[VICKY] "L'amitié double les joies et réduit les peines", F. Bacon.

L'amitié double les joies et réduit les peines.

L'amitié était à l'image de l'or des pirates : une denrée rare. Pourtant, à l'âge de l'adolescence, on trouvait des amis au détour d'un couloir, sur la chaise juxtaposée à la nôtre, autour d'un même plat soigneusement préparé par les elfes. Il suffisait de partager un livre pour nouer un lien. Mais pas pour la blondinette des Poufsouffles, au grand damne de son camarade Whitby qui la voyait insociable et terriblement ennuyeuse. Eléanor comptait ses amis sur les doigts d'une main, littéralement. Elle n'aimait pas être entourée, elle préférait les échanges épistolaires, comme ceux qu'elle entretenait avec son meilleur ami ou encore son ami et confident vampire. Et puis il y avait Vicky, cette Gryffondor avec laquelle elle partageait un lien qu'elle n'aurait jamais cru partager.

Eléanor ne tenait aucun journal, elle préférait de très loin dessiner ses émotions. Mais avec Vicky, c'était différent, elle lui confiait plus qu'elle n'en aurait confié à aucun journal, mettant des mots sur ses silences et ses souffrances intérieures. Il avait suffi d'un dessin, de questions et d'un échange régulier de paroles, pour qu'à la fin de sa quatrième année, Eléanor voie en la Gryffondor une amie potentielle, et plus tard, une amie sur laquelle elle pouvait compter. Vicky seule, en plus de son meilleur ami apprenti au Chaudron Baveur, connaissait les problèmes que lui causait son père. Elle ne lui avait rien caché, pas même leurs nombreuses disputes, pas même le soir où elle avait menacé son propre père de sa magie pour la première fois, pas même encore sa crainte profonde de le voir entre les mains des mangemorts. Eléanor était même allée jusqu'à lui confier sa culpabilité profonde et son mal être concernant ses pouvoirs de sorcière. L'adolescente croyait dur comme fer être celle qui avait causé la perte de sa famille, la disparition de sa mère. Quelque chose qu'elle peinait autant à exprimer qu'à accepter.

Les deux adolescentes se donnaient rendez-vous régulièrement, un peu partout dans Poudlard. C'était le temps des confidences, des potins parfois - même si Eléanor n'était absolument pas douée en la matière -, ou le temps aussi de refaire le monde. Car ce monde avait grand besoin de modifications aux yeux de l'élève.
En cette fin d'après-midi d'un samedi en plein mois de janvier, la Poufsouffle montait les escaliers menant à la Tour d'Astronomie. Kevin était parti pour la journée, et rentrerait de son job probablement trop tard pour qu'ils se croisent. Alors elle en avait profité pour donner rendez-vous à son amie lionne afin de lui conter les dernières nouvelles. Depuis Noël, les cours les avaient empêchée de se retrouver. Il était donc temps de rattraper les heures perdues. Une fois la dernière marche passée, un sourire fin naquit sur ses lèvres. Sous la lumière des projecteurs, ou plutôt éclairée par les derniers rayons de soleil, Vicky se tenait là, à l'attendre.

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A sweet friendship refreshes the soul

Eléanor & Vicky

Vicky est née à Londres, c’est donc une pure anglaise et une pure londonienne et elle en avait bien l’étoffe. Elle avait grandit entourée de l’amour de ses parents pour elle toute seule, jusqu’à ce qu’elle s’en aille pour Poudlard et que son petit frère vienne au monde. Elle a toujours eu l’habitude d’avoir beaucoup d’attention autour d’elle, d’être traité comme une princesse mais pourtant elle avait aussi été élevé dans la simplicité et dans le respect d’autrui. Elle avait aussi eu cette facilité très jeune de comprendre le monde qui l’entourait, les gens et également les garçons, elle gagna alors très vite en maturité, souvent s’intéressant plus aux conversations des adultes qu’à celles des personnes de son âge. Aujourd’hui, elle était toujours la même, très fière et consciente de sa beauté, de son succès auprès des garçons et elle en profitait. Il était d’ailleurs rare qu’elle revoit le même homme plus d’une fois. Homme ? Oui, en effet, Vicky avait un faible pour les garçons plus âgés qu’elle même si des fois, elle se laissait aller avec les garçons de son âge. Elle aimait séduire, se rendre irrésistible et jusqu’ici elle n’avait essuyée aucun refus.

La tour d’astronomie, ce n’est pas vraiment le genre de droit ou Vicky passait beaucoup de temps, sauf quand elle avait ses petites réunions en tête à tête avec Eléanor, la Poufsouffle. Elle s’était rencontrée il y a trois ans de cela et personne n’aurait pu prédire que leur amitié durerait jusqu’ici pour la simple et bonne raison qu’elles étaient bien différentes mais bizarrement c’est ce qui les liaient davantage. Vicky appréciait cette relation, ça lui donnait l’impression d’être privilégiée d’avoir ses petits moment avec la poufsouffle en tête à tête. Elle était également l’une des rares personnes en qui elle avait une confiance presque aveugle, à qui elle pouvait tout confier et elle avait l’impression que son amie se sentait pareille.

Vicky était comme à son habitude lorsqu’elle était seule, entrain de lire un livre de la bibliothèque en attendant son amie. Elle a toujours été fascinée par les livres magiques, depuis son enfance et encore aujourd’hui, chaque histoire est unique, chaque livre représentait quelque chose de spéciale aux yeux de la jeune fille. Elle s’arrêta lorsqu’elle entendit un bruit dans les escaliers et leva finalement la tête de son bouquin.

« Eléanor, c’est toi ? »

Quelques secondes à peine après qu’elle eu posée la question, elle aperçut la tête de son amie dans les barreaux de l’escalier. Vicky lui sourit et lui fit signe de monter.

« Alors, pourquoi es-tu en retard ? Ce n’est pas dans tes habitudes.. Un garçon t’as retenues peut-être ? »

Vicky ria légèrement à sa remarque, sachant pertinemment que cette question allait la gêner, bien sûr ce n’était que de l’humour. Il n’y avait rien de méchant entre elles et Eléanor le savait parfaitement, c’était juste sa manière de parler, toujours très franche et direct dans ses mots, Vicky ne savait pas faire autrement. Vicky avait l’habitude de lui parler des garçons, qu’elle rencontrait et qu’elle voyait mais elle n’avait pas particulièrement parlé de Noctis, du moins, elle ne lui avait jamais parlé de son identité ; seulement d’un homme plus âgé qu’elle qu’elle avait revue plusieurs fois. Elle voulait le protéger mais c’était dur de ne pas en parler surtout vu les derniers évènements. Alors, peut-être que changer de sujet était la bonne solution.

« Sinon, tu ne m’as jamais dis de ce que tu pensais réellement d’Harry Potter, l’élu etc.. Tu y crois toi ? »

       

L'amitié double les joies et réduit les peines.

Non, effectivement, ce n’était absolument pas dans ses habitudes. La réflexion lui fit même plisser le nez tandis qu’elle s’avançait, elle aussi, sous les dernières lueurs du jour. Elle avait hâte que Kevin rentre, d’une façon qu’elle n’aurait su expliquer. Ces dernières temps, ils ne s’étaient guère séparés. Bien sûr, elle avait profité de son absence pour étudier et s’avancer dans ses révisions pour les Aspics, mais elle ressentait comme un certain manque. Spontanément, sa main vint serrer le petit trèfle autour de son poignet, offert  par le Serdaigle.

- Kevin est à Pré-au-Lard, répondit-elle non sans une certaine rougeur. Nous ne pourrons nous voir que demain.

Dans un léger sourire significatif quant à ses sentiments amoureux pour l’adolescent, Eléanor vint s’appuyer à la balustrade et respirer l’air frais de la fin de journée. Janvier défilait à une allure vertigineuse. Son regard se porta alors sur l’horizon, inconsciente du danger encouru par les Poudlariens imprudents.

- Potter ?

La question la désarçonna quelque peu. Elle ne l’avait pas vu venir, s’attendant à connaître avant toutes choses, les nouvelles des aventures libertines de sa chère et tendre amie. Ce n’était, toutefois, que partie remise !

- C’est toi sa camarade de classe, tu devrais pouvoir y répondre mieux que moi, répliqua-t-elle d’une voix songeuse. Je pense que Harry n’a jamais demandé tout ça, cette célébrité, cet harcèlement sans fin dont il fait l’objet. Quel ado inventerait pareilles histoires pour être populaire ? Même Malefoy n’aurait pas une telle imagination.

Elle eut un petit rire avant que l’image des mangemorts ne vienne assombrir son regard. Des villages de moldus continuaient d’être attaqués tandis que des sorciers n’en finissaient plus de disparaître comme par enchantement. Comment y mettraient-ils fin ? Elle ne cessait de poser cette angoissante question.

- Harry a un lourd poids sur ses épaules, et je ne vois pas comment il pourrait vaincre les ténèbres à lui seul. Certains le disent immortel, mais je ne le crois pas. C’est franchement ridicule, comme il est idiot d’attendre d’un adolescent qu’il sauve le monde pendant que nous l’observons sans rien faire. Si Harry Potter a besoin de soutien et de baguettes magiques pour l’aider dans ce combat, alors il peut compter sur la mienne. Les Poufsouffles sont des blaireaux fidèles, je te rappelle !

Un petit clin d’œil accompagna ses dernières paroles. Eléanor était fière des valeurs de sa maison, même si toutes possédaient quelque chose de spéciale et d’unique. Cela dit, et ceux comme beaucoup d’élèves, la maison Serpentard était la seule à ne pas l’attirer. A tort, peut-être. Mais aucun ne le lui avait jamais encore prouvé.

- Et toi alors, te battras-tu au côté de l’Elu ? Ou crois-tu que nous sommes tous fous d’imaginer que nous puissions faire le poids contre les mangemorts ?

Les occasions de parler de la guerre se faisaient rares, car chacun y allait de son opinion secrète, chacun nourrissait une certaine peur ou une certaine détestation pour Potter. On ne comptait plus ceux qui l’accusaient d’être coupable de tout ce manège. Le Gryffondor avait-il seulement conscience de la lâcheté de beaucoup de Poudlariens ? Oui, ils étaient nombreux ceux qui souhaitaient vendre Potter au Seigneur des Ténèbres. Pour sa part, même si la plupart de ces conversations nourrissait ses craintes, Eléanor aimait à en parler, à étudier les points de vue de chacun. A ses yeux, il était important de mettre des mots sur ce qui se passait, de chercher des solutions ou de se préparer au pire. Avoir peur était le droit de tous, renoncer en revanche, était le droit des lâches. Et Eléanor, du haut de sa majorité, refusait de l’être.

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