[Daphnee] Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

*Le soir était tombé sur Poudlard, la nuit arrivait vite en cette saison. Alors que les couteaux, fourchettes, plats et bavardages devaient faire un bruit à vous en vriller les tympans dans la grande salle située quelque part sous ses pieds, Orcus était monté au sommet de la tour d'astronomie tout seul, comme une âme en peine. Son absence ne se remarquerait pas, pour la simple et bonne raison que depuis le début de l'année, il avait dû prendre 3 repas à Poudlard, tout au plus. Moins il voyait l'antique tronche de ses collègues, en particulier celle d'Albus, et mieux il se portait, sans oublier le cas Bulstrode qui le dévorait des yeux à chaque fois qu'ils se retrouvaient dans la même pièce. Une fois, il avait cru la voir lui faire une œillade tout en léchant l'opercule d'un yaourt d'une manière suggestive...

La tour d'Astronomie, déjà à son époque elle était le lieu incontournable des couples clandestins et des rêveurs, deux critères qu'il avait remplis à quelques occasions. Il l'avait peu fréquenté pourtant, lui préférant encore la forêt. Aussi, si Orcus se trouvait accoudé à la balustrade, laissant ses boucles voleter sous le vent, ce n'était pas par un quelconque sentiment de nostalgie, du moins au début. D'ici, on pouvait voir toutes les tours, on avait même une bonne vue sur toute la façade nord du château, c'était le coin parfait pour essayer de repérer un autre professeur abonné aux absents des longues tablées, à savoir Alastor Maugrey dont le botaniste était persuadé qu'il le suivait (remercions Eleanor pour sa paranoïa naissante). Si Fol Œil espérait vraiment le confronter, il ne tarderait pas à sortir de l'ombre et venir le rejoindre ici, loin de tout témoin... mais une demi-heure s'était déjà écoulée, Maugrey n'était pas venu et la tour de Gryffondor semblait aussi calme que la vie sexuelle de Rogue, alors Orcus s'était laissé bercé par les dernières lueurs du soleil disparaissant sur le lac, la brise fraiche de l'hiver lui caressant la joue à la manière d'une amante attentionnée et le ballet aérien des sombrals s’élevant de la forêt. Ce château aurait pu trouver grâce à ses yeux, dans une autre vie.*

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Daphné quitta la table des Serpentard. Elle salua ses amis et prit rapidement la porte, elle ne restait jamais plus de quelques minutes dans la Grande Salle au diner. Elle préférais le calme des repas décalés du midi. Elle s'arrangeait toujours pour bien manger à ces moments là, pour n'avoir qu'à grignoter le soir venu.

La jeune fille prit le chemin des cachots, mais avant de prendre les escaliers la menant vers les profondeurs sombres, humides et rassurantes du château, elle bifurqua. Elle ne trouva pas nécessaire d'aller s'enfermer dans sa salle commune immédiatement alors que le couvre-feu n'était pas encore passé. Elle aimait ces moments là, quand le château, vide, lui offrait un repos bien mérité. Après plusieurs étages, elle fut prise d'une envie de plus. En montant jusqu'à la tour d'Astronomie, elle pourrait même ouvrir ses barrières mentales, le temps de quelques secondes et relâcher cette pression constante et secrète.

Elle fit claquer ses talons sur les dernières marches en pierres mal taillées, légèrement essoufflée de toute cette grimpette. Elle fit une pause, et dénoua ses cheveux, attachés pour les cours de potions, les derniers de la journée.

Daphné contourna la sphère disgracieuse plantée en plein milieu de la tour, et se figea en apercevant un homme de dos.  

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Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

*Le silence était presque parfait au sommet de la tour, seuls venaient timidement le troubler le sifflement du vent s'engouffrant dans les mécanismes de l'immense globe lunaire trônant au centre de la pièce et le bruit de la cigarette d'Orcus se consumant à chacune de ses inspirations. Maugrey ne viendrait pas, soit l'affreux jojo était trop lâche pour s'adresser à lui entre quatre yeux, soit il cuvait son vin quelque part dans le château, car soyons honnêtes, ce n'était pas de l'eau plate qu'il trimballait dans sa fiole, le botaniste alcoolique à ses heures était bien placé pour le savoir. Orcus ferma les yeux durant cette parenthèse de quiétude dans sa vie un peu trop mouvementée en ce moment, lorsqu'un bruit le surprit au point de laisser sa cigarette lui échapper des doigts, se perdant peu ou prou à l'endroit où Albus finirait ses jours, lui aussi. Il se retourna soudainement et entrouvrit la bouche de surprise en te reconnaissant.*

Miss Greengrass ! Que faites-vous là ? Vous êtes seule ?

*Les mains à nouveau accrochées à la rambarde dans son dos, il tendit le cou pour s'assurer que ton corps frêle n'était pas parvenu à dissimuler la massive Millicent. Il ne te connaissait pas, tu ne faisais pas (encore) partie des élèves qui s'illustraient durant ses cours, mais il t'avait repéré comme appartenant au cercle d'amis de Miss Bulstrode, son harceleuse. Il fronça légèrement les sourcils alors que son esprit embué par le filet du diable remettait quelques pièces en place.*

C'est toujours l'heure du repas.

*Une affirmation sous-entendant que même pour ses beaux-yeux et son gros nez, Millicent ne pouvait pas se trouver ailleurs que dans la grande salle en cet instant.*

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- Oh, bonsoir Professeur. Je pensais la tour vide.

Daphné serra sa cape autour d'elle, le vent s'engouffrant dans les lieux était frais. Elle ne pu s'empêcher de laisser glisser ses yeux sur la silhouette de son professeur. C'était la première fois qu'elle le voyait en dehors des cours, et elle le vit vraiment pour la première fois en tant qu'être humain. Elle n'écoutait jamais Millicent quand celle-ci profitait des quelques minutes que lui accordait Pansy pour parler de leur professeur. Wilkes semblait fatigué.

- Oui, je suis seule.

Elle se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise. Son moment de calme était en train de lui passer sous le nez. Elle vérifia rapidement l'heure, s'assurant qu'elle ne dépassait pas le couvre-feu, et n'aurait donc pas de problèmes. Et se fit la réflexion qu'elle aurait du aller du côté de la bibliothèque, aucun étudiant sain d'esprit ne choisissait d'étudier à l'heure des repas, elle aurait donc pu profiter d'un calme olympien.

- C'est exact, mais pour garder ce corps, je saute les repas du soir.

Elle répondit avec aplomb. Ses excuses étaient toujours toutes trouvées pour dissimuler les vraies raisons de ses isolements. Elle se fendit même d'un sourire éblouissant, son arme ultime pour détourner une conversation. Et face à un professeur, elle devait mettre le paquet.

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Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

Une déconvenue d'une triste banalité, on se croit seul, on pense que l'on peut faire tomber le masque, la prestance et les faux-semblants, quand le bruit d'une respiration inopportune vient tout gâcher. Je me souviens encore des dortoirs collectifs, si l'enfer se trouvait sur terre, je crois qu'il était situé pile sous le lit de Adam Reed, ses ronflements ne pouvaient être que l'oeuvre de Satan lui-même... dans le but de me pourrir la vie un peu plus, probablement. Désolé, je ne vais pas tarder à rentrer chez moi... En fait, j'allais rentrer chez moi, juste le temps de finir ma cigarette mais grâce à votre intervention, mes poumons auront gagné quelques heures de vie ce soir.

*Il jeta par réflexe un petit regard en arrière, là où le cadavre de sa bien-aimée s'en était allée, une pointe de regret encrée sur ses rétines. Il brulait de s'en griller une seconde, histoire d'avoir assez de poison dans les veines pour finir cette journée sur une note factice de bonheur. Il pencha la tête lorsque son visage se tourna à nouveau vers toi, il ne put s'empêcher de sourire à l'inquiétude que tu venais de trahir dans tes gestes.*

Il est encore tôt, confirma-t-il. Et tant que vous vous montrez assidue durant mes cours, je me fiche bien de savoir où et avec qui vous traînez, couvre-feu ou pas... enfin, tant que vous ne vous mettez pas en danger.

*Il leva un index de donneur de leçon, jouer les figures d'autorités pour des adolescents ne lui était vraiment pas naturel. Il arqua un sourcil à l'excuse, elle était donnée avec tant d'assurance qu'il aurait pu y croire sans mal. Il la trouva un peu futile, mais lui-même prenait tellement soin de son apparence qu'il n'aurait pu s'en moquer sans entendre sa conscience se bidonner.*

Je vois.

*Non.*

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Daphné s'approcha lentement de la rambarde, son attention toute focalisée sur son professeur. Elle se pencha légèrement en avant, basculant son buste dans le vide, le regard rivé dans la noirceur du vide.

- Vous devriez entendre Millicent ronfler, elle doit se faire entendre depuis la salle commune des Serdaigle...

Elle se redressa et se tourna avec douceur, trouvant agréable d'avoir une conversation qui n'avait pour sujet, ni le permis de transplanage imminent, ni les devoirs, ni Drago Malefoy. Elle appréciait passer des moments entre amis, dans la salle commune, bercés par les reflets du lac sur les murs , mais récemment tous tournaient en boucle sur ces sujets. Elle en était lasse.

- Poudlard n'est-il pas l'endroit le plus sécurité de Grande-Bretagne ? Puis Potter se charge de faire un ménage régulier des monstres y vivants...

Elle ne contrôla pas le dédain dans sa voix. Si elle faisait peu de cas de Potter, elle n'aimait pas cette manie qu'avaient les Gryffondor de toujours être mit en avant et de gagner des points au moindre imbécile réussissant à faire ses lacets.

- Le seul danger se trouve ici, si l'envie me prenait de jouer les équilibristes sur cette rambarde, mais je vous assure, Professeur, là n'est pas mon intention. Je tiens à ce que mes proches pleurent sur un corps en parfait état.

Elle esquissa un sourire en coin, parfaitement déplacé quand on abordait le sujet de sa propre mort.

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Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

Cette chère Miss Bulstrode ne fait décidément pas dans la discrétion, mais elle a d'autres qualités. Ne lui répétez surtout pas ce que je viens de dire où je jure sur Morgane que je vous collerai assez de retenues au cul pour vous enchainer ici jusqu'à vos 25 ans !

*Dit celui qui n'avait jamais collé personne. D'abord parce qu'il n'en avait jamais eu besoin, les élèves s'étaient toujours bien comportés avec lui jusque là, ensuite parce que la simple idée de superviser une retenue l'ennuyait sans doute plus encore que le collé lui-même. Si Orcus avait du temps à perdre, c'était en frivolités et non pour ce genre de conneries.
Il ne put réprimer un sourire amusé et répondit du tac au tac, il en fallait peu pour éveiller la langue de vipère en lui.*

Alors même que la catastrophe ambulante qui lui sert d'ami est toujours là, elle. On dit pourtant qu'il donne des cauchemars à tous les premières années quand ils le voient manger pour la première fois.

*Contrairement à ce que son sarcasme pouvait laisser croire, Orcus croyait en l'élu, ou du moins il avait foi en ce qu'il pouvait représenter pour le peuple. Mais lorsqu'on avait passé 4 années misérables entre ces murs sans que ça n'en inquiète personne, à commencer par des adultes censés se montrer protecteurs et impartiaux, être le témoin chaque jour du traitement et des intentions spéciales auquel un seul avait droit pouvait se montrer agaçant. Orcus n'avait pas plus d'inclination pour les serpentards cependant. Au contraire, il s'en méfiait d'autant qu'il avait été l'un d'eux.

Le sourire s'effaça lentement alors que la discussion prenait un autre tournant. Certes, il l'avait un peu cherché, mais il savait que derrière le masque de la provocation se cachait trop souvent une part de vérité.*

Il faudrait surtout être idiot pour vouloir traverser le styx au cœur même d'un nid de crétins. L'idée a pourtant l'air de vous amuser.

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La menace des retenues ne lui fit pas peur, Daphné avait eut peu de retenues durant sa scolarité, et toujours pour des motifs aussi plats que "manque d’intérêt" ou "absences non justifiées", et elle avait toujours apprécié le calme d'une salle de classe pour elle seule, accompagnée d'un professeur distrait, bercée par le son relaxant d'une plume grattant le parchemin.

Elle eu une pensée pour ses plus heureuses retenues. Les professeurs Rogue et McGonagall étaient ses préférés en terme de surveillance. Elle ne savait comment, mais tout deux n'avaient pas la moindre émotion. Si McGonagall laissait parfois échapper un filet de désapprobation ou d’inquiétude, mais c'était rare, Rogue lui était certainement fait de plomb. Elle se souvient de ses trois premières années, il lui était arrivé de capter certaines choses venant du Maître des Potions, mais elle ne discernait pas l'émotion, c'était comme les vibrations d'un détecteur de Magie noir mal réglé. Mais depuis le Tournoi des Trois Sorciers, elle n'avait jamais plus rien senti venant de lui. Ce qui avait fini d'en faire le professeur qu'elle respectait le plus.

Elle revint au présent. Daphné laissa ses jolis yeux verts détailler Wilkes, et s'interrogea sur sa façon de gérer ses émotions. C'était un bon professeur, un expert en la matière, mais la pédagogie ne lui était pas naturelle, c'était absolument tout ce qu'elle pouvait dire de lui en cet instant.

- Ne peut-on pas s'amuser de tout ? La tristesse est bonne pour un temps, ou pour la littérature, mais pour vivre réellement, il faut s'amuser.

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Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

Vous voulez m'entraîner sur un terrain glissant Miss Greengrass.

*Dit-il en feignant la réticence. Finalement, il allait peut-être s'attarder quelques minutes de plus, juste assez pour un échange et s'assurer que tu redescendrais bien au niveau des cachots sans le tenter par un vol plané sans balai. Sait-on jamais.*

J'aime à dire que tout n'est que plaisanterie dans la vie, ce qui est drôle ou pas n'est après tout qu'une question de point de vue. Cependant, est-ce que rire c'est vivre ? Est-ce que souffrir, c'est mourir ? Je crois que ce ne sont ni les calembours, ni les larmes qui font que l'on vit, ce sont nos émotions. Après tout, qu'allons-nous chercher dans un paysage si ce n'est une beauté qui vous coupe le souffle ? Pourquoi sautons-nous à pieds joint dans des relations boiteuses si ce n'est pas pour sentir les palpitations de nos cœurs ? Pourquoi la colère si ce n'est pour la fureur qui vous échauffe les veines et l'amour pour percevoir la grandeur des possibles ? S'il n'y avait que le rire, Miss Greengrass...

*Il se pencha vers toi, baissa d'un ton et arqua un sourcil.*

... l'ennui nous aurait tous happé à peine passé les 20 ans. Vivre réellement, c'est oser faire souffrir votre âme.

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La conversation prit un tournant inattendu qui ramena brutalement Daphné à la réalité, il n'était plus question de s'amuser. Elle se tendit et fut instinctivement sur la défensive. Wilkes n'avait, certainement, aucune idée d'avoir touché son point le plus sensible. Elle laissa de côté le personnage créée de toute pièce, la Daphné futile et arrogante, pour répondre à une remarque que personne avant ne lui avait émise, mais qu'elle trouva juste, et à l'opposé même de ce qu'elle se devait d'être.

- Ressentez-vous toutes ces émotions, Professeur ? N'essayez-vous jamais d'en prendre le contrôle ? La colère, la peur, la tristesse, l'amour... N'est-ce pas des chemins différents menant tous à la folie ? L'Homme est trop petit pour les émotions, beaucoup n'en sortent pas indemnes.

Il était rare qu'elle se laisse ainsi la liberté de dire tout haut, ce qu'elle pensait tout bas.

- Une âme qui souffre est vivante, mais l'esprit ? Si l'esprit se brise, alors il meurt...

Elle parlait trop. Elle se confiait trop. Depuis quand étalait-elle sa plus grande peur comme on s'offre à un legilimens ? Elle souhaita que Wilkes ne remarque pas son trouble.

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Il faut une obscurité profonde pour percevoir une étoile.

Bien sûr, vous pensez que je suis fait de bois ?

*Le contrôle. Toute la vie d'Orcus était une question de contrôle. Il en était tellement maniaque que la chape de plombs qu'elle imposait à ses épaules ne l'avait quitté que lorsqu'il avait testé pour la toute première fois un stupéfiant. Il était alors encore étudiant et faisait son mémoire de recherche sur l'Ivraie Enivrante, la prise avait alors été accidentelle. Les fois suivantes avaient toutes été volontaires, il n'y avait que par ce biais qu'il parvenait à s'échapper de lui-même et ainsi il avait mis le doigt dans l'engrenage de l'addiction. Bien entendu, ce n'était pas le genre d'histoire qu'il devait raconter à une toute jeune adolescente pleine de doutes.*

Je dirais alors que ce ne sont pas les émotions le problème, mais votre esprit. L'on doit tous s'endurcir, mais vous savez, au risque de déplaire aux romantiques, rares sont les personnes à mourir d'amour en réalité. Ce que je veux dire, c'est qu'on est capable de se remettre de tout Miss Greengrass, alors autant se cogner. L'homme est précisément la créature faite pour les émotions.

*Conclue-t-il dans un parfait plagiat de Sanguini.*

Votre esprit peut servir à sauver votre âme et non à la faire couler.

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Elle se tordit les doigts, la conversation la rendait nerveuse, trop pour qu'elle puisse garder un contrôle parfait de son esprit, et cette pièce sombre et hermétique qui lui servait à se protéger des autres, menaçait de se lézarder. Elle prit plusieurs inspirations discrètes, calmant son rythme cardiaque et se força à rester sagement dans un coin de cette pièce mentale, à l'abri.

- Mais nous parlons dans le cas d'un esprit lambda. Ce que vous dites, s'applique-t-il à un esprit plus fragile ? Se cogner, dans ces cas là, peut avoir des conséquences inattendu et tragique...

Elle frémit en pensant aux deux seules fois où elle avait perdu le contrôle au milieu de la Grande Salle. Non, il était impensable qu'elle se cogne.

- Mes questions doivent vous importuner, il serait peut-être plus avisé que je vous parle du dernier cours de Botanique...

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*Il baissa les yeux sur tes doigts s'entortillant nerveusement. Il ne laissa échapper aucune expression faciale suite à cette observation, mais même s'il connaissait mal les adolescents, il connaissait plutôt bien l'humain et savait que ce n'était pas une réaction normale à une simple discussion philosophique, même pour quelqu'un se cherchant.*

A quels genres de conséquences vous pensez ? Je crois qu'il existe des esprits plus faibles que d'autres, mais au point de se briser à la moindre émotion ? Vous pensez que votre esprit est fait de verre Miss Greengrass ?

*Il se détourna et se rapprocha à nouveau de la rambarde, s'accoudant sur celle-ci les mains jointes en scrutant l'horizon d'un ciel bas chargé de nuages, au point qu'on distinguait à peine les pâles lueurs de la lune. Ainsi, il avait pris un peu de distance avec ton propre espace.*

Je ne sais pas ce qu'il y aurait de pire entre prendre le risque d'être détruit ou celui de ne pas vivre. Tout dépend de ce qui vous fait réellement peur. Nous pouvons aborder le cours si vous y tenez. Les mandragores sont en pleine adolescence, j'ai surpris l'une d'entre elle se frotter suggestivement à un cache-oreille. C'était un spectacle surprenant... et dont je me serais bien passé à dire vrai.

*Il fronça le nez quelques secondes. Le botaniste n'était pas un sensible, en témoignait les nombreux lieux qu'il fréquentait à l'allée des embrumes, mais ce spectacle-là lui avait brûlé les rétines aussi surement que de l'acide. Il tourna son visage vers toi avec un petit sourire amusé.*

Rassurez-vous, j'en ai fait don au garde-chasse.

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Daphné se posa une question essentielle. Laisserai-t-elle filtrer quoi que ce soit de ce qu'elle était, pour avoir des réponses précises à ses questions, au risque qu'il comprenne tout, Wilkes était un homme intelligent, il comprendrait vite. Ou s'enfermerait-elle une fois de plus dans sa solitude et sa souffrance ?

Elle n'avait que 16 ans, et pourtant elle semblait avoir vécu bien plus longtemps. Et puis, elle avait réussi à garder son secret à Poudlard, pendant plus de 5 ans. Dans ce château plein d'émotions fortes, constantes et intenses, elle avait réussi à survivre à la réouverture de la Chambre des Secrets, dans un château bouillonnant de peur et d'appréhension. Aux détraqueurs qui, elle c'était bien gardée de le mentionner après l'incident de Potter, l'affectaient bien plus que ses camarades. Au Tournoi des Trois Sorcier qui avait rendu l'atmosphère électrique tant les émotions y étaient nombreuses et si changeantes. Elle eu un haut le coeur en repensant au père de Cédric Diggory ce fameux soir... Elle c'était trouvée dans les gradins à ce moment là, mais la douleur était telle, qu'elle l'avait foudroyé, la faisant pleurer et se recroqueviller, cachée derrière la massive Millicent. Puis maintenant le retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et la terreur qu'il traînait dans son sillage.

Elle soupira en comprenant que sa décision était déjà prise et regarda son professeur, un mince sourire aux lèvres.

- Je suis simplement curieuse, Professeur.

Elle grimaça en imaginant cette horrible scène.

- Il devait en être ravi. Personne n'aime les monstruosités plus que lui.

Le changement de sujet la réanima. Elle se tourna vers l'horizon, et perdit son regard dans les ténèbres. L'automne écossais laissait peu de chance de voir les étoiles, et pourtant un trou dans les nuages, et une absence totale, et rare, de vent laissait apercevoir la lueur d'une étoile qu'elle s'abîma à contempler.

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Et bien si votre curiosité venait vous titiller à nouveau, quand vous le voudrez nous pourrions poursuivre cette conversation.

*Il t'offrit un sourire rassurant supplémentaire, il avait l'impression de s'être glissé dans la peau d'un Benjy Fenwick toujours à vouloir jouer les bienveillants là où lui misait sur la désinvolture et le désintérêt de tout. À croire que la nuit rendait propice l'abaissement des masques, ne serait-ce qu'un peu. Au loin, les Sombrals semblaient mettre fin à leur balade, replongeant un à un entre les arbres dénudés. Il se demanda si tu les verrais, est-ce qu'une perte tragique pouvait être à l'origine des peurs que tu venais d'entrevoir ? Car il n'était pas dupe sur ton manège, il n'était simplement pas le genre d'homme à insister pour connaitre le moindre secret du tout venant. Quand on voulait éviter qu'autrui fouine dans votre vie, la première règle était de ne pas fouiner dans la leur.*

J'ai gardé la mandragore.

*Le garde-chasse lui en raflait déjà bien suffisamment.*

C'est le cache-oreille que je lui ai refilé.

*Il suivit la ligne de ton regard jusqu'à l'étoile isolée, comme un unique point venant mettre fin aux confidences. Il se pencha alors et ramassa quelques graviers apportés par le vent, les pies ou les chaussures des flâneurs. Il les regroupa tous au creux d'une main et agita ses doigts au-dessus en marmonnant quelques formules. Enfin, il les jeta vers le ciel, mais au lieu de retomber lourdement, ils s'immobilisèrent dans les airs, juste au-dessus d'eux, s'éclairant alors tel des lucioles venant consteller le ciel.*

Tout semble plus beau au pluriel, vous ne trouvez pas ? Vous ne devriez pas trop vous attarder, vous allez prendre froid.

*Sur ce, il se détacha de la rambarde, s'apprêtant à prendre congé. Il lui resterait encore à traverser tout Poudlard avant de pouvoir transplaner à Londres.*

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Elle ne vit pas les sombrals, elle n'avait jamais vu la mort en face. Daphné était relativement protégée comme enfant, c'était le lot de tout Serpentard de Sang-Pur. Les mangemorts était le cauchemar de la population sorcière, mais pour elle, ce n'était que des invités venant dîner une fois par mois au manoir.

Daphné fit une grimace à l'évocation du cache-oreilles, heureusement qu'elle ne mettrait jamais un pied chez ce Garde-Chasse. Mais elle fut vite distraite par ce que Wilkes faisait. Elle le regarda, du coin de l'oeil, agiter ses doigts au dessus de son autre main, puis se fut comme une petite explosion sans son et elle ne pu retenir un "oh" de stupeur. Ce n'était que de la magie, mais la magie sans baguette était si rare, elle ne c'était pas attendu à se résultat là, elle se perdit avec ravissement dans la contemplation de cette constellation miniature et factice.

- Vous avez raison, Professeur. Bonne nuit, merci de...

Elle ne savait pas comment le remercier sans paraître niaise, et elle n'allait quand même pas être niaise ce soir, elle avait déjà assez bafouée l'honneur de Salazar.

- ...d'être resté.

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*La perte d'un être cher était visiblement à rayer des possibilités t'ayant rendu si fragile car tes rétines ne détournèrent jamais leur regard du ciel étoilé factice. Un peu frustré néanmoins de ne pas savoir, Orcus recula enfin d'un pas et remonta le col de son manteau noir hors de prix. Dorénavant, il garderait un oeil sur toi au moins en cours puisqu'il traînait peu dans les parages.*

Merci à vous de m'avoir supporté, encore que, je ne sais pas lequel est venu importuné l'autre. Bonne nuit Miss Greengrass.

*Il se détourna pour de bon et entreprit la longue descente de la tour, pressé de rejoindre l'allée des embrumes pour s'y consommer jusqu'à la perte de connaissance son petit nid douillet pour un repos bien mérité. Dans une heure environ, les graviers perdraient leur magie et tomberaient en poussière.*

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