[Quinn & Hestia] Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force.

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Quinn & Hestia

Le bureau d'Hestia était parfaitement ordonné. Même les missives qu'elle recevait régulièrement et qui l'informaient des divers événements plus ou moins catastrophiques au Royaume-Uni étaient lissés, alignés et empilés sur son bureau, sans qu'aucun ne dépasse. Pour autant, ce n'était pas par souci de propreté ou par maniaquerie que l'auror se trouvait à présent dans cet environnement d'ordre et de netteté. Mais bien car ses pensées étaient trop occupées pour qu'elle ne puisse réellement se mettre à écrire ce rapport interminable sur l'approche infructueuse d'un sorcier qui avait bu trop de Whisky Pur Feu et s'autoproclamait mangemort à qui voulait bien l'entendre, le soir précédent. C'est pourquoi son corps tentait malgré tout de se focaliser sur autre chose que le mage noir qu'elle désirait plus que jamais voir intégrer les cellules d'Azkaban, et dirigeait inconsciemment ses mains à remettre en place tout ce qui dépassait sur son bureau et aurait pu rompre cette espèce de rêverie dans laquelle elle s'était plongée. Une rêverie où le sourire arrogant de Rosier s'effaçait dès lors qu'un détraqueur s'approchait pour lui délivrer son fameux baiser. Cette pensée lui arracha un rictus amusé, mais elle fut forcée de s'en affranchir dès lors qu'un des hiboux du ministère lui apporta une nouvelle missive.

Elle saisit le bout de parchemin de ses doigts blancs et fins, et entama la lecture en se redressant dans son fauteuil. Ses sourcils se froncèrent d'abord, puis se haussèrent de plus en plus tout au long de sa lecture. Elle froissa le parchemin dans son poing quand elle eut fini. Ainsi donc, les mangemorts, du moins les présumés mangemorts, se réveillaient et se mettaient à commettre des homicides à la vue de tous. Hestia soupira. Par chance, Quinn Selwyn avait déjà était capturée par le jeune Wilkes, auquel elle se promit de rendre une petite visite par la suite, et était gardée dans une des salles d'interrogation par trois hommes du département de la justice magique. L'auror se releva et quitta son bureau qu'elle scella d'un sort avant de rejoindre la salle en question.

Elle ouvrit la porte et fut accueillie par la pénombre surprenante de la pièce. Ses yeux clairs se posèrent sur la femme qu'elle s'apprêtait à envoyer à Azkaban, les pupilles dilatées par ce changement de luminosité. La criminelle avait été assise face à une table de bois. Hestia s'assit de l'autre côté de la table, sur une chaise similaire, et détailla sa future interlocutrice avec une certaine curiosité. Bien qu'elle ait déjà entendu le nom, la femme n'avait jusque là pas agi aussi sottement et n'avait donc jamais dépassé le rang de "Mangemort suspecté" dans les dossiers du ministère. L'auror eut un rictus, et posa une pile de parchemins sur la table, à égale distance des deux femmes.

- Les preuves contenues dans ce dossier vous mettent en fâcheuse position, j'espère que vous en avez conscience, entama-t-elle d'une voix professionnelle et posée.

Elle planta son regard clair dans celui, nettement plus sombre, de l'inculpée et reprit :

- J'aimerais entendre votre version des faits.

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Elle était calme, même très calme. Enfin ce n'était là qu'une apparence. A l'intérieur elle bouillonnait, ne rêvant que d'étrangler Saint-Orcus. Son piège avait été bien ficelé, à deux-trois détails près. De ces détails, elle comptait bien en jouer. Quinn lui avait promis une revanche. Alors revanche il y aurait. Elle n'espérait qu'une chose : que l'individu franchissant cette porte pour l'interroger, ne soit pas Benjy Fenwick. Il était encore trop tôt pour le confronter à une telle réalité. Pourtant, elle aurait pu mettre fin à sa carrière là, maintenant, tout de suite. Mais la mangemort n'en ferait rien, ce n'était pas là son but principal. Son heure viendra plus tard, un jour ou l'autre. Non, aujourd'hui les glas de la vengeance allaient résonner et faire exploser le nom d'Orcus Wilkes. C'était cette douce et délicate idée qui la faisait tenir. C'était à elle-seule qu'elle se raccrochait pour ne pas penser aux détraqueurs. Certes, ils commençaient à rejoindre leur Maître, mais ces créatures étaient suffisamment voraces pour ne pas respecter au pied de la lettre les ordres. Un désagréable frisson la parcourut. Une part d'elle était terrifiée.

La porte s'ouvrit, mais elle ne fit pas le moindre mouvement. Ce ne fut que lorsque Jones apparut sous son oeil, qu'elle daigna la regarder. Quinn l'observa avec attention. Elle connaissait ce visage si doux, ce regard si pur. La mangemort plongea dans ses souvenirs, les remonta un à un pour retrouver le prénom de l'auror. Et là ... la victoire ! Elle se souvint. La copine de Rosier. Par intelligence, elle ravala son sourire moqueur.

- Je me lèverais bien pour vous saluer, mais je suis quelque peu empêchée.

Son ton était à la limite de l'amusement. Bien entendu qu'elle se savait en très mauvaise position, raison pour laquelle elle ne comptait pas spécialement mentir. Pourquoi faire ? Après tout, il n'y avait qu'à relever sa manche pour trouver sa marque et discréditer ses propos. Elle ne mentirait pas mais au contraire, s'en montrerait fière.

- Je vous en prie, asseyez-vous Miss Jones. Prenez donc un verre d'eau, vous en aurez besoin.

Insolence, à moitié. Quinn était bien heureuse qu'on lui demandât sa version des faits. Elle ignorait tout du dossier face à elle, mais connaissant Wilkes, elle en avait une petite idée.

- Avec grand plaisir. Mais avant de commencer mon récit, j'ai deux questions pour vous. Répondez-y et je vous rendrai la pareille. Est-ce suffisamment juste pour vous ?

Naturellement, elle appuya sur le mot juste. Et sans attendre l'aval, qu'elle n'était pas sûre d'avoir, elle posa ses questions.

- Premièrement, mes animaux sont-ils en sécurité ou les a-t-il fait brûler avec le reste de ma boutique ? Deuxièmement, j'ignorais que la justice magique non seulement envoyait des fils de mangemort pour faire leur travail mais en plus bafouait le système par pur esprit de vengeance. Est-ce courant de violer les propriétés privées sans aucun mandat ? N'est-ce pas une atteinte aux droits sorciers ? Venant d'un membre du ministère, cela ne fait pas très exemplaire, vous ne croyez pas ?

Elle fit une brève pause pour ne pas être coupée.

- Conformément à mes droits, je souhaite porter plainte contre Orcus Wilkes.

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Quinn & Hestia

Au cours de plusieurs années d'interrogatoires et d'arrestations, Hestia avait vu défiler de nombreuses fortes têtes, plus ou moins subtiles dans leur manque de collaboration. Ainsi le monologue de la Mangemort la laissa froide, si ce n'est lassée. Avec un visage fermé et un regard dur, elle continua de fixer la femme tandis qu'elle écoutait attentivement ses paroles. Après tout, chaque mot pouvait être retenu contre la criminelle, et plus elle se dévoilait, mieux c'était. Vers la fin des litanies de Selwyn, l'auror affichait un rictus qui peinait à masquer son mépris pour l'être qui se trouvait face à elle. Après de longues minutes à détailler froidement le visage pourtant gracieux de la détenue, Hestia porta finalement son attention sur son propre index, occupé à tracer avec attention des cercles sur le bois de la table qui les séparait. Elle demeura délibérément silencieuse quelques minutes encore, avant de laisser échapper un ricanement.

L'auror releva alors les yeux pour les planter dans ceux de Selwyn, et arqua un sourcil.

- J'ai à mon tour deux questions pour vous, entama-t-elle avec un sourire froid.

Elle marqua une pause, le temps de deux inspirations, puis continua.

- Premièrement, êtes-vous bien consciente que votre présence ici est optionnelle et vous épargne quelques heures en compagnie des Détraqueurs ? Azkaban n'attend que vous, ne l'oubliez pas. Deuxièmement, ajouta-t-elle en adoptant la même construction que son interlocutrice, pensez-vous réellement qu'après votre petite démonstration de force dans votre boutique, vous détenez les mêmes droits que les autres sorciers ?

Son sourire devint cynique à cette pensée, mais elle garda le silence le temps d'inspecter du regard la femme en face d'elle.

- Voilà ce que je vous propose. Dites-moi ce que je veux savoir, et je jugerai si une plainte est envisageable, ou non. Voyez cela comme l'opportunité de me convaincre quant à la vilainie d'Orcus Wilkes. Cela me semble suffisamment juste, ponctua-t-elle en insistant sur ce dernier mot.

Hestia prit une expression moins dure lorsqu'elle reprit la parole pour répondre à la première question de l'inculpée.

- Les animaux sont parvenus à s'enfuir de votre boutique. Tout le reste a brûlé. [/justify]

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Coincée, elle l’était sérieusement. Elle espérait grandement que ses paroles eurent un effet suffisant pour semer ne serait-ce qu’une petite graine, une toute minuscule petite graine. Le sourire insolent de Jones l’agaçait plus qu’elle n’aurait su le dire, mais elle resta impassible. Elle sentait l’étau du piège se refermer autour d’elle et étonnamment, seul le véritasérum ou la légilimensie auraient pu la sortir de là. Quelle étrange ironie !

- Oui, Madame je le crois. Dans le cas contraire, vous bafoueriez la justice magique, ce qui n’est pas dans votre intérêt, nous le savons toutes deux. Dans une période aussi sombre, il ne faudrait pas douter des gentils n’est-ce pas ?

Elle eut à son tour un rictus, son œil noir planté dans la pureté des iris de l’auror.

- D’autant plus qu’une partie de mes droits a été bafouée avant même ma soi-disant démonstration de force. Vous semblez m’accuser de bien des choses, mais à ces choses vous ne pouvez absolument pas me relier. Restons dans le cadre de notre affaire, voulez-vous ? Car votre agent s’est discrédité par ses actes. Me condamner pour autre chose que ce qui s’est passé en ce jour, sans preuve tangible, pour l’exemple montrerait votre incompétence. Une idéologie n’est pas une preuve suffisante, Miss Jones et vous le savez.

Bon, la mangemort s’avançait quelque peu et bluffait pour certains points. Toutefois, elle avait l’intime conviction que la justice pourrait jouer de son côté. Rosier s’en était sorti merveilleusement bien face à Fol Œil, preuve que la parole de l’un ne pouvait pas défaire la parole de l’autre. Se faisait-elle donc des idées ? Peut-être. Mais tous les coups étaient parmi n’est-ce pas ?
Le duel était en place et rien ne les arrêterait plus. Jones aurait sûrement le dernier mot mais pas avant que Quinn ne l’ait mise mal à l’aise. Ce ne fut qu’à la réponse voulue, qu’elle décida d’obtempérer.

- Je vous remercie, Miss Jones.

Une parole sincère que son ton ne manqua pas de souligner. D’impatience, elle finit par lever l’œil au ciel et nonchalamment commença son récit.

- Je n’ai rien à perdre à dire la vérité avec les moyens qui sont à votre disposition. Je les connais, Miss Jones, et je suis suffisamment intelligente pour savoir quand mentir ou non. J’ai rejoint ma boutique à 9h45 précises. Il y avait déjà un tas d’agents ministériels à l’intérieur dont un qui maltraitait l’un de mes niffleurs. Ces animaux sont capricieux si on ne les soigne pas, ils vous le font payer. Mon niffleur se débattait, j’ai assommé celui qui essayait de pourfendre son rectum. Je n’aime pas ce qui font du mal aux animaux, Miss Jones. Donc pour coup et blessure je plaide coupable. Monsieur Wilkes était confortablement assis dans mon bureau et naturellement, il n’avait nul mandat, juste une certaine haine contre moi. Vous comprenez, on a grandi ensemble et sa mère me préférait.

Elle soupira en haussant les épaules, la moue navrée.

- Il ne me l’a jamais pardonné. C’est regrettable. Du coup il aurait aperçu mon nom je ne sais où disant que je détournais des animaux. Or Miss Jones, on peut m’accuser de tous les maux du monde, je ne ferai jamais de mal aux animaux.

Elle déglutit devant son aveu, inspira profondément et reprit, les lèvres pincées.

- Cela peut vous paraître irréel, mais cette boutique était la prunelle de mes yeux et il le savait parfaitement. Tous mes papiers étaient en règle, ce qu’il s’est empressé de défaire en les déchirant de ma dague. De provocation en provocation, j’ai eu le malheur de perdre mon sang froid et de lui envoyer un mini-doloris. ~~(C'est pas ma faute si le dé était violent !)~~ Alors que je l’avais prévenu d’arrêter ! Cet homme est cruellement masochiste vous savez ? Mais il riait, se faisait un plaisir de s’en prendre à mes biens. S’ensuivit une bagarre, il me fit le feu à mon tapis, demanda à ses employés de tout laisser brûler. De rage, j’ai effectivement tranché la gorge d’un employé sans que Wilkes ne bronche d’ailleurs. Mais je plaide coupable pour ça aussi.

On n’allait pas en faire tout un plat, si ? Après tout, ce n’était pas sa faute ! Ils l’avaient tous bien cherché ! Elle n’avait fait que se défendre et Merlin seul savait que tout être humain aurait fait de même. Peu de voleurs pris sur le fait ressortaient vivants par exemple.

- J’ai été désarmée, ligotée par les soins de Wilkes et escortée en dehors de ma boutique en flamme, jusqu’ici. Vous pouvez vérifier, dit-elle sur un ton parfaitement décontracté. Mais je suis prête à parier que ce n’est pas tout à fait ce que raconte ce dossier, je me trompe ?

Oui le coup foireux se sentait à des kilomètres à la ronde. Orcus n’était pas à considérer comme un sot, pas totalement du moins. Il avait été à bonne école.

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Quinn & Hestia

Les sourcils de l'auror n'en finissaient plus de se hausser. Si le risque que cela soit perçu comme une marque de faiblesse ne l'en avait pas dissuadée, elle se serait passée une main sur le visage afin de chasser sa frustration naissante. Au lieu de ça, elle garda un visage impassible si ce n'est légèrement moqueur. Elle prit une voix doucereuse pour rompre le silence qui s'était installé, après qu'elle l'eut écoutée attentivement.

- Reprenons depuis le début, voulez-vous ?

Hestia lui adressa un sourire sans joie, et plissa légèrement les yeux tandis qu'elle prenait la parole d'une voix volontairement condescendante, agacée par l'assurance qu'elle suspectait feinte de la femme :

- Connaissez-vous la différence entre les aurors et les autres employés du Département de la Justice Magique ? Les aurors, comme moi, sont spécialisés dans l'arrestation des mages noirs, tels que vous. Les autres s'occupent des multiples délits du monde sorcier. Ma présence dans cette pièce face à vous n'est pas anodine, Madame Selwyn. Votre petit spectacle au sein de votre boutique est certes mis en cause, mais ne pensez pas vous faire passer en martyr si vous êtes arrêtée sur la base de cette marque sur votre bras. C'est une preuve amplement suffisante, tous mes collègues s'accorderont là-dessus.

Une fois cela mis au clair, l'auror fronça les sourcils et repensa quelques instants au récit de la femme. Ses années d'expérience lui soufflèrent que son récit était sincère, et pourtant il ne collait pas à la version officielle des faits, rapportée par Orcus Wilkes. Elle devait reconnaître qu'il y avait là matière à s'interroger, aussi se fit-elle une note mentale pour ne pas oublier d'enquêter auprès de l'homme à la suite de cet entretien.

- Vous admettez donc vos crimes, reprit-elle après une longue pause, et légèrement surprise.

L'aisance avec laquelle l'autre brune avait avoué ses fautes rendait Hestia mal à l'aise, et cela la conforta dans ses opinions sur les partisans de Lord Voldemort. De la vermine à écraser au plus vite, avant que cela ne dégénère. Le sort de Quinn Selwyn était déjà scellé. Pour autant, la conscience professionnelle de la jeune femme l'exorta à ajouter, après un débat interne particulièrement long :

- Vous êtes également accusée d'avoir lancé un morsmordre, ce qui au vu de vos aveux si francs, n'est guère étonnant, vous en conviendrez. En ce qui concerne Monsieur Wilkes, je prends bien note de votre récit, promit-elle.

Son visage redevint impassible et froid lorsqu'elle prononça finalement les mots qui allaient clore l'interrogatoire :

- Je ne vous retiens pas plus longtemps. Mes collègues vont se charger de vous escorter jusqu'à Azkaban, où vous resterez jusqu'à votre jugement.

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« L’arrestation des mages noirs » avait-elle dit. Rosier attendait encore bizarrement. A croire que la spécialité des aurors était quelque peu douteuse, voire foireuse. Nombreux étaient ceux qui couraient encore en cavale. Et sans l’intervention du vermisseau qui aurait pu être un si bel atout, jamais elle n’aurait été prise sur un tel fait. Regrettait-elle ? Absolument pas. Car si elle n’avait pas usé de la force, il l’aurait soumise, encore et encore. Et ça, il n’en était pas question !

- N’est-ce pas une réflexion discriminante, ma chère ? Après tout, Severus Rogue possède encore et toujours sa marque sur le bras, mais personne ne doute de lui. Pourtant, il est si facile de se cacher derrière un masque. Vous n’avez rien contre moi. Ma marque ne vous donne aucune information sur mes pratiques. Je vous le répète, vous n’avez que mon « petit spectacle ».

Elle se pencha légèrement.

- C’est la peur qui vous fait vous accorder là-dessus. Le besoin de vous dire que vous avancez, alors que, ce n’est absolument pas le cas. Pendant des années, certains se sont pavanés avec la marque sous le nez, et jamais vous ne les avez soupçonnés. Quel tort. Alors maintenant, sans preuve, vous bafouez la justice magique ? T-t-t-t-t, nous n’allons pas réécrire les lois n’est-ce pas Miss Jones ?

Naturellement, Quinn aurait pu pavoiser elle aussi. Elle adorait sa marque, elle en était fière. Jamais elle ne la renierait. Mais en faire l’éloge devant la victime préférée de Rosier ? Elle ne manquait pas de jugeotte à ce point. Son temps viendrait de nouveau.
A la nouvelle question, la mangemort hocha la tête calmement, comme si toutes deux discutaient de thé et de chiffons. En revanche …

- Je vous demande pardon ?

Elle arqua un sourcil, sans dissimuler sa surprise, avant d’éclater d’un rire nerveux. Bien joué le Vaurien, bien joué. Pourquoi ne l’avait-elle pas vu venir ?

- Aveux si francs ? Je n’ai strictement rien à cacher. Mais ce sort-là n’est pas de mon fait. Je vous ai dit avoir été désarmée à l’intérieur de la boutique et non à l’extérieur. Quelle a été ma première question, Miss ? Si mes animaux étaient sains et saufs. Ce qui ne colle absolument pas avec votre accusation, vous en conviendrez. Je n’aurais jamais eu le temps de faire apparaître la marque des ténèbres. Laissez-moi deviner, vous n’avez pour parole que celle d’un fils de mangemorts ? Mangemorts avec un « s », Maman Wilkes (adieu les affections)vient tout juste de rejoindre les rangs. Mais naturellement, il a dû vous en toucher quelques mots non ?

Trop tard. Azkaban. Son discours avait-il été suffisant ? Elle l’espérait. Non, elle priait pour. Elle ne voulait pas y aller. Les détraqueurs… Le possible baiser … Selwyn… Le lapin blanc … Un frisson d’effroi la parcourut et cette fois toute gentille disparut de son visage. La peur régnait dans son œil noir, et elle chercha à se défaire des gros bras venant la lever. Mais il n’y avait rien à faire, aussi cria-t-elle à l’Auror ces derniers mots tandis qu’on l’emmenait hors de la pièce, de force.

- A votre avis, vaut-il mieux avouer un meurtre et l’utilisation d’un sort impardonnable ou faire l’aveu d’un pauvre sort pour éviter Azkaban ! Un peu de logique, Jones ! N’est-ce pas pour ça qu’IL vous adore ?

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Quinn & Hestia

Un sourire sardonique étira les lèvres fines de l'auror. Elle se leva, et posa le bout des doigts sur la table, le temps que l'inculpée continuait de parler.

- Il me semble que vous êtes bien mal placée pour évoquer une quelconque discrimination, "ma chère".

A son tour elle se pencha, soutenant le regard de la Mangemort avec une volonté que les années lui avaient enseignée.

- Ne me parlez pas de peur, alors qu'elle suinte de chaque pore de votre peau. Azkaban vous terrifie, et à raison. Tentez de gagner tout le temps que vous souhaitez, votre sort ne repose pas entre mes mains. A présent, c'est face au Magenmagot que vous pourrez vous pavaner si ça vous chante.

Malgré cela, le raisonnement de Selwyn tenait la route. Se détournant totalement de la femme, elle se redressa et saisit le dossier qu'elle avait apporté avec elle. Tout en prenant garde à ce que l'autre sorcière ne puisse en lire le contenu, elle annota à l'aide d'une plume qu'elle avait sortie d'une poche intérieure ses propres doutes quant au comportement d'Orcus Wilkes. La querelle évidente entre ces deux individus, si elle continuait ainsi à prendre de l'ampleur, était dangereuse pour la stabilité et la réputation du Ministère. Ce que le Ministère parvenait déjà à accomplir, sans l'intervention des deux ennemis en prime. En des temps si sombres, la confiance de la population était un enjeu politique essentiel, et ils ne pouvaient se permettre une nouvelle ombre sur le tableau.

Hestia jeta un regard las sur les gros bras qui extirpaient la détenue de la pièce, et rassembla toutes les pièces du dossier avant de le caler sous son bras, prête à partir. Les dernières paroles de la sorcière la stoppèrent le temps d'une fraction de seconde dans ses mouvements, avant qu'elle ne reprenne la direction de la sortie à sa suite, le visage volontairement impassible. Elle les dépassa sans un mot de plus, ses yeux bleus devenus glacials. Le prochain individu à interroger à présent, c'était Wilkes.

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