[Leo] "Vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d'exister."

"Vivre est la chose la plus rare."

Poufsouffle contre Serdaigle. Un match d'exception non ? Pas pour elle. Elle, elle en avait profité pour s'avancer dans ses nombreux devoirs. Car les professeurs ne leur faisaient pas de cadeau. Les Aspics approchaient et ils le leur faisaient bien sentir ! Elle travaillait assidûment pour ne pas louper une année. Eléanor n'était pas passionnée, elle était déterminée. Le Quidditch ? Elle n'avait rien contre. Assurément, elle serait venue supporter son équipe si celle-ci avait joué contre les Serpentards, juste pour faire taire tous ces idiots.

Elle regarda l'horloge. Le match n'allait pas tardé à se terminer, sauf prolongations impromptues. Le temps pour elle de terminer son devoir de potions. Les premiers supporters apparurent tandis qu'elle mettait un point final à son devoir. De toute évidence, Poufsouffle avait gagné. Un léger sourire flotta sur ses lèvres tandis qu'elle les observait, comblés. Ils étaient bien partis pour la coupe. Seuls les Gryffondors leur faisaient de l'ombre pour le moment. Finalement, les joueurs entrèrent à leur tour et Cadwallader s'effondra dans un fauteuil non loin d'elle.

- Alors ? J'ai manqué un quelconque spectacle ou c'était joué d'avance ?

On ne pouvait pas dire qu'ils avaient un lien très étroit. Eléanor, comme tous le savaient, était taciturne, froide et d'humeur indéchiffrable la plupart du temps. Pour autant, il leur arrivait d'avoir de longues discussions, notamment quand il s'agissait de penser le monde ou de le repenser. C'était peut-être la deuxième personne à qui elle avait avoué vouloir rejoindre le Magenmagot, plus tard. Elle s'en souvenait encore. Cette discussion était encore récente, peut-être datait-elle de tout juste un an. Ce soir-là, elle avait passé son temps à lui expliquer certaines traditions moldues. Après tout, elle était la mieux placée pour le faire.

- Je suis prête à gagner les cuisines, s'il faut fêter tes exploits, Cadwallader ! ironisa-t-elle en refermant d'un claquement sec son livre de potions.

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Elle avait visé dans le mil, bien sûr. Le nombre de fois où ils avaient gagné les cuisines pour discuter n'était plus à compter. A croire qu'elles étaient leur QG. A leur décharge, elle était la pièce la plus proche de leur salle commune ! Eléanor rangea donc ses affaires et les cala dans un coin près de la cheminée. Ils avaient une bonne heure avant le couvre feu. Surtout qu'étonnamment, Miss Teigne adorait traîner vers les cuisines, les jours de vendredi surtout (jour de poisson).

Tous deux gagnèrent le court passage menant hors de leur salle commune. D'autres Poufsouffles continuaient d'arriver. Ils chantaient à la gloire des Blaireaux. Nul doute que Mme Chourave en aurait été fière. Très vite arrivés devant la grosse poire, Eléanor chatouilla le tableau et ouvrit la porte donnant sur les cuisines. Derechef les elfes les saluèrent près à les servir, Dobby vérifiant la chope que tenait Winky au fond de la salle. Ils prirent place à l'une des quatre grandes tables.

- Une forêt noire, je vous prie. - à Léo - Alors qui présentait aujourd'hui ? La dernière fois, la pauvre Luna Lovegood s'était ouvertement faite rabrouer par le Professeur McGonagall. Mais si tu veux mon avis, mieux vaut Lovegood que le Professeur Rogue. Au moins, on sait dans quelle direction voleraient les cognards...

Un sourire amusé s'étira sur son visage.

- Le match contre les Gryffondors est dans deux mois non ? Tu crois pouvoir tromper Weasley ? Ah ce qu'on dit, il est vraiment pas mal comme gardien. J'ai entendu Parkinson dans les toilettes des filles : apparemment ça complote contre lui. Maintenant que Potter est en prise avec Rogue, Weasley est le seul obstacle demeurant sur leur route.

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On lui présenta une énorme part de forêt noire. Les elfes lui avaient même rajouté un bol de cerises, à côté, tant ils savaient qu’elle adorait ça. Eléanor les gratifia d’un sourire rayonnant et entama sa première bouchée non sans en frémir de plaisir. La cuisine des elfes de Poudlard était de loin sa préférée. Elle n’en avait jamais mangé de meilleure.

A l’évocation du nom de famille de son camarade de maison, la Blairelle ne put s’empêcher de pouffer de rire. Notamment parce qu’elle-même avait eu de nombreuses difficultés à retenir son nom. Quant à son accent, il était affreux disons-le ! Elle avait mis des semaines pour ne pas dire des mois à comprendre chacun des mots prononcés. Combien de fois ne l’avait-elle pas fait répéter ! Aujourd’hui, elle était une professionnelle dans le décodage Léonhart.

- Comment lui en vouloir ? Tu as bien oublié le nom du présentateur d’aujourd’hui ! Mais de toute évidence, il ne devait pas être passionnant.

Assurément que l’équipe des rouge et or était bonne ! Eléanor acquiesça non sans une pensée pour Ginny.

- Donnez le meilleur de soi c’est ce qu’il faut non ? Hum, peut-être faudrait-il prévenir Weasley de ce qui se trame contre lui, non ? Les Serpentards sont en grande forme en ce moment. Je ne sais pas si c’est les nouvelles dans la Gazette qui leur donnent des ailes, mais ils sont particulièrement cruels et idiots. Tu sais qu’ils ont réussi à me coincer devant la Cabane hurlante ? Quatre contre un. Heureusement pour moi, Kevin Entwhistle, le nouveau Serdaigle, passait dans le coin et nous avons pu les faire détaler.

Elle enfourna une bouchée de gâteau.

- Mais tout ceci manque cruellement de justice ! Ils mériteraient une bonne leçon !

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Eléanor arqua un sourcil.

- Tu veux dire la cerise sur le gâteau ? Parce que de la crème sur une cerise est une étrange image si tu veux mon avis. Quant aux corbeaux …

Elle se tapa la main contre son front, comme pour se punir de sa méprise.

- Pardon, les copeaux. Oui, mais ça ne les rend pas moins importants ! Au contraire ils renforcent le goût chocolaté, comme le commentateur renforce le suspens du match. Les détails, Léo, sont à prendre en compte. Faire l’impasse de détails, c’est être très réducteur. Sans compter que dans d’autres circonstances, cela pourrait nous jouer des tours.

Le coup de poing la fit en revanche sursauter et elle ne fut pas la seule. Tous les elfes sursautèrent alors même qu’ils écoutaient silencieusement leur conversation tout en s’affairant.

- Mais tu es fou ? Tu vas nous faire avoir une crise cardiaque.

Elle s’excusa pour lui auprès des elfes et accorda un sourire bienveillant à Dobby. Eléanor reporta ensuite son intention sur son ami au sang assez chaud. Un sang allemand…

- Je n’ai pas peur d’eux, nous en avons déjà parlé. Et ils n’ont rien eu le temps de me faire. Mais ils n’attendent que ça. Tu aurais dû voir le regard du Pucey. Ce Serpentard a le regard dérangeant si tu veux mon avis. Il est malsain ! Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne reviennent à la charge. Je compte bien en toucher deux mots à un Professeur. Dumbledore doit savoir ce qui se trame contre les … nés-moldus.

Rageusement, elle piqua une bouchée de gâteau.

- Et à ta place, je ne prononcerai pas le nom de Poufsouffle devant eux. A t’entendre on dirait que tu nous compares à de la nourriture. Et crois-moi, ils n’ont pas besoin de cette comparaison pour nous voir comme des proies délicieuses.

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Devant tant d'efforts et d'attention, elle eut presque un sourire attendri. Il était bon de savoir qu'elle n'était pas tout à fait seule dans ce château. Pour autant, elle allait devoir s'occuper rapidement du cas Serpentard, ces attaques à répétition ne pouvant durer éternellement. Eléanor avala une bouchée de forêt noire et quémanda, avec politesse, un verre de jus de citrouilles aux elfes de maison.

- C'est beaucoup mieux, acquiesça-t-elle enfin. Et sinon comment se passent tes cours ? Plutôt compliquée la sixième année n'est-ce pas ? Mais crois-moi, la quantité de devoirs n'est rien comparée à la nôtre. Tu devrais t'y préparer entre deux matchs et deux bagarres, Léo. Car je crains que tes qualités sportives ne soient suffisantes pour le Professeur Rogue ou le Professeur Maugrey.

Winky éternua alors bruyamment dans sa bièraubeurre, éclaboussant Dobby au passage. Eléanor leur adressa un regard bienveillant, et reprit :

- Tu as remarqué combien ils étaient de plus en plus tendus ? Je suis certaine que quelque chose se trame et que tous refusent de nous mettre au courant. Si ...

Elle baissa la voix et se pencha.

- ... une guerre devait éclater, tu serais prêt à faire face ? Beaucoup de Poufsouffles demandent déjà à rentrer chez eux par prudence. Je les ai surpris à murmurer contre le Professeur Dumbledore.

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Elle hocha la tête, sans pour autant être convaincue. Albus Dumbledore était peut-être le plus grand sorcier que le monde n'ait jamais connu, il n'en demeurait pas moins qu'il serait en grande infériorité si une guerre venait à éclater ouvertement. Les membres de l'Ordre du Phénix auraient probablement besoin de baguettes magiques supplémentaires, encore plus si la guerre venait jusqu'aux portes de Poudlard. Croire que Dumbledore contrôlait la situation était pour elle utopique.

- Il va quand même falloir nous y préparer et nous entraîner davantage.

Surtout si les Serpentards continuaient à s'y mettre eux aussi. En conséquence, la Poufsouffle avala rapidement ce qui lui restait de gâteau et se leva dans la précipitation. Ce n'était pas en partageant des bons moments dans la cuisine qu'ils seraient prêts à se défendre.

- Arrête de manger, on devrait retourner dans la salle commune et terminer nos devoirs respectifs. Comme ça, demain, nous aurons tout le temps de nous entraîner et de pratiquer les sorts vus en cours. Tu sais que ...

Elle eut comme un doute.

- ... que la charcuterie ne te sauvera pas de ce qui nous attend n'est-ce pas ? Je veux dire qu'on sera sûrement en sécurité en compagnie de tous ces elfes (elle les salua respectueusement d'un signe de tête), mais ce n'est pas ce qu'ils attendent de nous. Il n'y a pas que des Serpentards qui nous attendent dehors, le sortilège du Saucisson ...

Eléanor leva la main pour l'interrompre.

- Ne nie pas je sais que c'est ton préféré ! Mais il ne sera pas suffisant face aux mangemorts. Surtout que, quand on y pense, ils ne vont sûrement pas envoyés des premières années ni même des deuxièmes années à la charge. Nous sommes les plus vieux du château, c'est à nous qu'il reviendra en premier de choisir entre nous battre ou non.

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Satisfaite de son petit effet, la Poufsouffle avait le sourire aux lèvres. Son temps de pause se terminait et elle s'impatientait de reprendre ses devoirs, car plus vite ils seraient terminés, plus vite elle pourrait s'activer et se concentrer sur des choses plus importantes. Elle non plus n'était pas forcément une lumière en magie. Son niveau suintait la normalité, bien loin des capacités de Granger. Or les semaines à venir lui demanderaient à coup sûr davantage de maîtrise. Elle aussi devrait donc subir des heures entières d'entraînement. De quoi ravir l'impatience de leur professeur de Défense contre les forces du mal. Mais avant cela, elle s'arrêta net, à deux pas de la porte donnant sur le tableau. Son sortilège préféré ?

Elle n'y avait jamais réfléchi. Pour cause, n'était-ce pas avouer une certaine dépendance à la magie que d'avoir un sort fétiche ? Eléanor ne voulait pas être comme tout le monde, elle ne voulait pas dépendre de la magie ou de sa baguette. Car si un jour, celle-ci devait disparaître, qu'adviendrait-il ? Se pourrait-il que dans un avenir proche quelqu'un appuie sur un quelconque interrupteur ? Parce qu'il était bien beau d'enseigner l'Histoire de la magie, les nombreuses guerres et toutes ces dates impliquant la création de loi, qu'en est-il de l'essence-même de la magie ? Provenait-elle d'une source intarissable ? Lentement, la jeune adolescente se tourna vers son camarade pour le contempler. Eléanor ne l'évoquait peu, mais elle avait une dent contre la magie tout comme elle en admirait la beauté intrinsèque. A ses yeux naïfs et innocents, la magie était à l'image de la technologie moldue, un bienfait devenu opium qui bien souvent constituait un obstacle entre deux individus et alimentait les vices.

- Le sortilège du Patronus, finit-elle par dire d'une voix douce.

Rares avaient été les fois où elle avait réussi à lui donner une forme. Demain, il ferait partie de son entraînement. Par les temps qui couraient, il devenait plus que nécessaire.
Eléanor remercia les elfes et passa le tableau en direction de leur salle commune, pensivement.

- Quels sortilèges comptes-tu travailler demain ?

Sur les tonneaux correspondant, elle tapa au rythme d'Helga Poufsouffle avant de s'engouffrer dans le passage menant à leur salle.

- Peut-être devrais-tu essayer de lancer des sorts et de les esquiver sur ton balai. Cela te donnerait un avantage supplémentaire que d'autres au sol n'auront pas. Autant mettre tous les atouts de ton côté, tu ne crois pas ? Cette mobilité pourrait être utile. Enfin après, c'est selon ce que tu préfères. Mais Potter en a fait la démonstration lors du Tournoi des Trois Sorciers et j'avoue avoir trouvé la technique plutôt intelligente. Personnellement, j'ai facilement le vertige... grimaça-t-elle dans un léger sourire. Le sol m'ira parfaitement.

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