[Theo + libre] Le tatouage c'est l'art du non-dit.

Le tatouage c'est l'art du non-dit.

Theo x Scabior
Vendredi soir, samedi soir, lundi, allez savoir ? Scabior perdait tout sens du temps quand il sortait et il était de sortie presque tout le temps. Que ce soit à cause de son ardoise ou de sa tendance à jouer un peu trop des poings, il était persona non grata dans la moitié des pubs de la capitale, côté moldu compris, mais parce qu'il était un insupportable optimiste (non), il considérait que ça lui laissait encore la moitié des bars à découvrir. Se faire jeter, se faire détester, c'était presque devenu une activité sportive pour lui, l'art d'emmerder le monde élevé à son paroxysme. Et puis de temps en temps, quelqu'un trouvait grâce à ses yeux, soit qu'il tombait sur plus bourru que lui, soit que c'était du genre un beau brin de fille, soit que la personne avait suffisamment de sang-froid pour lui fermer son clapet. Plus rarement, c'était les trois à la fois.

Ce jour/soir là, il était attablé dans un bar miteux à se faire plumer officiellement au poker tandis qu'il profitait de l'état d'ivresse de ses concurrents pour leur faire discrètement les poches et ainsi jouer leur propre argent. À la fin de la partie, Scabior serait le plus riche de tous et aucun d'eux ne s'en rendrait compte. Pas tout de suite en tout cas. La partie touchait à sa fin et notre rafleur commençait sérieusement à s'embouser, même une arnaque pouvait se révéler monotone au point de désirer révéler la supercherie rien que pour le plaisir de déclencher une bagarre d'ivrognes, un autre de ses loisirs dont il ne se lassait pas, celui-là. Il était à deux doigts de provoquer le cataclysme, quand il repéra des cheveux roux et un bras fin tatoué accoudé au bar, vision venant l'extraire de son insatisfaction grandissante. Peut-être qu'après tout, l'argent si facilement gagnée méritait qu'on l'utilise pour autre chose que le simple plaisir de coller sa paluche dans la trogne d'un autre. Acceptant tout haut sa défaite, la main sur le cœur et le regard torve, il quitta la table de joueurs pour se rapprocher du comptoir. Il prit place à côté de la jeune femme, dos au bar, reconnaissant celle qu'il avait croisé dans un autre lieu de perdition. C'était quand déjà ?

- Je me disais bien que j'avais déjà vu ces dessins quelque part, dit-il en guise de prémisses. Scabior. Rappela-t-il au cas où la demoiselle aurait oublié son nom. Et pour dissiper tout doute, il écarta un pan de son foulard pour révéler son tatouage de taulard, le numéro runique qu'on lui avait attribué à Azkaban comme on aurait marqué un génisse pour l'abattoir. Ceux vivants avec ça et arpentant les rues étaient plutôt rares, sûr qu'elle allait pouvoir le situer à nouveau. Il remit bien vite le bout de tissu en place, peu désireux de se faire remarquer du tout venant, pas avec ça en tout cas.

- Je t'offre un verre ? Ce sera une pinte pour moi. Dit-il a l'attention du barman sans attendre la réponse de la demoiselle.

"Théo", il se souvenait de son prénom parce que ce n'était pas si fréquent ~~qu'une femme lui réponde~~ pour une femme. Ils avaient parlé tatouage, il lui avait montré quelques uns des siens avant que son alcoolisme l'emporte dans les doux bras du coma éthylique, il avait été alors très loin de s'imaginer qu'il croiserait bientôt la demoiselle super badass dans les couloirs de Poudlard. Encore aujourd'hui d'ailleurs, le mémo sur un nouveau prof d'étude des moldus n'était pas arrivé jusqu'à lui.
©️ DABEILLE

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