[Orcus + Libre] Tous unis pour la S.A.L.E !

*Et une journée de cours de plus qui s'achevait pour le botaniste. Cette dernière avait été plutôt tranquille, il avait besoin de travailler ses dossiers du ministère, aussi il avait improvisé des interros surprises aux trois classes qu'ils avaient eues, des QCM histoire de ne pas passer ensuite des heures en corrections. Il avait même bidouillé une plume auto-correctrice pour qu'elle sache reconnaitre d'elle-même les erreurs faites pas les élèves, de sorte que si mettre au point l'enchantement lui avait pris un peu de temps, il y avait gagné des heures en fin de journée.

D'ailleurs, il se trouvait dans une salle de classe qu'il avait laissé grande ouverte, supportant toujours aussi mal de se retrouver enfermé au château. Il avait déserté les serres dans lesquelles les jonquilles klaxonnantes, arrivées à maturité, faisaient un tintamarre de tous les diables, et avait préféré cette pièce vide à la salle des professeurs où la voix stridente de MacGonagall lui donnait rapidement un furieux mal de crâne, sans compter son regard réprobateur à chaque fois qu'il sortait sa fiole de sa poche pour la porter à sa bouche. Il s'était installé derrière le bureau du professeur, toujours penché sur des amas de parchemins qu'il griffonnait assidument de sa main gauche. Sa main droite, quant à elle, balayait l'air mollement, un geste qu'il répétait mécaniquement sans lui jeter le moindre regard. À chacun de ses mouvements, une copie se soulevait et venait rejoindre la conséquente pile de ses consoeurs barbouillées de rouge, cédant sa place à la suivante aux bons soins de la plume auto-correctrice. Il en restait encore une dizaine avant que sa journée ici ne prenne réellement fin.*

*Un dernier balayage de la main découvrit l'ultime copie, celle d'un cancre à en juger par la vélocité avec laquelle la plume s'énervait sur le parchemin. De son côté, il achevait de rédiger la conclusion d'un rapport sur les Pitiponks pour le ministère. La journée touchait à sa fin lorsqu'il entendit frapper à la porte restée ouverte. Bien que les couloirs s'étaient peu à peu désertés, balayant l'habituel brouhaha, le botaniste n'avait pas entendu cette arrivée, plongé qu'il était dans son travail. Néanmoins, il ne releva pas la tête, reconnaissant aussitôt la voix de Granger. Tous les professeurs auraient été capables de reconnaitre sa voix parmi 1000 autres tant elle n'avait de cesse d'accaparer l'attention en cours avec sa sempiternelle main levée. Il restait au botaniste encore 5 ou 6 lignes à rédiger, tout au plus, avant de prendre la poudre d'escampette aussitôt l'ultime lettre tracée.*

Non.

*Il n'avait toujours pas l'air décidé à t'accorder ne serait-ce qu'un coup d'oeil.*

Si vous voulez me parler, se sera maintenant. Laissez-moi deviner, vous avez peur de ne pas être à la hauteur de vos examens et voulez savoir s'ils porteront uniquement sur cette année ou si vous pouvez être interrogée sur les sujets des années précédentes ? Ou encore si vos notes seront suffisantes pour espérer décrocher un Optimal ? Vous avez fait le coup à tous les professeurs...

*Il inscrit un point du bout de sa plume et apposa sa signature tout en bas de ses écrits. Il ramassa l'ensemble des parchemins pour en faire une jolie pile bien compacte, y déposa les deux plumes et remit le tout au bord du bureau. Enfin, il plongea ses yeux dans les tiens, les doigts entrelacés posés devant lui.*

Les examens ne sont que dans 7 mois et tout ira très bien pour vous.

*Il arqua un unique sourcil aux mots "à laquelle tous les sorciers de ce château devraient se préoccuper". Orcus ne se préoccupait que de lui-même (faux !), mais il se demandait tout de même qu'est-ce que tu pouvais bien vouloir lui vendre, car ta méthode ne différait en rien des vendeurs de porte-à-porte promettant tapis volant à bas prix et manuels invisibles d'une grande rareté.*

D'accord, la flatterie fonctionne. Vous pouvez me suivre et babiller tout votre soule pendant mon trajet jusqu'à la sortie du château.

*Il se leva alors pour récupérer son manteau accroché au dossier de la chaise. Il l'enfila aussitôt et entreprit la lente fermeture de ses boutons. Une écharpe bordeaux - choisie pour faire criser sa mère - vint alors rejoindre son cou.*

De quoi avez-vous besoin et qu'il est absolument de mon devoir de vous donner ? Vous avez environ 8 minutes, 10 si je traine des pieds, pour me convaincre.

*Orcus pria intérieurement que ton projet ne consiste pas à devenir Botaniste, tu n'avais pas le petit grain de folie et l'inventivité qu'il fallait pour ça. Tu étais certes aventurière, du moins à en juger par tes escapades avec tes deux acolytes, car en cours, tu restais extrêmement scolaire. Trop scolaire.*

Non, je l'ignorais.

*Orcus n'avait jamais entendu parler de la SALE, d'abord parce qu'il ne venait à Poudlard que le temps de dispenser ses cours et corriger ses copies, pas plus. Ensuite et surtout, parce que tout le monde se fichait de ton association. Il enchanta la pile de devoirs pour qu'elle s'envole toute seule jusqu'à la salle des professeurs et les documents du ministère pour qu'ils flottent dans son dos et le suivent. Il attaqua alors la longue série de couloirs à une allure normale (ce qui était déjà un effort de sa part).*

Je ne comprends pas très bien le but de votre association, est-ce de libérer les elfes de forces ou de leur octroyer une protection, parce que les elfes ne souhaitent pas être libérés, je suppose que quelqu'un vous l'a dit ? Et en admettant que je m'intéresse à votre association, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Si même vos amis n'ont pas envie d'adhérer, je doute que ceux qui ne vous apprécient pas plus que ça le fasse juste pour mes beaux yeux.

*A part Millicent, peut-être.*

*Ils étaient déjà parvenus jusqu'au grand hall. Il s'arrêta soudainement à quelques pas de la double porte, par surprise, son tas de parchemins lui percuta le dos. Il fit un quart de tour vers toi tout en resserrant son écharpe. Il profita de la pause pour sortir une paire de gants en fin cuir de dragon.*

Je vais peut-être vous surprendre, Miss Granger, mais je partage votre idée... tant qu'il ne s'agit pas de les libérer contre leur gré. Le concierge de mon immeuble est un elfe libre, croyez-moi, il fait peine à voir.

*Le ménage qu'il effectuait dans son appartement 2 fois par semaine était toujours impeccable, mais le vieil elfe rabougri, libéré de force après le décès de son Maitre n'ayant laissé aucun héritier, était devenu maniaco-dépressif. Il alternait les périodes où il reniflait d'un peu trop près ses mandragores et celles où il faisait le ménage en chantant en boucle "La danse des épouvantards" qu'il entonnait en remuant le bas de ses reins.*

Je pense que les elfes devraient au moins être bien traités en retour pour les services qu'ils nous rendent. Nous devrions interdire les châtiments corporels pour commencer, mais vous savez...

*Il haussa les épaules.*

Le sujet n'intéresse personne et le ministère n'octroiera jamais le budget nécessaire pour s'assurer que la loi serait appliquée, surtout en période de guerre. Vous voyez, moi non plus je ne peux rien faire, alors je ne vois pas en quoi m'exhiber auprès de vous vous serait utile.

*Il se redressa de toute sa hauteur pour darder son regard sur toi, comme s'il cherchait à sonder la sincérité de tes propos. Orcus pouvait, peut-être, accepter d'adjoindre son nom à ton association, à condition que ce ne soit pas une entourloupe pour une entreprise avec laquelle il ne voudrait pas s'acoquiner de son plein gré. Par exemple, s'il apprenait que tu cachais des bonnets dans la salle commune de gryffondor pour essayer de les libérer de force, tu pouvais dire adieu à son soutien. Il rompit le regard, poussa la porte et sortit dehors pour reprendre son trajet sans un mot de plus. Ce n'est qu'une fois les premières marches descendues qu'il reprit la parole d'une voix forte pour t'inciter à le suivre si tu n'en avais pas encore eu l'idée.*

Ça pourrait être une idée novatrice que je pourrais appuyer... un peu, le temps que vous fassiez vos preuves.

*Ainsi, si le vent tournait en faveur des elfes, il pourrait ériger la date de son adhésion comme une preuve de sa bienveillance et de son implication pour leur défense et si le statut quo demeurait, pour sûr que l'association inconnue d'une élève de 17 ans partirait vite aux oubliettes sans avoir entachée sa réputation.*

... Et contre un échange de service vous dites. C'est rigolo, j'ai entendu de drôles d'histoires vous concernant. On dit que vous avez Rita Skeeter à votre botte.

*Sa liberté ne se trouvait plus très loin, la grille du parc grossissait dans son champ de vision.*

Admettons que ce soit le cas et admettons que j'adhère à votre asso, et même que j'afficherais une affiche la concernant dans le département de contrôle et de régulation des créatures magiques, pourrais-je obtenir de vous une toute petite contrepartie ? La promesse que le jour où je vous le demanderai, vous me garantirez d'être interviewé par Rita Skeeter en personne et que son article contiendra exactement ce que je désire, mot pour mot et rien de plus ?

*Il s'arrêta pour te regarder, attendant ta réponse.*

*Ils étaient à présent devant la grille, 3 pas de plus et il aurait officiellement quitté le territoire de Poudlard pour celui de Pré-au-Lard. Il marqua un nouvel arrêt et te sourit avec amusement. Orcus était lui-même suffisamment retors pour ne pas être dupe. De plus, Rita était une menteuse, une fouineuse, un fauteur de troubles et une experte pour ruiner la réputation de n'importe qui, mais surement pas une incompétente. Elle écrivait simplement ce qui servait ses intérêts et alimentait sa réputation de journaliste à sensations. Une chose était indéniable : les gens l'écoutaient.*

Peu importe de quelle manière vous vous y prenez, je ne veux pas savoir comment vous êtes parvenue à l'exploit de museler la reine des cancans, je veux seulement bénéficier du résultat.

*Il poussa un soupir exaspéré, mais se dit que le moment venu, il ferait bien ce qu'il voudrait de toute façon. Il énuméra un nouveau compromis.*

Disons plutôt ceci, je vous promets de ne pas l'utiliser pour pourrir la vie de quelqu'un par amusement ou vengeance, de ne pas l'utiliser par méchanceté gratuite ou de nuire à une personne bien. Ce n'était pas mon intention de toute façon.

*D'égratigner une institution par contre, voilà qui était possible surtout pour sauver ses miches.*

Parfait, je crois que nous sommes d'accord. J'oubliais, bien entendu, ce marché reste entre nous ! Où dois-je signer ?

*Un petit sourire satisfait étira ses lèvres, si quelqu'un venait à essayer de nuire à sa réputation, il pourrait se servir de Rita pour contre-carrer efficacement ses plans. C'était un atout précieux dans sa manche qui valait bien les quelques gallions qu'il te ferait parvenir dès le lendemain matin par hibou pour finaliser son adhésion à la SALE.*

Ne dites rien pour le moment à Rita, je me souviendrai de notre deal pour deux si c'est ce qui vous inquiète et saurai me rappeler à votre souvenir en temps et en heure. Lors du prochain cours, vous n'aurez qu'à me laisser une affiche de votre association sur mon bureau, je me chargerai de l'afficher dans le hall du département.

*Sur un tableau d'affichage un peu en retrait tout de même, il ne fallait pas exagérer.*

Ce fut un plaisir de me laisser convaincre par vous, Miss Granger. Qui sait, peut-être que dans quelques années j'aurai le plaisir de voir fleurir vos idées novatrices sous mon égide. Passez une bonne soirée.

*Il ramassa son tas de copies flottant statiquement dans l'air pour le glisser sous son bras, franchit la grille et transplana.*