant ceux qu'ils considéraient comme des enfants. Seulement, même si certes, ils n'étaient pas encore des adultes, ils n'étaient pas non plus des adolescents immatures. La vie les avait fait grandir plus vite que d'ordinaire, les obligeants à assumer des responsabilités qui n'auraient jamais dues peser sur leurs épaules. Malheureusement, on ne peut défaire ce qui a été fait. Ces jeunes avaient été enrôlés dans le combat, et ne pourraient s'en défaire, quoiqu'en pense les adultes. Après tout, il avait ton âge lorsqu'il s'est enrôlé dans l'Ordre du Phénix, c'était juste à sa sortie de Poudlard. Et à cette époque ils avaient été considérés en adultes. Des images lui revinrent en mémoire, il se remémora la photo qu'ils avaient prise au tout début. Puis les portraits de tous ceux morts ou torturés peu de temps après défilèrent devant ses yeux. Un frisson le parcourut tout entier, lui donnant la chair de poule. Oui, ils étaient jeunes, ils avaient la vie devant eux mais la mort était venue leur barrer la route. Il poussa un soupir. Mais s'ils étaient écartés du combat, en particulier le jeune Harry et ses amis, Voldemort ne pourra être vaincu. Et alors, la mort viendra les faucher, parfois même jusqu'au berceau. Son pouvoir s'étend et plus on attend, plus il grandit. Personne n'a le choix ici, il faut se battre ou mourir.

Benjy sortit de ses pensées en entendant ton explication*

- Nous avons tous peur pour nos proches Mademoiselle. Mais laisser cette peur nous dévorer de l'intérieur au point de nous priver de sommeil n'est pas une solution. Elle va entraver vos pas, et ne fera que vous empêcher de les protéger. Vous serez plus faible et donc moins apte à vous attaquer à Rosier. Les Mangemorts et les gens comme lui pensent que c'est une force qu'ils possèdent contre nous. Ils considèrent notre amour pour nos proches comme notre plus grande faiblesse. Mais ils se trompent. L'amour c'est justement ce qui fait notre force. C'est la raison pour laquelle nous nous battons tous les jours tandis qu'eux ne sont motivés que par le pouvoir. Ils sont cupides et égoïste. Et alors que nous nous unissons, eux se tirent dans les pattes. C'est là leur point de faiblesse, et c'est quelque chose qu'il nous faut exploiter. L'heure où il faudra vous battre verbalement contre Rosier arrivera bien plus vite que vous ne le pensez. En attendant, c'est en vous préparant chaque jour à se combat comme vous le faites que vous gagner du terrain sur lui. Sans vraiment le savoir, vous êtes déjà en train de le battre. Car même s'il a de l'expérience et il faut le dire, du talent dans son domaine, il ignore encore tout de votre existence et ne s'attend pas à rencontrer de la résistance.

*Il observa un moment de silence, repensant au reste de tes propos.*

- Malheureusement, je n'ai pas encore trouvé la réponse au harcèlement. Il faut en parler, c'est un fait. Mais ... je ne crois pas qu'une intervention d'un adulte après coup puisse faire autre chose que de vous mettre plus encore dans leur ligne de mire ...

*Soudain, une idée lui traversa l'esprit et il se leva pour se diriger vers une armoire. Il en sortit deux perles d'eau d'une couleur fascinante. Il les observa quelques instants puis se tint dos à toi et murmura des formules magiques. Quelques instants plus tard, il revint vers toi, un petit sourire aux lèvres devant ton regard empli de curiosité.*

- J'ai peut-être une idée, à vous de me dire si elle vous plaît ou non. Empêcher la haine de se répandre est une tâche longue et difficile. Pour autant, il est impensable de ne pas l'entreprendre. Je vais chercher de mon côté et peut-être en toucher un mot à Dumbledore, il a toujours de sages paroles.
Dans l'immédiat, vous avez raison, la violence ne peut être un remède à la haine. Vous dites que ça devient récurrent, et même si les Serpentards ne vous font pas peur, vous n'aurez pas toujours la chance de recevoir une aide extérieure. *il en savait quelque chose à ce sujet* Sans vouloir être de mauvais augure, si vous les avez mis en déroute ils risquent de recommencer en frappant plus fort afin de se venger. Je ... Je suis contre la violence également. Voici ce que je vous propose. *Il ouvrit sa main dans laquelle se trouvait un fin ruban, serti de la perle d'eau.* Savez-vous ce que c'est ? *Face à ta réponse négative, il poursuivit.* C'est une perle d'eau, elle permet de transmettre des messages simples basés sur les émotions. La prochaine fois que les Serpentards viennent et que vous sentez que ça va tourner au duel, la perle va ressentir votre accélération cardiaque. Si vous la touchez, la mienne deviendra glacée et je saurais que vous avez des ennuis. Bien sûr vous n'êtes pas obligée d'accepter. Mais si je les surprends en plein délit, je pourrais au moins les mettre en retenu et ainsi ils ne se sentiront plus intouchable. C'est à vous de voir. Sachez que je comprendrai parfaitement que vous refusiez et ne vous en tiendrai nullement rigueur. J'ai eu cette idée, je vous la soumet, à vous de me donner votre avis.

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Eléanor n’avait pu nier plus longtemps son besoin de se confier, de se reposer sur une épaule solide. Elle avait besoin d’extérioriser, de vider tout ce qu’elle avait sur le cœur. Ce lien si « facile » n’aurait jamais pu être sans la sincérité et le désarroi qu’elle avait sentis dans la confession de son Professeur. Il y avait quelque chose de différent en lui. La Poufsouffle ressentait beaucoup de pureté chez l’auror et cela apaisait ses doutes, ses craintes. Elle était pourtant loin de s’imaginer ce qu’il avait vécu. Peut-être en aurait-elle été effrayée. Une telle transformation devait demander une énergie magique considérable. Elle en aurait été intimidée, assurément, bien plus que maintenant. Maintenant, rien ne comptait plus que la main qui lui était tendue. Eléanor ne pouvait plus se permettre de décliner.
Silencieuse, elle écoutait chacune des paroles de l’auror. Elle se gardait bien de le dire, mais elle aussi considérait l’amour comme une potentielle faiblesse. L’amour avait conduit sa mère au trépas et chaque personne qu’on s’autorisait à aimer était une personne qu’on prenait le risque de perdre. Toutefois comment pouvait-elle le contredire alors qu’elle ne connaissait pas l’amour, ses effets, sa force ou ses conséquences positives comme négatives. Quant à Rosier, quand bien même elle avait l’envie indescriptible de lui tenir tête, elle voyait difficilement comment y parvenir. Lucide, elle savait que sa trop grande jeunesse n’avait aucune chance face à lui. Lui opposer de la résistance ? Elle aimerait bien. Mais qui écouterait une enfant de dix-huit ans ? Le Professeur Dumbledore exclu, bien sûr. Il était bien le seul homme à sa connaissance qui accordait de l’attention à toute parole, indépendamment de son interlocuteur. Eléanor soupira profondément tandis qu’elle serrait les mains qu’on lui avait offertes, avec force. Ses yeux bleus plongèrent dans ceux de son Professeur et elle répliqua.

- Je ne suis pas certaine de ce que vous avancez, Professeur. Vous m’avez dit de ne pas généraliser mais vous faites de même à propos des mangemorts, de l’amour … Je crois que les choses sont bien plus complexes. Croyez-vous qu’une idéologie aussi cruelle soit-elle nous empêche d’aimer ? Je vous accorde que « Vous savez-qui » ne donne pas l’impression de pouvoir aimer (Elle eut un petit rictus désabusé), mais ces disciples ? Ils sont nombreux, vous le savez mieux que personne, et parmi toute cette foule, pensez-vous réellement qu’aucun n’a aimé ou aime encore ? Vous devez me prendre pour une fille naïve et je vous avoue que je ne sais plus quoi penser. Dites-moi, Professeur, pensez-vous réellement que l’amour ne peut être qu’une force ? On ne peut nier qu’il est aussi faiblesse. La mort de l’aimé, quel qu’il soit, peut-on toujours nous en relever ? Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’espoir, que nous n’avons pas nos propres forces, je … Peut-être qu’ils cherchent tous le pouvoir, tous à nous soumettre ou à nous détruire, mais si c’est réellement leurs motivations, alors cette guerre est encore plus effrayante que ce qu’elle laisse paraître.

Elle se tut un bref instant avant de reprendre, un léger tremblement dans la voix.

- Vous pensez qu’il en est de même pour les Serpentards ? Ou du moins ceux qui cherchent à nous persécuter ? Un possible manque d’amour peut-il les excuser ?

Elle lâcha les mains de son Professeur pour prendre sa tête entre ses mains.

- Je ne comprends pas comment on peut accorder un tel pouvoir à l’amour. Qu’est-ce que l’amour, Professeur ? Pourquoi parle-t-on de lui comme une force ? Comment peut-on aimer dans un tel contexte ?

Que son Professeur se lève aussi brusquement la surprit. Ses yeux se posèrent sur lui dans un regard interrogateur tandis qu'il commençait à se justifier.

- Où voulez-vous en venir, Professeur ?

Elle fronça de plus en plus les sourcils au fil des paroles de l’auror. Des perles ? Plus les explications défilaient, plus l’élève était pensive. Pouvait-elle accepter un tel présent ? N’était-ce pas du favoritisme ou de l’injustice vis-à-vis des autres élèves nés-moldus ? D’un autre côté, plus les Serpentards se feraient prendre, moins ils auraient la possibilité de s’en prendre à ses camarades. Eléanor tendit la main, frôla le présent et la retira aussitôt. Elle ne savait quoi répondre. Cela la gênait profondément en réalité. Elle aimait se débrouiller seule, sans rien devoir à personne. Mais il n’avait pas tort, Kevin ne serait pas toujours dans les parages pour la protéger ou la secourir. Les circonstances ne seraient pas toujours en sa faveur. L’élève prit une grande inspiration et tendit son poignet, à contrecoeur.

- J’accepte. Après tout, si ce test se révèle fructueux, peut-être que l’on pourra davantage aider les nés-moldus en danger. Mais je refuse que l’on me favorise, Professeur. Je n’ai demandé qu’à ce qu’on m’écoute, pas qu’on me défende. De plus jeunes années ont davantage besoin de vous.

Elle baissa quelque peu la tête pour murmurer.

- Toutefois je vous remercie …

L’utiliserait-elle le Jour-J ? Rien n’était sûr. Il lui faudrait encore réfléchir à tête reposée sur ce que cela représentait et signifiait…

Codage par Libella sur Graphiorum

*Alors que tu le questionnais sur l'amour, il pensa inévitablement à Quinn. A sa menace de le tuer lors de leur prochaine rencontre. Et ce n'était certainement pas des menaces en l'air. La jeune fille en elle avait aimé, ça n'en faisait pas de doute mais cet amour avait été brisé. Benjy avait eut l'espoir qu'éprouver à nouveau l'amour puisse la sauver, comme cela l'avait sauvé lui même si à l'époque il ne s'agissait pas du même. Il jeta un regard attristé vers sa fleur de lys avant de te regarder à nouveau.*

- Vous avez raison de croire que l'amour peut aussi être une faiblesse. Parfois, il nous berce d'illusion ou nous rend aveugle à la réalité. Dans les faits on voit les choses, mais on refuse tout bonnement de les accepter. En ce qui concerne les mangemorts ... je ne crois pas que ça les empêche d'aimer. Toutefois, le moment venu, s'ils doivent choisir entre leur amour et leur idéologie, j'ai bien peur que ce ne soit la deuxième qui soit privilégiée. Bien sûr, je dis cela en parlant d'un amour excluant l'amour filial. Oh je ne dis pas qu'ils sont complétement dénués d'amour, après tout, malgré leurs actes, ils restent des êtres humains comme nous.

*Lorsque tu lui parlas de la perte de l'être aimé, il releva son regard sur toi, cherchant à capter toute ton attention.*

- Aussi dur à vivre que puisse être une perte, je crois en le fait que nous avons chacun notre baluchon avec tous les fardeaux et autres épreuves qui surviennent dans notre vie. Et ... chacun porte le sien. Il a été fait en connaissance de ce que nous serions capable de porter. Et parfois, lorsqu'on se sent seul et perdu, un ami arrive pour nous aider un peu, alléger le poids l'espace d'un instant. Il ne faut pas voir la mort comme une fatalité, jamais. Si tous les humains la percevaient ainsi, il n'y en aurait plus aucun sur terre.

*Il fit une petite pause et réfléchit à la question suivante*

- L'excuse et le pardon ce n'est pas à moi de le leur donner, mais à vous. Je crois que personne n'agit sans raison que ce soit en bien ou en mauvais. Mais c'est mon opinion personnelle et je sais que beaucoup ne la partage pas.

*Il sourit doucement*

- Personne je crois n'est capable de répondre à une telle question. Il faut être bien sot pour croire que l'on sait tout de l'amour. Il est partout et c'est la raison pour laquelle on ne peut l'expliquer clairement. Il est présent dans l'amitié mais aussi dans chaque geste de bonté, y compris envers un inconnu. Pour ce qui est de l'Amour avec un grand A, celui que l'on ressent pour notre "âme soeur" selon certain et bien ... je pense être aussi ignorant que vous sur ce sujet. C'est une force pour ceux qui n'ont plus le courage de se battre pour eux. Dans une situation plus concrète, c'est ce qui va vous donnez de l'adrénaline. Si par exemple en plein combat vous êtes à terre, que vous sentez vos forces vous quittez et n'avez plus le courage de vous relever. C'est alors que non loin de vous, vous voyez un être cher en difficulté. Vouloir l'aider, ou peut être même le sauver va vous donner la force physique de vous relever pour agir.

*Il sourit en nouant le ruban autour de ton poignet.*

- Ce n'est pas du favoritisme, c'est plutôt une responsabilité. J'aimerai pouvoir compter sur vous pour mettre un terme à tout ça. Les jeunes années n'auront pas forcément le courage d'aller en parler à quelqu'un, par peur de représailles ou parce qu'ils ne sauront pas vers qui se tourner. Vous observez beaucoup, et peu de choses vous échappent. Je compte sur vous pour m'envoyer les autres né-moldus qui se sentent menacé ou pour m'appeler lorsque vous assistez à une scène de harcèlement.

Elève

Premier devoir de métamorphose.

Elle écouta tout du long sans jamais l’interrompre, silencieuse et bonne élève. Tout ce qu’elle entendait lui paraissait confus, théorique et loin de la réalité. Mais qui était-elle pour en juger ? L’amour, à bien des égards, lui apparaissait comme surfait. Les paroles de son professeur ne l’aidèrent pas à penser le contraire. La cause en était fort simple : elle percevait l’espoir en ces mots, un optimisme qui la fit reculer. Dans cette guerre, elle peinait à comprendre comment l’on pouvait être optimiste, alors que tout dehors, lui semblait insaisissable, fatal peut-être. Eléanor ne cherchait pas l’espoir, elle voulait la vérité, comprendre enfin. Les mots de son professeur étaient sages, c’était sa seule certitude, mais n’étaient-ils pas trop sages ? Aussi inexpérimenté qu’elle … Comment était-ce possible ? Pour quelle raison cet homme ne connaissait-il pas l’amour ? N’avait-il donc aucune vie de famille ? Mais Eléanor chassa aussitôt ces questions indiscrètes de son esprit. Elle retint un long soupir. Elle divaguait. Remettre en question les dires de son professeur ? Pour qui se prenait-elle donc ?
Heureusement pour elle, quelqu’un frappa à la porte, et elle se leva d’un bond, comme prise sur le fait. Gênée, Eléanor hocha rapidement la tête devant le présent et dit d’une voix rapide.

- Vous pouvez compter sur moi, Professeur. Je serai vigilante et à l’affut de la moindre injustice.

Elle ramassa son sac, prête à partir comme une voleuse. La Poufsouffle s’arrêta cependant et se tourna vers son professeur.

- Vous avez une bien belle vision de l’amour, Professeur. Je vous remercie d’avoir fait preuve d’honnêteté. L’humanité peut encore nous surprendre, vous avez raison.

Pour le meilleur et pour le pire. Cependant elle garda cette pensée pour elle, comme elle garda silencieuse sa propre vision des choses. Elle en avait assez dit et même trop dit. L’élève frappa de nouveau à la porte et Eléanor, dans un sourire respectueux, prit congé, en s’inclinant bien bas.

- Je tâcherai de réfléchir à vos paroles, Monsieur. Pardonnez-moi d’avoir pris autant de votre temps. Bonne fin de journée, Professeur.

Et la Poufsouffle céda sa place, soudainement épuisée. Elle savait avec qui partager méditer les paroles reçues. Ses pas prirent la direction de l’infirmerie, non sans un regard derrière elle avant de se poser sur la perle. Que venait-il donc de se passer ?

Codage par Libella sur Graphiorum

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