[Orcus] rencontre fortuite ...

*Benjy était installé au bout du bar des Trois Balais, quelques verres vides gisant devant lui. Il était venu directement ici après sa rencontre avec Quinn dans la forêt. Mais qu'est-ce qui lui avait pris bon sang ? Il était auror et elle mangemort, comment pouvait-il se comporter de la sorte avec elle ? Chaque fois, sa raison se faisait dominer par ses émotions, par sa curiosité. Il glissa ses mains dans ses cheveux et les agrippa, tirant doucement dessus comme pour se faire revenir plus vite à la réalité. Il repensa alors au regard de Maugrey et décida de demander un nouveau verre. Elle avait raison, il était en plein dilemme. Déchiré entre son métier d'auror, sa raison et sa nature, ses émotions. Mieux que quiconque jusqu'à présent, elle avait su cerner avec justesse son enveloppe. Cette femme était dangereuse, il en avait pleinement conscience, c'était ça le pire. Il le savait, mais il ne pouvait s'empêcher d'attendre presque avec impatience de la revoir.
Il but un nouveau verre cul-sec avant de le reposer un peu bruyamment sur le comptoir. Si jamais Maugrey le voyait ainsi, nul doute qu'il perdrait tout... Il fallait vraiment qu'il se reprenne et mette un terme à tout ça. Il poussa un soupir et se redressa un peu sur son tabouret, passant une main sur son visage pour essayer en vain de retrouver les idées clairs.*

*A l'autre bout de la salle, Orcus était attablé à une table ronde, sage dans un costume impeccable. Il souriait de son sourire factice le plus parfait à une bande de politiciens ampoulés venus parler d'un sujet aussi passionnant que le programme de protection et de conservation du Vivet doré dans les forêts du sud écossais. Après avoir signé un accord contentant toutes les parties, le botaniste avait eu la brillante idée d'accepter leur invitation pour fêter la signature du décret. S'en était suivi 45 minutes de discussions gonflantes agrémentées d'un verre de Xérès aussi palpitant que les gens en présence. Alors que son supplice prenait fin et qu'il s'apprêtait à quitter ses hôtes, il aperçu le "jeune" auror qui lui avait fait faux bond jusque là. Prétextant saluer un ami, il quitta la table définitivement et s'approcha du bar.*

Monsieur Fenwick ?

*S’annonça-t-il tout souriant, se posant à tes côtés, le dos contre le bar alors qu'il offrait un dernier salut destiné au fond de la salle. Se faisant, il tourna son regard sur les verres vides.*

Vous n'êtes donc pas si sage que ça, finalement ? Je prendrai la même chose s'il vous plait.

*Dit-il à Rosmerta.*

Après tout, ce n'est pas très charitable de laisser un ami s'enivrer seul. Vous savez ce que l'on prétend ? Que tout est meilleur quand on le partage.

*Sur ce, il se retourna pour réceptionner le verre de Whisky sans le toucher encore, allumant d'abord une cigarette.*

*Il tourna lentement la tête vers toi, et te salua à son tour après un instant de battement.*

- Ah. M. Wilkes, bonsoir.

*Il jeta un oeil en direction de la table et haussa un sourcil avant de porter à nouveau un regard sur toi.*

- Et il semblerait que vous soyez sobre. Décidément, nous nous sommes tous deux trompés sur le compte de l'autre.

*dit-il avec un sourire amusé.*

- Pas sur que vous teniez le même discours si je bois dans votre verre de whisky !

*Oui, il était ivre. Pas encore complètement bourré mais suffisamment éméché pour être totalement désinhibé. Il finit de se tourner complètement vers toi et appuya son dos contre le mur, dans une posture décontractée.*

Je suis à vos côtés depuis 30 secondes et vous cherchez déjà à me flatter ? Je dois vous faire une confidence, je ne suis pas toujours ivre... je tiens très bien l'alcool. Mieux que vous à priori.

*Et sur ce, il but une gorgée de son verre au cas où tu te prendrais un peu trop au jeu.*

Vous sous-estimez ma générosité. Décidément, nous allons devoir passer plus de temps ensemble pour vaincre tous ces préjugés.

*Il reposa le verre sur le comptoir et tira une première bouffée de cigarette sans te perdre du regard. Une lueur d'amusement pétillait dans ses yeux, peut-être que tu allais sauver sa soirée, même s'il aurait fait en sorte de la sauver lui-même de toute façon.*

Vous ne devriez pas boire autant ici, un bon quart des employés du ministère vivent dans ce village et les rumeurs se propagent vite. Vous avez de la chance d'être tombé sur moi Mr Fenwick, je me fais le garant de ce qu'il reste de votre vertu.

*Petit sourire moqueur.*

- Je vous flatte et vous vous m'insulter par deux fois. Les préjugés ne sont peut-être pas si faux que ça finalement ...

*Il lâcha ton regard pour observer la taverne autour de lui avant de porter à nouveau son attention sur toi.*

- Les gens ne savent pas observer, encore moins lorsqu'il s'agit de se soucier d'autrui. Personne ne remarque un homme malheureux, même pas pour satisfaire leur goût des racontards. Alors ... tant que je tiens debout, je passerai inaperçu. Et contrairement à ce que vous pensez, jamais je ne perdrais ma dignité au point de ramper à quatre pattes.

*On sentait dans sa voix, rendue plus grave par l'alcool, une pointe d'agacement face à ta conduite. Dans un soupir, il repose son verre vide sur le comptoir tandis que Rosmerta emporte les autres.*

Si vous trouvez que je vous insulte c'est que vous faites preuve d'un zèle de susceptibilité. Je vous charrie tout au plus, vous savez, prêcher le faux pour connaitre le vrai. Quels préjugés avez vous sur moi d'ailleurs, à part l'alcoolisme ? On m'attribue tellement d'étiquettes que j'en ai perdu le compte.

*Il se retourna pour faire face à son verre, l'entourant de ses deux mains, son regard perdu sur le liquide ambré.*

Je vous rejoins sur le fait que rares sont les gens à percevoir la tristesse. Pourtant, moi je vous ai vu.

*Il prit une nouvelle bouffée de sa cigarette et releva son regard vers toi.*

Je ne vous ai jamais imaginé à quatre pattes Mr Fenwick, voyons. Je voulais juste vous permettre de vous libérer de votre carcan pour une heure ou deux.

*Il hausse un sourcil amusé*

- Et pourquoi cherchez-vous à connaître le vrai ?

*Il détourne son regard en haussant les épaules. Il attrape le verre vide devant lui et le fait pivoter dans sa main.*

- A vrai dire, je ne porte que peu d'attention à ces tissus de mensonges. Même si je dois avouer ne pas toujours pouvoir faire la sourde oreille. Mais ... vous devez le savoir bien mieux que quiconque.

*Il rit doucement*

- J'hésite, qu'avez-vous vu en premier ? Moi ou la possibilité de prendre un nouveau verre au comptoir ?

*Il te regarde mi-amusé, mi-provocateur. Mais perd vite son sourire et pousse un soupir en se retournant vers le comptoir, le regard dans le vide.*

- A quoi cela pourrai-il bien me servir de m'en débarrasser pour quelques heures si c'est pour ensuite me le repasser autour du cou ?

Pourquoi je ne le ferais pas ? Vous n'êtes pas venu m'arrêter, je vous ai attendu toute la semaine pourtant. Vous m'avez blessé dans mon orgueil et maintenant il me faut le soigner à coups de "pourquoi ?".

*Ironisa-t-il.*

Ce n'est pourtant pas le rôle d'un auror d'écouter tout ce qu'il se dit ? Votre ami Maugrey ne s'en gêne pas lui.

*Et sur cette pensée pour l'infirme, il leva son verre et fit disparaitre d'une traite le contenu dans le fond de son gosier.*

Bien, soit, ne dites pas ce que vous savez sur moi et alors je tairais ce que je sais sur vous. Vous me voyez décidément plus mauvais que je ne suis. Je veux quitter cet endroit avant que les vieillards du fond ne m'alpaguent à nouveau avec leurs histoires de Jobarbilles à moustache, vous êtes la seule raison pour laquelle je m'éternise. En outre, je n'aime pas cet endroit et le whisky qui y est servi est très mauvais.

*Rosmerta l'entendit et le fusilla du regard, ce à quoi il répondit par le haussement d'un sourcil insolent. Il t'observa replonger dans ta mélancolie, expirant fortement, prit par une intense et brève réflexion.*

L'équilibre. Quand on ne peut briser ses chaînes, les oublier quelques heures vous aide à vous rappeler ce qu'est le gout de la liberté et la force des possibles. Et puis personne n'est malheureux toute sa vie à moins de le vouloir. Personne n'est assez fort pour vivre longtemps dans l'étouffement. Vivez dans l’immédiateté Mr Fenwick, jouissez d'aujourd'hui sans regretter hier ni convoiter demain.

*S'en voulait un peu de t'avoir blessé.*

- Bien souvent, ce sont ceux qui veulent se faire arrêter qui sont les plus innocents mais aussi ceux qui souffrent le plus.

*Il ajoute dans un sourire*

- Et puis vous ne pensiez tout de même pas me voir arrivez comme un petit chien obéissant pour vous arrêter, vous disiez ne pas m'avoir imaginé à quatre pattes ! et dire que je vous ais cru !

*Il rit puis reprend un peu son sérieux.*

- Il y a plus qu'un fossé entre écouter tout ce qui se dit et y croire.

*Mais comme il aimerait bien entendre ce que tu sais sur lui, il ajouta*

- Je sais que pour certains vous êtes un tantinet libertin, que vous aimez les plaisirs de la chair autant que ceux de l'alcool et de la drogue. Et que vous dissimulez une grande souffrance sous cette apparence de séducteur.
Mais au fond, et c'est je crois le plus important ici, je suis convaincu que vous êtes un homme bon, malgré ce qui peut bien se raconter.

*Il haussa un sourcil interrogateur, il ne t'avait pas lâché du regard un instant*

- Satisfait ? dites-moi ce que vous savez de moi à présent.

*Il se leva de son tabouret et régla ses consommations ainsi que la tienne à Rosmerta.*

- Alors partons.

*Il est agréablement surpris de voir que tu lui sert un discours si sage à une heure tardive et après un verre de whisky.*

- Maintenant je me sens obligé de rajouter : "homme instruit et sensible d'esprit" à la liste de ce que je sais sur vous. Il m'est cependant impossible de vivre le jour présent sans penser aux conséquences de mes actes sur les jours suivants. Ne vous rattrapent-t-elles donc jamais M. Wilkes ?

*Il oscilla sa tête de gauche à droite, marquant un désaccord partiel avec tes premiers propos.*

Ou alors ceux qui sont les plus masochistes ? Soyez raisonnable Mr Fenwick, je n'allais pas d'emblée déballer toutes les pensées qui me viennent à l'esprit quand je pense à vous.

*Il te fit un petit clin d'oeil, au moins tu étais déjà un peu moins taciturne. Il t'observa régler la note.*

Je payerai la suivante.

*Il écrasa sa cigarette et s'éloigna du bar. Il comptait bien te rendre la donne, mais seulement une fois qu'ils auraient laissé Pré-au-lard derrière eux. Il sortit dans la rue et fit quelques pas dans l'air humide des nuits de mai, attendant que tu le rattrapes pour poursuivre.*

Un tantinet ? J'ai vraiment dû être trop sage ces derniers mois... Pour le reste, je suis soit trop sobre, soit pas assez pour vous parler de ma souffrance et de ma bonté. Je n'ai pas eu une enfance ordinaire, ce n'est un secret pour personne, toutefois je pense plutôt bien mener ma barque depuis. Les épreuves nous forgent plus que les réussites, après tout. Mais de tous les adjectifs par lesquels vous venez de me désigner, celui de séducteur est pour moi la plus grande réussite... Peut-être le moins juste aussi.

*Il s'arrêta et te lança un regard signifiant "allez savoir ?". Sur ce, il te prit la main et transplana à l'allée des embrumes. Une fois les pieds posés sur les pavés, il la relâcha aussitôt et se dirigea vers une petite porte menant à ce qui ressemblait à un vieux sous-sol.*

Les apparences sont tellement trompeuses, en particulier la vôtre.

*Dit-il pour mettre ta curiosité en appétit alors qu'il poussait la porte et entamait la descente d'un étroit escalier sordide.*

Si mes actes me rattrapent ? Pas pour le moment, j'en suis encore à alourdir la note.

*Il poussa une seconde porte s'ouvrant sur un salon qui, bien qu'enfumé et à la lumière savamment tamisée, étalait ostensiblement ses richesses. Un air doucereux de jazz interprété par des elfes enveloppait le bruit des conversations. Il se dirigea droit vers le comptoir mais dont l'élégante sobriété tranchait radicalement avec celui que nous venions de quitter.*

Vous pouvez parler librement ici. Tout le monde se fiche de qui vous êtes et de ce que vous faites, les gens ne sont pas là pour vous, mais pour s'oublier eux-mêmes.

*La suivante ? Il tique mais ma fois il est encore trop enivré pour réagir vraiment. La fraicheur de la nuit lui fait du bien et clarifie ses idées. C'est alors que tu t'empares de sa main pour transplaner. ça ne lui plait pas du tout, il déteste subir ainsi la situation, devant suivre l'autre en lui faisant confiance. Raison pour laquelle il dégaine discrètement sa baguette alors qu'il te suit dans les dédales de l'allée des embrumes.*

- En particulier la mienne ? Qu'entendez-vous par là ?

*Il se stoppe en haut de l'escalier, hésitant à te suivre. Mais dans quoi s'embarquait-il encore une fois ? C'est alors que le regard empli de déception et de méfiance de Maugrey surgit dans son esprit. Il poussa un profond soupir et se souvint de la phrase de Wilkes : "Vivez dans l’immédiateté, jouissez d'aujourd'hui sans regretter hier ni convoiter demain". Il décida de suivre ce conseil pour une fois et s'enfonça dans l'ombre des escaliers. Inutile de dire qu'il fut rassuré de voir le salon. Un petit sourire appréciateur parcouru son visage tandis qu'il allait s'asseoir au comptoir à côté de toi. Il nota pour lui-même que tu semblais familier de ce genre de lieu avant de commander un nouveau verre. Une fois servit, il se tourna vers toi.*

- Je vous ai dit ce que je savais de vous, c'est à votre tour à présent.

*Il te scrutait du regard, analysant les expressions de ton visage afin de s'assurer que tu ne lui mentes pas.*

*Orcus mentait tout le temps, tu étais mal barré. Plus précisément, il disait la vérité saupoudré de la juste dose de mensonges nécessaires pour ne pas se trahir et à ce jeu, il était excellent. Tellement excellent qu'il n'avait jamais éprouvé le besoin d'apprendre l'occlumencie. Il retira sa veste qu'il posa sur un tabouret et desserra un peu sa cravate. Alors seulement il prit place et baissa les yeux sur toi pendant qu'on lui servait déjà un cocktail bleuté sans même qu'il ait à le réclamer.*

Rangez votre baguette Mr Fenwick, c'est un endroit convenable ici.

*Un troll apprivoisé te regardait d'un œil torve depuis la pénombre de la pièce.*

Je ne suis pas assez stupide pour vouloir piéger un auror, je n'ai surtout aucune raison de le faire. Mais je conçois qu'il est difficile de connaitre les intentions réelles des uns et des autres à notre époque.

*Il gouta à son verre, prenant tout son temps juste pour le plaisir de jouer avec tes nerfs. Il ne cherchait d'ailleurs pas à s'en cacher. Quand il reposa le cocktail, il se tourna enfin vers toi.*

Apparemment, vous n'avez pas enquêté sur moi, en revanche moi j'ai enquêté sur vous. Je suis haut placé, le seul sorcier à qui je dois répondre est le Ministre, ma fonction me donne accès à des informations que vous ne pouvez même pas imaginer et étrangement... votre dossier semble avoir disparu ou plutôt, il est incomplet. C'est comme si 15 années étaient partie en fumée. Une chose m'a cependant interpellé, d'après les archives vous avez 40 ans, presque 41...

*Il se pencha vers toi.*

Alors dites moi Mr Fenwick, quel est donc votre secret que je vous le vole instantanément ! Vous ne semblez pas plus vieux que moi.

*Il jetta un coup d'oeil au troll puis rangea sa baguette dans sa poche en haussant les épaules.*

- c'est l'habitude.

*dit-il comme pour ce justifier. Il t'observa à nouveau, tu prenais tout ton temps pour répondre, alors comme ça tu voulais jouer ? Il reposa son verre sur le comptoir avec un sourire.

- Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais dévoiler toute mes cartes dès le premier tour ! je me suis bien gardé de révéler mes infos croustillantes sur vous des fois qu'il vous prenait l'envie de ne pas répondre.

*Il te regarde amusé. Serais-tu naïf au point de croire qu'il te faisait déjà confiance ? Il savait pour son dossier, heureusement qu'il était incomplet d'ailleurs car sinon n'importe qui aurait pu mettre la main dessus. Il se pencha vers toi avec un regard provocateur.*

- Comme ça doit être frustrant de se donner du mal pour se renseigner sur une personne et constater que 15 ans de sa vie nous échappe sans explication... Vous condamnant vous, celui qui peut tout savoir sur tout le monde d'un claquement de doigts à venir le demander à la-dite personne, à être dépendant d'elle, de sa réponse ...

*Il se redressa avec un sourire amusé et repris son verre. Après deux gorgée, il rajouta tout de même*

- Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas recours à une potion de ratatinage car j'ai l'âge que je prétends avoir.

Si je ne retiens pas toutes les rumeurs, je sais en revanche ce qu'il y a dans mon propre dossier. Mais nous avons dit que nous laissions le passé là où il est pour ce soir, à moins que vous vouliez  entendre mes commentaires sur l'affaire, Mr le journaliste ?

*Il te sourit et leva son verre en signe de bonne résolution. Il en bu une partie, bien évidemment.*

Quant à votre accusation d'être un drogué, elle est très surfaite !

*Une jeune femme brune en tenue légère s'approcha d'eux en se frottant uniquement à toi au passage, tel un chat ronronnant contre ta jambe. Orcus n'eut pas un seul regard pour elle, c'était toi qu'il dévorait des yeux, observant ta réaction. Ce n'est que lorsqu'elle les dépassa, qu'il tourna la tête brièvement pour lui rendre silencieusement ses salutations. Elle alla s'installer à l'autre bout du comptoir, tournée vers la porte d'entrée.*

Je n'ai jamais prétendu que je pouvais tout savoir sur tout le monde, seulement que j'avais accès aux dossiers de tous les employés, des fois que l'envie me venait de vous recruter pour vous avoir tout à moi... ou pour connaître votre secret de beauté qui me rend intensément jaloux ! Et je vais encore une fois vous surprendre en vous disant que je m'intéresse peu aux secrets des autres... en général. Vous vous focalisez tellement sur le passé que vous semblez avoir du mal à admettre que ce n'est pas le cas de tous. Si seul le présent compte, il n'y a que l'avenir qui soit vraiment intéressant. Et c'est là que nous allons retomber sur le chemin tortueux de la rumeur...

*Il glissa distraitement son doigt sur le bord du verre en cristal pour le faire chanter.*

- J'avoue que je serai curieux de les entendre en effet Monsieur le Détective … mais vous avez raison, laissons de côté le passé. Une prochaine fois peut-être …


*Il laissa sa phrase en suspens mais ne put se retenir de te glisser un petit clin d'oeil complice. Lorsqu'il sentit la caresse du corps de la femme sur son bras, il releva les yeux vers elle et lui fit un non discret de la tête avec un petit sourire gentil pour décliner son offre. Mais en reportant son regard sur toi, il est surpris de voir que tu ne l'as pas quitté un instant. Il haussa un sourcil mais préféra ne pas relever. Après tout, il doutait que tu sois là pour surveiller ses gestes et le faire chanter ensuite, de toute évidence ce n'était pas ton genre. Il chassa cette pensée bien vite en prenant une nouvelle gorgée d'alcool mais il faillit s'étouffer en entendant la suite de tes propos.*


- Me recruter ? Je ne vois pas en quoi je pourrais être utile au Département des créatures magiques …


*Dit-il en se tournant vers toi, avec un air à la fois surpris et interrogateur. Avant d'ajouter sur un ton très sérieux*


- Vous n'avez rien à envier aux autres M. Wilkes, au contraire, il semblerait que vous possédez tout ce que les femmes de notre époque désirent.


*Dit-il dans un petit sourire. C'est alors qu'il sembla se rendre compte que depuis tout à l'heure tu tournais autour de son passé, comme si tu cherchais la faille qui te permettrai d'entrer. Il n'avait pas vraiment envie que sa soirée prenne déjà fin alors, avec prudence, il chercha à détourner le sujet de lui.*


- Et qu'attendez-vous de l'avenir alors M. Wilkes ? Qu'est-ce qui pourrait le rendre intéressant à vos yeux ?

Un détective et un journaliste, nous venons de trouver notre reconversion professionnelle, notre alliance se révèle fertile ! Je note que vous comptez sur une prochaine fois...

*Il acheva son cocktail et leva un index pour commander un nouveau verre de whisky, un bon cette fois. Il haussa les épaules.*

Vous pourriez diriger la brigade d'interpellation des créatures magiques. Demain nous enquêtons sur un géant qui aurait été vu en écosse. Le salaire n'est pas pire que celui d'auror et le directeur du département est beaucoup plus agréable que celui de la justice magique.

*Il se redressa et t'offrit un petit sourire effronté. Sur la liste des aurors qu'il appréciait le moins, Vanish était numéro 2. Mais à la suite de tes propos, un rire franchit ses lèvres, il sentit aussi le besoin de reprendre une gorgée d'alcool avant d'y répondre.*

Vous êtes mignon et je dis ça sans aucune condescendance. J'en doute fortement, surtout en ce moment, mais je vais prendre vos mots pour un compliment que j'accepte volontiers.

*Il te regardait à nouveau, mais cette fois ce n'était pas tes gestes qu'il observait, seulement tes yeux, comme s'il essayait de sonder tes pensées. Un fait apparemment impossible, même pour lui.*

Vous me posez une colle, je crois que j'ai toujours préféré éviter cette question...

*Il regarda droit devant lui pour réfléchir. Il avait envie de répondre avec sincérité, peut être parce que la question le frappait tellement de plein fouet qu'il n'était pas capable de l'éviter par une pirouette sans trahir son manque de franchise.*

Je sais ce qui pourrait me satisfaire dans l'immédiateté, mais à plus long terme... J'ai toujours été déchiré en deux, pour tout. Dans un moment moins propice, en compagnie d'autres gens disons plus fades, sans doute évoquerais-je ma soif de réussite, mon désir de briller. Mais si vous en appelez à mon honnêteté, alors je dois reconnaître que les moments où j'ai été le plus épanoui sont ceux que j'ai passé seul dans la jungle. Parfois, j'aimerais jeter mon ambition à la poubelle, tout quitter et ne jamais revenir pour vivre dans une perpétuelle aventure.

*Il lâcha le verre qu'il tenait toujours jusque là et fit tourner une de ses chevalières autour de son doigt.*

Mais je sais que quand je quitte le bateau, ou devrais-je dire le naufrage, qu'est la civilisation, vient l'instant où le monde me manque, où la conversation me fait défaut, où la chaleur des corps m'appelle. C'est sans doute cela que l'on nomme la mélancolie, une perpétuelle inconstance de nos désirs, un manque qui se meut pour ne jamais vous quitter. Ce n'est peut-être pas la réponse que vous espériez ? Peut-être aurais-je dû simplement évoquer que c'est vous qui rendez mon avenir plus intéressant. On dit que vous pouvez vous métamorphoser en arbre, mais j'ai du mal à vous envisager comme une plante verte. Et vous Mr Fenwick, qu'aimeriez vous trouver dans votre avenir ?

- cela ne dépend pas de moi seul ...

*Il rit face à ta remarque en secouant négativement la tête*

- Vous êtes pas croyable ! Un géant vous dites ? Je n'ai encore jamais eu affaire à eux mais il parait qu'ils possèdent un sens de la communication qui se rapproche de ceux que je traque !

*Il retrouva son sérieux en voyant un éclair de tristesse traverser ton regard. Il s'apprêta à dire quelque chose mais tu le regardais avec tellement d’insistance qu'il eut l'impression d'être scanné. Quelque peu dérouté, il ne comprit pas tout de suite que tu parlais de ta vision de l'avenir. Son attention redoubla malgré l'alcool qui parcourait ses veines et t'écouta attentivement. Tu abaissais quelques unes de tes défenses. Pourquoi si vite ? fut la première chose qui lui traversa l'esprit. De toute évidence ce n'était pas l'étrange cocktail qui avait eu raison de ta méfiance, à moins que ... tu n’aies faussement prétendu savoir supporter l'alcool ? Jungle, aventure ? Il n'aurait pas parié. Il haussa un sourcil, tu avais réussi à éveiller sa curiosité.*

- La jungle dites-vous ? racontez-moi comment c'était !

*Un éclair passa dans son regard avant que son attention ne soit captée par tes chevalières que tu triturais doucement, comme si tu n'étais pas à l'aise ...*

- Je n'espérais pas de réponse, mais je dois avouer que celle-ci me surprend autant qu'elle attise ma curiosité. Vous êtes un être complexe M. Wilkes. Complexe et ...

*Mais il fut bien incapable de finir sa phrase. Tes paroles faisant doucement leur chemin vers son esprit. Il comprit alors que chaque fois tu empruntais un chemin intriguant et, sans crier gare, tu bifurquais pour venir mettre le doigt précisément sur ce que tu convoitais, pour ensuite revenir sur ton chemin que tu poursuis innocemment. Nul doute que ton intelligence était bien au-delà de ce que tu laissais paraître. Étais-tu ici seulement dans le but de lui extorquer des informations ? Son coeur se pinça à cette idée, il ne te pensait pas ainsi, il ne pouvait croire que tu avais profité d'un instant de faiblesse de sa part pour le dominer. Il remit son masque en place mentalement et se glissa à nouveau dans le rôle.*

- Un homme, professeur de botanique qui plus est, qui possède d'aussi beaux cheveux et qui prend autant soin de son corps ne peut être sans savoir que la beauté vient de la nature, et que les fleurs sont les principales composantes de tout produit de beauté.
Mon avenir dites-vous ? Et bien, comme vous l'avez si justement souligné, je suis un homme tourné vers le passé, et c'est bien là mon principal défaut.

*Il détourna le regard pour le fixer sur une affiche devant lui. Il la regardait sans la voir, les yeux tournés vers l'intérieur. Pensif, il rajouta*

- Actuellement, l'avenir me ferait presque peur ...

*Mais tout cela au fond n'était qu'un rôle. Il s'était retranché en son fond intérieur, loin de son enveloppe, à l'abri de tes questions. Il t'avait répondu sans te répondre, usant de la flatterie pour te détourner. Sa carte maîtresse étant la tristesse qu'il laissait envahir son corps. Elle seule était vrai, mais elle n'avait pas la même signification pour toi que pour lui.*

Vous voulez que je réitère mon invitation pour être certain que j'accepte de vous revoir ?

*Il se mordit le coin de la lèvre pour s'empêcher de sourire trop ostensiblement, peut-être pouvait-il encore te faire douter de l'intérêt qu'il te portait ?*

Ce n'est pas le département le plus ennuyeux du ministère, je vous assure. J'aurai au moins essayé de vous attirer, c'est raté manifestement. Je reconnais que beaucoup de mangemorts sont aussi sots que des gnomes de jardin, mais vous auriez tort de les sous-estimer. Certains sont plus retors que vous, moi et toute cette assemblée réunis.

*Dit-il en désignant la salle s'étalant derrière eux. Et à commencer par sa douce mère même si Orcus espérait encore que le Seigneur des Ténèbres refuserait de lui apposer sa marque.*

La jungle c'est... chaud et humide le jour, froid et humide la nuit !... Il n'y a que vous, l'obscurité, la sensation d'étouffement, le danger à chaque pas que l'on affronte uniquement par soif de la découverte. Celle de la faune et de la flore d'abord, celle de soi plus encore. C'est un désert magnifique. Un désert en terme de présence humaine j'entends.

*Il pencha la tête à la description que tu n'achevas jamais. Il vit une lueur changer dans ton regard et comprit qu'il avait loupé le coche. Tu étais un être bien plus insaisissable qu'escompté, ce qui renforçait son attirait tel un papillon attiré par la lumière.*

Vous êtes complexe aussi Mr Fenwick. Complexe et singulier. Je connais des tas de fleurs, dont la plupart ne s'évoquent pas dans les manuels de cours, mais aucune qui permet à un homme de paraître une douzaine d'années de moins.

*Il te regarda avec un petit sourire en coin, oubliant momentanément de briser son perpétuel ennui avec une cigarette, preuve que ta compagnie lui était agréable.*

Je ne vais pas vous passer au gril bien que je suis tenté de vous demander de m'apprendre à cultiver cette mystérieuse plante, question de conscience professionnelle bien sûr. Je sais me montrer patient. Toutefois, vous ne devriez pas user d'autant de flatteries pour noyer le strangulot, je risque de croire que vous me faites du rentre-dedans jusqu'à ce que la réalité me brise le cœur.

*Il vida son verre et se leva. Aux mélopées suaves succédaient un air un peu plus entraînant.*

Vous dansez ? Vous seul décidez de votre avenir, mais votre présent à urgemment besoin de rires.

- Si je vous connaissais davantage, j'aurai exigé que vous me suppliez à genoux d'accepter !

*Un air moqueur passa dans son regard alors qu'il te souriait amusé. Puis il jeta un regard à son verre vide sur le comptoir.*

- Par Merlin, l'alcool me fait vraiment dire des folies ce soir !

*Il toussota, un peu honteux de ce qu'il avait osé dire juste avant. Il reprit rapidement, espérant changer de conversation*

- Oh je ne doute pas de votre faculté à le rendre plus croustillant mais ...

*malgré lui, ses yeux dévièrent vers en bas à droite, la tête suivant le même mouvement léger*

- ... Je ne pourrais jamais quitter le métier d'auror.

*Il sortit de cet instant aussi rapidement qu'il y était rentré et te regarda à nouveau dans les yeux. Il haussa un sourcil à ta remarque sur les Mangemorts mais jugea qu'il était encore trop tôt pour aborder le sujet. Il ne voulait pas t'effrayer.*

- Et qu'avez-vous découvert sur vous ? si ce n'est pas indiscret bien-sûr...

*Lorsque tu revins sur le sujet, il resta impassible, un petit sourire aux lèvres. Mais intérieurement, il ne pouvait qu'admirer ta vivacité d'esprit et ton intelligence. En son fort intérieur, il ne put s'empêcher pousser un soupir de soulagement en voyant que tu n'étais pas aussi proche qu'il l'avait cru de la vérité.Face à ton accusation il haussa les sourcils surpris.*

- Du rentre-dedans ? Voyons M. Wilkes je ne me permettrais pas...

*"la réalité me brise le coeur" ? Il chassa bien vite cette parole de son esprit. Heureusement, tu te leva et l'invita à danser. Il retrouva alors son sourire et un éclair de malice passa dans son regard.*

- Et vous comptez me faire rire en me faisant une démonstration de danse ?

*Un poil provocateur, mais aussi amusé, il se leva à son tour et te suivit jusqu'à la piste.*

Ça viendra peut-être, allez savoir.

*Il te fit un clin d'oeil et passa derrière toi.*

L'alcool commence tout juste à me donner envie de faire des folies. Vous avez de l'avance sur moi, ce n'est pas juste ! Je savais que vous répondriez ça, je reconnais qu'appréhender une horde de murlaps sauvages est moins grisant que d'essayer d'arrêter les plus grands mages noirs de notre époque.

*Il sentit une boule lui serrer l'estomac à destination de celle qui lui avait donné la vie. L'idée lui traversa fugacement l'esprit que ce serait peut-être toi qui le lui enlèverais, tout comme Maugrey lui avait enlevé son père. Finalement, il tendit la main et saisit lui-même la bouteille de whisky cachée derrière le comptoir pour noyer dans l'alcool ce qui lui faisait mal au-dedans. Il en but une bonne quantité à même le goulot, ce qui n'était pas très classe, reconnaissons-le, puis reposa la bouteille sous l’œil contrarié du barman.*

Je me devais de vous rattraper.

*Se justifia-t-il, ça tenait la route non ?*

J'ai compris qu'il me faudrait passer beaucoup plus de temps dans la jungle pour arriver à faire le tour de tout ce qui déraille chez moi. Un jour, quelqu'un m'a dit que je ferais le bonheur d'un psychomage. Mmh... j'ai connu des louanges plus douces. Vous voulez diriger ou jouer la cavalière ? Au rang de mes bizarreries, sachez que prendre la place de la danseuse ne me gêne pas.

*Il prit place sur la piste devant l'orchestre miniature et te tendit la main.*

Je compte vous faire rire en vous sortant de votre zone de confort. Par contre, demain, ne m'attribuez que les bons souvenirs et souvenez-vous que je ne suis pas responsable de votre gueule de bois. Je sais que vous n'aimez pas ça, mais je n'ai pas le choix.

*Sur ce, il prit ta main, la leva et tourna dessous. Il s'éloigna, bras tendu en te tirant suffisamment en avant pour te guider.*

Quoi ? Vous ne pensiez tout de même pas que je vous avais invité pour danser avec le voisin !