[Eléanor & Gawain] Êtes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

La régression vers la moyenne est un phénomène qui veux que rien ne soit toujours trop bon, ou trop mauvais. Il marche dans bien des situations. Il instaure l'équilibre. Le monde ne saurait vivre sans lumière. Tout comme il ne saurait vivre sans ténèbres. Voilà ce que cette loi tentait d'expliquer.
Le retour potentiel de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom n'était encore que source de rumeurs jusqu'à présent. Néanmoins, le Ministère se retrouvait dans l'obligation d'admettre et de dissimuler les quelques crimes commis par d'anciens sois-disant mangemorts repentis. Il était encore impossible de prévoir la moindre attaque, raison pour laquelle sur son fauteuil du bureau, Gawain se sentait de moins en moins à l'aise. Et de plus en plus impuissant. Une sensation qu'il détestait alors que son poste au Ministère de la Magie commençait à lui prendre la plupart de son temps. Il s'était d'ailleurs endormi à son bureau, joue sur la pile de dossiers qu'il était censé remplir à l'heure qu'il est. Quelqu'un frappa d'un coup sec à sa porte, le tirant ainsi aussitôt de son sommeil. Il fit un bond sur sa chaise puis il tenta de se ressaisir rapidement avant d'inviter l'inconnu à entrer. Il s'agissait de son supérieur qui ne se douta de rien, venu lui annoncer qu'il avait gagné droit à son week-end. C'est sans rechigner qu'il accepta même si comme à chaque fois, il allait le dédier à bien plus important que son repos.
[...]
Depuis toujours, Pré-Au-Lard était le village préféré des élèves. On y trouvait tout un tas de boutiques sympathiques et plus important encore, il était le moins éloigné de l'école, ce qui justifiait sans doute sa côte d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, il ne dérogeait pas à la règle du "Ne vous fiez pas aux apparences". Des êtres malfamés rôdaient ici, et le meilleur moyen de les contrôler pour le moment était d'y rôder aussi. Gawain était dans le village depuis plusieurs heures déjà lorsqu'il décida de faire une halte aux Trois Balais afin de se rafraîchir un peu. Il était cinq heures de l'après-midi alors comme d'habitude, il tomba nez à nez avec plusieurs groupes d'élèves, venus se détendre en dehors de Poudlard. Au bar, il y avait une jeune-fille seule. L'auror y commanda sa limonade, avant que son attention ne soit retenue par le carnet étalé devant elle ainsi que le crayon à papier qu'elle tenait. Elle avait l'air tout aussi jeune que les autres sauf qu'à leur différence, elle était seule. L'homme hésita un moment, le serveur eut le temps de lui rapporter son verre. Assoiffé, il en but deux grandes gorgées avant de finalement passer les deux tabourets qui le séparait de celui de la blondinette.

- C'est très joli, lança-t-il après avoir jeté un coup d’œil à ce qui semblait demeurer un essai pour le moment. Vous dessinez depuis longtemps ?

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Maugrey tapa violemment du poing  pour la ramener sur terre. Eléanor sursauta avec une telle violence qu'elle manqua d'en tomber à la renverse. Durant un instant, elle s'était allée à rêvasser aux jours heureux qu'elle avait connus jadis. Son fusain, empreint de mélancolie, avait dessiné le sourire de sa mère ainsi que son visage rayonnant, alors même qu'elle n'en avait eu conscience. Forcément, le cours du vieux fossile n'avait plus aucune forme. Le visage de Mrs Branstone y trônait, envoyant valser les consignes sur le sortilège de désillusion. D'où le rappel à l'ordre, peu tendre, du bougre. Malheureusement pour le professeur de DFCM, cela n'atteignit absolument pas la jeune élève. Quoi qu'elle se tint à carreau le restant du cours...
Le cours d'après l'intéressa davantage. Si tous ses camarades dormaient profondément ou jouaient aux échecs durant le récit du professeur Binns, ce ne fut bien sûr pas son cas. Assidue, elle nota dates, faits importants et anecdotes non négligeables, se sauvant ainsi d'une profonde mélancolie. Fallait-il préciser qu'aujourd'hui était l'anniversaire de sa défunte mère ?

Frustrée de ne pouvoir rejoindre les Highlands, Eléanor gagna pour le restant de la journée, le village de Pré-Au-Lard, incroyablement silencieux. La cause en était fort simple. L'affaire Selwyn avait effrayé nombre de bonnes gens. Les murmures parlaient d'un acte héroïque de la part de son professeur de botanique. Ce n'était pas là son avis. Elle s'était intéressée aux faits avec intérêt, pourtant. Mais si la Poufsouffle avait bien un défaut, c'était qu'elle ne croyait absolument pas aux héros. Lucide ou non sur la question, Eléanor n'avait pas grande confiance en l'humanité et sa beauté. Elle, elle avait foi en la justice, et en la justice seule. L'humain était trop aléatoire dans ses vices comme dans ses vertus à son sens. Une erreur ? Probablement. Toutefois, bonne chance pour l'en convaincre.
Ainsi il n'y avait que deux sortes d'espèces dans les rues du village : les élèves, téméraires comme à leur habitude, et les rôdeurs mal intentionnés.

Les Trois Balais ne faisaient pas exception. Sa table occupée par une bande de loustiques bruyants, Eléanor se contenta d'une simple place au comptoir. Elle échangea quelques mots de politesse avec Mme Rosmerta et commanda une bièraubeurre avant de sortir ses deux carnets et ses fusains. Aujourd'hui, elle avait pour projet d'esquisser le portrait de Quinn Selwyn. Seulement son esprit rêvait de toute autre chose. Obsédée par les paysages de son passé, son poignet troqua vite son carnet spécialement mangemort avec son carnet de tous les jours. Très vite, l'esquisse laissa apparaître les paysages montagneux des Highlands. Elle n'avait qu'à fermer les yeux pour se les imaginer de nouveau. Sa terre natale lui manquait affreusement, si bien que la Poufsouffle ne vit pas les deux yeux penchés sur elle. Elle ne remarqua pas non plus le rapprochement opéré. Aussi lorsqu'une voix s'adressa à elle, elle manqua de renverser sa pinte. Ce furent ses réflexes qui sauvèrent ses carnets, in-extrêmis.

- De toute évidence non. Sans quoi, j'aurais pu m'attendre à votre incursion.

Peu sociable la petite. On ne le répéterait jamais assez. Toutefois, elle en avait suffisamment conscience pour toujours se reprendre (ou presque). Alors elle tourna enfin son visage vers celui qui venait de la complimenter et s'excusa d'une voix plus douce.

- Veuillez excuser ma rudesse, je dessine depuis mes huit ans. Je ... Merci pour le compliment.

Elle se tut avant de se forcer à poursuivre comme pour se justifier.

- Je ne les montre jamais, pour tout vous dire. Ils me sont personnels, d'une certaine façon.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

Carl Robards avait su apprendre énormément de choses à Gawain. Il avait sut combler les vides, enfin la plupart. Peu importe l'affection qu'il avait pu depuis toujours lui porter, son amour n'avait jamais remplacé celui d'une mère. De toute manière, l'idée même de l'espérer aurait révolté le jeune Gawain. On ne pouvait décemment pas agir avec son grand-père comme on pouvait agir avec une mère. Il avait eue la chance de la connaître durant plus de cinq ans. Ses souvenirs d'elle aujourd'hui étaient lointains mais c'est en se laissant aller à la contemplation de ses photos d'enfance que Gawain parvenait à se souvenir, bien souvent. Il n'en restait pas moins que plus de vingt années s'étaient écoulées depuis. Très bientôt et à sa plus grande crainte, il ne resterait plus que les photos et son imagination.
Le passé de Carl était énorme. Il avait été un grand combattant, il était un survivant aujourd'hui. Un survivant ayant énormément de temps à tuer depuis la perte de ses jambes. Gawain n'avait jamais été très manuel jusqu'à ce que Carl ait voulu lui transmettre son amour pour l'art, la peinture plus précisément. S'exprimer à travers une toile n'avait jamais été évident pour l'homme, quand bien-même il avait fait d'énormes progrès depuis son premier essai. Suffisamment pour savoir que ce genre de choses était bien souvent intime. Raison pour laquelle il parut finalement désolé face à la jeune-femme. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour sa première réaction. Il avait été indiscret.

- Ne vous excusez pas, surtout pas lorsque c'est moi qui ait été indiscret.

Un sourire poli était venu prendre place sur ses lèvres.

- Cela fait plusieurs années que mon grand-père essaie de m'apprendre à peindre. Il a beau dire le contraire, je crois que je demeure un bien piètre artiste. Mes émotions à moi ne transgressent généralement guère ma peinture, je ne voulais pas m'introduire dans votre jardin secret.

L'homme garda un certain sourire poli, alors qu'il avait l'air désolé pour lui-même. Il prit une nouvelle gorgée de sa limonade, puis c'est finalement en désignant le tabouret devant lui qu'il demanda.

- Puis-je ?

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Elle secoua négativement la tête après un bref regard vers ses carnets.

- Je crois que nous sommes tous des artistes à notre manière. S'exprimer est un art à mille facettes. Je pense que l'art est quelque chose de subjectif, quelque chose qui n'appartient qu'à notre seul regard. Nous en sommes les seuls juges.

L'élève plongea son regard dans celui de l'homme qui lui faisait face. Il lui semblait reconnaître ses traits, elle qui étudiait avec assiduité et au quotidien la Gazette du sorcier. Cependant, elle ne parvenait pas à mettre un nom sur ces yeux limpides, aussi bleus que l'eau de roche. Elle était, néanmoins, convaincue d'une chose : il n'était pas un rôdeur malveillant. Ou alors, elle était bien mauvaise critique et surtout bien naïve !
A son tour, elle répondit d'un sourire poli et referma son carnet comme pour clore cet incident.

- Ce n'est pas grave. Ce ne sont que des dessins pour n'importe quel regard.

Loin d'elle l'idée d'être médisante ou de se montrer impolie. Simplement, elle ne se laissait guère approcher. Probablement parce qu'elle n'était jamais en quête de compagnie, du moins, plus depuis ces dernières années. L'adolescente avait appris à se débrouiller seule, à s'échapper seule pour oublier ses chagrins ou ses regrets. Alors, parler à un inconnu relevait de l'exploit. Pourtant elle accepta.

- Si vous avez du temps à perdre avec une élève de Poudlard, allez-y, mais je vous préviens, le professeur Maugrey me trouve distraite et écervelée aujourd'hui. Cela peut dissuader.

Ce qui la fit presque sourire tandis qu'elle terminait sa bièraubeurre. Elle essuya les quelques traces de mousse de son poignet et estima que c'était peut-être à elle de poursuivre la conversation. Ce qu'elle fit, avec son petit côté taciturne.

- Si vous ne parvenez pas à vous exprimer par la peinture, quel est donc votre moyen d'expression ?

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

De toute évidence, il faisait face à une adolescente "différente". Ils étaient peu nombreux à pouvoir tenir un discours sur l'art comme le siens. Il en fut agréablement surpris, Carl y aurait déjà vu une bonne raison d'aimer cette petite.

- Et chaque interprétation qu'on peut en faire est différente. Il n'y a que des dessins ou de la peinture qui puisse transmettre ça. Ceux que je préfère sont ceux des enfants.xx

En effet, à cet âge béni, nous avons une toute autre manière d'interpréter les choses. Les enfants ont toujours été un cadeau. Ils sont aussi le futur, raison pour laquelle il était si important pour Gawain de préserver la sécurité du monde magique. Quand bien-même il paraissait surtout perdre pour le moment. Au reste des paroles de sa jeune interlocutrice, l'auror se contenta d’acquiescer. Il ne s'était pas encore présenté, plus ou moins volontairement d'ailleurs, ce à quoi il remédia après avoir lâché un petit rire sincère.

- Eh bien, je crois que je saurais y survivre. Mon nom est Gawain Robards, mais vous pouvez m'appeler Gawain. Monsieur Robards c'est...bien trop formel.

Il fit un petit clin d’œil à la jeune-fille, persuadé d'en avoir dit suffisamment pour rassurer ses potentielles craintes à son propos. Il n'était pas quelqu'un de mauvais, bien au contraire, et il espérait même que cette rencontre imprévue devienne fructueuse. Il serait assez facile pour lui d'accéder à Poudlard si seulement il en faisait la demande à Albus. Seulement, il était inutile d'inquiéter ces adolescents plus que de raison en venant visiter l'école régulièrement. L'homme prit place sur le tabouret après y avoir été invité, ce après quoi il parut prendre un temps de réflexion avant de répondre à la question de la jeune-fille.

- Eh bien...je dirais que dans mon cas, ce sont tout simplement les mots. Ça a toujours été les mots. Et vous, le dessin vous passionne-t-il Mlle...?

Un ton évasif, synonyme de question. Gawain paraissait toujours aussi agréable malgré l'apparente froideur de son interlocutrice, déjà décelée et notée dans son esprit d'ailleurs.

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Anouveau elle secoua la tête en signe de désaccord avant de s'arrêter brutalement, touchée par un souvenir qui lui paraissait si lointain désormais. Elle revoyait son compagnon de classe, ce petit moldu, pas plus haut que trois pommes, partager tout son savoir sur le fusain et l'art qui en découlait. L'adolescente en ressentit un vif pincement au coeur tandis qu'elle tentait de chasser les différentes scènes assaillant son esprit. Soupçonnant sa piètre discrétion, elle s'empressa de répondre, non sans avoir détourné son regard au préalable.

- Je ne suis pas d'accord. Jouez du piano, vous verrez que chaque note résonnera différemment dans chaque individu. L'art ne se cantonne pas à un cadre précis, c'est ce qui en fait sa largesse. Mais comprenez l'art d'une personne et vous comprendrez son coeur, si toutefois vous y parvenez. Quant aux enfants ...

Elle se racla rapidement la gorge pour terminer d'une voix blanche.

- Ils sont sous-estimés ou plutôt jalousés. Leur imaginaire, leur innocence, deux choses qui rendraient tout homme envieux, je crois.

La révélation du nom la fit arquer un sourcil. Aussitôt, par réflexe, elle posa sa main sur son carnet contenant les portraits des mangemorts et les informations les accompagnant, pour le rapprocher de sa poitrine. Eléanor eut néanmoins un léger sourire moqueur voire amusé. Décidément, les aurors en avaient après ses rêveries aujourd'hui.

- Félicitations pour votre récente promotion, Gawain chef des aurors.

Brièvement, elle tourna sa tête pour observer derrière eux les différentes tablées. En un seul regard (et un peu de mémoire), elle ne remarqua aucun visage familier mangemoresque qui aurait pu justifier la présence du Chef des aurors à ses côtés. Aussi reposa-t-elle finalement ses yeux bleus sur lui.

- Branstone. Eléanor Branstone. Mais vous pouvez m'appeler Eléanor. Après tout, vous avez posé l'oeil sur mon dessin, les formalités d'usage ne s'imposent plus qu'à moitié, non ?

Un léger sourire en coin s'étira sur ses lèvres.

- L'art oratoire donc. Pourquoi chercher un autre moyen d'expression quand vous possédez celui de pouvoir vous exprimer en toute liberté et sans faux semblant ? L'art est souvent le moyen d'avouer ce qui ne peut être fait par les mots. Mais je suis persuadée que le Professeur Maugrey trouverait mes paroles bien ennuyeuses, tout comme il n'accorderait qu'un regard dédaigneux à l'art oratoire. Ce matin, il nous enseignait le sortilège de désillusion. Sauf que je n'ai pas besoin de me rendre davantage invisible. Je le suis à chaque coup de fusain. Le dessin n'est pas qu'une simple passion, il est un mode d'emploi, un code.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

Gawain remarquait facilement ce genre de choses. Elle fuyait son regard. Pour une raison qui lui échappait encore, mais dont il ne se formalisa pas, encore une fois. Ses mots sonnaient de manière presque trop sage pour une adolescente de son âge, ce qui rappelait à l'auror qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences. Il esquissa un sourire, avant de laisser ses lèvres se pincer un peu.

- Vous marquez un point pour la musique. Malheureusement, je n'ai jamais vraiment eu de temps à lui consacrer.

Il aurait certainement pu lorsqu'il était encore étudiant à Poudlard, malheureusement il était bien trop occupé à exceller dans les matières les plus importantes et à faire le pitre en même temps à l'époque. Il ne regrettait pas ses années Poudlard, qui malgré toutes ses incartades avaient su le mener jusqu'ici aujourd'hui. Une vie de dévotion pour le bien, qui dans son cas serait bien vite sans ça. Il repensa aux enfants, à celui qu'il ne désirait paradoxalement toujours pas. Donner naissance à un enfant dans ce monde représentait de trop grandes responsabilités à ses yeux. Il y avait bien trop de dangers, bien trop de personnes à qui venir en aide avant qu'il ne puisse y penser. Il avait déjà prit cette décision il y a quelques années, et il ne l'avait jamais regrettée jusqu'à présent. Gawain était un homme bien trop occupé par son travail, bien trop concerné par ses responsabilités pour accepter de les mettre de côté. Après tout, il venait seulement d'être promu. Et à bien des égards, il s'estimait encore jeune, suffisamment pour se laisser le bénéfice du doute pour plus tard.
L'auror n'avait pas su répondre aux paroles de la jeune-fille, égaré dans ses pensées. Elle lui confirma inconsciemment qu'elle était plutôt bien informée puisqu'en réponse à ses félicitations, l'homme lui adressa un sourire aimable et poli.

- Dans ce cas, je vous remercie Eléanor.

Subtil, il se contenta finalement de détourner les yeux, pour enfin terminer son verre de limonade.

- Eh bien disons que pour ce que j'en sais...je dirais que le professeur Maugrey n'est pas assez ouvert d'esprit pour être capable de s'intéresser à ce  genre de choses. Mais heureusement pour vous, je ne suis pas lui et j'espère que cette petite confidence saura rester entre nous.

Il lui adressa un nouveau sourire, tandis qu'il reprenait.

- Je crois simplement que je n'ai jamais vraiment eu de jardin secret. Toute ma vie s'est retrouvée exposée alors que j'étais très jeune. Je n'ai jamais su être autre chose que moi-même, mais c'est loin de signifier que je suis parfait. A bien des reprises, je crois que j'aurais préféré les secrets. Alors je comprends.

Il esquissa un nouveau sourire aimable, quand bien-même peut-être un peu mélancolique aussi cette fois. Le serveur revînt avec son second verre, qu'il attrapa entre ses doigts et entama aussitôt. Ses yeux dérivèrent une nouvelle fois pour scruter les visages présents dans l'établissement, une habitude dont il ne pouvait pas se débarrasser.

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L'expérience lui avait appris à ne jamais plus se révéler, à ne jamais plus se montrer. Eléanor était l’heureuse ou la malheureuse détentrice d’une carapace épaisse et peu appréciable. D’elle, elle ne voulait rien dire, ni rien montrer. Personne ne devait avoir une quelconque main mise sur elle. Sa réclusion passée l’avait marquée, pour ne pas dire changée irrémédiablement. Sa vie-même avait basculé lorsqu’elle avait exposé sa magie au regard d’autrui. L’adolescente refusait qu’un tel événement se reproduise. Alors penser à l’avenir … Elle n’avait qu’une certitude : celle de vouloir travailler pour la justice. Le reste n’avait aucune importance.

- Vous lui donneriez tort ? Rassurez-vous donc, je n’en dirais rien.

Si le professeur Maugrey l’agaçait profondément pour toujours se placer entre elle et son besoin de dessiner, Eléanor ne l’en estimait pas moins. Fossile, paranoïaque, acariâtre, bourru, encombrant, tant d’adjectifs qu’elle pouvait lui coller. Et pourtant, il était à ses yeux le protecteur de la justice, celui qui s’interposait entre les né-moldus comme elle et les mangemorts à l’image de Rosier. Elle ne pouvait lui donner tort sur tout ce qu’il disait, sur cette vigilance constante qu’il prônait : il agrémentait la main de la justice de sa baguette. Ou du moins y contribuait-il à sa manière, car la jeune Poufsouffle n’était pas certaine du suivi exact de la loi par ce fossile cabossé.

-  Sans vouloir vous offenser, je crois que la justice magique et moldue aurait des soucis à se faire sans la détermination du Professeur Maugrey. Il est peut-être insensible sur tout ce qui touche de près ou de loin à un cœur, il n’en est pas moins dévoué au monde magique. On ne peut que le respecter pour ça.

La future magistrate ou membre du Magenmagot, que sais-je, venait de parler. Droite, froide, juste envers un professeur qu’elle ne portait pas vraiment dans son cœur. Mais d’autres auraient pu y voir une sorte de test, de provocation, envers le chef des aurors assis à ses côtés. A la confidence, toutefois, elle perdit toute insolence. Ses épaules se raidirent tandis que son regard s’assombrissait d’un voile de tristesse et d’amertume.

- Je l’ai connue, cette dite-exposition. J’ignore si le secret est préférable, mais le silence l’est. Il vous protège de tout et vous force à vous rappeler qui vous êtes et dans quelle mesure vous agissez. Néanmoins, un homme qui n’a pas de jardin secret, c’est un homme qui n’a rien à cacher. Ce qui voudrait dire, que Monsieur le chef des aurors n’a aucun secret et donc que je pourrais lui poser n’importe quelle question, qu’il me répondrait ?

Soudainement captivée, Eléanor se tourna vers son interlocuteur en arquant un sourcil mi-interrogateur, mi-amusé. Car elle en avait des questions à poser ! Si bien qu’un œil averti aurait vu ses doigts se crisper autour du cuir de son carnet.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

Alastor Maugrey était un homme dont la réputation n'était plus à refaire. Il avait beau paraître parfois dur, rustre et effrayant, il n'en demeurait pas moins qu'il demeurait l'un des meilleurs Aurors de sa génération. Enfin, à sa façon. Ses méthodes étaient parfois douteuses, mais elles étaient efficaces. Un élément dont il n'aurait su se priver dans les bureaux, et un homme encore bien plus expérimenté que lui.

- C'est en étant comme il est que le Professeur Maugrey aura voué sa vie à la cause de la Justice. Une cause honorable, pour un homme qui en mérite tout autant. Cependant, comme n'importe qui d'autre, je crois sincèrement qu'il aurait mérité une autre vie. Pas vous ?

En entendant l'élève défendre finalement avec tant de ferveur les idéaux, Gawain avait fini par porter son choix sur l'âme d'un lion. Pourtant, il y avait encore ce petit quelque chose chez elle qui prouvait qu'il se trompait. Il avait déjà été quelque peu indiscret en engageant la discussion à propos des dessins de la jeune-fille, alors pour le moment, il désirait garder sa curiosité pour lui. Qui plus est, il était du genre à aimer les défis et les devinettes. Même si elles étaient un véritable casse-tête pour lui.

- Vous ne m'offensez absolument pas puisque vous avez parfaitement raison, miss Eléanor. Peu d'adolescentes de vôtre âge ont autant de clairvoyance que vous.

C'était un compliment, pour mettre fin à une discussion qu'il ne se voyait pour le moment pas forcément entretenir avec une élève. Si Gawain estimait être un homme qui n'avait rien à cacher, il n'en demeurait pas moins que le secret professionnel faisait tout de même de lui un homme de mystères. Ça, plus les quelques vices que tout homme possédait mais n'admettrait jamais. L'auror sentit que sa confidence venait de mettre la jeune-fille mal à l'aise. Il y avait peu de chances qu'elle ne connaisse pas l'histoire de sa famille, alors il devina aussitôt qu'à sa différence, c'était en partie parce qu'elle avait des secrets. Alors, lorsqu'elle enchaîna sur ces potentiels secrets qu'il n'avait pas, Gawain décida de s'en tenir à ça. Ce serait bien plus agréable que de relater de mauvais souvenirs du passé. L'homme se tourna un peu plus vers Eléanor, alors qu'il l'avisait de son regard clair avec un air indifférent, et toujours ce même sourire aux lèvres.

- Eh bien, tout dépend à quoi vous pensez. Vous imaginez bien que je ne peux rien vous révéler de trop contraignant, en tant que chef du bureau des aurors justement.

S'il avait répété ces mots, ce n'était pas pour rien. C'était pour le faire avec beaucoup de subtilité, afin qu'à son tour, il puisse aussi la tester d'une certaine manière. Il ne doutait pas qu'elle devait se sentir concernée par les récents événements du monde magique, alors ce serait à lui d'être prudent, comme il l'était toujours.

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Clairvoyante elle ? Elle en doutait fortement. Au contraire, ses lectures quotidiennes de la Gazette la perdaient, tout comme certaines réminiscences de son passé. Eléanor doutait beaucoup, à la fois sur l’avenir du monde magique, le sien, ou encore le comportement humain. Elle craignait en son for intérieur, de voir un jour la peur prendre le dessus, et ce, définitivement. Comme beaucoup de nés-moldus, elle en avait déjà fait les frais, mais était-ce réellement comparable à ce qui les attendrait dans l’avenir si le Seigneur des Ténèbres l’emportait ? Parfois, elle se mettait à douter des capacités des aurors ou même de Potter. Qui serait leur salut ? Cette absence de réponse l’effrayait, davantage encore quand elle passait de longues heures à ressasser. Eléanor jouait avec le coin de son carnet lorsqu’elle répliqua enfin :

- Ne m’épargnez pas, j’ai parfaitement conscience d’être encore une enfant. L’âge n’est rien comparé aux expériences, au vécu, c’est là ce qui nous différencie eux et moi. Nous n’avons pas le même passé, ça ne me rend pas plus clairvoyante qu’eux je crois. Moins insouciante peut-être, même si je suçote toujours des plumes en sucre devant la cheminée de la salle commune.

Un bref sourire glissa sur ses lèvres. Il demeura l’espace de quelques secondes avant qu’un soupir ne vienne détendre finalement ses épaules. Rosmerta vint la resservir. Eléanor la remercia avec politesse et entama sa seconde bièraubeurre non sans un certain entrain. Elle la reposa au bout de quelques secondes et songea aux questions qu’elle pourrait lui poser, sachant qu’elle devrait les choisir avec soin. Lui répondrait-il au moins avec franchise ? Ou essaierait-il de lui mentir pensant la protéger ? La seconde hypothèse lui semblait la plus plausible.

- Donc si je vous suis, le chef des aurors a des secrets, mais pas l’homme qui se cache derrière ce poste. Avez-vous songé à consulter un psychomage, Monsieur Gawain ? Naturellement, il vaudrait mieux que cette information demeure un secret, dans le cas contraire, votre crédibilité en prendrait un coup.

Elle se permit de rire un court instant avant de lever son pouce.

- Cela en fait déjà un. Je serais curieuse de savoir ce qui vous semble trop contraignant et surtout pour qui. Êtes-vous de ceux qui pensent que toute vérité n’est pas bonne à dire, Monsieur Gawain ? Qu’il vaut mieux se contenter des graines de peur semées par la Gazette du Sorcier ?

Le sourire encore sur les lèvres, elle se permit de pencher sa tête vers son interlocuteur pour préciser sur un ton ironique.

- Vous pouvez répondre en tant que chef du bureau des aurors et en tant que simple homme mortel, ne vous en faites pas.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

Jeunesse a toujours été synonyme de recherche. L'adolescence contient deux grandes transitions. Celle de l'enfant, qui devient adolescent, non sans connaître son lot de peines en contre-partie. Puis, l'adolescent devient adulte et cesse de se cantonner à son monde pour découvrir qu'il est en réalité bien plus vaste. Il y a ceux qui choisissent d'être différents, puis il y a ceux qu'ils le sont malgré eux. Bien-sûr, il y aussi ceux qui naviguent entre ces deux extrêmes. Dans ce monde, il y aura toujours des électrons libres pour pallier aux règles. Alors, doucement, Gawain se contenta de sourire en avisant son atypique -il en était sûr- interlocutrice. Visiblement, elle était de ceux qui préféraient croire qu'ils n'étaient pas si différents.

- Je ne cherche pas à vous épargner, Eléanor. Je vous faire part de mon ressenti, simplement. Il n'en reste pas moins que vous m'êtes encore bien trop étrangère pour que je puisse affirmer mes dires mais peu d'élèves auraient parlé avec autant de sagesse du professeur Maugrey, croyez-moi. Dans ce monde, bien trop souvent, les apparences ont tendances à compter.

Il adressa un sourire agréable à la charmante Madame Rosmerta tandis qu'elle resservait la jeune-fille. Il se trouva soudainement bien sage en réalisant quelle était sa boisson. A vrai dire, s'il optait toujours pour une limonade c'est parce que ça avait le mérite d'être rafraîchissant et raisonnable, justement. Une vieille habitude qu'il avait gardée de l'époque où il était constamment en mission. Où était passée la fougue de la jeunesse, hein ? Ah, époque bénie. Aussi imparfaite eusse-t-elle pu être. C'est finalement avec un air amusé qu'il prit de nouvelles gorgées de sa boisson, avant d'aviser de nouveau la blondinette de son regard clair lorsqu'elle reprit la parole. Il rit un instant, avant de secouer la tête et de lui répondre :

- Nullement, non. Mais j'imagine que c'est quelque chose que vous comprendrez mieux lorsque vous aurez des responsabilités autres que de rendre vos devoirs à temps et d'avoir de bonnes notes pour vos diplômes. Pour ce que j'en sais, bien-sûr. Croyez-moi, cette époque arrivera bien vite. Avez-vous une idée du métier que vous voudriez exercer après Poudlard ?

Une première question, tout à fait anodine, mais qui lui révélerait certainement beaucoup s'il obtenait réponse. Puis il reprit sur un ton plus sérieux, en même temps que son interlocutrice.

- Le journalisme est un monde dangereux, et dur. Certains journalistes préféreront faire prôner leurs mensonges que d'admettre la vérité, simplement pour arrondir leur fin de mois. Le Ministère n'a pas de pouvoir, il ne peut qu'interférer sur ces rumeurs. Bien souvent malheureusement, ce n'est pas suffisant.

En réalisant qu'une réponse pareille ne serait certainement pas suffisante, Gawain s'accorda un temps de réflexion, afin de répondre le plus sincèrement possible.

- Quant à moi, je suis de ceux qui croient qu'il est important de préserver le monde, que ce soit de la vérité ou du reste. Autant que possible. Mais il n'en reste pas moins qu'une vérité amère vaudra toujours mieux que le plus doux des mensonges. Une peine que ne se donne même pas les rédacteurs de la Gazette.

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Dubitative quant à sa sagesse, Eléanor choisit de ne pas répliquer. Son petit doigt lui disait que c’était peine perdue. Aussi, elle préféra s’attarder sur ce qu’elle percevait de cet homme aimable et souriant. A croire que le monde n’était pas en train de s’écrouler de toute part. Pour autant, son faciès lui semblait fou, ce qu’elle devinait de lui incertain, rien de lui ne lui apparaissait très clairement. La cause en était fort simple : elle ne l’avait pas dessiné. Ses coups de fusain n’avaient pas fait tomber le masque, car elle en était convaincue, derrière cette légèreté, se trouvait un homme moins (r)assuré.
Elle trouva alors son rire charmant et l’aurait davantage apprécié dans d’autres circonstances. Or les paroles qui l’accompagnèrent lui passèrent tout envie de rire. Eléanor se renfrogna quelque peu et répliqua d’une voix calme mais pas moins glaciale.

- « Pour ce que vous en savez »… Pourtant, vous semblez avoir percé les élèves de Poudlard à jour, non ? Ainsi donc le chef des aurors sait se faire présomptueux, qui l’eut cru ? De ce que j’en sais bien sûr, cela va de soi.

Cette fois, la Poufsouffle ne détourna pas le regard. Au contraire, ses prunelles fâchées étaient ancrées dans celles de son interlocuteur. Après lui avoir fait entendre que son passé était basé sur l’exposition et qu’il lui avait ôté de l’insouciance, elle était déçue d’entendre une remarque aussi clichée sur les élèves de Poudlard. Une poignée de secondes plus tard, elle avait détourné son regard pour désaltérer sa gorge soudainement sèche. Elle hésita quant à répondre à son interlocuteur d’un jour. Le méritait-il seulement ?

- Je serai membre du Magenmagot.

Elle n’aima qu’à moitié les propos suivants du chef des aurors. Sur le point de répondre, elle se demanda soudainement si elle avait suffisamment eu et si elle connaissait encore suffisamment de responsabilités pour se donner le droit d’en juger. Mais elle balaya bien vite cet enfantillage pour donner sa vision des choses.

- Le Ministère n’a pas de pouvoir, vraiment ? Pourtant, il ne s’est pas privé d’en avoir pour faire passer le Professeur Dumbledore et Harry Potter pour des fous. Il ne se prive pas non plus d’en avoir lorsqu’il faut redorer le blason de nos Ministres au détriment d’une crainte persistante qui ne demande qu’à être rassurée par des faits réels. Préserver le monde de la vérité, Monsieur Gawain ?

Eléanor avait lu une partie des philosophes politiques moldus. Un jour, elle s’était détournée du Chemin de Traverse pour s’engouffrer dans une librairie moldue. Elle voulait détenir une connaissance approfondie sur la justice, une connaissance qui ne serait pas biaisée par les avantages magiques. Aussi les propos de son interlocuteur lui rappelèrent ceux d’un certain Machiavel.

- Mentir au peuple pour conserver l’ordre. Une politique qui pourrait se tenir si le mensonge ne nous détruisait pas de l’intérieur, si nous n’avions pas d’ores et déjà peur. Et la Gazette s’étonne encore du nombre d’impérium décelés ? La vérité peut détruire bien des vies mais le mensonge est un poison qui n’aurait jamais dû naître. Le mensonge est pour ceux qui ont des choses à cacher. Sans lui, la vérité ne serait pas crainte, elle serait juste et évidente.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

La promotion de Gawain était encore toute récente. Il avait fallut quelqu'un pour remplacer Rufus Scrimgeour à la tête du bureau des Aurors et l'homme n'avait pas hésité à se présenter. Il avait divisé les avis, certains le trouvant encore trop jeune pour assumer autant de responsabilités dans un monde qui menaçait de s'ébranler à tout moment. Depuis l'obtention de son poste il faisait du bon travail, même si ce n'était pas ce à quoi il se serait attendu de prime abord. Plus qu'un leader, Gawain était avant tout un homme d'action, qu'on gardait le plus souvent dans son bureau maintenant. Son nouveau rôle était de donner les directives, de contrôler les écarts et de remplir la paperasse. Toujours plus de paperasse. Il était une pièce importante, mais comme bien d'autres il n'était aussi qu'un pion. Il y avait des têtes bien plus grosses que lui au Ministère, des gens plus importants chargés de prendre les décisions les plus influentes. C'est comme ça que fonctionnait depuis toujours la hiérarchie. Le Ministère ne prenait pas que de bonnes décisions, l'auror était bien placé pour le savoir désormais. Il avait beau donner de tout son être pour diriger ses équipes, jusqu'à présent, ça n'avait pas suffit.
En prétendant que Gawain Robards n'avait aucun secret, il s'était pensé sincère. Mais dès l'instant où nous cachons nos états d'esprits, nous avons forcément des secrets, non ? Si la jeune Eléanor s'était renfrognée à vue d’œil, l'auror lui, prit soin de conserver un léger sourire mutin sur ses lèvres. Il n'allait pas se renfrogner pour si peu, pas quand il avait une légère part de responsabilité à admettre.

- Je n'ai jamais prétendu avoir percé à jour qui que ce soit, Mademoiselle Eléanor. Nous n'aurions certainement pas ce genre de discussion autrement.

Après avoir prit une nouvelle gorgée de sa boisson, il reposa son regard sur la blondinette qui fit face à ses prunelles sans la moindre pudeur apparente. C'est pour imiter son geste qu'elle détourna finalement les yeux, ce après quoi sa curiosité fut finalement assouvie. Elle avait beaucoup d'assurance dans la voix. Pendant un instant il crut se voir à sa place, bien des années en arrière.

- Je vous souhaite d'y parvenir.

Les propos tenus par l'élève après ça parvinrent à le mettre légèrement mal à l'aise. Il n'était pas le mieux placé pour défendre le Ministère. Et d'ailleurs, il n'était même pas sûr d'en avoir très envie. Si Gawain avait choisi d'être auror c'était pour sauver des vies. En arrêtant les partisans de l'ombre, en étant au bon endroit au bon moment. Tout le reste, il n'y pouvait rien. Et avec tout ce qui arrivait au monde magique actuellement, il avait bien assez à faire.
Ce fut à son tour de détourner les yeux, alors qu'il terminait son deuxième verre.

- Si les choses étaient si simples, nous savons vous et moi qu'elles se passeraient autrement. Le Ministère de la Magie est une organisation énorme, une organisation qui fait de son mieux.

En avisant de nouveau le bar afin de s'assurer qu'aucun visage indésirable n'y soit rentré, l'auror ne tarda pas à reposer son regard sur son interlocutrice.

- Je ne parle pas de mensonge, mais de préservation. J'estime y voir une différence. Pas vous ? Le monde est un cirque, Eléanor. Beaucoup jouent la comédie tout autour de nous. Et parfois, vous et moi sommes acteurs, comme eux. Pourtant, ça ne veut pas dire que nous ne faisons pas de notre mieux.

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Eléanor ressentait une aversion certaine contre le Ministère. Du haut de ses presque dix-huit ans, elle lui reprochait son inaction, ses belles paroles bonnes à endormir le peuple mais aussi son propre sentiment d’insécurité. Alors le défendre ? Non merci. Jamais Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ne serait revenu d’outre-tombe sans l’ingérence du Ministère de la Magie. Toute une année à mettre Potter au sol, toute une année à rassurer les populaces pendant que le Seigneur des Ténèbres montait en puissance. Tant de mensonges qui allaient aujourd’hui causé leur perte !
Le regard d’Eléanor se fit mauvais, tandis que ses yeux étaient braqués sur les bouteilles en face d’elle. Les paroles de l’auror l’insupportaient, quand bien même il n’était pas le décisionnaire.

- Elles le sont pourtant, tout comme les faits. Dois-je vous les rappeler, Monsieur Gawain ? Vous et moi savons qu’une année entière a été sacrifiée à l’ego de Cornélius Fudge. Des meurtres auraient pu être évités, les moldus auraient pu être davantage protégés si seulement, nous tous, craintifs que nous sommes, nous avions vu la réalité en face quand on nous la présentait. Quelles excuses pouvez-vous trouver au Ministère ? Avez-vous la moindre idée de … Non, vous savez quoi, laissez tomber. Les moldus et les nés-moldus ont été abandonnés par le Ministère depuis longtemps déjà. Nous savons vivre en sursis.

Ses mains tremblaient désormais. Eléanor ne savait pas comment contrôler sa colère. Elle se sentait en perpétuelle frustration, d’abord abandonnée par ses parents puis maintenant par le Ministère. Elle ne voulait pas mourir, comme elle ne voulait pas voir le monde moldu partir en fumée, son père inclus.

- Et quel prix elle a votre préservation ? Ne mettez pas notre incompétence sur le dos de la préservation, Monsieur Gawain.

Elle ne pouvait entièrement lui donner tort. Après tout, la jeune Poufsouffle avait parfaitement conscience que toute vérité n’était pas forcément bonne à dire, mais elle trouvait cette conception injuste. Vivre dans le perpétuel secret était exaltant au début, mais si lassant et oppressant par la suite. Alors l’accepter de vive voix. Non, elle ne le pouvait.

- On ne peut pas tout pardonner comme on ne peut pas tolérer tous les mensonges proférés, peu importent les raisons derrière. Pardonnez ma fougue et ma colère, mais cette préservation est contraire à tout ce en quoi je crois.

Elle termina sa phrase, les yeux rivés sur son interlocuteur, navrée. Elle était têtue et son passé l’avait marquée plus qu’elle ne l’avouait. Eléanor n’était pas assez mûre et n’avait pas suffisamment de recul pour s’en détacher et accepter les paroles de l’auror. C’était plus fort qu’elle, tout comme cette situation qui la dépassait sans qu’elle ne puisse rien y faire.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

Si Gawain avait souhaité devenir auror, c'était avant tout pour représenter la Justice. A la mémoire de ses parents, pour son grand-père. Aussi, parce que c'était ce qu'il était. Il n'y a pas si longtemps que ça, il ignorait encore tout ce qui pouvait se raconter dans les coulisses du Ministère. Aujourd'hui encore, il n'aimait pas y laisser traîner ses oreilles. Tant qu'il pouvait se cantonner à son travail, à son rôle, il le faisait. D'une certaine manière, c'était comme s'il préférait fermer les yeux sur la vérité aussi. En fait, c'était même ce qu'il se faisait. La sincérité d'Eléanor le poussa à se l'admettre à lui-même. Malheureusement, il ne pouvait pas changer son discours. Il n'avait pas ce genre de pouvoir au Ministère. Et rien ne pourrait changer ces gens-là, à moins de changements radicaux.
Eléanor ne défendait pas simplement des idées. Elle défendait des proches, tout un peuple. Sur sa chaise, finalement, l'auror ne regardait plus que son verre. Il était là, à rôder aux alentours de Poudlard. Mais faisait-il seulement bien ? Et si, quelque part ailleurs, n'importe où, quelqu'un avait besoin de lui ? Ces questions, il se les posaient de plus en plus souvent, malgré sa force d'esprit. C'était de plus en plus difficile de lutter contre l'effet qu'elles lui faisaient, mais face à plusieurs échecs successifs, Gawain ne pouvait décemment pas nier la réalité. Pourtant, Merlin savait ô combien il l'aurait voulu.

- Le Ministère est comme je vous l'ai dis, miss Eléanor. Une organisation énorme, vivante, fragile. Mais tant que je disposerai de mes fonctions, mon équipe et moi n'abandonnerons ni les nés-moldus, ni les moldus. Nous menons ce combat chaque jour.

En reposant brièvement ses yeux sur la jeune-fille, il tenta de la gratifier d'un sourire rassurant. Ses mots n'étaient certainement pas ceux qu'elle aurait aimé entendre, il en avait bien conscience. Si lui possédait peu de secrets, le Ministère en avait de plus en plus à cacher. Il se devait de préserver le mystère, tous, ils se devaient de contrôler la peur. Mais le temps et les événements voulaient qu'ils soient de plus en plus impuissants. Tout comme lui actuellement, face aux émotions d'Eléanor qu'il peinait à démêler. Cette fois, il décida d'être un peu plus honnête. Comme il avait essayé de l'être un peu plus tôt.

- Des prix conséquents, je vous l'accorde. Je ne puis prôner notre réussite au cours de ces dernières semaines. Mais pourquoi "notre", miss Eléanor ? Vous êtes bien trop jeune pour laisser le poids du monde reposer sur vos épaules.

Il fit signe à Madame Rosmerta, afin qu'elle leur rapporte deux Bièraubeurre cette fois. Ses yeux océaniques se reposèrent une nouvelle fois sur la blondinette, après qu'elle ait finalement décidé de s'excuser pour avoir voulu défendre des idéaux qu'il ne pouvait que qualifier comme étant justes. Il secoua alors un peu la tête, avant de se remettre à arborer un sourire léger et sympathisant.

- Préserver nous empêche d'agir. Vos idéaux sont justes, vous n'avez pas à vous excusez pour avoir voulu les défendre. Qui plus est auprès de moi, vous pouvez être sûre qu'ils ont été écoutés. Si je le pouvais, je changerai le monde, je crois. Je ne perds pas espoir. Et vous ne devriez pas perdre espoir non plus.

Madame Rosmerta revînt avec leur commande, qu'il régla avec ses précédents verres cette fois.

- Celle-ci sera pour moi, j'espère ne pas avoir à regretté d'avoir omis de penser qu'il s'agissait déjà de votre troisième Bièraubeurre pour ça.

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Etait-elle allée trop loin ? Maintenant que sa frustration était évacuée, elle prenait conscience de ses agissements, du ton de ses paroles. Cet homme assis près d’elle ne lui avait strictement rien fait. Au contraire, il faisait preuve de patience, de gentillesse et d’écoute sans remettre en question son âge ou leur hiérarchie respective. Elle s’en voulait légèrement de s’en être pris à lui. Elle-même venait de se montrer injuste.

- Je ne doute pas de vos capacités, Monsieur Gawain. Vous me paraissez honnête, attentif et bon. Ne prenez pas mes paroles pour vous. On ne peut comprendre un homme tant que l’on n’est pas à sa place, tant qu’on n’essaie pas de comprendre ses choix, n’est-ce pas ? Vous dégagez une sincérité qui me pousse à vous faire confiance.

Pour appuyer ses paroles, elle lui adressa un sourire véritable en réponse au sien. Sa colère ne l’aveuglant plus, elle percevait des marques de fatigue sur le visage de l’auror. Naturellement, elle s’en serait aperçue plus tôt si elle en avait esquissé le portrait. Voir de ses propres yeux n’était pas ce qu’il y avait de plus simple. Aux nouvelles paroles de l’auror, elle haussa les épaules avec nonchalance : le fardeau sur les épaules, elle connaissait.

- Parce que le temps des individualités est révolu, je crois. Nous avons tous notre rôle à jouer dans ce conflit, Harry Potter et ses amis en sont la preuve vivante. Je ne fermerai pas les yeux dans l’espoir d’avoir moins peur. Je préfère affronter la vérité et ses tourments. Quant à mes épaules … disons qu’elles sont suffisamment solides. Aucune forme de jeunesse ne nous protégera. Les élèves murmurent entre eux, certains se positionnent déjà tandis que d’autres se font un sang d’encre pour leurs familles. Notre jeunesse est biaisée.

Un soupir léger franchit ses lèvres tandis qu’à nouveau elle lui rendait un sourire sur le même ton. Même si elle avait encore beaucoup de choses à apprendre sur l’auror face à elle, notamment sa vision de la justice et des mangemorts, Eléanor commençait à comprendre pour quelle raison c’était lui qui avait été promu parmi tous les autres.

- Merci, et merci de ne pas me prendre pour une folle arrogante et insolente. J’ai peine à user de l’art oratoire sans y mêler mes émotions. C’est comme le volcan qui dort, on ne sait jamais quand est-ce qu’il va se réveiller. Mais une fois en éruption, il ne peut s’arrêter qu’une fois sa frustration satisfaite.

Une troisième bièraubeurre apparut finalement face à elle, alors qu’elle venait tout juste de terminer la seconde. Elle s’apprêtait à remercier une fois encore celui qui l’invitait quand sa remarque lui fit arquer un sourcil. Un voile passa devant ses yeux le temps d’une brève seconde. Eléanor connaissait les ravages de l’alcool. Ils lui avaient coûté sa mère. Toutefois, elle chassa très vite le visage de celle qu’elle avait aimé pour ne pas retomber dans la mélancolie. Ce fut donc un regard rieur qu’elle décocha à l’auror.

- Ne vous en faites pas, je connais mes limites et les conséquences de l’alcool. Et je ne compte absolument pas me rendre ivre face à vous. Après une telle discussion, je perdrais toute crédibilité pour redevenir une enfant à materner. J’ai passé l’âge, sans vouloir vous offenser, Monsieur Gawain. Trinquons donc à l’espoir de jours meilleurs.

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Eléanor & Gawain : Êtes-vous passionnée, Mademoiselle Branstone ?

-On peux essayer. Il n'existe rien qui ne soit pas à la portée de tous, tant que l'on s'en donne les moyens.

Quelques années en arrière, lui-même ne se serait pas vu arrivé aussi loin. Il avait dû beaucoup travaillé pour ça et heureusement, il s'était aussi préparé à ce genre de situations. Il fallait qu'il soit capable de défendre ses idéaux envers et contre tout, le tout pouvant être une simple élève de dix sept ans. Gawain n'avait jamais été du genre à sous-estimer ses interlocuteurs. Au contraire, il était d'un naturel observateur en toutes circonstances. Eléanor était une jeune-fille avec du caractère, c'était évident. Elle parlait presque comme une adulte, ce qui avait tendance à l'attrister un peu. Il ne pouvait lui donner tords, mais ça ne changeait en rien son point de vue à ce sujet. N'importe qui méritait de pouvoir vivre une adolescence loin des ténèbres, une adolescence loin des tracas perpétuels que pouvaient connaître les adultes.

- Je suis navré que vous ayez à tenir un tel discours. A votre âge, j'étais bien loin encore d'avoir à me soucier autant de mon avenir. Mais je sais que j'aurais réagis comme vous. Vous m'avez l'air d'être quelqu'un de très honorable Eléanor, ne laissez personne ni quoi que ce soit vous enlevez ça.

Si l'homme avait perdu un peu le sourire jusqu'à présent, ses lèvres finirent par s'étirer de nouveau en un sourire sincère et conciliant. Un sourire qui se transforma en léger rire aux dires de son interlocutrice.

- Ne vous en faites pas, miss. J'ai croisé bien moins maniable que vous, déjà. Sans vouloir vous offenser, ou quoi que ce soit d'autre. Vous avez du caractère, c'est bien. Au moins, soyez sûre que je ne me suis pas ennuyé lors de cette discussion.

Avec un air et un sourire légèrement malicieux, l'homme délaissa du regard la blondinette afin de pouvoir prendre sa première gorgé de Bièraubeurre. Qui d'ailleurs, s'avéra bien plus rafraîchissante que dans son souvenir ! Un nouveau sourire étira ses lèvres au reste des paroles d'Eléanor avant qu'il n'ait l'air désolé :

- J'ai bu trop vite, navré ! Mais oui, trinquons donc à l'espoir.

L'auror leva son verre afin de le faire tinter contre celui de la jeune-fille,  pour finalement en reprendre une nouvelle gorgée. A nouveau, il jeta un coup d’œil derrière lui, scrutant les éventuels nouveaux visages présents à l'intérieur du bar. Son regard s'attarda sur la grande horloge avant que son attention ne revienne à Eléanor.

- Je n'ai pas vu le temps passer mais nous discutons déjà depuis une demi-heure ! J'ai bien conscience de vous avoir quelque peu imposée ma présence jusqu'à présent mais j'ai pour projet de marcher un peu dans la village ensuite. Je ne dis jamais non à un peu de compagnie, si le cœur vous en dit. Bien-sûr, vous êtes tout à fait en droit de refuser.

Il la scruta d'un air léger, comme pour affirmer ses dires d'une certaine manière. Ce n'était qu'une simple proposition visant à faire davantage connaissance avec cette jeune-fille au profil vraisemblablement atypique.

Etes-vous passionnée, Mlle Branstone ?

Les autres élèves de Poufsouffle partageaient, naturellement, l’avis de l’auror : Eléanor n’était pas marrante ! Rares étaient les fois où la jeune fille riait, se montrait souriante et amusante. La plupart du temps, ils cherchaient à la fuir pour ne pas se confronter à son côté « trop adulte ». Malheureusement, la Poufsouffle avait quelque peu oublié ce que c’était d’être innocent, tel un souvenir lointain, trop lointain pour être net. Elle en était la première affectée, en particulier parce qu’elle se retrouvait bien souvent seule. Aujourd’hui elle était taciturne, cela n’en avait pas toujours été le cas. Et quand bien même elle tentait de faire des efforts, ceux-ci étaient bien souvent vains. Pour autant, elle réagissait aux différents tics d’humeur de son interlocuteur, souriant quand il souriait, « riant » quand il riait, presque à l’image d’un jeu.

Pour sa part, elle demandait toujours sa bièraubeurre chaude. Un rituel qui la réconfortait et lui donnait du courage. En dépit de son âge, elle les descendait plutôt bien, pour ne pas dire rapidement. Le faible taux d’alcoolémie était suffisant pour apaiser le capharnaüm de ses pensées. A la proposition, Eléanor eut un sourire amusé.

- Il serait malpoli de refuser une promenade au chef des Aurors.

Elle est une moue presque mutine et rangea ses affaires. Le vent était suffisamment violent pour qu’elle prenne le temps de se couvrir de la tête aux pieds. Cache-oreilles, écharpes et gants aux couleurs de sa maison : la panoplie parfaite pour des temps hivernaux. Eléanor passa ensuite son sac en bandoulière et salua Mme Rosmerta.
Dehors, effectivement, le vent était glacial, certaines bourrasques allant jusqu’à créer des mini-tornades avec les feuilles mortes. Si les Trois Balais étaient bondés, éclatants de chaleur humaine, ce n’était pas le cas des ruelles. Des avis de recherche étaient placardés un peu partout sur les devantures de boutiques, les poteaux etc. L’atmosphère était pesante. Non loin d’eux, se trouvait celui de Fenrir Greyback. Leurs regards se croisèrent. Un frisson désagréable secoua la jeune sorcière et imperceptiblement, elle se rapprocha de l’auror.

- J’ai beau donné l’impression d’être trop adulte pour mon âge, je crois ressentir la même peur que celle de mes camarades, avoua-t-elle dans un souffle. Je ne l’évoque jamais, parce que je crois que dans le cas contraire, elle pourrait entièrement m’envahir et me submerger. Ses avis de recherche sont effrayants.

A nouveau tout son corps frissonna, et Eléanor dut se faire violence pour détourner son regard et le poser sur l’auror. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’elle y était confrontée. Elle passait son temps à reproduire leur portrait pour mieux les analyser. Sauf qu’elle avait la désagréable impression de sentir leurs yeux posés sur elle, la née-moldue. C’était comme si tout son courage s’était évaporé instantanément.

- Si vous avez une quelconque blague à raconter, Monsieur Gawain, c’est maintenant qu’il faut me la dire. Ou alors une quelconque histoire, mais s’il vous plaît, dites quelque chose.

Codage par Libella sur Graphiorum