Sephira Rockwood ~ Remember why you started

C'est dans la magnifique ville de San Miguel de Allende que j'ai vu le jour, quatre et huit ans après mes deux frères. Nous avons grandis dans une famille plutôt aisée grâce aux métiers de nos parents. Notre mère était une Apothicaire réputée, une passionnée de botanique. Notre père, officiellement, était un peintre de haute renommée mais officieusement un faussaire en arts foutrement doué. Ses ventes illégales lui rapportaient autant que ses créations personnelles, si ce n'était plus. Et ses créations personnelles, croyez-moi bien, n'avaient absolument rien d'admirables. Elles n'étaient rien de plus que la représentation cachée de la monstruosité de son âme. Mais revenons-en plus tard, s'il-vous-plaît.

Officiellement, je m'appelle Sara Sephira Vasquez. Sara ayant été le choix de mon père, Sephira celui de ma mère. Ils ont été mariés dix ans avant d'avoir leur premier enfant et n'ont jamais été du genre à être démonstratifs. Il suffisait de les observer pour se demander si leur union était un mariage d'amour, ou bien d'intérêts. En grandissant, mes frères et moi nous avons très vite compris qu'il n'y avait pas vraiment de doutes à avoir. La famille Vasquez, notre famille, n'avait l'air de fonctionner que par intérêt. Puisque j'étais plus proche de ma mère, j'ai finis par comprendre en grandissant qu'elle aimait sincèrement mon père, autant qu'elle le craignait. Je peux vous dire que ça a longtemps trotté dans ma petite tête encore naïve, à l'époque. Comment pouvait-on rester avec quelqu'un qui nous effrayait ? Et d'ailleurs, pourquoi est-ce que mon père effrayait ma propre mère ? Très tôt, j'ai voulu me protéger de ces questions aux réponses que je craignais et c'est plus particulièrement la nuit, en dehors du domaine familial et grâce aux étoiles que j'ai pu trouver un certain havre de paix. Les étoiles étaient devenues mon refuge et l'Astronomie, bien assez rapidement, ma passion.

Je n'ai jamais été particulièrement proche de mes frères, il faut dire qu'ils ne juraient tous les deux que par mon père. J'étais vue comme la poupée fragile de la famille, par conséquent je pouvais compter sur eux si j'avais le moindre ennui à l'école. Et ça, même lorsque je ne le désirais pas. J'ai assisté plusieurs fois à des règlements de compte qui ont beaucoup trop dérapé. Mes frères étaient des hommes violents, tout comme mon père. Pourtant, ils arrivaient à faire passer ça comme moral, tant que c'était pour le compte de la famille.

J'ai étudié à Castelobruxo, au Brésil à la différence de mes frères qui eux, ont été à Uagadou, tout comme notre père avant eux. Je ne me suis jamais plainte de cette décision, absolument ravie de pouvoir acquérir enfin un peu d'indépendance. J'ai adoré étudié là-bas, je m'y suis senti dans mon élément et m'y suit fait plusieurs amis. Même un Caipora avait fini par avoir de la sympathie pour moi et croyez-moi bien que je me suis donné beaucoup de peine pour ça ! J'ai eue la sensation d'être enfin heureuse là-bas et si mon sentiment de bien-être se tarissait à chaque fois que je rentrais à la maison, j'avais appris à être forte et à croire en mes convictions. Personne ne m'empêcherait de devenir la personne que je voulais être et à 15 ans déjà, j'en avais une idée très précise.

Mon père n'arrivait pas à avoir la mainmise sur moi, ce qui avait le don de le frustrer. Plus je grandissais, plus j'avais la sensation de le voir enfin sous son véritable jour. Il cachait quelque chose, j'en étais persuadée. Et je ne m'attendais absolument pas à ce que ce soit quelque chose d'honorable. Alors de plus en plus, je me suis mise à enquêter. A faire attention aux moindres de ses faits et gestes. Seulement, j'ai mis longtemps à réaliser que les moments où il me cachait le plus de choses étaient ceux durant lesquels je me méfiais le moins de lui.

Je m'étais toujours dis que la peinture était son exutoire. Mais ça allait bien au delà de ça. J'ai fini par découvrir que le rouge qu'il utilisait pour ses toiles était ni plus ni moins du sang, celui de victimes qu'il prenait plaisir à assassiner lui-même. Quelque fois il s'agissait de ses ennemis, mais plus souvent d'innocents. A partir de ce jour-là, le nom Vasquez a immédiatement été beaucoup plus difficile à porter pour moi. De même pour le prénom Sara. J'avais alors dix sept ans et encore un an d'études à faire avant d'espérer pouvoir m'enfuir loin de cette famille. Les années passant, j'avais perdu tout lien avec eux en réalisant que j'avais longtemps été la seule ignorante. Un an plus tard, après mon départ, je n'ai plus jamais eue de nouvelles d'eux. Il avait fallut que je menace mon père de le balancer aux autorités sorcières pour qu'il accepte de me laisser partir. A partir de là, j'ai voyagé autant qu'il me l'a été permis avec mes réserves d'argent, toujours dans le but d'étudier les étoiles. Mais sachez que même aujourd'hui, des années plus tard, j'ai toujours peur qu'il me retrouve. Ça n'a jamais été le grand amour entre nous, ça, lui-même ne cherchera pas à le nier. Néanmoins, "la familia es la familia". Je ne peux pas croire qu'il se soit résolu à laisser partir sa fille unique comme ça. Il restera à jamais comme une épée de Damoclès au dessus de ma tête.

Car même mi amor des années plus tard ne sera jamais au courant de cette histoire. J'ai toujours fais preuve de beaucoup de réserve au sujet de ma famille et je ne lui ai jamais vraiment parlé de mon père. Mais il m'est déjà arrivé de penser qu'Augustus me cachait lui aussi des choses à ce sujet. Entre autres secrets.

Je l'ai rencontré à mon arrivée à Londres, à l'âge de 22 ans. J'aspirais alors à obtenir mon diplôme d'astronome, toujours aussi fidèle à mes passions et peu intimidée par le fait que je n'avais à ce moment-là que quelques maigres notions d'Anglais. J'échappais à peine au contrôle de mon père, je débutais ma nouvelle vie et même si je ne m'attendais absolument pas à cette rencontre, j'en suis tombée irrévocablement amoureuse. Augustus m'a aidée à m'intégrer à ce nouveau monde que je ne connaissais pas.  J'ai été moi-même avec lui, sans avoir à craindre que notre rencontre ne déplaise à mon père. Je me suis senti enfin en sécurité dans ses bras et je lui ai laissé prendre ce que je n'avais encore jamais donné. Mon être entier. Je ne l'ai jamais regretté malgré nos différences. J'avais l'impression de pouvoir le changer, sans pour autant le dénaturer. Mi amor est devenu le centre de mon univers avec notre mariage, notre petite fille le noyau de celui-ci après sa naissance.

Je suis une femme dévouée et une mère aimante. Jamais notre fille ne manquera de rien, encore moins d'un père absent. Si je suis d'un naturel patient et doux, mes colères, lorsqu'elles surviennent, sont redoutables. Mon regard scintillant se transforme à l'image d'une nuit sombre et glaciale. Pour Augustus, je serais prête à tout. Alors je l'accepte tel qu'il est, mais je n'abandonne pas ce en quoi je crois. Je sais pertinemment que nous pourrions avoir une vie meilleure, loin de l'Angleterre, loin de la guerre et loin de l'influence du Seigneur des Ténèbres. Jamais je n'abandonnerais cette idée, pour notre fille. Mais vous devez savoir que jamais non plus je ne l'abandonnerais lui. Pour mon mari je suis prête à tout, y compris à laisser place à ce qu'il y a de plus mauvais en moi. Mes vices sont cachés mais existants, comme tout à chacun, mais je suis assez maligne pour les dompter. Pour conquérir et garder le cœur d'un homme comme mi amor, il faut du tempérament, vous le pensez bien. Et lorsque c'est nécessaire, je m'y donne à cœur joie !

Au delà de mon rôle d'épouse et de mère je suis également professeur d'Astronomie à Poudlard depuis une année maintenant. Avant ça, j'écrivais des articles sur le même thème pour les sorciers, rappelant l'importance des étoiles à bien des égards. Je défendais l'idée qu'il fallait empêcher les moldus d'envahir le ciel, ce sans quoi ils finiraient par détruire ce que nous avions de plus beau. Je suis à l'aise dans ma nouvelle profession, quelqu'un de suffisamment à l'écoute pour que certains élèves aient prit l'habitude de venir se confier à moi et ce en dépit de la réputation de mon mari.