Un ciel étoilé, le cœur qui bat, le premier amour d'Adam.

For your love, all you are. I'd start a riot.

Au diable le règlement, ce soir. Il n'était de retour que depuis quelques heures mais déjà, ce maudit château se remettait à peser beaucoup trop lourd sur ses épaules. Il abritait ses souvenirs avec Rachel depuis qu'elle l'avait quitté, depuis qu'elle était partie sans rien dire, en lui brisant de manière irrévocable le cœur. Il ne pouvait décemment pas l'effacer de son esprit, pas tant qu'il serait dans ce château en tout cas. Et maintenant...maintenant voilà qu'il allait devoir fuir son propre frère jumeau, fait de chaire et d'os. Sa décision était déjà prise, Adam ne voyait aucune autre alternative. Kevin n'aurait jamais dû venir jusqu'en Ecosse. A bien des égards, sa vie en Amérique aurait été beaucoup plus facile. Mais c'était une vérité qu'Adam se sentait littéralement incapable de lui avouer. Il ne pouvait pas lui faire ça, tout comme il ne pouvait pas se faire subir ça à lui-même.

Adam s'était enfoncé dans la forêt interdite sans même hésiter, le tout en courant à vives enjambées. Les larmes qui dégringolaient sans pouvoir s'arrêter sur ses joues lui glaçaient le visage, mais il en avait cure. Il comptait bien courir jusqu'à ce que ses jambes se mettent à trembler s'il ne manquait pas de souffle avant. Son cœur battait à vive allure, malmené par ses propres soins et ses appréhensions sourdes. Le Gryffondor savait à quel point la forêt interdite pouvait être dangereuse. Une mauvaise rencontre était vite arrivée mais pourtant, il n'arrivait pas à s'arrêter. Il avait besoin d'extérioriser. De laisser tous ses ressentiments s'exprimer, de contrôler cette douleur vivace à l'intérieur de lui, laquelle menaçait à tout moment d'exploser et de le réduire en lambeaux.

Une racine. Après de longues minutes de course, ce n'est finalement qu'une racine solidement accrochée au sol qui le poussa malgré lui à s'arrêter en le faisant chuter plutôt magistralement. Adam s'étala à plat ventre au sol, sa mâchoire percuta le sol et le premier cri qui s'échappa de ses lèvres exprima d'abord sa douleur. Son poignet droit était brisé, il en était persuadé. Il glissa sur le dos avant de se recroqueviller sur lui-même pour aussitôt éclater en sanglots. Quel faible, quel pitoyable garçon il faisait. Il se détestait tellement pour ça. Mais il n'avait plus aucun contrôle sur lui-même.

Il pleura toutes les larmes de son corps durant une quinzaine de minutes, avant qu'un second hurlement n'échappe d'entre ses lèvres. Celui-ci n'était pas pour sa douleur physique. Non, celui-ci il était pour son cœur, lequel ne lui avait encore jamais fait si mal. Cet hurlement était pour l'injustice et sa frustration. Laquelle il se décida finalement à tenter de faire taire en sortant de ses poches de quoi rouler un joint. Autant dire que l'exercice s'avéra être une épreuve avec son poignet brisé, mais une espèce d'adrénaline perverse et auto-destructrice lui avait tout de même permit de pouvoir glisser le cylindre roulé entre ses lèvres. Quelques papillonnements d'yeux plus tard, une étincelle alluma l'extrémité de ce dernier, permettant à Adam de tirer sa première latte tout en essuyant rageusement de son poing gauche les larmes qui continuaient de couler sur ses joues.

Finalement, il ne valait pas mieux que son père. La drogue, l'alcool, c'était du pareil au même. Sauf qu'à la différence du paternel, lui avait plongé dans cette saloperie plus tôt, en espérant naïvement que ça le rendrait intéressant aux yeux de ses parents. Qui voudrait que son fils de seize ans soit un drogué ? Personne.

- Mais qui voudrait abandonner son fils ? Personne, répondit-il à lui-même à voix haute, le tout en riant jaune.

Pour la première fois depuis qu'il était entré dans cette forêt, Adam osa jeter un regard tout autour de lui. Il avait put rouler approximativement son joint grâce à la lumière de la lune, mais le reste des bois était sans surprise très sombre, pour ne pas dire lugubre. Un léger brouillard était perceptible entre les arbres et un silence de mort régnait, lequel il ne gâchait qu'à chaque fois qu'il reniflait. Quelle putain d'idée lui était encore passée par la tête ? Il était courageux, oui, mais pas suicidaire. Mieux valait qu'il retourne à l'orée de la forêt, et vite. En espérant qu'il parvienne à retrouver son chemin.

Afin de s'assurer qu'on le remarquerait moins facilement, le garçon avança dans le noir. Seul le bout de son joint s'illuminait en crépitant de temps à autres, éclairant par la même occasion son visage déformé par la douleur et toujours couvert de larmes. Peu de temps s'était passé depuis qu'il avait hurlé, à vrai dire la notion du temps pour Adam était devenue toute relative dans son état. En tout cas il était persuadé de s'être mit à marcher depuis peu lorsqu'il entendit des bruits de pas faire craquer une branche, non-loin de lui. Il dégaina aussitôt sa baguette pour éclairer l'endroit d'un Lumos. Quelqu'un était là, à quelques mètres devant lui.

Rachel, était là.

Adam se figea. Son joint lui échappa d'entre les doigts et tomba au sol sans qu'il n'y porte guère attention. Était-elle un mirage ? C'était impossible que Rachel soit là. Ici, ce soir, dans la forêt interdite. Il ne pouvait pas y croire. Pourtant, elle était bien là. Le regard noir, entrain de le gronder.

- Je te demandes pardon ? Toi, tu n'as rien à faire là ! D'ailleurs, tu n'es même pas là ! Pourquoi serais-tu revenue, hein ? T'approches pas de moi ! Qui es-tu ?

Sa baguette était pointée sur elle et son regard se voulait menaçant. Son état émotionnel n'aidait certainement pas Adam à y voir clair mais en réalité, s'il réagissait comme ça c'était surtout parce qu'il n'était pas encore prêt à accepter la vérité. Rachel de retour, ça signifierait tellement pour lui. Autant que ça le briserait, alors il était inutile de dire qu'après la révélation qu'il avait eue aujourd'hui, Adam n'était pas prêt à devoir encaisser un autre coup dur.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Les cheveux de Rachel retombèrent en cascade le long de ses épaules lorsqu'elle défit son chignon et en effet, le temps se figea. Les yeux d'Adam s'écarquillèrent un peu, sa bouche s'entre-ouvrit et comme figé sur place, il resta là où il était pour l'observer en silence. Il avait attendu si longtemps le jour où il la reverrait enfin, tellement de temps en réalité qu'il avait finit par perdre espoir. Elle l'avait quitté pour ne jamais revenir et il ne saurait jamais pourquoi elle avait décidé de lui briser le cœur. La seule fille pour qui il avait jamais pleuré, en dehors de sa mère, c'était elle. Deux ans qu'elle était partie et il n'y avait eu personne d'autre que Rachel, pas même un instant.

A ce qui ressemblait à une mauvaise blague de sa part il n'eut aucune réaction, même si ce côté d'elle était l'une des nombreuses choses qui l'avait fait tombé amoureux d'elle à l'époque. Elle avait été si belle, le regard rivé vers la lune. Tout ceci, est-ce que c'était au moins réel ? Peut-être qu'il rêvait, ou bien qu'il était tout simplement parti dans un bad trip prouvant à quel point il n'était qu'un minable incapable d'encaisser dignement les épreuves de la vie. Il devait la toucher pour s'assurer que tout ceci était bien réel. Il avait envie de la toucher, rien qu'une fois...
Clairement déboussolé, il en avait besoin pour revenir à la réalité. Et il n'eut même pas besoin de faire le premier pas. Rachel lui rappela qu'il était tard et en attrapant sa main, elle lui confirma qu'elle était bel et bien réelle et qu'il ne rêvait pas.

- Ecoute-moi, on parlera plus tard, pour l'instant il faut sortir d'ici...

Il se sentait vulnérable et il avait froid. En se noyant dans le regard de Rachel et en sentant sa main rabattre l'une de ses longues mèches brunes derrière son oreille, il se rappela soudainement qu'il avait laissé son bonnet à Poudlard. C'était comme une carapace pour lui, pourquoi avait-il fait ça ? Son premier amour l'entraînant en dehors de la forêt interdite l'empêcha néanmoins de se poser ce genre de questions trop longtemps. Pourquoi était-elle revenue ? Comptait-elle faire comme si de rien n'était ? Daignerait-elle lui donner la moindre explication ? Voulait-il au moins les entendre ? Ce qui était sûr, c'était qu'il était encore à mille lieux d'imaginer le pire, encore une fois. Rachel mariée à un inconnu, plus âgé qu'eux. Promise à un autre, quoi qu'il fasse.

- Je...Je ne pleurais pas pour une fille, Rachel. J'ai découvert aujourd'hui que j'ai un frère jumeau.

La bombe était lâchée, maintenant il pouvait en revenir à la nouvelle chose qui le travaillait le plus. Il se tendit soudainement, ce qui put se ressentir jusque dans ses doigts.

- Et que mon ex-petite amie s'est décidée à revenir comme ça, après être partie comme elle revient, visiblement. Sans explications.

Il ralentit la cadence de leur marche et lâcha même sa main. Sa voix s'enroua malgré lui.

- Je suis désolé Rachel, mais je ne peux pas attendre. A Poudlard, je suis pratiquement sûr que tu vas me fuir. Alors dis-moi maintenant pourquoi tu es revenue.

Peut-être qu'il espérait au fond qu'elle lui confierait que c'était pour lui. Son coeur était d'ores et déjà serré et même si Adam en voulait beaucoup à Rachel, il était aussi persuadé d'avoir toujours des sentiments pour elle. La retrouver, ça lui prouvait qu'il ne s'était pas trompé et qu'il n'avait définitivement pas évolué depuis deux ans, pour une fille qui ne voulait peut-être tout simplement plus de lui.

- Mais surtout...dis-moi pourquoi tu es partie, murmura-t-il ensuite. Tu me dois bien ça après tout ce temps je crois.

Ses yeux parurent s'embuer à nouveau de larmes, mais il comptait bien faire bonne figure cette fois. Au point même où il trouvait le courage de vouloir affronter le regard de Rachel.

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Rachel avait toujours eu le don de savoir dédramatiser une situation, quelle qu'elle puisse être. Ses réflexions faisaient rire, mais pouvaient parfois vexer aussi. Elle avait cette habitude de tout prendre au second degré, de parler d'abord et de ne réfléchir qu'après. Toutes ces fois où ses traits s'étaient étirés en une moue gênée à chaque fois qu'elle s'était rendue compte qu'elle avait été un peu trop loin, Adam était tombé davantage amoureux d'elle. Il avait gardé des souvenirs très précis de Rachel. De sa personnalité jusqu'à ses habitudes, de son rire jusqu'à la façon qu'elle avait de bouger. Il n'avait jamais pu oublier l'odeur de son parfum non plus. Par conséquent, il n'avait jamais oublié le vide conséquent qu'avait laissé en lui son départ non plus.
En d'autres circonstances, il aurait peut-être au moins sourit à la réflexion qu'elle avait faites sur son frère. Mais son cœur se serrait encore à chaque fois qu'il y pensait et il n'arrivait même pas à mettre des mots sur son état d'esprit actuel. La seule pensée qui lui revenait régulièrement, lâchement, c'était : "Pourquoi est-ce qu'il a fallut que je retournes à Poudlard ?"

- Si tu me trouves moche, alors oui, il est moche. C'est moi...avec des cheveux plus clairs. Pour ce qui est du physique, en tout cas.

Adam glissa nerveusement sa main libre à l'intérieur de la poche de sa veste. C'était si étrange d'en parler, avec Rachel de surcroît. Mais le plus difficile pour lui dans tout ça, c'était de se dire qu'il n'aurait peut-être jamais l'occasion de parler à Kevin. Il s'était d'ores et déjà convaincu que c'était mieux comme ça et lorsque Adam prenait une décision, il revenait rarement en arrière. Kevin n'avait pas besoin de savoir que son père était un alcoolique, ni que sa mère était une droguée portée disparue dans une autre famille depuis quelques mois maintenant. La responsabilité que représentaient leurs parents, c'était la sienne. Depuis toujours. Mais lui, il avait une chance de pouvoir connaître autre chose. Adam voulait bien admettre qu'un fantasme ne remplacerait jamais de véritables parents, mais il était persuadé que ça valait mieux que la vérité. Quitte à ce que Kevin les déteste, la haine était préférable au poids qui allait avec leur nom de famille, le garçon en savait quelque chose.

Après qu'Adam ce soit arrêté, sa main fut rapidement lâchée par celle de la brunette. Le regard rivé sur elle, il attendait ses explications. Son cœur s'était à nouveau serré, si fort qu'il eut la sensation d'avoir le souffle coupé durant plusieurs instants. Il n'expira qu'après la brève explication de Rachel, l'une des pires qu'il redoutait d'entendre. Il n'estimait même pas que c'était des explications, ça. Avant, il aurait aussitôt soupçonné ses parents d'être clairement derrière tout ça mais le visage quasiment neutre de son ex-petite copine ne le ramenait qu'à une seule question

- Et donc, tu as décidé de partir, comme ça, sans rien dire à personne ? le silence plana durant quelques secondes, puis il reprit dans un petit rire jaune. Laisse-moi deviner, tu t'imaginais que c'était pour le mieux, c'est ça ?

Il priait pour qu'elle n'approuve pas ses paroles. Autrement, son cœur risquerait de ne plus répondre de rien. Comment aurait-elle pu être aussi injuste avec lui, ou bien-même avec Poppy ? Ce n'était pas la Rachel qu'il connaissait, ce n'était pas la fille dont il était tombé amoureux et pour qui il aurait volontiers décrochée la lune.

- Attention à tes fréquenta...?

Ses sourcils se froncèrent soudainement. Comme soudainement heurté par un poids lourd, il recula même d'un pas.

- Tu parles du fait que je suis un sang-mêlé et Poppy elle, une "sang-de-bourbe", peut-être ? Non, pas toi Rachel...c'est impossible. Tu n'es pas comme ça. Et tu voulais encore moins devenir politicienne. Ce sont tes parents, c'est ça ? Demanda-t-il finalement, incapable de se résoudre au tournant que prenait la situation.

Rachel ne pouvait pas lui briser le cœur, pas encore une fois. Pas aujourd'hui. Pas après tout ce qu'il venait de vivre... et pourtant. La triste vérité c'était qu'elle en avait encore le plein pouvoir. Adam était un garçon très émotif, même s'il le montrait rarement. Émotionnellement, il était comme une éponge qui se gorgeait lentement d'eau, jusqu'au point de dégouliner de toute parts. Pour l'heure, l'éponge était perdue en plein océan et lui avec par conséquent.

La Serpentard était allée ramasser son joint sans même qu'il ne s'en rende compte. Ce n'est que l'odeur de la Marie-Jeanne (//au cas où la ref ne serait pas connue ) qu'il avait récupérée chez son père grillant à nouveau qui le lui fit réaliser.

- Mais...qu'est-ce que tu fais ?

Il ne l'avait jamais vue fumer. Certes, du temps avait passé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, il en était la preuve même, mais là, ça devenait vraiment trop d'émotions pour lui.

- Quoi ? Courir ?!

Courir n'était pas un problème, il avait passée une bonne demi-heure à courir à vives enjambées à travers la forêt un peu plus tôt dans la soirée. D'ailleurs, les muscles de ses jambes lui faisaient légèrement mal, maintenant qu'il y pensait. Ses pensées et sa douleur psychique actuellement le préoccupait bien trop.

- Rachel, attends !

Après plusieurs secondes à être resté planté sur place, il s'élança finalement à sa poursuite, après avoir tout de même prit le temps de se convaincre que c'était avant tout pour la fin de son joint.

- Tu avais dis qu'on devaient rentrer rapidement au château !

Mais elle semblait ne rien écouter. Slalomant entre les arbres en riant, comme littéralement insouciante. Il ne pensait pas que ça pouvait déjà être la drogue en ce qui le concernait, il ne comprenait pas pourquoi elle prenait soudainement autant de risques de les faire repérer. (dixit mentalement celui qui avait  hurlé un peu plus tôt, oui oui)

- Ralentis un peu !

Lui accéléra le pas, assez pour prendre l'avantage. Elle était à quelques mètres devant lui, s'il tendait la main il jurerait presque pouvoir la toucher.

1/2/3 : Adam fait un petit bond en avant, insuffisant pour que Rachel ne le distance pas. Conséquence ? Le bout de son pied droit bute au sol et le fait s'écrouler par terre comme une very crotte pour la deuxième fois de la soirée.
4/5/6 : Il fait un bond en avant et parvient à attraper l'épaule de Rachel. Dans leur course, ils perdent l'équilibre et tombent tous les deux par terre mais sur un amas de mousse naturelle plutôt bien rembourré. Il la tient tout contre son torse et leurs visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. (O:) )

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Adam se contenta de secouer la tête à la réflexion de Rachel, de plus en plus désabusé par son comportement. Ce n'était clairement pas comme ça qu'il s'était imaginé la retrouver un jour, malheureusement il ne pouvait pas ignorer ce qu'il voyait ou entendait. Tout ce temps perdu, à perpétuellement espérer au fond...pour rien. Tout ce temps passé à se languir d'une personne qui n'existait peut-être plus...pour rien. Le garçon commençait à en perdre ses mots, littéralement. Une partie de lui tentait de le rassurer en lui faisant se dire qu'il était peut-être un peu trop susceptible après la journée qu'il venait de passer. Ou peut-être qu'il était tout simplement beaucoup moins sensible aux blagues d'un très mauvais goût de la brunette.

Si Adam n'avait pas trouvé le courage de répondre à ce qu'il n'avait même pas considéré être une réelle question de la part de Rachel, il sut encore moins quoi dire après qu'elle ait reprit la parole. C'était clair. Net. Précis. Cinglant.

- Au moins, nous sommes fixés toi et moi.

Ces mots semblaient avoir franchis ces lèvres automatiquement. Le regard d'Adam s'était fixé et ne transmettait dorénavant plus aucune émotion. Quelque chose venait de se briser en lui. Irrévocablement. Si quelques instants plus tôt c'était encore un bordel monstre dans sa tête, maintenant, il n'y avait plus que le silence. Celui que le garçon redoutait le plus, à défaut de connaître ce qu'il provoquait chez lui. Nonobstant, il savait d'ores et déjà qu'il n'y échapperait pas. C'était comme ça qu'il fonctionnait à chaque fois qu'il sentait que sa vie partait en lambeaux. Il avait comme un mode automatique, qui lui permettait de se couper de tout et de tout le monde afin de plus rien ressentir. En théorie en tout cas, parce que dans la pratique, ça ne l'avait jamais aidé à se sentir mieux, bien au contraire.

[...]

- Depuis que tu as quelque chose qui m'appartient entre les doigts ! lui répondit-il d'une voix déjà légèrement essoufflée, alors qu'il devait se retenir de ne pas grimacer à cause des douleurs qu'il ressentait dans ses jambes.

Autant faire en sortes que cette soirée se termine rapidement, maintenant. Rachel ne serait pas un soutien pour lui, d'ailleurs elle ne serait plus jamais rien, il pensait l'avoir bien comprit. Si Adam lui courrait encore après, ce n'était que pour continuer à perpétuer les erreurs de ses parents en consommant une drogue à son tour. Malgré la douleur il avait continué à accélérer le pas, suffisamment pour n'être plus qu'à quelques mètres d'elle. Bond en avant, bras tendus, il parvînt à l'attraper et à l'entraîner dans une chute inévitable avec lui. Un peu sonné au début, Adam rouvrit très vite les yeux sur le visage de Rachel, à seulement quelques centimètres de lui. Ses yeux se perdirent brièvement sur ses lèvres tandis qu'il mordillait sa propre lèvre inférieure de frustration. Les paroles de Rachel lui arrachèrent un sourire énigmatique pour elle, mais très clair pour lui.

- Oui, je t'aimerais toujours, Rachel Anderson. Et tu peux dorénavant te vanter de m'avoir brisé le cœur à deux reprises. Jamais ne t'oublierais. Mais plus jamais tu ne m'auras. Son sourire s'accentua. Pouvait-elle imaginer à quel point il était profondément triste en réalité ? Parce que je t'ai suffisamment attendue. Pendant que tu as vécu, je n'étais rien. Alors à ton tour, tu me verras devenir quelqu'un sans toi.

Toutes ses paroles n'avaient été qu'un murmure. Les yeux verts d'Adam s'étaient noyés dans les prunelles de Rachel et ne rompirent le contact qu'au moment où il décida de passer sa raison sous silence rien qu'un instant, juste pour pouvoir écouter son cœur. Sans pré-avis, il lui attrapa le menton afin de pouvoir lui voler un baiser, lequel lui apporta bien moins qu'il ne l'aurait espéré.

- C'est à mon tour de partir sans toi, lâcha-t-il contre ses lèvres.

Il lâcha ensuite son menton, puis sans un regard de plus pour elle il lui récupéra son joint.

- N'espère pas pouvoir berner Poppy avec tes mensonges, lui dit-il en se relevant et en époussetant rapidement ses vêtements. Je te souhaites d'obtenir tout ce que tu as désiré, Rachel.

Son cœur lui faisait si mal. C'était le moment où il était censé lui tourner le dos, mais il n'arrivait pas à trouver le courage de le faire. Alors il ralluma son joint devant elle, le regard toujours sur elle. Il tira une bouffée, ses lèvres s'esquissèrent en un dernier sourire amer et finalement, il lui tourna enfin le dos, les mains de plus en plus tremblantes à mesure qu'il s'éloignait d'elle. "Ne te retournes pas, ne te retournes pas..." se répétait-il sans cesse, persuadé que Rachel ne ferait rien aujourd'hui pour sauvegarder le peu qu'il leur restait.

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