[Orcus] Gobelins pas contents.

Presque un mois que je travaillais au Ministère. Je mentirais si je disais que je n'avais eu aucune difficulté à m'installer à mon nouveau poste. Je devais tout réapprendre. Le fonctionnement du Ministère anglais avait quelques similitudes avec le français mais beaucoup plus de différences et de subtilités auxquelles je devais me faire très rapidement. Tout ça sans demander l'aide de Wilkes, déjà parce que j'étais trop fière pour lui montrer la moindre de mes faiblesses et ensuite parce que j'aimais être la seule personne à m'être sortie du pétrin. Alors j'avais pris mes journées de libre chez Fleury et Bott pour trouver des livres sur tout ce que je devais savoir. Et c'est en trois semaines que je rattrapais mon retard.

Je pense qu'au départ, Orcus devinait mes faiblesses et les voyaient. Je n'étais donc pas de très bonne humeur mais maintenant que j'étais plus à l'aise, je lui lançais de grands sourires innocents, je me sentais presque irréprochable. Presque.

Lundi matin, j'entre comme tous les débuts de semaine dans son bureau. Et comme tous les lundis matins, il m'attend à son bureau, la cigarette au bec. Je lui adresse un sourire poli et lui tend un parchemin.

- Voici votre planning de la semaine. Très chargé comparé à la semaine dernière, les centaures sont de plus en plus en colère et exigent un entretien avec vous. Mais comme vous devez d'abord voir le Ministre pour certaines autorisations, j'ai repoussé le rendez-vous mercredi après-midi. Pour que vous puissiez voir le Ministre demain après-midi et que vous puissiez vous retourner selon sa réponse. En dernière minute, je viens de recevoir un hibou, certains sorcières ont insulté les gobelins à Gringotts qui ont entamé une grève pour faire valoir leurs droits. Le système bancaire est bloqué depuis deux jours. Je crois que vous allez devoir y aller pour trouver une solution.

Je regarde mes notes quelques secondes pour vérifier que je n'ai rien oublier et pose mon regard sur lui pour recevoir les quelconques indications qui lui passerait par la tête, la plume en main.

*Comme chaque matin, le samedi mis à part, Orucs était arrivé avant tout le monde. Sans se faire remarquer, ou pas trop, il avait surveillé sa nouvelle secrétaire de près dans l'espoir qu'elle se révèle assez incompétente pour la licencier sans déclencher une guerre diplomatique avec le directeur de la coopération internationale. Hélas autant que fort heureusement, la jeune femme s'était révélée être un excellent atout pour son département et une alliée pour venir à bout de son agenda bien rempli. Les premiers jours, le botaniste passait presque tout son temps le nez plongé dans ses parchemins pour éviter de croiser son regard et surtout sa chevelure tentatrice, mais depuis il s'était détendu et répondait le plus souvent à son sourire. En bon maniaque du contrôle, il haïssait toujours la façon dont elle pouvait le rendre mièvre par moment, mais jusqu'à maintenant, elle s'était montrée suffisamment professionnelle pour qu'il n'en fasse pas trop les frais.

Ce matin-là, cependant, il n'y eut pas de sourire. Orcus était aussi en forme qu'un ballon de baudruche dégonflé en raison d'un week end bien chargé, mais qui n'avait rien eu de studieux, lui. En outre, il savait que la semaine allait lui donner du fil à retordre.*

Pourquoi serait-ce à moi d'éviter la je-ne-sais-combientième révolte gobeline ? N'est-ce pas dans les compétences du département de la justice magique de faire un rappel à la loi ? Des bons à rien ceux-là.

*Comme souvent quand il était grincheux, cracher sur les aurors et leur copain de la justice était son défouloir favoris, la française devait surement s'y être habituée.*

Je suppose que je dois m'en occuper aujourd'hui ? J'ai tendance à manquer de partialité... je partage trop le gout des richesses avec les Gobelins pour défendre correctement les intérêts des sorciers.

*Sur ce, il jeta dans son thé quelques herbes de son cru qui devaient être listées quelque part dans les nombreuses annexes des plantes interdites.*

Je hausse les épaules lorsqu'il râle, les yeux dans le vide comme s'il avait posé une question existentielle. Est-ce que ça arrive si souvent qu'il le prétend ? Bon. J'approche de lui, me fais une place sur son bureau pour m'y asseoir et attrape sa tasse au contenu étrange. Je la sens pour essayer de savoir ce qu'il y a mis et je comprends très vite que c'est illégal. Ce qui me fait lâcher un sourire en biais. Je la dépose hors de sa portée pour qu'il m'écoute.

- Nous sommes le département de régulation des créatures magiques. Peut-être que pour une fois, c'est les gobelins que vous pourriez défendre. Si ce n'est pas la première grève, la prochaine pourrait vite tourner en manifestation, voire en barricades. Si vous voyez ce que je veux dire...

Je le fixe pour bien faire passer le message et glisse la tasse à sa portée pour la lui rendre.

- Et à la prochaine conférence de presse, plutôt que de répondre à toutes leurs questions, glissez un "mon collègue chargé de la justice magique répondra bien mieux que moi à cette question". Il se retrouvera au pied du mur et sera obligé d'agir face aux médias. Ça vous fera moins de boulot.

Je me remets sur mes pieds avec un petit sourire malicieux au coin des lèvres et me dirige vers la porte.

- Encore besoin de moi ?

*Il fronça les sourcils lorsque tu lui chapardas sa tasse, il ne la quitterait plus des yeux jusqu'à ce que tu la lui rendes. Une chose restait indéniable, son addiction aux plantes récréatives était plus puissante sur lui que le charme d'une demi-vélane... enfin, tant qu'elle ne remuait pas ses satanés cheveux.*

Je devrais envisager de vous promouvoir au poste de conseillère...

*Il louchait sur la anse.*

Votre conseil est retors. Je l'adore !

*Il se déchargerait d'une partie du travail tout en donnant un tacle à son très estimé collègue, c'était la première fois qu'il lui tardait de se confronter à Rita Skeeter ! Il récupéra la tasse et bu une gorgée de son thé, maintenant tiède, avec une certaine délectation. Il enchaîna en saisissant sa plume noire pour griffonner quelques idées en vrac pour traiter avec les Gobelins, ce qui lui donnait une excuse pour éviter ton regard une fois de plus.*

Mhhh... Vous n'aviez pas effectué un stage à Gringotts après votre diplôme ? Vos connaissances sur les gobelins pourrait m'être d'une précieuse aide...

*Ainsi que le pouvoir de ta chevelure de rendre plus beaux ceux qui t'entourent. Il ignorait si les Gobelins étaient sensibles à un tel argument, mais vu leur caractère particulièrement grincheux, ça se tentait toujours.*

Il me faudrait aussi trouver un interprète de confiance, je crois qu'ils apprécieraient que nous ayons l'égard de négocier en Gobelbabil pour une fois.

Si la conseillère est mieux payée que la secrétaire, je ne peux que dire oui.

Je consulte mes notes un instant et lève un sourcil à sa remarque.

En effet, un stage d'un an, je... Vous savez les gobelins n'aiment pas des masses les Vélanes, mais je peux peut-être vous aider, effectivement.

Je hausse les épaules, pas persuadée moi-même de ce que je viens de dire. Ces foutus gobelins étaient trop têtus et étroits d'esprit. Mais il est possible que mes jours passés là-bas pouvaient nous aider. On pouvait leur dire exactement ce qu'ils veulent entendre.

Ne prenez pas un interprète sorcier dans ce cas. Ce serait d'autant plus insultant pour eux. Je suis certaine que si on fait un appel d'offre, on pourrait trouver un gobelin fauché pour faire ce sale boulot.

Je tape dans mes mains enthousiaste.

Je vais envoyer un hibou !

*Il releva son menton, interpellé par ta remarque.*

Ils vous ont suffisamment apprécié pour vous garder pendant un an, ils ne se seraient pas encombrés d'un poids inutile si longtemps, les gobelins ne font pas dans la charité. Et comment être certain qu'un interprète gobelin ne nous la mettrait pas à l'envers ? Soyons honnêtes, je ne dis pas qu'ils sont plus vils que les êtres humains, loin de là, mais ils ont une farouche inclination pour les doubles-sens et les non-dits quand c'est dans l'intérêt de leurs espèces. Ils défendent l'espèce avant l'individu, c'est pourquoi nous avons tant de difficultés à parlementer avec eux. Je préfère rester sur mon idée de traducteur sorc.. oh !

*Il rangea sa plume et frappa son bureau du plat de la main avec une certaine excitation. Oui, le thé arrangé faisait bel et bien son effet.*

J'en connais un ! Il y a seulement une toute petite complication... c'est un magizoologiste un peu loufoque, aux dernières nouvelles ils vivaient dans les tourbières du Connemara pour démontrer l'existence d'un daim à trois bois qui aurait la capacité de se téléporter. L'animal n'existant pas, je pense qu'il s'y trouve toujours.

*Il se pencha à nouveau sur son bureau et griffonna une note de service. A peine avait-il achevé de l'écrire que celle-ci se transforme en un petit avion en papier qui s'envola en direction des ascenseurs.*

Nous aurons besoin d'un portoloin. Vous avez d'autres chaussures ?

*Il releva son regard sur toi, un sourcil interrogateur arqué.*

Sa remarque était pertinente. En fait, je n'avais pas du tout vu les choses de cette manière. Je regardais en l'air un instant, pour réfléchir à son point de vue. Je dois faire un sacré bon boulot pour que les Gobelins aient pu me garder... Ou peut-être que mes cheveux ont de l'effet sur eux aussi ? J'étais pourtant persuadée que non...

- Vous n'avez pas tort, je les ai vu faire des manigances à de nombreuses reprises. Va pour un sorcier.

Comme si j'avais mon mot à dire... Du moins, je me laissais le croire même si, au final, Orcus avait toujours le dernier mot. Mais bizarrement la description de son magiezoologiste me faisait tiquer. Un charlatan ? Ou illuminé ? Ne jugeons pas trop vite et laissons lui le bénéfice du doute.

- Vous êtes sûr de...

Tais toi, Fleur. Je finis par regarder autour de moi. Je sacrifierai une chaussure pour un Portoloin ? Jamais. Je fronçais les sourcils à son attention puis croisais les bras.

- Si c'est pour ruiner une paire de chaussures en Portoloin, c'est non. Mais j'ai une brosse à cheveux. C'est très bien, comme Portoloin, non ?

Et je m'éclipse en dehors du bureau pour aller chercher mon sac et la dite brosse à cheveux que je lui tends.

- Après vous, Monsieur

Grand sourire jusqu'aux oreilles, je feins presque la révérence. Que je suis moqueuse...

Sûr de ? Sa santé mentale ? Oui. Il a découvert l'hippogriffe tacheté à queue de pie il y a une dizaine d'années, depuis il a un peu pris la grosse tête et rêve de renouveler l'exploit pour marquer de son empreinte le monde de la magizoologie. Mais là, je crois qu'il vise un peu trop grand. C'est une chose de révéler l'existence d'une sous-espèce déjà connue, une autre de démontrer l'existence d'un animal n'apparaissant que dans des contes, surtout dans un si petit pays. C'est comme le Ronflak cornu, s'il existait nous serions déjà au courant et ce quoi qu'en prétend le courrier hebdomadaire que m’envoie ce vieux fou de Lovegood !

*Il rangea les affaires sur son bureau = il poussa tout sur le côté en pile plus ou moins bancales et se leva.*

Non, non, je viens d'envoyer un message au département des transports magiques pour obtenir l'autorisation de voyager depuis ce bureau. Je ne voudrais pas priver vos pieds de vos chaussures, ni votre be... chevelure de leur brosse. Je disais ça pour le bien de votre garde-robe, les chaussures de ville ne sont pas très adaptées au sol des tourbières.

*Il te laissa aller chercher tes affaires. Quelques minutes plus tard, une note de service était venue se poser dans le creux de sa main le prévenant que les protections au niveau de son bureau seraient levées pendant quelques minutes. Il enfila son manteau, métamorphosa ses chaussures en une paire de bottes et passa un sac sur son épaule. Il sortit alors d'un tiroir une fine montre à gousset en or doté d'une longue chaine. Il tourna le remontoir comme s'il changeait l'heure alors qu'il y inscrivait, en réalité, des coordonnées géographiques. Il n'attendait plus que toi pour que tu te saisisses de la chaine et l'accompagne vers d'autres contrées.*

Lovegood. Quand j'entends son nom je fronce les sourcils. C'est exactement ça : j'ai peur que ce soit un type du genre Lovegood. Je l'avais croisé une fois à Gringotts et je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi perché et inconscient que cet homme. Je le regarde, perplexe et finis par le suivre un peu malgré moi, redoutant finalement ce nouveau voyage avec mon patron.

Je regarde mes pieds chaussés de talons et soupire. Il a raison, dans la boue, elles ne tiendront pas cinq minutes.

- Oh, c'était pour ça... Oui, vous avez raison, un sort de métamorph...

Mais mon patron me devança sur ce point. Je sors ma baguette pour en faire de même et m'approche de lui. Je le regarde faire avec sa montre à gousset, curieuse. Je n'en avais jamais vu d'aussi belle. Visiblement, il me fallait un salaire comme le sien pour pouvoir avoir une garde-robe décente. Et c'était pas pour tout de suite... Il finit par m'inviter en me montrant des yeux sa chaîne. J'attrape celle-ci et nous nous retrouvons soudainement dans un grand pré.

- Et qu'est-ce que vous allez lui proposer en échange ? Parce que je doute qu'il veuille vous rendre un service gratuitement et c'est pas vos beaux yeux qui...

Je plisse les yeux un instant et me tourne vers lui, les mains sur les hanches.

- Monsieur Wilkes, m'avez-vous amené avec vous pour que mes origines magiques puissent vous rendre service ?

Voyage plus loin que la nuit et le jour comme le disait Desireless : https://devilssnare.forumactif.com/t187-fleurk-libre#1343