Histoire
Un lit blanc (plus pour longtemps), un mari qui tient fermement la main de son épouse tremblante et en sueurs et des médecins qui s'agitent tout autour d'eux. C'est comme ça que commence notre vie à tous, en tout cas, dans la majorité des cas. Je suis né en premier, moi, Adam, le fils que mes parents avaient deviné avoir et tant attendu malgré leur situation plutôt précaire. Laquelle fit que ma mère, notre mère, par manque d'argent, de temps et de courage, n'avait jamais visité aucun hôpital pendant les neuf mois de sa grossesse. Sois disant, elle les détestaient.
- Madame, est-ce que vous saviez que vous êtes enceinte de jumeaux ?
- Pardon ?! s'était-elle étonnée ou devrais-je plutôt dire indignée en cœur avec mon père.
C'est exactement comme ça qu'ils ont appris la nouvelle mais ça, je ne le saurais sans doute jamais. Mon frère non plus. Et avant qu'on en arrive là, j'ai encore un tas de choses à raconter.
Mon jumeau a été placé en foyer d'accueil par mes parents quelques jours uniquement après sa naissance. Ils effacèrent toute trace de lui et ne m'en parlèrent jamais. Ils ne laissèrent aucun indice. Ils m'ont laissé grandir avec ces perpétuels sentiments de manque et de solitude au fond de moi, lesquels je n'ai jamais pu comprendre. Ils n'avaient pas assez d'argent, n'étaient pas prêts ni assez responsables pour pouvoir nous élever tous les deux. Sachez que c'est la décision la plus difficile qu'ils ont dû prendre dans leur vie, aussi celle qu'ils passeront le reste de leurs jours à regretter, même si ça aussi, c'est encore une chose que je ne saurais probablement jamais non plus. Pourtant, elle m'aurait permis de comprendre énormément de choses.
On m'a diagnostiquées mes premières terreurs nocturnes à l'âge de deux ans. Je commençais à peine à apprendre à marcher et faisait des nuits de mes parents un enfer, à l'égal des miennes. Je n'étais pas en âge de le réaliser mais ils se disputaient déjà beaucoup à cause de ça. Mon père rentrait fatigué et tendu du travail tandis qu'à moi seul, je pompais toute l'énergie de ma mère condamnée à rester à la maison. Puis, de plus en plus souvent, on vit de moins en moins mon père. Il faut dire que faire la tournée des bars après le travail lui prenait du temps. Parfois même des nuits entières.
J'ai grandis en voyant mon père aussi souvent ivre que sobre. Devoir le traîner jusqu'au canapé de notre salon était devenue une habitude pour ma mère, pour moi également, qui observait encore ce genre de spectacle avec des yeux innocents à mes six ans. Mes terreurs nocturnes n'avaient pas disparues, bien au contraire. Plus je prenais de l'âge et plus mes peurs se concrétisaient. J'étais un gamin au teint livide et aux cernes déjà profondément marquées. Il devenait de plus en plus rare que je me réveille aux côtés de mes parents, ou bien-même de ma mère. J'avais beau savoir que j'avais passée ma nuit à pleurer, je restais des heures entières seul dans ma chambre. Avec le temps, j'ai fini par comprendre que c'était de toute manière ce que j'avais à faire de mieux. Mes parents avaient besoin de sommeil et moi, je devais me montrer plus fort pour leur permettre de l'obtenir. Je pensais naïvement que peut-être, ils se disputeraient moins.
A huit ans, je commençais à voir de moins en moins souvent ma mère. Elle s'était retrouvé un travail, lequel provoquait bon nombre de disputes entre mon père et elle. Aujourd'hui, elle détient toujours le même poste pour ce que j'en sais. "Serveuse" dans un "Cabaret". A 9 ans, je cherchais dans un dictionnaire les définitions des mots "infidèle" et "p***". Maman répondait souvent à papa que son métier à elle au moins, lui rapportait de réels revenus. Ce à quoi il rétorquait qu'il avait toujours été un pittoresque écrivain et qu'elle aurait dû savoir à quoi s'en tenir dès lors première rencontre.
Et au fil des des semaines, des mois, des années, leur relation continua de se dégrader. Parfois, ils n'avaient plus assez d'argent à la fin du mois pour couvrir toutes nos dépenses. Puis ça devînt une habitude. Parce que mon père préférait mettre le peu qu'il avait dans l'alcool et que ma mère, gardait le siens pour on ne sait trop quoi. A mes dix ans, il ne restait déjà quasiment rien de leur mariage. Pourtant, ils se croisaient si peu souvent à la maison qu'ils continuèrent à jouer la comédie pendant plusieurs années. Sans jamais se soucier de ce que je pouvais penser au milieu de tout ça. Il faut dire que leurs éclairs de lucidité étaient plus que rares.
Seul mon père décida qu'il devait changer lorsqu'il me vit faire ma première crise de narcolepsie. Sans savoir ce qui m'était arrivé il avait bien crut que je ne me relèverais jamais, alors il fit son possible les semaines qui suivirent pour me prouver qu'il était capable de s'améliorer et de prendre soin de moi. Ma mère elle, s'avéra de plus en plus maladroite avec moi. Comme si peu à peu, elle était entrain d'oublier ce que signifiait réellement être une mère.
A onze ans, j'ai reçue ma lettre pour Poudlard. Je n'ai vue aucune fierté dans le regard de mon père ce jour-là. Il avait cessé de pratiquer la magie bien avant ma naissance et il n'avait jamais daigné me dire pourquoi. En ce qui me concernait, j'étais content d'apprendre que j'allais pouvoir changer de vie, même si ça ne me rassurait pas de laisser mes parents seuls à la maison.
En entrant dans le Poudlard Express, j'étais plus tendu que jamais. J'espérais bien que je parviendrais à me faire quelques amis. Je me suis retrouvé à partager ma cabine avec une fille, Rachel. Puis le train a commencé à démarrer et personne ne nous a rejoins. Il ne m'a fallut pas plus d'une heure pour tomber fou amoureux d'elle. De manière irrévocable. Appelez-ça un coup de foudre, puisque c'était réciproque. Et pendant quatre longues années, je n'ai cessé de me demander à chaque fois que je la regardais comme j'avais pu être aussi chanceux. Jusqu'au jour où on m'a annoncé qu'elle avait quitté Poudlard, sans rien laisser derrière elle. Enfin, rien mise à part moi. Je vous passe les détails ici, sachez simplement que plus d'un an après, je ne m'en suis toujours pas remis.
C'est mon meilleur-ami, Stephen Challock, qui a passé la majorité de son temps à essayer de me ramasser à la petite cuillère avec l'aide de notre meilleure-amie à tous les deux, Poppy Caxton. A vrai dire, pour moi, Poppy était plus comme cette petite sœur que je n'avais jamais eue. Nous étions tous les deux très protecteurs avec elle, inséparables aussi et ce depuis notre première année. Ils sont les seuls à toujours avoir défendus mon amour pour Rachel, souvent mal vu par les autres. Matthew Kettletoft à rejoins notre groupe plus tard, lors de notre quatrième année et du tournoi des trois sorciers. A Poufsouffle également, il avait accompagnée Poppy au bal. C'est la dernière réelle soirée que j'ai eue la chance de pouvoir passer avec Rachel. Comme je vous le disais ensuite, je n'ai plus qu'été l'ombre de moi-même et ce malgré la présence de mes amis.
En rentrant à la maison pour les grandes vacances scolaires en 94, j'ai eu le (dé)plaisir de découvrir que mon père avait replongé. Un soir, j'ai également trouvée ma mère étendue dans sa chambre, une seringue d'héroïne encore plantée dans le bras. Autant vous dire que c'est une image que je ne risque pas d'oublier. J'ai passé les deux mois de mes vacances scolaires à m'occuper d'eux. A essayer d'apaiser les tensions qui les opposaient. A essayer de les raisonner, tout en devant gérer ma maladie de mon côté. A l'arrivée du mois de Septembre, Stephen a décidé pour moi que j'étais beaucoup trop jeune pour gérer tout ça. Il est directement venu me chercher dans l'East End pour m'emmener jusqu'au Poudlard Express et mes parents n'ont bien évidemment pas cherchés à me retenir. En partant cette fois, j'avais néanmoins ramené avec moi toutes leurs réserves d'argent. De quoi les empêcher de se payer leurs drogues respectives et de plus ou moins tomber dans les mêmes travers qu'eux. Puisqu'en débutant ma cinquième année, je suis très rapidement devenu un fumeur régulier et hors-la-loi à Poudlard. Le pire c'est que j'espérais qu'à mon retour à la maison, ça les feraient réagir.
Ma cinquième année s'est terminée sans que je la vois véritablement passer. En rentrant pour l'été, le seul que je découvris à la maison dans un état toujours aussi déplorable était mon père. Allongé pour la première fois depuis longtemps dans son lit conjugal, à l'intérieur d'une chambre qui ne contenait plus que ses affaires.
- Elle est partie. Elle ne reviendra pas.
C'est tout ce que tu as daigné me dire, papa. Avant de me laisser, une énième fois, devoir te ramasser à la petite cuillère. Alors que moi-même je vivais déjà avec la sensation d'avoir l'âme en lambeaux. Cette fois, je n'ai répondu à aucun des courriers envoyés par mes amis. Sauf une fois, pour leur interdire de venir me trouver chez moi. Contre toute-attente, ils m'ont écouté puisque je ne les aies jamais vus. Je suis resté plus de cinq mois auprès de mon père, pour essayer de le sauver lui et la relation que nous n'avions jamais véritablement eue. Je peux me vanter d'y être à peu près parvenu, puisque à l'heure où j'écris tout ça, il n'a plus touché à un verre depuis cinq semaines. Il m'a juré qu'il ne commettrait plus jamais les mêmes erreurs pour que je puisse retourner à Poudlard. Pour que je puisse récupérer ma vie, celle qu'il était bien conscient de m'avoir arrachée. Après plusieurs correspondances avec Dumbledore mon retour à Poudlard a été accepté, sans qu'un seul instant je n'imagine ce qui m'attendait au château. Si j'avais seulement ouvert les lettres de mes amis, j'aurais pu le savoir. J'aurais pu découvrir avant même d'être sur place que mes parents n'étaient que des menteurs et que je risquais de me confronter à mon retour dans l'école au plus gros choc de ma vie.