La belle et le crapaud ft Emma

La belle et le crapaud

Emma & Terry

Depuis quelques jours maintenant, Terry n’était pas vraiment le plus enjoué des aiglons. La raison : La tristesse bien trop palpable d’Emma suite à la perte de son animal de compagnie chéri. Il ne pouvait supporter la voir inquiète, attristé ni même blessé. Seul son sourire lui importait. Elle pouvait très bien avoir des ennemis, du moment que personne ne s’en prenait à elle devant lui. Auquel cas, c’était à leurs risques et périls que devrait en répondre autrui. Terry n’avait pourtant pas vraiment la baguette facile, pourtant quand ça touchait directement Emma ou Lavande, il lui arrivait de perdre un tantinet le contrôle.
D’une humeur maussade similaire à celle de sa meilleure amie, Terry s’était servie de toute sa journée de repos, non pas pour réviser ou jouer au Quidditch comme il aimait pourtant le faire à l’accoutumer, mais pour chercher le précieux compagnon d’Emma.

Il avait eu beau passer tout le château au peigne fin, il n’avait trouvé aucun signe de Joey. Désespéré il s’appuya contre l’un des murs de pierre en soupirant. Il lui était impossible de rentrer sans lui. Il s’était promis de faire retrouver le sourire à son amie et c’était bien ce qu’il comptait faire.

— Merlin, je t’en conjure donne-moi un indice   , souffla t’il sans vraiment trop de convictions.

Et pourtant, il aurait dû. Merlin était un saint. Arrivé presque comme un cheveu dans la soupe de citrouille, deux étudiants plus âgé de sa maison passèrent devant lui en raillant sous le mauvais coup qu’ils venaient de réaliser. Comme quoi même les aiglons pouvaient parfois faire preuve de cruauté quand l’idiotie les frappait.
— Ça lui apprendra à celle-là de se mêler de ce qui ne la regarde pas.

— J’espère qu’elle va bien s’en mordre les doigts. Elle est mignonne c’est dommage! J’en aurai bien fait mon quatre heure de Bradley.

Devant la conversation des deux, Terry vit littéralement rouge. Non seulement il venait de tomber sur les responsables de la tristesse d’Emma, mais en plus ces deux horribles trolls venaient de s’en moquer ouvertement. Pire, ils osaient traiter son amie la plus chère comme un vulgaire golem de terre. Ça en était trop, il ne pouvait laisser passer un tel manque de respect.

Bien plus grand que la plupart des élèves de sa maison, Terry profita de sa carrure dominante pour agripper les deux sots par le col de leur uniforme afin de les contraindre à cesser tout mouvement et paroles. L’air sombre et menaçant, qui ne lui ressemblait pourtant pas, il leur lança avec colère.

— Maintenant vous allez calmement vous expliquez …


Le soleil avait littéralement disparu dans le ciel. Le couvre-feu était passé d’une bonne vingtaine de minutes. Terry venait tout juste de retourner dans sa salle commune, littéralement trempée des pieds à la tête. Son humeur ne s’était pas vraiment arrangée. Elle avait même triplé après que les deux idiots lui avait conté leur vérité. Ils n’étaient pas les bourreaux, seulement les sous-fifres d’un imbécile bien trop lâche pour se salir les mains lui-même.

A son passage tous les élèves s’écartèrent comme si ils avaient peur d’entacher leurs uniformes, de vase du lac noir. Etre considéré comme un pestiféré, ne lui importait guère à dire vrai. Seul son objectif comptait. Maintenant fermement, Joey contre son bras, Terry s’approcha d’Eddie Carmichael, l’investigateur de tout ce cinéma. Après l’avoir apostropher, il lui colla la plus mémorable des droites de l’histoire de Serdaigle. Un coup si puissant, que la mâchoire du septième année avait manqué de se décrocher. Sans ajouter quoi ce soit, Terry déposa Joey dans les mains d’une des camarades de dortoir de sa meilleure amie, non sans lui dire d’annoncer à Emma qu’il l’attendrait dans une heure à l’extérieur. Il n’avait pas vraiment besoin de préciser le lieu, Emma le savait. La tour d’astronomie était depuis leur première année, leur jardin secret.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il faut sauver Joey

Au désespoir. Depuis plusieurs jours maintenant, Emma déambule dans le château, les yeux larmoyants, abordant tous les élèves qu'elle croise "vous n'avez pas vu un crapaud ?". Certains hochent la tête en négation par timidité ou agacement, d'autres lui demandent pourquoi elle a adopté un crapaud, d'autres encore l'ignorent totalement. Les bras ballant, le cœur en mille morceaux, Emma ère comme une âme en peine plus déprimante que le baron sanglant et Mimi geignarde réunis.

La veille de sa rentrée à Poudlard, ses parents lui avaient fait la plus belle des surprises : un petit crapaud au ventre rebondis, vert comme de la vase, lisse comme un bébé. Obsédé par les insectes, il sautillait de part et d'autres de son bocal pour les attraper, particulièrement gourmand et bien décidé à ne laisser aucun rescapé. Une petite poussée sur l'arrière train dévoilait son jeune âge, la forme de têtard n'était pas si ancienne. Emma était ravie, si bien qu'elle dormit avec le bocal à côté de son oreiller et qu'elle raconta à ses amis avec détail son coup de foudre animal pendant vingt minutes une fois qu'ils furent assis dans le train. Deux semaines furent nécessaire pour choisir son prénom. Joey. Parce que Joey, ça fait prénom de copain.

Six années de fidèle compagnie, témoin de ses tristesses, de ses doutes, de ses joies, de son charabia lorsqu'elle dormait (parce qu'Emma parle en dormant. Si.), Joey ne l'avait jamais quitté. Souvent, il se promène dans la salle commune des Aigles. C'est devenu monnaie courante, tout le monde s'est habitué à sa présence. Joey est devenu gros et grand, il aimait la solitude (et Emma), il servait de tue-mouche, son met préféré. Délibérément, Emma refuse de croire qu'il est parti. Joey ne l'aurait jamais quitté. Les chats du coin le connaissent (étant donné son dos recouvert de pustules, il faut vraiment avoir l'estomac solide pour mordre dedans), le crapaud est discret, il n'a cure des êtres vivants qui l'entoure (sauf d'Emma) et aucune de ses camarades de dortoir ne s'est jamais plaintes.

Une journée de plus s'est écoulée. Joey n'a donné aucun signe de vie. En cette belle soirée étoilée, Emma est allongée sur son lit, pleurant en silence toutes les larmes de son corps. Le raffut de la Salle Commune parait lointain. Elle n'y prête aucune attention. Quand la porte du dortoir s'ouvre à la volée, elle ne sursaute même pas. Pauvre Joey. Toutes ses pensées vont vers lui. Il lui est forcément arrivé malheurs. Tant de jours qu'il a disparu... Pauvre Joey ! Il était si calme, si gentil... si je-m'en-foutiste.

Sa camarade l'apostrophe. Emma pose un coude sur le matelas pour se relever. Et elle le vit, là, dans les deux mains tendues, tout crasseux dégoulinant de vase, Joey, son Joey, il est sauf. Elle remercie chaleureusement sa camarade, attrape Joey et court le rincer sous l'eau tiède. Sa camarade s'empresse de lui rapporter l’événement passé : Carmichael, Terry, nez cassé, rendez-vous dans une heure. Emma la remercie mille fois encore, couvre de baiser son Joey, et lui donne une triple ration de mouches vivantes. Depuis la première année, son bocal s'est agrandit. Elle l'observe, le regard attendrie, le coeur désormais léger, gober les mouches affolées. Tout s'arrange. Elle va enfin pouvoir se concentrer sur son devoir de métamorphose. En cet instant, Emma se sentait heureuse.

Ce soir là, elle ensorcelle le bocal à grand renfort de sort. Couvrant ses épaules d'un gilet, Emma déboule dans la salle commune où deux avortons encadrent Carmichael, installé sur un canapé, la tête penchée en arrière appuyée sur un dossier. Les deux sbires se lèvent à son approche.

"Elle est là !
- Qu'ech ta Bachley ?
- Tu ferais bien d'aller à l'infirmerie, Carmichael".

Le garçon se lève, un bout de mouchoir entortillé dans chaque narine. Il la domine d'une tête. Sans lui laisser le temps de répliquer, Emma lui envoi une baffe qui résonne dans toute la salle commune. Les couche-tard cessent leur conversation, tous les regards sont rivés sur eux. Emma plante sa baguette sous le menton du septième année.

"La prochaine fois que tu touches à mon crapaud ou à quoi que ce soit d'autre qui m'appartienne, crache t-elle les dents serrées, je te colle un sort dans la tronche qui me fera renvoyer de Poudlard. Avis !"

Les joues rouges de colère, Emma détourne les talons sous les yeux ébahies des élèves de Serdaigle, s'apprêtant à quitter la salle commune. Avant de disparaître, elle ajoute tout haut :

"Monsieur Carmichael s'amusait à enfourner une motte de terre dans la bouche des mandragores pendant le rempotage de la semaine dernière. Très intelligent pour un garçon placé sous le signe de l'aigle, en septième année qui plus est. Rowena doit t'acclamer."

Elle grimace et disparaît. Ses pieds martèlent le sol tandis qu'elle se dirige vers la tour d'Astronomie. Arrivée aux pieds de la dite tour, elle grimpe quatre à quatre les marches des escaliers. Est-ce que Terry est déjà arrivé ? Au sommet, Emma empreinte une porte s'ouvrant sur la salle de cours. Personne. La pièce circulaire est éclairée par la lune, unique source de lumière. Dans l'encadrement d'une fenêtre ouverte, comme si les rayons de la lune pouvaient la réchauffer, elle s'adosse contre la monture, s'accordant un long soupire de soulagement. Emma attends patiemment Terry, son bien aimé meilleur ami, son sauveur. Tout est bien qui fini bien. Elle ferme les yeux et sourit, tournant le dos à la porte d'entrée.

Codage par Libella sur Graphiorum

La belle et le crapaud

Emma & Terry

Ce fut dans un état presque déplorable que Terry regagna son dortoir. Poisseux et vaseux au sens littéral du terme l’aiglon laissait à chacun de ses pas une trainée nauséabonde du lac noir, pour le plus grand déplaisir de ses camarades qui s’écartèrent tous sur son passage au même titre que si il était couvert de pustules contagieuses.  Malgré tout, Terry n’en avait que faire. Même son poing endoloris par le coup qu’il venait juste de prodiguer à Eddie, ne pourrait le faire douter sur ses décisions passées. Sans adresser le moindre mot ou regard à ses compagnons de dortoir, Terry fila rapidement dans la salle de bain pour se décrasser de tous fluides contaminés.

Il était vrai qu’à l’accoutumer, il était rare que sa nature primitive se révèle ainsi au grand jour. Plus adepte des joutes verbales emplis de sarcasme et d’acerbité que des danses cogneuses, la surprise des spectateurs ne pouvait que se comprendre. Toutefois quand le sujet affecté était Emma, Terry avait bien du mal à calmer ses nerfs. C’était d’ailleurs la raison primaire de ses disputes avec Orla à l’époque où elle était encore là. Jalouse d’Emma, Orla avait de nombreuse fois contraint Terry à choisir entre elle et sa meilleure amie. Ultimatum que le jeune blond avait toujours réussi à détourner à coup de belle parole amouraché. Pourtant le choix était vite fait. Quand bien même il avait pu sincèrement aimer Orla, Emma passait et passera toujours en premier. Eddie venait d’en faire à son tour les frais.

Une bonne demi-heure plus tard, l’adolescent quitta sa chambrée, enfin préparé à rejoindre Emma au lieu indiqué. En traversant la salle communale des aigles, des murmures radotant ce qu’il venait de se passer, arrivèrent jusqu’à ses oreilles comme une ritournelle cassée. Comme si ils n’avaient rien d’autre à faire que de chicaner sur un acte pourtant anodins. Certains en venant même à le féliciter, prétextant que Carmichael le méritait. Ce à quoi Terry répondait avec un simple hochement de tête. Quand il passa devant le principal concerné, ce dernier le toisa d’un œil mauvais. Terry se doutait qu’il allait vouloir se venger. Si seulement il pouvait ne pas le faire, ça lui évitera de se ridiculiser une nouvelle fois. Certes, Eddie était son ainée, mais Terry était beaucoup plus imposant et doué dans l’art des duels que lui. C’était une partie perdu d’avance pour lui.

Alors qu’il était en train de quitter leur salle commune, le préfet l’intercepta pour le réprimander sur cet acte de violence qui n’était pas digne d’un membre de leur maison. Les bras croisé sous sa poitrine impatient d’en finir, Terry l’écouta d’une simple oreille. Ces remontrances ne lui faisait ni chaud ni froid. D’autant plus si leurs points en restaient inchangé. Par simple politesse, Terry laissa le préfet terminé son monologue, sans jamais l’interrompre. Ce ne fut que lorsqu’un groupe d’élève entrèrent dans la conversation pour le défendre, que Terry aperçu une ouverture et fila hors de tout ce champ de bataille communicative.

Il ne tarda guère à arriver jusqu’à la tour d’astronomie. Emma était déjà présente devant lui et semblait comme obnubilé par l’extérieur. Elle ne semblait pas vraiment avoir remarqué sa présence, ce qui ne saurait tarder. D’un pas lent et silencieux, Terry s’avança vers sa meilleure amie et glissa lentement sa tête contre son oreille  pour lui murmurer.

— Un petit oiseau m’a dit qu’on avait sauvé le soldat Joey ?

Il se recula ensuite afin de laisser à sa meilleure amie le temps de se retourner, un léger sourire esquissant le coin de ses lèvres.

— J’imagine qu’il a retrouvé ses marques rapidement auprès de sa maîtresse qu’il aime tant ! Par contre on ne pourrait pas en dire autant de son agresseur. On raconte qu’il s’est fait refaire le portrait ? Diantre, je serais curieux de savoir quel guerrier a bien pu lui faire cela ! On raconte que c’est un garçon génial et super admirable. Plaît-il ?

Jouant faussement de vanité en amplifiant les commérages, Terry s’amusait de la situation dans laquelle il se retrouver à présent. Autant transformer cet agacement en plaisanterie.

— D’ailleurs, ce même garçon, mérite une récompense tu ne penses pas ?

Son sourire s’étira d’avantage alors qu’il tournait la tête pour tendre sa joue à sa meilleure amie. Bien entendu, il n’avait pas fait tout ceci pour la gloire ou même un bisou de sa part. Seul son sourire le comblait, mais c’était un petit extra, qu’il n’allait pas négliger.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il faut sauver Joey

Le ciel écossais découvert de nuage laisse scintiller quelques rares étoiles comme pour couronner ce jour béni où Emma venait de retrouver son précieux compagnon. Perdu dans ses pensées, songeant milles et une fois à la chance qu'elle avait eu de retrouver son animal de compagnie sain et sauf, Emma souriait d'apaisement, ses bras croisés maintenant son gilet sur son corps grelottant. Elle s'émerveille des cieux cléments, menacés par quelques nuages têtus, mais qu'importe ! Emma est heureuse, heureuse d'avoir retrouver son crapaud, heureuse d'avoir un ami aussi fidèle et bienveillant que Terry. Que pourrait-elle bien faire sans lui ?

Obnubilée par ce spectacle céleste et la douce pensée de sa chance, son ouïe ne détecte pas les pas feutrés de Terry. Elle s'aperçoit de sa présence qu'une fois qu'il eut approché sa joue. D'abord, elle sursaute de surprise. En reconnaissant la voix de Terry, Emma est instantanément rassérénée. Son visage se fend d'un large sourire, étirant ses yeux en amande, comme si sa joie s'étirait partout sur son visage au point de vouloir rejoindre ses oreilles masquées par son épaisse chevelure.

La jeune fille pivote sur ses talons pour faire face au meilleur de tous les amis.

"Mon héro ! Il y a quelques heures encore, je n'osais plus y croire. Et tu l'as fait !" s'exclame t-elle avec entrain avant d'éclater de rire. Ses paroles faussement vaniteuses l'amusèrent, si les autres élèves connaissaient aussi bien Terry qu'elle, ils cesseraient leur commérages inutiles. "Dorénavant Joey est enfermé à double sortilèges dans son aquarium. Après cet incident, il méritait de se goinfrer à volonté de friandises volantes. Quant à son kidnappeur... j'ai comme le pressentiment qu'il ne dira pas la vérité à Mme Pomfresh quant aux circonstances qui lui ont cassé le nez... Et effectivement, dans la vrai version, le garçon est plus que génial, plus qu'admirable, plus que super...".

Il n'y avait pas de mots pour le décrire ; aux yeux d'Emma, la conduite de Terry est admirable, il avait pris des risques en frappant un camarade seulement pour prendre la défense de son amie. Evidemment, face à la fière stature de Terry, Carmichael n'avait aucune chance.

Amusé, Terry tend sa joue pour réclamer sa récompense. Emma incline la tête de côté, et avant de s'avancer vers lui :

"Une maigre récompense pour l'exploit accompli. Tu as été remarquable !".

Elle le gratifia d'un baiser appuyé sincère sur la joue avant de l'attraper par le cou pour le serrer (ou l'étrangler ?) fort contre elle.

"Tu es le meilleur des amis, je ne sais comment te remercier pour ce que tu as fait ! J'imaginai le pire, Joey est un gentil crapaud, comment peut-on lui faire du mal ? Qu'est-ce qu'il leur est passé par la tête ? Et comment l'as-tu retrouvé ? Les filles l'ont ramené dans le dortoir couvert de boue...".

Emma sait pertinemment qu'il s'agit d'une vengeance. Persuadée d'avoir agit pour le bien en dénonçant le comportement de cet odieux personnage en cours de Botanique, Emma juge n'avoir fait que son devoir. Elle ne méritait pas une punition en retour.

Comme à l'accoutumée, un milliard de questions se bousculent dans sa cervelle.

"Comment es-tu parvenu à remonter jusqu'à Carmichael ? Je ne m'en serai jamais doutée ! Et cette patate que tu lui as mis ! Cela ne te ressemble pas, mais j'avoue approuver à cent pour cent.".

Après tout, si la magie n'existait pas, les sorciers se défendraient à mains nues à l'instar des moldus.

"Tu as eu de la chance qu'aucun professeur ou préfet ne rodaient dans les parages", ajoute-t-elle soudain consciente de l'ampleur des risques que Terry avait pris.

Codage par Libella sur Graphiorum

La belle et le crapaud

Emma & Terry

Si il y avait bien une chose capable d’égayer sa soirée pour le moins mouvementé, c’était la présence et le sourire de sa meilleure amie. La voir rire, retrouver sa joie de vivre, lui faisait comprendre qu’il avait bien fait d’entrer en conflit avec Eddie. Certes, il savait que cette histoire n’était pas encore terminé, mais pour l’heure Terry s’en moquer. Il avait retrouvé l’Emma qu’il connaissait et ça valait bien une petite friction avec un septième année.

A sa demande, Emma le gratifia d’un baiser avant de littéralement l’encercler de ses bras au risque de l’étouffer. Dans un premier temps surpris par cette force que son petit corps dégageait, Terry se décontracta bien rapidement en entendant ses paroles.

Elle avait raison, Joey était un gentil crapaud qui ne faisait pourtant de mal à personne. Le problème c’était justement qu’Emma y était énormément attachée. Par simple plaisir de la blesser, ces énergumènes ont décidé de s’en prendre à son familier bien aimé. Emma lui demanda ensuite comment il avait fait pour remonter la piste jusqu’à Eddie Carmichael. Ceux à quoi Terry lui répondit en souriant doucereusement.

— Tu sais, depuis que j’ai lu l’incroyable histoire de ce monsieur Doyle que tu m’as prêté, j’ai des envies de jouer les détectives. Quand j’ai appris pour Joey, j’ai presque remué ciel et terre pour le retrouver. Et puis d’un coup comme ça, Merlin m’a fait croiser la route de deux imbéciles qui ne faisaient que se vanter du mauvais coup qu’ils venaient de te faire. Je n’ai eu qu’à les bousculer légèrement pour qu’il m’avoue toute la vérité.

Il n’était pas vraiment très fier de lui pour le coup. Menacer des camarades n’était pas vraiment dans ses mœurs, mais quand on faisait du mal à quelqu’un qu’il aimait une certaine part de noirceur pointait le bout de son nez. Fort heureusement pour lui, elle n’était que minime. Toutefois il redoutait le jour où il allait devoir se retrouver devant l’assassin de sa mère. Serait-il capable de ne pas succomber ? c’était une question qui le rongeait sincèrement. Malgré tout, il savait qu’il pourrait compter sur Lavande et Emma pour rester dans la lumière. Il n’était pas encore prêt à avouer à sa meilleure amie qu’il recherchait celui qui l’avait rendu orphelin. Il savait qu’Emma finirait par le savoir tôt ou tard, mais pour l’instant, le sujet c’était elle et Joey.

En parlant de Joey, seul une ombre au tableau persistait encore dans l’esprit du Serdaigle. Qui diable avait-pu donner aux septièmes années la possibilité d’accéder à Joey. Dans le dortoir d’Emma, il ne voyait qu’une seule personne capable d’une telle bassesse d’esprit. La même personne qui les avait trahis l’année passée lorsqu’ils s’entrainaint au côté d’Harry Potter dans l’AD. La meilleure amie de Cho et d’Orla : Edgecombe.

Terry la lorgna, un air des plus sérieux sur le visage. Emma était bien trop bonne pour se douter qu’une de ses camarades de dortoir était potentiellement responsable de tout cela.

— Méfie-toi de Marietta. Par déduction, il ne peut s’agir que d’elle. Les garçons n’ont pas l’autorisation d’entrer dans les dortoirs féminins. Il est évident qu’elle a ajouté son grain de sel. La question est pourquoi ?  

La mine interrogative, il porta son index sous son menton l’air pensif.

Emma enchaîna ensuite en lui disant qu’il avait eu de la chance qu’aucuns préfets ne soient intervenus dans cette affaire. Ce à quoi Terry détourna l’espace d’un instant le regard en se passant une main dans ses cheveux. Signe instinctif chez lui qui caractérisait une certaine forme de nervosité.

— C’est marrant que tu en parle parce que justement… je suis tombé sur lui avant d’arriver.

De plus en gêné, Terry tenta tout de même un sourire comme pour la rassurer.

— Mais ne t’inquiète pas. Tout ira bien pour moi.

Il opina avec conviction. Oui c’était certain. Il risquait tout au plus de faire perdre des points à leur maison. Rien d’alarmant, quand on savait qu’il pourrait les récupérer aisément lors des prochains cours.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il faut sauver Joey

On ne peut plus ravie que Terry fasse référence à l'oeuvre de Sir Conan Doyle, Emma joint ses deux mains dans le dos pour sourire fièrement.

"Si tu as apprécié Sherlock, tu apprécieras Hercule. Il faut absolument que je te fasse découvrir les oeuvres d'Agatha Christie".

Emma soupire de bien-être, se remémorant ces merveilleux moments passés à dévorer les aventures d'Hercule Poirot. A son humble avis, les auteurs moldus n'ont pas leur équivalent chez les sorciers. Ils restent incontestablement les maîtres de la fiction. Trève de rêverie, Emma écoute attentivement Terry énoncer le prénom de Marietta. Instantanément, la jeune fille est partagée entre peur et surprise. Où est-ce de la totale incompréhension ? Elle ne s'était jamais méfiée de ses camarades de dortoir. Les épaules d'Emma se crispent, elle ressert son gilet autour de sa taille, perturbée.

"Je n'avais absolument pas songé à ce détail," déclare t-elle les sourcils froncés.

Ses émotions voguent entre frustration et colère, Emma se sent complètement décontenancée. Elle qui pourtant regarde toujours tout, surveille tout le monde d'un petit oeil discret... qu'est-ce qui l'aurait aveuglée au point de ne pas distinguer pareille malice ?

"Je craignais que Joey soit sorti du dortoir, explique t-elle alors. A plusieurs reprises, je l'ai surpris entrain de gober des mouches en sautant sur les canapés de la salle commune. Jamais je n'aurai imaginé qu'une de mes camarades puisse me vouloir du mal. Surtout au détriment d'un animal. Je me sens tellement idiote !"

Une colère l'envahie. Pas contre la possible mauvaise action de Marietta, mais plutôt contre elle-même. Elle s'en voulait d'avoir été aussi naïve, omettant souvent que d'appartenir à la maison des Serdaigles n'exclue pas de se comporter comme un parfait imbécile mesquin et roublard. Malheureusement, les accusations ne sont que des suppositions, elle ne pourra pas réclamer des comptes à Marietta. Soit, elle tentera de mener tout de même sa petite enquête.

A la fin de sa tirade, Terry se questionna sur les raisons qui auraient poussé Carmichael à agir ainsi. Emma connait évidement la réponse qu'elle lui donne d'un air détaché :

"J'ai surpris cette imbécile dans les serres entrain d'enfoncer des mottes de terres dans la bouche d'une mandragore pour la faire terre. J'ai prévenu le professeur Chourave illico ! Je ne porte pas la botanique dans mon cœur....".

Toute cette terre et ses verres de terre, beurk !

"... mais de là à malmener ces pauvres plantes. Quand je pense que cet idiot appartient à notre maison, j'ai honte. Et si effectivement Marietta est mêlée à la disparition de Joey, on en a pas fini d'avoir honte".

Terry évoque alors sa rencontre avec leur préfet. Les yeux d'Emma deviennent ronds comme des billes. Bien que les paroles de Terry se voulaient rassurantes, le visage de la jeune fille se marque d'inquiétude, elle attrape le bras de son ami, adoptant un ton déterminé :

"J'irai lui parler. Et s'il n'en fait qu'à sa tête, j'irai voir notre directeur de maison. Même si nous réussirons difficilement à justifier le nez cassé, j'avancerai que personne ne peut garder son calme ad vitam aeternam. Il n'est pas question qu'on perde des points à cause de cet idiot", fini t-elle par dire en soupirant d'exaspération. "Je suis vraiment désolée que cette histoire t'es attirée des ennuis. Je me sens coupable. Mais comment agir autrement devant une telle cruauté ? Le professeur Chourave était scandalisée. Je pense ne l'avoir jamais vu en colère...".

Qu'importe, le mal était fait. Le principal, c'est que Joey soit dorénavant en sécurité, et qu'Emma puisse profiter de cette belle soirée en compagnie de son ami adoré.

"Merci pour tout ce que tu fais Terry. Je me répète peut-être mais on ne peut pas rêver avoir meilleur ami à ses côtés. C'est toi le meilleur et tu l'as toujours été ! Je suis sûr que Lavande approuverait".

Codage par Libella sur Graphiorum