[Ginny Weasley] Calme plat ou avis de tempête : la maîtrise des émotions.

Samedi matin.
Assis à son bureau, Fol Oeil attendait la plus jeune des Weasley. Depuis leur entrevue à la bibliothèque, il s'en était passé des choses ! Contre toute attente, il avait choisi d'accéder à la requête de Mini-Weasley : il leur avait donné des missions. Et pas n'importe lesquelles. Le danger n'était pas minime, et pourtant, ce n'était que des tests de la part de l'ex-auror. Gosse ou pas, copain de Potter ou non, il interrogeait leur loyauté. Pouvait-il leur faire confiance ? On n'était jamais assez prudent ! La vigilance devait rester CONSTANTE.

De ces missions, donc, il attendait beaucoup. Maugrey soupçonnait un tas de monde. Et si on le pointait du doigt comme méritant l'asile, personne ne s'interrogeait réellement sur le fond de ses accusations. Pourtant, il la connaissait la vermine ! Plutôt bien même. Mais non, on préférait le remettre en question. Il avait bien vu l'hésitation dans les regards. Ces gosses avaient l'âme bien naïve. Ce qui n'était absolument pas son cas. Ses trois cibles avaient dû souci à se faire ! Pour cause, il savait devoir s'en occuper lui-même. Vous l'avez compris, Maugrey s'attendait à leur échec. Il ne les pensait pas incompétents, loin de là. Encore une fois leurs émotions faussaient leur jugement. Les trois hommes qu'il avait ciblés ne se laisseraient pas avoir facilement.

Le cas Fenwick le chatouillait particulièrement. Le retraité se refusait d'éprouver une confiance approximative pour ses partenaires de combat. Soit ils étaient dignes de confiance, soit ils ne l'étaient pas. Point à la ligne. Il n'avait rien de concret dans son cas. Mais quelque chose le dérangeait, sans qu'il ne sut dire quoi. Dans le cas des deux autres, il savait avoir raison. Le tout était désormais de le prouver et de leur offrir un aller-simple pour Azkaban. C'était aussi simple que cela !

Ses pensées furent alors détournées par ce malfrat de Rosier. Non rien n'était aussi simple ... Et il allait mettre au point un plan lorsque son oeil magique perçut la jeune Gryffondor derrière la porte. D'un mouvement de baguette, il lui ouvrit sans qu'elle n'eut le temps de frapper.

- Pile à l'heure, Weasley. Dépêchez-vous d'entrer !

Samedi matin.

La jeune fille n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, peinant à apaiser son coeur, affolé par le stress d'affronter l'ancien auror le lendemain. Elle n'avait toujours rien de concret pour sa mission et elle avait peur qu'il ne la mette à la porte en l'apprenant.
Elle prit une douche froide pour bien se réveiller et releva ses cheveux en une queue de cheval. Elle descendit déjeuner sur la pointe des pieds, prenant garde à ne pas réveiller le reste du dortoir qui profitait de la grasse matinée.
En arrivant dans la grande salle quasi déserte, elle avait toujours l'estomac noué. Elle se força à avaler un fruit ainsi qu'une tartine, connaissant Maugrey, elle aurait besoin de forces. Elle but son jus de citrouille et piqua une pomme pour plus tard. Un rapide regard vers l'heure lui indiqua qu'il lui restait encore un peu de temps avant son rendez-vous, elle en profita donc pour sortir dans le parc.
Le soleil d'hiver se levait tout juste au dessus de la forêt interdite. Elle resta quelques temps assise sur son rocher, son souffle glacé dessinant des courbes devant elle. Elle finit par se lever et se promena un peu autour du lac, savourant la tranquillité qu'apporte la nature en se réveillant. Elle était plus que bienvenue après la nuit qu'elle venait de passer. Un écureuil passa non loin d'elle, lui arrachant un sourire. C'est l'instant que choisit l'horloge de Poudlard pour sonner 9 h 45, relançant d'un même coup son coeur au galop. Tout le long du chemin qui la séparait du bureau de son professeur, elle fit des exercices de respiration, tentant de se calmer. Les battements s'espacèrent quelque peu pour devenir rapides et non plus affolés. Les joues encore rosies par le froid, elle se présenta devant la porte du bureau où elle fut inviter à entrer avant même d'avoir frappé.*

- Bonjour professeur !

*Elle se faufila dans la pièce et referma la porte derrière elle. Elle ne put empêcher la petite voix dans sa tête répondre silencieusement un "si vous saviez" face à la remarque de son professeur. Elle se rapprocha du bureau en jetant un regard circulaire à la pièce avant de reporter son attention sur toi.*

Il l'observa, d'un regard particulièrement inquisiteur. Aucun des deux n'allaient aimé la séance du jour, parce qu'il fallait bien commencer par quelque part. Alors plus vite ils mettraient fin à cette séance, mieux ils s'en porteraient. Aussi, Maugrey ne passa pas par quatre chemins :

- Assise Weasley, ordonna-t-il en montrant la chaise devant lui. Voilà comment nous allons procéder. La séance d'aujourd'hui sera désagréable, ennuyeuse et purement théorique. Les prochaines séances seront des mises en situation pour que vous appreniez à tromper l'ennemi, à jouer de vos émotions et surtout à les maîtriser. Compris ?

Il s'adossa dans son large fauteuil, sans la quitter du regard, et soupira comme déjà blasé par la séance.

- Commençons par le plus pénible. Les émotions sont liées aux passions, aux troubles affectifs de l'âme. Elles se traduisent aussi bien oralement que physiquement. Les mains moites, les rougissements, les tics, le teint soudain livide, etc sont des signes courants mais surtout significatifs. Exemple : on sait parfaitement quand votre frère est mal à l'aise ou qu'il nous cache quelque chose. Faites ça devant un mangemort et il vous bouffera toute crue. Tout ça, ça se passe ici.

Et il pointa sa cervelle pour illustrer ses propos avant d'énumérer sur ses doigts :

- La colère, la peur, l'affection, la gêne, le mensonge, tout ça se lit sur votre visage Weasley, et il est grand temps que cela cesse si vous voulez vous battre. Pour ce faire, vous devez en avoir conscience, les cibler dans votre cervelle pour les analyser. Rien ne doit apparaître, dans le cas contraire, vous êtes manipulable et donc inutile. Ce que vous ne voulez pas être, n'est-ce pas ?

La question était rhétorique bien sûr. D'un claquement de doigts, il fit apparaître un parchemin, une plume ainsi que de l'encre. Pas question qu'il s'immisce dans tout ça, les émotions s'étaient encore pire que la peste !

- Ciblez vos émotions Weasley. Qu'est-ce qui vous fait sortir de vos gonds, quelles sont vos faiblesses, qu'est-ce qui vous trahirait, vos tics, bref analysez. Nous verrons quoi en faire ensuite.

*Ginny s'assit, après avoir légèrement sursauté en entendant l'ordre de l'auror. Elle se contenta d'hocher par moment la tête face au discours de son professeur, le regardant dans les yeux, concentrée. Lorsqu'il en vint à mentionner Ron, elle ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire en coin, qu'elle perdit bien vite en entendant la suite. Elle prit la plume et le parchemin que lui tendait Maugrey et de quelques traits, le découpa rapidement.

La colère : être surprotégée par sa famille, qu'ils se mêlent de ses problèmes pour les résoudre à sa place, l'injustice sous toutes ses formes, être mise à l'écart, qu'on la sous-estime


La peur : être faible, être responsable de la mort de ses proches, échec


Les faiblesses : sa famille, son manque de confiance en elle, 1ère année = traumatisme léger -> perd ses moyens et se remet en question dès qu'il en est fait mention


Les tics : ?

Elle bloquait quelque peu sur cette dernière catégorie. Pour les autres il lui avait fallu un petit temps de réflexion au début mais une fois le premier mot écrit, les idées lui étaient venues toutes seules. Parfois elle avait hésité à écrire certaines choses, craignant le regard de son professeur puis elle s'était ravisé en se disant que ça ne servait à rien qu'elle soit ici si elle n'était pas honnête. Elle jeta un regard à son professeur puis reporta son attention sur le parchemin. En pleine réflexion, elle se mordilla doucement la lèvre. Lorsqu'elle mentait, il devait bien y avoir quelque chose qui la trahisse, tout le monde en avait un, quel était le sien ? Elle essaya de se replonger dans ses souvenirs proches, quelques heures auparavant quand elle était encore dans l'attente de ce cours, en stress. Instinctivement, elle porta la main à son cou et serra son pendentif. D'une écriture rapide elle écrivit : collier = geste de réconfort. Elle poursuivit ses recherches et remonta à sa dispute avec Ron. Il est vrai que ce jour là il était allé beaucoup trop loin. Elle se souvint avoir serrer les poings, sa respiration. Elle était différentes selon chaque situation elle aussi, il faudrait également qu'elle apprenne à contrôler ça. Elle le nota en grand sur la feuille. Elle jeta un regard à ses ongles, non elle ne les rongeait pas lorsqu'elle était stressée. Elle sentit alors le regard de son professeur qui commençait à peser sur elle. Peut-être trouvait-il qu'elle prenait trop de temps ? Nerveusement elle tapota une mesure imaginaire sur le rebord de la table, selon un rythme soutenu. Le bruit produit la ramena à l'instant présent et elle resta une fraction de seconde interdite devant son geste. elle stoppa alors tout mouvement et analysa son corps en prenant des notes. Mordillement de la lèvre, tapotant du doigt. Elle suspendit son geste quelques secondes encore, relut ses notes puis déposa sa plume. D'une main un peu tremblante, elle tendit son parchemin à son professeur. Pas facile de tout confier par écrit, de supporter ce regard sur ce quelle ressentait, ce qui faisait son moi-profond.*

Il s'impatienta, comme à son habitude. Au moins faisait-elle le boulot avec sérieux. Il aimait bien cette gamine, quand bien même elle avait l'affreuse manie de toujours tenter de le contredire. Son travail était toujours simple et efficace, et surtout, en dépit de toute chose, elle l'écoutait. Un bon point pour elle ! Sauf qu'il ne lui ferait aucune fleur. Jamais. C'était pas ainsi qu'il fonctionnait, et la Weasley n'aura sûrement pas besoin de ça.
Une fois, la besogne terminée, il refusa de prendre le parchemin.

- Sûrement pas, grogna-t-il.

Il n'en avait pas besoin. Mine de rien, ses élèves, il les connaissait. Les Weasley, qu'il côtoyait régulièrement, encore plus. Sans compter les discussions qu'il avait pu avoir, notamment avec Arthur et Remus, sur l'avenir de Potter et sa bande.

- Maintenant que vous les avez ciblées, brûlez-les. Ce ne sont rien que des choses à faire disparaître, des choses qui ne vous apporteront que du mal, compris ? Alors débarrassez-vous-en. Je connais votre histoire, Weasley, je sais parfaitement ce qui s'est passé et comment. Sauf que c'est fini. Faut tirer une ligne sur cette histoire. Vous avez fait une erreur qui a failli coûter la vie de certains, voire du monde entier, et alors ? De toute façon, il est revenu à la vie et c'est pas votre faute. Vous étiez stupide comme tous les gamins de votre âge et d'autres ont fait bien pire encore. Vous ne voulez pas que ça se reproduise ? Affirmez-vous, ayez confiance en votre potentiel, Weasley, sinon c'est la chute et vous finirez pas devenir un poids.

Et il mima cette dite chute d'un coup de poing sur le bureau.

- Faut avancer Weasley, agir sur le présent et non sur le passé, mmh ? Cessez de larmoyer sur ce qui a eu lieu, c'est inutile et ça n'intéresse personne. Vous saisissez ce que je vous dis ? Si on devait tous s'apitoyer sur nos erreurs et nos échecs, on serait déjà tous morts ! Alors du cran Weasley !

Il sortit alors sa flasque et en but une longue gorgée. Dans un regard pour la rouquine, il fit venir de sa baguette le pichet et le verre de jus de citrouille qu'il avait fait amener.

- Buvez. [...] Allez Weasley, crachez ce que vous avez à dire sur cet épisode pour qu'une fois passée cette porte, on n'en parle plus jamais.

*Elle haussa un sourcil, à la fois surprise et rassurée par le refus. Elle écouta la suite avec toujours plus d'attention tandis que son corps se raidissait sur la chaise. Elle blêmit un peu plus en entendant "du monde entier". Ton poing sur la table la fit sursauter mais elle n'avait pas le temps de s'en remettre qu'elle eut l'impression de recevoir une gifle monumentale. Larmoyer, s'apitoyer, erreurs, échecs, mort. Non, elle n'était pas là pour ça. Son professeur avait raison, si elle voulait prouver à tout le monde qu'elle était forte, il fallait d'abord qu'elle y croit, et pour cela il fallait tirer un trait sur son passé. Jusqu'à maintenant, elle avait porté le poids de la culpabilité et où cela l'avait-il mené ? Devant le miroir du Rised corrompu, en larme sur le sol, incapable d'y faire face. Larmoyer + s'apitoyer -> échec -> mort. Le schéma était très clair dans son esprit.
Elle te regarda boire dans ta flasque, et en un flash, elle revit le faux Maugrey de troisième année, boire du polynectar à cette même flasque. Il est vrai que malgré les mois que tu avais passé enfermé dans ta propre malle, tu n'en étais pas sorti traumatisé, au contraire, tu t'étais relevé et battu avec plus de vigueur encore. Elle saisit le verre qui arrivait devant elle et te jeta un regard avant d'en prendre une gorgée.
Elle reposa le verre sur le bureau et attendit en te regardant, ce demandant ce que tu allais lui demander à présent. Elle resta quelque peu interdite devant ta proposition, Maugrey jouer au psychomage ? Une image fit irruption dans son esprit et elle en aurait rit si tu n'avais pas été la devant elle avec un air parfaitement sérieux. Elle baissa son regard vers ses mains, réfléchissant un instant, un peu mal à l'aise sous ce regard inquisiteur. Mais lorsqu'elle releva la tête pour planter son regard dans le tien, elle semblait métamorphosée. Un éclair de détermination brilla dans ses yeux lorsqu'elle énonça d'une voix claire et assurée :*

- Il n'y a rien à dire professeur. Comme vous l'avez signalé avec justesse, c'est du passé et il n'y a plus de leçon à en tirer à présent. Il nous a apporté ce qu'il avait à nous apporter, il est temps de passer à autre chose.

*Ce n'était pas qu'une façade, elle pensait réellement ce qu'elle disait. Elle avait déjà en partie parlé de l'épisode avec un psychomage après le mauvais coup que leur avait joué Peeves. C'était bien la seule fois où elle avait accepté d'en voir un (il faut dire qu'elle n'avait pas vraiment eu le choix non plus) et en sortant, elle n'avait pas vraiment constaté de changement. Rien à voir avec ce que tu venais de provoquer en quelques phrases.*

Oh si, il en était ressorti avec des traumatismes. Sa paranoïa avait atteint son apogée et il ne dormait pratiquement plus depuis. Toujours en chasse, toujours à traquer les ténèbres, vérifiant toujours par-dessus son épaule que personne ne s’y trouvait. Les séquelles n’étaient tout simplement pas visibles ou alors très peu. Maugrey était notamment devenu plus aigri et vigilant quant à la sécurité de l’Ordre du Phénix et de Potter. Il n’oublierait pas Croupton Jr de sitôt, mais il faisait avec, parce que c’était là son devoir. Ses affects personnels n’y avaient aucunement leur place. Il avait fait une erreur, cela ne se reproduirait plus, point à la ligne. Il avait été vaincu comme la petite Weasley, alors il comprenait pour ne pas dire qu’il « compatissait ». C’était sûrement la raison pour laquelle il m’était autant d’énergie à l’aider, à la remettre en selle.

Pour être parfaitement honnête, l’ex-auror doutait légèrement des paroles de mini-Weasley. En revanche, il savait que ses paroles avaient fait son petit effet. Tout n’était plus qu’une question de temps. Lui en psychomage ? Sûrement pas. Mais fallait bien veiller sur le bien-être des troupes pour éviter tout problème malencontreux. Maugrey grogna donc et l’observa une dernière fois d’un regard inquisiteur.

- Bien. Donc si quelqu’un cherche à vous le rappeler, restez imperméable. Pas de tripotage de doigts, pas de rougissement. Vous tenez le regard de votre interlocuteur, Weasley et vous ne bronchez pas. Au contraire, cherchez sa faille et contemplez la piètre défense de celui qui cherche à vous soumettre. Pas de sentiments. Rien.

Affaire classée. Suivante.

- Pourquoi tant de nervosité, Weasley ? Soyez impassible, déterminée. Comment survivriez-vous à un simple épouvantard si vous vous laissez dominée par vos émotions, mmh ? Car ce sera là l’objet de notre prochaine séance.

Une évidence ! L’épouvantard en avait terrassé plus d’un.

*Elle garda son air déterminé face à la réponse de son professeur, hochant simplement de la tête.*

- Et comment dois-je procéder pour trouver la faille dans la défense de mon adversaire ?

*L'épouvantard ... elle n'y avait encore jamais été confronté jusqu'à présent. Elle ne put retenir le tressaillement qui la parcourut à l'annonce de son professeur. Elle allait devoir se préparer à affronter sa plus grande peur sans même savoir ce que c'était. Ron lui avait raconté sa première expérience face à l'un deux dans un des cours de Rémus. Seul le rire est capable de les vaincre. Cette tâche était bien plus facile à plusieurs car elle voyait mal le professeur Maugrey se mettre à rire aux éclats. Et d'ailleurs, qu'elle était sa plus grande peur à lui ? Elle stoppa là son cheminement de pensées, elle verrait en tant voulu, pour l'instant il fallait se concentrer sur la réponse de Maugrey.*

- Hum.

Il se frotta la mâchoire, en pleine réflexion. S’il n’y prenait pas garde, la gamine allait brûler les étapes en se sentant prête. Or, ce n’était pas vraiment l’intention de l’auror. Préparer les élèves était une chose, les inciter à aller au-devant des problèmes en était une autre.

- L’observation, Weasley. Vous devez analyser ses paroles, ses gestes et vous renseigner sur votre cible. On ne va jamais au combat à l’aveuglette, compris ? JAMAIS !

Il avait rugi, les deux mains fortement aplaties sur le bureau.

- Tout ce qu’il y a à savoir de votre ennemi doit déjà se trouver dans votre cervelle, Weasley. C’est en analysant ces informations que vous trouverez des failles, des coquilles à exploiter. Mais dites-vous bien que votre ennemi en fera tout autant. La vigilance doit être constante !

Evidemment, il pensait à la mission qu’il lui avait confiée, ne se doutant pas une seule seconde des agissements de son élève. Se jeter dans la gueule du loup … quelle idée ! Heureusement pour la rouquine, il ne connaissait rien de sa mésaventure, et pour le moment, c’était peut-être mieux.

- Ne laissez pas à votre cible la possibilité d’explorer votre vie et vos habitudes, sinon il en sera fini de vous. C’est clair ? Chaque information que vous laisserez accessible doit être d'une banalité affligeante. Avec le temps et l'expérience, vous apprendrez à les manipuler à votre avantage. Le tout étant de ne pas brûler les étapes, n'est-ce pas ?

Quant à l’épouvantard de Maugrey, celui-ci était un mystère. L’ex-auror ne connaissait pas de peurs. Aujourd’hui peut-être penserait-il à Croupton Jr, mais il ne lui laisserait jamais ce privilège. C’était la peur elle-même qui pouvait paralyser Maugrey, celle-là même qui alimentait sa paranoïa. Alastor craignait tout ce qu’il ne pouvait voir et donc contrôler.

- Avez-vous étudié les épouvantards en cours Weasley, ou est-ce que ce sera votre premier tête à tête ?

*Ginny eut un sursaut face au rugissement de son professeur. "vous renseignez sur votre cible"... elle repensa à sa mission-suicide avec Scabior ... Certes elle avait pris des risques mais si elle avait procédé comme à son habitude, elle pouvait parier qu'elle se serait faire remballée sur le champs et alors ... plus aucune approche n'aurait été envisageable. Elle chassa bien vite le garde-chasse de son esprit, il ne manquerait plus que ses émotions la trahissent et que son professeur lui demande où elle en est de sa mission ...
Rien sur la vie, rien sur les habitudes. L'idée de ''jouer un rôle" n'était donc pas si mauvaise ... ça met en confiance tout en protégeant.*

- Oui professeur.

*Ginny se remémora rapidement ses cours de défense contre les forces du mal de troisième année ... c'était avec Barty Croupton Jr, lorsqu'il avait pris l'apparence de Maugrey. Un frisson lui parcouru l'échine, ses cours n'était pas des plus agréables, et il passait son temps à leur raconter des histoires horribles sur chacune des créatures qu'ils étudiaient en cours.*

- J'ai déjà eu des cours théoriques à leur sujet mais ... je n'y ai encore jamais été confronté ...

*Elle tenait ses bras croisés devant elle, pour l'instant ça lui permettait d'éviter de triturer ses doigts même si elle se doutait qu'elle ne pouvait conserver ce moyen de substitution car il finirait par devenir lui aussi un indice d'anxiété.*

- Eh bien il serait temps de vous y préparer, si vous ne souhaitez pas vivre une sacrée déconvenue à notre prochaine séance.

Mais qu'est-ce qu'on leur avait appris jusque-là ?! Seul Remus avait su comment s'y prendre, malheureusement tous les gosses n'avaient pas suivi son enseignement. Maugrey contempla la Weasley un bref moment avant de se lever lourdement. Il n'aimait pas les séances particulières, encore moins quand celles-ci s'éternisaient. D'autant plus que dans le cas de Mini-Weasley, tout était dans le mental. Et là-dedans, il ne pouvait pénétrer, et ne le voulait surtout pas d'ailleurs ! L'ex-auror boîta jusqu'à la fenêtre et contempla le parc ainsi que le temps grisâtre.

- Allez travailler les épouvantards. Préparez-vous à combattre votre plus grande peur, Weasley. C'est nécessaire, personnel et je ne peux absolument pas vous aider là-dessus. Faites la partie théorique, on s'occupera de la pratique.

Il se tourna vers elle, doigt pointé contre sa tempe.

- Je peux pas y accéder, vous seule le pouvez. Contrôlez et personne ne vous atteindra. Entraînez-vous avec vos camarades, contre des Serpentards s'il le faut. Mais pas de grabuge inutile, compris ? Vigilance constante, Weasley. S'il n'y a rien d'autre (son oeil magique se fixa soudainement sur elle) rendez-vous la semaine prochaine en salle de classe directement.

*Ginny frissonna face au ton autoritaire de son professeur et ce qu'il annonçait. En te voyant te lever, elle comprit que c'était tout pour aujourd'hui et elle se leva à son tour.*

- Bien Professeur.

*Elle ne savait pas vraiment comment elle allait pouvoir se préparer à affronter une peur qu'elle ne connaissait même pas. Peut-être qu'il serait judicieux qu'elle demande l'aide d'Hermione. Tout résidait dans son mental. Le problème c'est que s'il y avait bien quelque chose de difficile à dresser c'était le mental. Elle allait devoir découvrir comment elle fonctionne, quels sont ses mécanismes internes afin de mieux les dompter. Son professeur avait raison, ça n'allait pas être une partie de plaisir.
Elle hocha la tête alors que ton oeil magique était braqué sur elle.*

- Merci Professeur. Au revoir.

*Elle récupéra sa cape et quitta la pièce en adressant un dernier sourire à Maugrey. Dans le couloir, elle partit en direction du parc, elle avait besoin de sentir l'air frais sur son visage pour l'aider à réfléchir.*