Au secours ??
Dans la course menant au cœur du Pr Wilkes, Millicent était comme qui dirait à la traîne. Pire, elle était à des années lumières de ses potentiels rivaux / rivales. Ce qui l’agaçait profondément. Elle n’en dormait plus tant elle fomentait des plans destinés à obtenir ce qu’elle espérait. Plus qu’un béguin, c’était désormais un challenge. Son professeur devait en pincer pour elle, coûte que coûte. Naturellement, trop bonne, elle l’y aiderait. Aussi pendant des jours, elle avait cherché un petit coup de pouce. Sauf que Pré-Au-Lard était en rupture de stock de philtre d’amortentia. Un comble ! Et il n’était évidemment pas question de faire appel aux jumeaux Weasley ! On ne remettait pas son honneur en jeu pour si peu !
Il y avait deux jours de cela, Millicent entendit Rusard rouscailler après une bande de Bouffondors souhaitant obtenir les faveurs de Potter. Une faute de goût considérable bien sûr, mais venant des Gryffondors, cela n’avait rien d’étonnant. En revanche, elles venaient de répondre à ses besoins … comme elles se devaient de le faire, bien évidemment. Aussi la Serpentard attendit le mot propice pour pénétrer le bureau de Rusard. La puanteur était ignoble : une odeur de chat mouillé, de renfermé et de transpiration cracmolesque. Les doigts formant une pince autour de son nez, Millicent fouilla les tiroirs du bureau pour s’emparer de la potion confisquée. Une fois son butin en main, plus quelques bricoles au passage, elle déguerpit, ravie !
[…]
Elle venait de déposer son méfait dans une jolie coupelle d’argent : des fondants au chocolat et petits caramels assaisonnés avec la potion prise dans le bureau du Cracmol. Reprenant son sac en bandoulière pour s’en aller – car il saurait bien vite la trouver ! – Millicent eut la très mauvaise surprise de voir un Serdaigle sur son passage. Son regard se posa sur l’ouvrage, puis sur Terry, avant de revenir sur l’ouvrage. Etait-ce donc lui la nouvelle conquête du Professeur Wilkes ?! Impossible ! Pas encore le sexe masculin … Elle lui ferait sans aucun doute aimer les femmes s’il lui en donnait l’occasion, l’imbécile ! Renfrognée et très méfiante vis-à-vis du rival face à elle, Millicent fit craquer ses poings avec menace.
- Et qu’est-ce que ça peut te faire, l’Aiglon ? Le Professeur Wilkes n’a pas de temps à t’accorder, alors dégage. Brute de décoffrage en effet, mais cela faisait tout son charme non ? Il était certain que la Serpentard détenait, comme tout le monde, quelque chose de plus profond. Pouvait-on appeler cela un cœur ? Rien n’était moins sûr. Sa carapace était à l’image d’un millefeuille : recouvert de plusieurs couches bien épaisses et difficiles à casser (essayez avec une cuillère, vous verrez…). Par ailleurs, et malheureusement pour Terrynouchet, Millicent n’aimait pas les Serdaigles. Bon, ils étaient toujours mieux que les Bouffondors, mais c’était surtout des intellos, pour la moitié aussi barjes que Loufoca Lovegood, donc rasoirs. Le Blond ferait-il exception ? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais vu son emplacement, sa position actuelle dans les serres, c’était plutôt mal partie.
Soudain, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu’elle le vit prendre dans la coupelle ce qu’elle avait soigneusement préparé pour son crush. Et en plus les Serdaigles étaient des voleurs ! Mais où allait le monde ?!
- Oh ! Toi ! Broute c’est ça ? (la mémoire des noms m’voyez …)
Touche pas ! le héla-t-elle avec ferveur.
Lâche ça tout de suite ou je te brise les dents et te les réduis en purée ! Ne fais pas ça ! Arrête je te dis ! BORDEL C’EST QUOI TON FOUTU PROBLEME ?!
Choquée, scandalisée, outrée, Millicent était là, bouche grande ouverte. Elle n’en revenait pas du culot du Serdaigle. Comment avait-il osé ? Elle s’apprêtait à dire l’insulter de tous les noms lorsque son regard pour elle la stoppa nette :
- Tu veux ma photo, Broute ? Je vais te refaire le portrait moi ! Mais elle n’était pas au bout de ses peines. Ses yeux s’écarquillèrent en le voyant s’agenouiller devant elle. Puisqu’on vous disait que les Aiglons étaient barjots … Qu’est-ce qu’il foutait encore ?!
- Arrête de te payer ma tête ! Sauf que le Serdaigle semblait on ne peut plus sérieux. Enfin, d’apparence. Elle devait tester la chose. Clairement cela ne ressemblait pas à un philtre d’amour ou alors Broute était de la très très très très très […] vieille école et donc destiné à rester puceau toute sa vie. Qu’y avait-il dans cette potion ?
- Viens sortons de là, ordonna-t-elle,
avant qu’on nous pose des questions.Au passage, Millicent prit avec elle la coupelle et son contenu. Pour quelle raison me demanderez-vous ? Parce qu’elle ne voulait nullement soumettre le Professeur Wilkes, du moins pas de cette façon. Elle ne voulait pas un faiblard, elle appréciait d’ailleurs l’argumentaire de son professeur (même si elle ne le comprenait pas toujours), elle attendait juste de lui qu’il la regarde et lui appartienne volontairement. Rien de plus. L’asservissement était bon pour ses ennemis, pas pour Orcus Wilkes.
Elle emmena ensuite Terrynouchet à l’écart, loin des regards indiscrets qui pourraient s’interroger sur ses relations.
- Bon l’Serdaigle, qu’est-ce que je vais faire de toi hein ? demanda-t-elle rhétoriquement mains sur les hanches.
Tu vas me coller aux basques toute la journée comme mon larbin ? Vas-y chante mes louanges pour voir, je suis curieuse !