[Lavande] Aimer, c'est tout de même un drôle de mot non ?

Aimer, c'est tout de même un drôle de mot non ?

Maintenant qu’elle s’était assurée du bon rétablissement de son Serdaigle et de son ami Ronald, Eléanor comptait bien s’occuper du rendez-vous qu’elle avait prévu avec Lavande. Pas très à l’aise à l’idée de sortir en « couples », elle lui avait envoyé une note le matin-même en l’invitant aux Trois-Balais pour une après-midi « entre filles ». Cette appellation ne la mettait pas plus à l’aise que la première mais elle devait au moins cela à Lavande. La Gryffondor l’avait soutenue lors du sauvetage et surtout, lui avait montré ce que « bravoure » voulait dire. En outre, Eléanor avait besoin d’une pause dans ses révisions, et même d’une pause tout court.

Il était midi. Le soleil était éclatant en cette journée de mai. Le nez dans sa malle, la Poufsouffle cherchait de quoi troquer sa tenue ordinaire de Poudlarienne. Elle avait bien senti que Lavande était une fille coquette et elle souhaitait lui faire honneur. Aussi cherchait-elle une robe ou quelque chose qui pourrait bien faire l’affaire. L’une de ses mains tomba alors sur une robe en coton bleue marine à la collerette blanche tandis que l’autre sortait du fond de la malle un carnet turquoise longtemps oublié.
Eléanor l’avait trouvé en pleine forêt, à demi-enseveli, ou plutôt avait-elle trébuché dessus par inadvertance lors de sa quatrième année. Curieuse de savoir à qui il appartenait, la Poufsouffle s’était plongée dans la lecture, trouvant en la dénommée Megara Brooks, une alliée de taille dans sa période solitaire. Elle ne pouvait certes combler le vide laissé par sa mère, ou encore celui que laisserait sous peu Oliver, mais son adolescence avait au moins le don de rassurer la jeune fille sur ses convictions.

Attirée par la perspective de lire une cinquième fois le fameux journal intime, Eléanor le glissa dans son sac et finit par se changer. Une heure plus tard, après s’être assurée que son devoir de lundi était prêt, elle s’aventura hors de sa salle commune pour gagner le parc puis les grilles de Poudlard. Naturellement Rusard les attendait pour les lister.
Une nouvelle heure s’écoula durant laquelle Eléanor acheta des plumes en sucre pour son petit ami et elle ainsi que des caramels dorés. Elle passa également chez Gaichiffon pour observer les dernières capes à la mode. L’adolescente aimait y revenir et se souvenir, le sourire malicieux, de la journée qu’elle avait passée avec Sanguini. Mais toutes ses capes étaient en revanche bien au-delà de ses faibles moyens.

Enfin, sur les coups de quinze heures, elle rejoignit les Trois-Balais pour y attendre Lavande. Bien sûr, le pub était bondé, principalement peuplé par les élèves de Poudlard. Eléanor s’installa à une table, non loin d’une bande de Serdaigles. Elle commanda une bièraubeurre à Mrs Rosmerta et sortit le journal de Megara pour s’occuper le temps de l’arrivée de son amie.

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Aimer, c'est tout de même un drôle de mot non ?

Plongée en pleine lecture, Eléanor releva la tête à l’arrivée un peu trop démonstrative de Lavande. La Poufsouffle n’y était pas habituée en plus d’être elle-même des plus discrètes. Elle salua sa récente et nouvelle amie avec bien plus de réserve, tout en sourire cependant.

- Hey Lavande ! Désolée de t’avoir prévenue si tard, je suis contente que tu aies pu te libérer, s’excusa l’adolescente avant de boire une gorgée de sa bièraubeurre. J’ai pu trouver une table, mais c’était moins une. Les aléas du week-end je suppose.

D’ordinaire, elle aurait choisi le salon de thé de Mrs Pieddodu pour davantage de calme. Elle y aurait pris un thé aux fruits rouges accompagné d’une tarte à la rhubarbe, et y aurait pu entendre les paroles de Lavande sans devoir tendre aucune fois l’oreille. Seulement aujourd’hui, elle avait eu une folle envie de bièraubeurre. Peut-être à cause du stress que provoquaient les aspics.

- Ce cahier tu dis ? C’est le journal intime d’une ancienne élève de Poudlard. Cela fait maintenant plus de trois ans que je le lis, il est riche de ses expériences, de ses déboires. C’est comme lire un roman dont le lieu principal serait Poudlard. Je l’ai retrouvé dans ma malle tout à l’heure. Tu souhaites le lire ? proposa poliment la Poufsouffle alors même qu’elle ressentait une pointe de possessivité envers l’ouvrage.

Puis vint la question sur le cours de Rogue. Prenant une nouvelle gorgée de sa bièraubeurre, Eléanor se creusa les méninges pour retrouver le sujet du dit-cours puisque les deux filles n’étaient pas de la même année. Tous savaient cependant qu’elle était toujours présente quand il s’agissait d’aide au devoir. Le fait est que, maintenant qu’elle y repensait, elle se souvenait vaguement du cours en question : il portait sur les antidotes.

- Comme je l’ai expliqué à Gabriel, mon camarade de Poufsouffle, il suffit juste de connaître les différentes propriétés des antidotes, connaître leurs ingrédients et savoir les mettre en bouteille ensuite. C’est du par cœur, Lavande. Tu verras, ça rentrera tout seul. Et cela te sera utile pour la septième année. Le professeur Rogue nous interroge beaucoup dessus. On fait aussi pas mal de pratiques. Je dois avouer que c’est plutôt intéressant d’ailleurs, ajouta-t-elle dans un sourire léger.

Quant à la révélation sur Parvati, Eléanor fut légèrement prise de cours. D’une part parce qu’elle ne connaissait aucune Parvati, du moins pas dans l’immédiat, d’autre part parce qu’elle ne voyait pas l’intérêt de cette révélation soudaine, tombée comme un cheveu sur la soupe.

- Pourquoi me dis-tu ça, Lavande ? demanda-t-elle gentiment en penchant la tête. Qui est Parvati d’ailleurs ? C’est quelqu’un que tu n’aimes pas ?

Car aux yeux d’Eléanor cette révélation avait tout lieu d’être un secret à ne pas divulguer à la première personne venue sauf pour blesser la concernée. Mais l’excitation de Lavande, son débit rapide de paroles cachaient peut-être quelque chose d’autre. Eléanor n’y connaissait pas grand-chose, alors elle demanda tout simplement :

- Tout va bien Lavande ?

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