Millicent & Cerys / ❤ Banana Split ! ❤

- Chez Pieddodu ? C’est une blague c’est ça ? Tu sais qu’au pire, si tu tiens vraiment à avoir une tarte, je peux t’en refiler une, hein ?

Mais il n’y avait rien à faire … Pansy avait décidé de la traîner chez Pieddodu pour une tarte aux noix de Pécan, prétextant au passage que MADAME avait trop bu de bièraubeurre ces derniers temps. La blague ! Premièrement, Millicent n’était pas dans un bon jour. D’une part parce que cela faisait CINQ jours qu’elle n’avait pas réussi à avoir un moment en tête à tête avec le Professeur Wilkes à cause de Granger et de Loufoca qui, de toute évidence, devaient se donner le mot pour compromettre ses plans. D’autre part, parce qu’elle n’avait toujours pas trouvé ennemi à sa taille. Or boxer était bien plus qu’un passe-temps pour elle, c’était vital ! Deuxièmement, elle DETESTAIT aller chez Mrs Pieddodu, lieu qui suintait le rose, puait la barbe à papa mélangée à une odeur de vieux et surtout qui servait de QG à tous les amoureux ! Et les amoureux, elle ne les aimait pas, sauf exception. Ce qu’elle détestait chez eux ? Cette manie de se dévorer les lèvres comme des ventouses. A croire que chaque gorge équivalait à une fosse septique à déboucher ! Beurk.

Traînant les pieds et bousculant deux couples au passage, elle entra de mauvaise grâce et à la suite de Pansy, dans le salon de thé. Derechef, elle retint un haut-le-cœur. C’était tellement niais, tellement laid, tellement … Mais pourquoi ?! Et en plus, ils allaient tous la penser amoureuse-transie de Pansy … La plaie ! Cherchant à se faire discrète, Millicent arriva avec son amie jusqu’au comptoir et pria Morgane qu’on vienne la sortir de là. En fait non, elle priait surtout que personne de sa connaissance ne se pointe !

Une fois la commande de Pansy passée, elles prirent la table voisine à celle de la rafleuse, juste à temps pour entendre la réflexion de Cerys. Naturellement, Millicent lui jeta un regard de travers, avant qu’un mince rictus ne vienne effleurer ses lèvres. Celle-là n’était pas comme les autres. Primo, elle ne ressemblait pas à une élève. Deuxio, elle était seule et prête à se satisfaire elle-même de toute évidence. Tercio : elle contrastait aussi bien avec le mobilier qu’avec la clientèle. Observant la chantilly restée sur le coin des lèvres de la jeune femme, Millicent eut soudain une idée de génie. Elle se pencha vers elle, et lança à la manière des Serpentards :

- Vous croyez pouvoir vous occuper de celle d’un adulte, monnayant quelques gallions ? Vous allez l’air de vous y connaître et je cherche quelqu’un de qualifier pour ce genre de mission. Ma famille fait également d'excellents vins, peut-être pourrais-je rajouter quelques bouteilles à votre butin.

En réalité, elle pensait bien à deux hommes. Toutefois, Millicent se réservait encore Noctis, histoire de connaître ses habitudes, ses faiblesses, et le faire enrager, surtout. A contrario, elle estimait la faiblesse de sa première victime si grande, qu’elle voulait s’en débarrasser à tout prix. Pour sa défense, le manque de Mr Wilkes se faisait amèrement ressentir, et l’adolescente n’était pas tout à fait certaine que l’épisode Fenwick soit de l’histoire ancienne. Elle voulait des preuves, une assurance avant de pouvoir passer à l’attaque elle-même. Son ennemi devait être éradiqué, coûte que coûte. Millicent Bulstrode était connue pour son acharnement, malheureusement. Seul un dîner romantique pourrait la convaincre de … (n’est-ce pas ?!).

Satisfaction. Millicent aimait être satisfaite, cela allait sans dire. Devant elle, cette femme lui paraissait être une enjôleuse, à l’image des Succubes. La Serpentard avait peu d’estime pour les séductrices, certains y verraient là de la jalousie. Peut-être après tout. Elle avait néanmoins d’autres atouts dont elle avait pleinement conscience et cela lui suffisait amplement. Son regard changea lorsqu’elle comprit qu’une opportunité se présentait à elle. Pansy l’observait, avec autant de curiosité que de sadisme. Elle ne comptait rien louper de cette conversation. Millicent lui fit signe de garder le silence et reporta son attention sur Cerys. Silencieuse, les yeux plissés, elle écouta le laïus de celle qu’elle s’apprêtait à embaucher. La référence à Scabior la fit néanmoins tiquer. Ce mec-là était un drôle de personnage. Ses haillons suintaient un mélange désagréable d’alcool et de mandragore, quant à son regard, il était tout sauf saint. La Serpentard ne le craignait pas, mais elle s’en méfiait, énormément. Quelque chose se dégageait de lui qui la mettait sur la défensive, prête à boxer. En plus, il fricotait avec Weasmoche, ce qui craignait, indubitablement. Cela étant, l’opportunité était trop belle pour refuser, et Millicent avait une foule de projets en tête.

Alors qu’elle s’apprêtait à vendre une nouvelle fois Fenwick, elle s’arrêta en pleine réflexion. Et si le Professeur Wilkes venait à le défendre contre toutes ses attaques ? Et s’il venait à rompre tout contact avec elle pour la punir ? Fenwick aurait alors gain de cause, ce qui n’était absolument pas possible. Pourtant, il lui fallait en avoir le cœur net. Sa cible ne serait donc pas Fenwick, mais le professeur Wilkes en personne. Et s’il venait à s’en apercevoir ? Elle prétexterait le faire suivre pour le protéger d’une quelconque nouvelle attaque. Malicieux et efficace. Comme elle.

- Je veux que vous suiviez Orcus Wilkes, professeur de botanique à Poudlard et directeur du département des créatures magiques. Je dois savoir s’il fricote encore avec l’auror Fenwick et s’ils continuent à entretenir leur sale relation. [une moue de dégoût apparut sur son visage] Je veux connaître ses habitudes, ses hobbies, et savoir ce qu’il fait de ses nuits.[graou !]

Millicent, dans toute sa grâce, se leva alors pour venir répondre à l’invitation de Cerys. Elève ou pas, la Serpentard savait s’imposer et donner ses ordres en véritable femme d’affaire, trait qu’elle tenait de son père. Ses interlocuteurs et leur hiérarchie lui importaient peu, à tort bien sûr. En l’occurrence, face à Cerys, elle voulait se montrer convaincante, percutante et suffisamment sûre d’elle. Pas question de passer pour une gamine !

- Pas de séduction. Pas de corps à corps. Rien. Sinon …

Un rictus mauvais s’afficha sur ses lèvres - car on n’était jamais trop prudente avec les potentielles groupies du Pr Wilkes - et elle souffla :

- … je pourrais vous vouloir du mal.

ET PARRAIN TE CASSERA LA FIGURE OUAIS ! Les Bulstrode savaient, comme les Malefoy, avoir le bras long.
En outre, Millicent ne comptait pas s’étaler sur ses sentiments ni ses motivations. Ce n’était pas le genre de l’adolescente. Elle aimait ordonner, recevoir son dû et ça s’arrêtait là.

- C’est quoi votre prix. Qu’est-ce qui pourrait bien vous faire plaisir en … (elle chercha le terme dans sa tête) compensation, paiement ?

Lequel elle comptait bien négocier bien sûr. Son paternel négociait toujours, c’était la règle principale d’un bon deal. Puis abandonnant ses airs de bouledogue, elle vint s’adosser à sa chaise, bras croisés, un sourire satisfait aux lèvres.

- Vous aussi vous semblez savoir ce que vous voulez. Y aurait de quoi s’entendre. Généralement, il faut toujours tout expliquer, tout vérifier par soi-même. Vous paraissez pas de ce genre-là. Qui aurait cru qu’on trouvait des femmes de caractère chez La Pieddodu ! Quel est votre lien avec notre garde-chasse ? Vous vous partagez pas la Weasmoche, si ? demanda-t-elle soudainement soupçonneuse.

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’une adolescente au si gros caractère et dont la fortune familiale n’était pas négligeable, Millicent n’apprécia ni le ton ni le geste de la rafleuse. Encore moins devant celle qui se disait être sa meilleure amie. C’était une grossière erreur car la Serpentard tenait à sa réputation de dure à cuire. Personne ne devait voir en elle une faiblesse ou une faille. Une part d’elle, la plus jeune et la plus mince, ressentit une certaine intimidation, un certain malaise. L’autre part, la plus orgueilleuse, prit ce geste comme un sursaut de vanité de la part de la femme devant elle. Mais par-dessus tout, la Serpentard prit ce ton menaçant comme une provocation, une insulte à son nom. En ce point, elle ne différait pas de Drago Malefoy. Un coup d’œil rapide à Pansy, et Millicent claqua la main de la rafleuse avant de persifler :

- Je me fiche de comment on vous engage. Soit vous souhaitez vous mettre quelques gallions en poche, soit vous restez sans rien, pauvre et misérable. Quant à vos questions, conseils et babillages, je crois que vous pouvez vous les garder pour vous, encore mieux, les appliquer. Les rafleurs ne sont rien sans les personnes qui les engagent. Vous ne devriez pas provoquer les Serpentards, on ne sait jamais quelle famille se cache derrière, ronronna-t-elle finalement dans un sourire sadique.

Quand il fallait rabattre le caquet de quelqu’un, Millicent était la première en piste. Ce n’était pas forcément le plus judicieux, nous en conviendrons, mais c’était le territoire sur lequel elle se sentait le mieux. En l’occurrence, la rafleuse non seulement l’insultait mais en plus critiquait ses sentiments jusqu’à la raillerie. Si, le professeur Wilkes pensait à elle, elle en était convaincue ! Par conséquent, Millicent était beaucoup moins disposée à rester à sa place de simple élève. La politesse, le respect, elle ne connaissait pas, même face à plus fort qu’elle. La menace était le seul langage qu’elle connaissait en plus de ses poings. La rafleuse ne pouvait donc y couper, au vu des circonstances. Ce qui n’était pas des plus malins, nous en conviendrons encore une fois. Malheureusement, Millicent était une élève caractérielle, si quelqu’un voulait marchander avec, il devrait s’en accommoder.

- Ils ne sont pas suffisamment durs pour que vous gardiez votre langue dans votre poche ou pour vous empêcher de vous payer un dessert. Vingt-cinq gallions et quatre bouteilles du vin de ma famille, à prendre ou à laisser. Dix maintenant, le reste si vous obtenez ce que je désire.

Millicent sentait le regard insistant de Pansy. Elle aussi commençait à croire que ce n’était pas l’idée du siècle et que cette opportunité était en réalité empoisonnée. Peut-être valait-il mieux abandonner, même si son orgueil devait en prendre un coup. Mais 50 gallions ? Il n’en était pas question. Même pour les beaux yeux de son professeur, c’était une somme, pire du vol d’élève. Or c’était elle qui volait les élèves, pas question d’en être victime à son tour. Maintenant que l’idée avait germé dans sa tête, il ne serait peut-être pas si difficile d’embaucher quelqu’un d’autre…

- Fiancée ?

Le mot la tira de sa réflexion.

- De Weasmoche ou du garde-chasse ?

Elle regarda le look de la rafleuse, se remémora le look de son garde-chasse, et tiqua. Cependant elle ne commenta pas et posa son regard sur la main de la dite-fiancée.

- Pas assez d’argent pour vous offrir une bague peut-être ? Quel dommage. Poudlard ne paie donc pas suffisamment ? Au moins aurez-vous du vin pour célébrer.

Ce qu’elle devrait négocier avec Papounet. Heureusement, elle avait déjà les arguments pour donner accéder à son caprice.
Le dos appuyé contre sa chaise, la bêcheuse Serpentard observait la rafleuse avec méfiance. Finalement, peut-être avait-elle parlé trop vite. Cette rafleuse allait chercher à dompter ses nerfs ce qui n’allait absolument pas plaire à celle dont l’ego était susceptible. En somme, la situation ne faisait que confirmer ce qu’elle pensait depuis le début : Pieddodu avait une très mauvaise clientèle, bien différente de son petit monde.

Millicent n’avait dans l’idée aucune maltraitance, elle n’aimait tout simplement pas ne pas avoir le pouvoir. Elle était née ainsi, était entourée de Serpentards à son image, et malheureusement n’avait jamais appris la tempérance. Se rendait-elle compte qu’elle passait à côté du Professeur Wilkes ? Aucunement. Son ego de jeune fille gâtée et ambitieuse seul comptait. Regrettable, naturellement. Mais la Serpentard s’en moquait bien. On ne la ridiculisait pas devant sa meilleure amie, on ne la menaçait pas non plus. C’était ainsi, même si, elle-même avait le droit de le faire. Jeunesse dorée et capricieuse. Millicent était un enfant roi et elle escomptait bien le rester, même si cela ne faisait pas d’elle une adolescente mature et aimable.
L’adolescente était prête à se lever, limite faire scandale, peu importait. Seulement, lorsqu’elle sut pour Orcus Wilkes, sa décomposition fut visible. Pauvre enfant. Ainsi donc son Professeur la trahissait, son Professeur osait lui briser le cœur une seconde fois ! Parfait, qu’il en fut ainsi ! Elle trouverait moyen de se venger de l’importune, de l’importun, de quiconque en réalité qui se mettait en travers de son chemin. Quelle était belle la naïveté enfantine ! Sa jalousie prit un nouveau tournant. D’abord la rafleuse, maintenant une nana sortie de nulle part ? Une voix, une infime petite voix, lui murmura que c’était impossible, que cela ne collait absolument pas avec ce qu’elle savait de son Professeur. Seulement le mal était déjà fait.
L’apogée de sa rancœur, de sa colère et de son déplaisir fut atteinte lorsque le prix fut énoncé. La rafleuse était donc pauvre à ce point là pour augmenter son prix, préférant des miettes à de l’argent trébuchant ? Car 85 gallions étaient une somme astronomique, aucun élève de Poudlard ne possédait une telle somme personnelle. Bien sûr, elle pourrait demander conseil à son cher et tendre parrain, ou alors à ses parents, mais Millicent était bien trop avare pour donner la moindre mornille à une femme qui osait la mordre. Au contraire, l’idée d’une muselière lui traversa l’esprit. Une idée que Drago aurait sûrement partagée et devant laquelle il aurait ri.
Par conséquent, la Serpentard se leva, faisant signe à Pansy de faire de même. Son regard se fit méprisant, ses lèvres pincées : elle sauvait la face du mieux qu’elle pouvait.

- Dans vos rêves.

La dernière remarque ne lui fit ni chaud ni froid, tout simplement parce que le rafleur était à ses yeux un adulte. Donc nullement comparable. Aux yeux de Millicent, elle venait simplement de blesser l’orgueil de la rafleuse. Probablement à tort. Mais il ne lui en fallait pas plus pour avoir satisfaction.

- Je vous laisse dans votre pauvreté, je suis sûre que Madame Pieddodu vous laissera les prochaines miettes de ses tartes. Je vous laisse ma part. (à Pansy). Allez viens, Pansy, les endroits plus fréquentables nous attendent.

Et sur cette frustration, qui la tourmenterait au moins jusqu’au soir, avec le sentiment qui plus est d’avoir une nouvelle fois été trahie par l’aimé, Millicent Bulstrode quitta le salon de thé, à moitié humiliée dans son orgueil bien susceptible.

- Tu crois que je devrais envoyer une alliance en carton au rafleur ? demanda-t-elle à son amie afin de ne pas montrer son affect. Peut-être qu’on sera alors invitées au mariage !

Ce fut sur un rire goguenard que les deux filles gagnèrent les Trois Balais, comme si rien de cela ne s'était passé. Personne ne saurait. Personne ne devait savoir. Ou alors ... à sa manière.